Faks récolte 6 M€ pour transformer la gestion pharmaceutique
Levée de fonds de 6 M€ pour Faks, la startup qui modernise la gestion commerciale entre laboratoires et officines, avec un déploiement imminent en Europe.

Rendre les échanges plus fluides et plus rapides dans l’univers pharmaceutique, voilà le pari audacieux de la jeune pousse Faks. Le projet annoncé suscite aujourd’hui un fort intérêt dans la sphère des investisseurs, et notamment auprès de plusieurs fonds spécialisés dans la croissance des entreprises innovantes.
Un secteur pharmaceutique en quête de modernisation
Les professionnels du médicament en France, tout comme dans la plupart des pays européens, sont confrontés à un retard notable dans la transition numérique de leurs activités. Les pharmacies traditionnelles, souvent indépendantes, ont longtemps privilégié des méthodes de gestion administrative et commerciale manuelles : fiches papier, échanges téléphoniques, e-mails épars. Même si la pandémie de Covid-19 a donné un élan vers davantage de solutions en ligne, le secteur demeure, de l’avis de nombreux experts, largement sous-exploité en matière de digitalisation.
Or, dans un contexte où la fiabilité et la rapidité sont primordiales, chaque processus administratif mal optimisé engendre des dépenses de temps et de ressources. Les officines françaises collaborent souvent avec une centaine de laboratoires, ce qui multiplie d’autant plus la complexité de la gestion commerciale : livraisons, promotions produits, retours, facturation, suivi réglementaire, etc.
Bon à savoir : la régulation du marché français
Le système français mise sur des pharmacies souvent familiales et dispersées dans chaque quartier ou village. Pour ouvrir une officine, des règles strictes (Code de la santé publique) régissent l'implantation selon le nombre d’habitants. Cela explique le morcellement important et la difficulté accrue pour les laboratoires à proposer des outils numériques unifiés.
Selon certains cabinets de conseil en transformation digitale, près de 30 % du temps quotidien des pharmacies s’évapore dans des tâches administratives répétitives. Sans outils adaptés, les erreurs de saisie et de suivi peuvent entraîner des répercussions sur la rentabilité générale, que ce soit à travers des retards de facturation, des ruptures de stocks mal gérées ou encore des retours produits mal enregistrés.
L’histoire de Faks et ses ambitions initiales
Faks est né il y a trois ans de la rencontre entre deux profils complémentaires : un entrepreneur passionné par la technologie, Corentin Geoffray, et un ancien délégué pharmaceutique, Clément Goupy. L’idée germe alors d’un constat simple : malgré la diversité des canaux de distribution, le lien entre les officines et les laboratoires est pesant et manque cruellement d’automatisation. Il existe certes des logiciels de gestion pour la partie comptable ou la gestion de stock, mais rien de suffisamment complet et centralisé pour régler toutes les interactions commerciales.
C’est ainsi que Faks a développé une plateforme unifiée. L’objectif : permettre à toute pharmacie de rationaliser ses processus en se connectant directement aux laboratoires avec lesquels elle travaille. Par le biais de cette interface, il devient plus simple de gérer les délais de livraison, de signaler des produits périmés, d’organiser les têtes de gondole ou encore de vérifier les offres promotionnelles.
Les clients principaux de Faks sont d’une part les laboratoires pharmaceutiques (qui proposent un abonnement modulable selon le nombre d’officines et le type de fonctionnalités) et d’autre part les officines (qui accèdent gratuitement à des outils facilitant leur gestion commerciale). Les laboratoires, gros comptes ou entreprises de taille moyenne, souhaitent améliorer leurs canaux de distribution.
Actuellement, la startup revendique la confiance d'environ 65 % des pharmacies en France, soit plus de 13 000 officines partenaires sur un total estimé à 20 000. Les retours sont plutôt positifs, car la plateforme renforce la fiabilité des transactions et supprime beaucoup d’intermédiaires dans la communication. Pour Faks, cela représente également un pouvoir de négociation croissant vis-à-vis des laboratoires qui voient dans cet outil une opportunité d’améliorer la visibilité de leurs produits.
