Les financements durables : défis actuels et perspectives de croissance pour 2024
Les financements durables, malgré un ralentissement, ont un fort potentiel de croissance avec la directive CSRD et des objectifs de durabilité clairs.
Le marché des financements durables, en particulier les obligations et prêts Sustainability-Linked, connaît un ralentissement notable depuis la fin de l'année dernière. Laurent Bassi, directeur des financements durables chez ING France, met en lumière les défis auxquels sont confrontés ces instruments, tout en soulignant leur potentiel de croissance à l'avenir.
Un ralentissement des émissions
Depuis la fin de l'année 2022, le marché des obligations Sustainability-Linked (SLB) a observé une baisse significative de ses émissions. Ce phénomène n'est pas isolé, car les prêts Sustainability-Linked (SLL) semblent également suivre cette tendance. Malgré cette stagnation, ces instruments de financement continuent de répondre aux attentes des investisseurs et des emprunteurs, seulement sept ans après le lancement des prêts et cinq ans pour les obligations.
Les raisons de ce recul
Plusieurs facteurs expliquent ce ralentissement des instruments labélisés Sustainability-Linked. L'un des principaux éléments est la mise en œuvre de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui impose aux entreprises de définir des objectifs de durabilité clairs et mesurables. Cette directive, qui entrera pleinement en vigueur en 2024, exige une réflexion stratégique approfondie de la part des entreprises.
- Identification des sujets de progrès : Les entreprises doivent déterminer les domaines dans lesquels elles souhaitent s'améliorer.
- Trajectoire d'amélioration : Elles doivent élaborer un plan de transition pour atteindre ces objectifs.
- Impact sur la gouvernance : La directive impose une réorganisation des structures internes pour assurer une meilleure conformité.
Un cadre réglementaire complexe
La CSRD constitue un nouveau cadre normatif qui, bien que nécessaire, est vaste et complexe. Les entreprises doivent consacrer un temps considérable à l'analyse de ce corpus avant de pouvoir formuler une stratégie adaptée. Ce processus implique une collaboration inter-départements, essentielle pour collecter les données nécessaires à l'évaluation de la double matérialité exigée par le régulateur.
Les caractéristiques des instruments Sustainability-Linked
Les SLB et SLL se distinguent par le fait que leurs taux d'intérêt ou marges sont indexés sur des critères de durabilité spécifiques choisis par l'entreprise. Cela signifie que le coût du financement dépend de l'atteinte d'objectifs extra-financiers prédéterminés. Les investisseurs et les banques portent une attention particulière à la pertinence et à l'ambition des indicateurs sélectionnés.
La nécessité de transparence et de comparabilité
La complexité de la CSRD exige une analyse approfondie avant de pouvoir établir une trajectoire de durabilité. Ce processus vise à améliorer la visibilité et la transparence des indicateurs de performance. Les entreprises doivent donc s'efforcer de rendre leurs objectifs plus lisibles et ambitieux, afin de répondre aux attentes des investisseurs.
Les attentes des investisseurs
La mise en conformité avec la CSRD pourrait-elle être perçue comme une simple phase de transition ? Les experts espèrent que oui. Avec la normalisation croissante des structures de financement, cette directive pourrait permettre aux émetteurs de mieux répondre aux critères de sélection des investisseurs. Un regain d'émissions pourrait donc se profiler à l'horizon 2024.
Les perspectives pour 2024
Les grandes entreprises, mieux préparées, pourraient être les premières à relancer le marché des financements durables. Par la suite, les entreprises de taille intermédiaire suivront, une fois qu'elles auront assimilé le nouveau cadre réglementaire. Ce processus pourrait consacrer les SLB et SLL comme des sources de financement essentielles pour la transition vers des modèles économiques plus durables.