La problématique : une chaîne logistique encore artisanale
De nombreux laboratoires pharmaceutiques disposent déjà de plateformes internes, mais celles-ci restent cloisonnées ou peu compatibles avec les systèmes des autres acteurs. Chaque pharmacie jongle avec un agrégat de procédures émanant de multiples fournisseurs : bons de commande papier, portails en ligne dédiés, appels téléphoniques, etc. Dans ces conditions, la standardisation apparaît comme un levier crucial pour fluidifier la circulation des informations.
Standardiser, c'est adopter un format commun, permettant à toutes les données d’être comprises et traitées de la même manière. Dans le secteur pharmaceutique, il existe des standards internationaux de codification (par ex. code CIP pour identifier chaque médicament en France). Toutefois, l’harmonisation des processus reste un défi, car les pratiques diffèrent d’un laboratoire à l’autre.
L’autre difficulté, d’après plusieurs pharmaciens interrogés, réside dans la gestion de la facturation. Entre déductions, promotions échelonnées et éventuels avoirs, le suivi exact du montant dû à chaque fournisseur peut devenir un casse-tête. Faks entend proposer une intégration directe des factures dans la plateforme, évitant ainsi les relances manuelles et réduisant les risques d’erreur.
Cet écosystème reste hautement réglementé. Les pharmacies doivent composer avec des règles strictes en matière de conservation des médicaments, de traçabilité, de mise à jour des stocks, mais aussi de vente encadrée. Les laboratoires, quant à eux, évoluent sous la vigilance des autorités de santé, soucieuses du respect des normes de qualité et de distribution. Dans ce contexte, les solutions numériques doivent impérativement répondre à des exigences de sécurité, de confidentialité et de fiabilité des données.
Une levée de 6 millions d’euros pour grandir
Face à l’engouement suscité par sa plateforme, Faks vient de boucler un tour de table de 6 millions d’euros, réalisé auprès de trois investisseurs : Connect Ventures, Seedcamp et Cocoa VC. Cette enveloppe inédite dans le parcours de la jeune pousse va servir à accélérer le développement, aussi bien sur le plan technique que commercial. Les dirigeants aspirent à consolider les fonctionnalités existantes et à en déployer de nouvelles, notamment dans la gestion de la facturation ou l’interfaçage avec les logiciels de caisse utilisés en officine.
Pourquoi un tel investissement ? D’abord parce que l’opportunité de marché est considérable. Les pharmacies, en France comme dans d’autres pays d’Europe, désirent simplifier leurs process quotidiens. Les fonds misent donc sur Faks pour apporter une solution évolutive, capable de s’adapter à d’autres cadres réglementaires. Ensuite, l’entreprise a déjà su démontrer une adoption rapide, avec un taux d’utilisation important chez les officines et un intérêt marqué de la part des laboratoires.
Pour Faks, l’accès à de nouveaux capitaux est synonyme d’une accélération du recrutement. Les cofondateurs prévoient d’embaucher 11 nouveaux collaborateurs, répartis entre le pôle technique (6 postes) et les départements commerciaux et opérationnels (5 postes). C’est un moyen de soutenir la croissance de la startup et d’adresser de nouveaux défis : améliorer la R&D, fortifier le service client, créer des partenariats ciblés, etc.
Analyse : un marché en pleine mutation en Europe
La digitalisation du secteur pharmaceutique n’est pas qu’une problématique franco-française. D’autres pays européens, comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne, reposent eux aussi sur des modèles d’officines indépendantes. Ce morcellement oblige les laboratoires à multiplier les efforts pour nouer des relations commerciales et assurer la distribution de leurs produits. Pourtant, l’harmonisation européenne des normes de santé et la montée en puissance du numérique ouvrent la voie à de nouveaux outils transversalement utilisables.
Selon un rapport publié par l’Association européenne des pharmaciens d’officine, environ 60 % des pharmacies européennes n’utilisent que partiellement des solutions en ligne pour gérer les commandes et les retours produits. Les initiatives de dématérialisation se heurtent souvent aux spécificités légales de chaque pays, aux disparités linguistiques, ainsi qu’aux diverses habitudes de travail ancrées depuis plusieurs décennies.
Faks, en tant qu’outil transversal, pourrait tirer profit de cette fragmentation en proposant une alternative unique, adaptée aux contraintes nationales. Le modèle d’abonnement, couplé à une plateforme conviviale, est un atout pour percer sur plusieurs marchés simultanément, d’autant plus que les laboratoires pharmaceutiques travaillent généralement à l’échelle internationale et y voient une occasion de centraliser leurs opérations.
Bon à savoir : le poids économique du secteur pharmaceutique
En France, l’industrie pharmaceutique représente près de 3,5 % du PIB. C’est un secteur stratégique, fortement exportateur. Les officines, quant à elles, assurent la distribution finale et respectent des standards stricts de service et de suivi. La digitalisation peut y générer une meilleure visibilité des données (stocks, ventes, retours) et ainsi optimiser la rentabilité des entreprises.
D’un point de vue macroéconomique, la transition numérique du secteur pharmaceutique est encouragée par les pouvoirs publics, qui y voient un moyen de rendre le système de santé plus efficace et plus transparent. Les pharmaciens eux-mêmes y gagnent, en automatisant des tâches récurrentes et en se consacrant davantage à leur rôle de conseil au patient.
Une implantation prévue dans deux pays européens
Faks ne cache pas ses ambitions internationales. Selon les dires de Corentin Geoffray, la startup a déjà identifié plusieurs marchés voisins où les chaînes de distribution connaissent les mêmes blocages qu’en France. Même si l’équipe n’a pas encore dévoilé les pays ciblés, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne figurent parmi les destinations potentielles, au regard de leur réseau pharmaceutique souvent fortement fragmenté.
La question se pose néanmoins de l’adaptation règlementaire : en Europe, chaque État applique des règles de santé et de distribution qui lui sont propres. Les dispositifs légaux autour des réductions tarifaires, de la publicité pharmaceutique ou de la vente en ligne de certains médicaments peuvent différer sensiblement. Pour Faks, le défi sera de personnaliser son interface tout en conservant une trame commune, gage d’homogénéité et de simplicité.
Malgré ces barrières, l’entreprise se montre confiante, notamment grâce à la nature de ses clients. Les laboratoires pharmaceutiques actifs à l’international pousseraient, en effet, pour un déploiement plus large. Ils préfèrent uniformiser leur gestion commerciale à travers un seul outil, plutôt que de multiplier les solutions locales. L’ambition affichée est de fluidifier, en Europe, la distribution vers les pharmacies indépendantes, de la même façon que Faks l’a fait en France.
Le concept Faks : au-delà de la simple plateforme
L’un des points forts de Faks réside dans son positionnement : ce n’est pas uniquement un logiciel de facturation ou un outil de messagerie entre pharmacies et laboratoires. C’est un écosystème complet, englobant :
- Une gestion administrative optimisée : bons de livraison, retours, relances et mises à jour automatisées.
- Un module de promotions personnalisées : les laboratoires peuvent cibler certaines pharmacies, certaines zones géographiques ou certains types de produits.
- La surveillance des stocks : alerte des ruptures potentielles et anticipation des surstocks.
- Des perspectives d’analyse de données : tableaux de bord pour visualiser le volume des commandes, la fréquence des demandes, etc.
Grâce à ces briques fonctionnelles, la startup apporte une réponse pratique aux problèmes quotidiens des pharmaciens. Elle leur fait notamment gagner un temps précieux, qui peut être réorienté vers la relation patient ou l’optimisation de l’offre au comptoir. Du côté des laboratoires, un avantage concurrentiel se dessine : la plateforme Faks permet de toucher un grand nombre d’officines en un clic et de connaître rapidement l’efficacité d’une campagne promotionnelle.
Les produits dont la date de péremption approche représentent un enjeu financier pour les officines. Avec Faks, les pharmacies peuvent automatiser les alertes et simplifier le processus de retour ou de mise en avant en rayon pour écouler les stocks concernés. Les laboratoires reçoivent en temps réel une notification, limitant ainsi les pertes et le gaspillage.
Recrutements et renforcement des équipes
L’obtention de ces nouveaux fonds permet à Faks de renforcer ses ressources humaines. L’entreprise, qui compte actuellement 34 salariés, prévoit de passer à 45 collaborateurs dans les prochains mois. Six postes seront dédiés à la R&D et aux projets technologiques : ingénieurs, développeurs full stack, spécialistes data, etc. L’objectif est de peaufiner la plateforme, d’intégrer de nouvelles fonctionnalités et de maintenir un haut niveau de sécurité dans le traitement des données.
Les cinq autres recrutements iront au pôle commercial et opérationnel. Pour convaincre les pharmacies et les laboratoires à l’étranger, la connaissance fine de chaque marché national est cruciale : maîtrise de la langue, compréhension des contraintes légales locales, constitution d’un réseau de partenaires clés. Faks sait qu’elle devra nouer des alliances solides avec des groupements de pharmaciens, des associations professionnelles ou encore des éditeurs de logiciels déjà implantés dans ces pays.
Enjeux financiers et perspectives
L’optimisation des coûts demeure un argument de poids pour la digitalisation. En standardisant les processus et en limitant la multiplication des canaux, Faks mise sur un gain financier substantiel pour chaque officine. Les laboratoires, quant à eux, y voient la possibilité de réduire les coûts de prospection et de négociation. Au lieu d’envoyer de multiples délégués sur le terrain, certaines promotions ou mises en avant de produits pourraient être orchestrées à distance, via une interaction directe sur la plateforme.
À mesure que la solution gagne en popularité, le modèle économique de Faks se précise. Les laboratoires paient un abonnement mensuel ou annuel, modulable en fonction du nombre de pharmacies ciblées, du volume de données échangées et du recours à des options premium (analyses statistiques avancées, par exemple). Les officines bénéficient généralement d’une offre gratuite ou d’un coût très modéré, afin d’encourager leur adoption massive.
Bon à savoir : les plateformes B2B
Une plateforme B2B (Business to Business) centralise les échanges entre entreprises. Dans le secteur pharmaceutique, ce type d’outil facilite la commande, la facturation, la gestion des inventaires et la planification logistique. En France, les plateformes B2B se multiplient pour connecter industriels et distributeurs, offrant une meilleure transparence et traçabilité sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Sur le plan financier, cette levée de 6 millions d’euros constitue une étape charnière pour la jeune société. C’est en effet le moyen de se doter des moyens nécessaires afin de soutenir une expansion géographique et de peaufiner sa technologie. Les investisseurs, eux, misent sur un retour sur investissement intéressant, porté par la croissance rapide et les éventuelles collaborations stratégiques que Faks pourrait conclure (avec des groupements, des éditeurs de solutions pharmaceutiques ou même d’autres starts-up spécialisées en HealthTech).
Zoom sur la digitalisation en France : un cadre légal exigeant
La France demeure un pays où le législateur encadre étroitement la distribution et la vente de médicaments. Les officines doivent posséder un pharmacien titulaire, garantir un service de garde, respecter des obligations de stock et assurer la sécurité des produits vendus. Tout projet de digitalisation doit se conformer à ces règles, notamment en matière de protection des données de santé, soumises à des contraintes spécifiques (RGPD, hébergement agrémenté HDS, etc.).
Le digital a toutefois été encouragé par les pouvoirs publics, qui y voient un levier d’efficacité. Par exemple, le dossier pharmaceutique (DP) centralise l’historique des médicaments délivrés à chaque patient, et les ordonnances électroniques se démocratisent progressivement. Ces évolutions, associées à la dynamique post-Covid, rendent plus acceptables et plus familières l’idée de passer par des plateformes en ligne. Les pharmaciens ne craignent plus l’outil numérique, sous réserve qu’il respecte leur déontologie et leur praticité de travail.
Faks s’inscrit dans cette tendance : offrir un pont technologique à la fois adapté aux contraintes réglementaires et suffisamment simple pour être adopté par le plus grand nombre. En collaborant avec des laboratoires respectant les normes d’authentification, la startup consolide la confiance de la profession. Les données sont hébergées sur des serveurs sécurisés, et le suivi des lots est conforme aux préconisations des autorités de santé.
Les défis pour aller « plus loin »
Au-delà de la gestion commerciale, l’avenir du secteur pharmaceutique numérique porte d’autres ambitions. Certains anticipent l’arrivée de l’intelligence artificielle pour optimiser les recommandations de stocks en fonction de l’épidémiologie (épidémies saisonnières, pathologies régionales, etc.). D’autres misent sur le déploiement d’outils permettant de réaliser des téléconsultations ou de suivre l’observance des patients dans le cadre de traitements chroniques.
Faks, de son côté, se concentre sur sa mission de fluidifier les transactions et la communication entre officines et laboratoires. Mais rien n’empêche la jeune pousse d’étendre son champ de compétences par la suite. La gestion automatisée de la facturation et le lien direct avec les logiciels de caisse ne sont que la première étape. L’objectif est de créer une sorte de guichet unique où chaque acteur pourrait réaliser l’ensemble de ses tâches administratives liées au circuit du médicament.
Bien entendu, cette extension suppose de nouer des partenariats solides avec des éditeurs de logiciels tiers, et d’ajuster l’architecture technique pour absorber un volume de données exponentiel. En outre, la société devra convaincre les acteurs publics ou parapublics de la fiabilité et de la neutralité de sa plateforme, afin d’éviter toute méfiance quant à l’utilisation des informations commerciales ou sanitaires.
Perspectives d’implantation : comment réussir sa stratégie à l’étranger ?
L’Europe demeure un maillage complexe, tant les systèmes d’assurance maladie et de distribution pharmaceutique varient d’un État à l’autre. Pour réussir son expansion, Faks devra analyser en profondeur les spécificités locales. Le marché allemand, par exemple, est réputé pour sa structuration différente, avec des prescriptions électroniques déjà plus avancées et des dispositifs de santé numérisés de longue date. À l’inverse, certains pays d’Europe du Sud pourraient présenter une adoption plus lente, en raison d’une informatisation moindre des officines.
Le facteur culturel compte aussi : dans certains pays, la relation commerciale s’appuie sur un contact direct, tandis qu’ailleurs, le numérique est valorisé au détriment des rencontres physiques. D’autre part, l’implantation dans un nouveau territoire exige souvent l’intervention de partenaires locaux pour rassurer les pharmaciens, expliquer la valeur ajoutée de la solution, et adapter le discours marketing. Les retours d’expérience en France constituent un atout, mais le public étranger attendra surtout une preuve d’adaptabilité.
Enfin, l’entreprise devra tenir compte des différences linguistiques, qui ont un impact sur l’interface utilisateur et sur les documents échangés. Offrir un support client réactif et multilingue fait partie des priorités énoncées par la direction. Au vu de la concurrence potentielle d’autres start-up ou fournisseurs de solutions B2B, réussir ce déploiement international rapidement est stratégique pour positionner Faks comme un leader en Europe.
Un regard professionnel sur l’essor de la HealthTech B2B
En tant que spécialistes du monde économique et légal, nous constatons une véritable effervescence dans le segment B2B de la HealthTech. Les investisseurs s’intéressent de près à toute innovation capable d’optimiser les coûts, d’améliorer la traçabilité et de renforcer la qualité des services de santé. En particulier, les plateformes qui mettent en relation plusieurs types d’acteurs (fournisseurs, distributeurs, prescripteurs) suscitent un engouement pour leur potentiel de transformation profonde des pratiques.
Faks illustre parfaitement cette tendance. Avec 65 % des pharmacies françaises déjà séduites, la startup a fait ses preuves sur un marché réputé difficile d’accès. Les grands laboratoires, de leur côté, recherchent des solutions évolutives pour toucher une multitude de points de vente sans se confronter aux défis logistiques traditionnels. La présence d’investisseurs reconnus dans ce tour de table de 6 millions d’euros témoigne d’ailleurs de la confiance placée dans la vision et l’expertise de l’équipe dirigeante.
Par ailleurs, cette levée de fonds s’inscrit dans un contexte plus large : alors que certains secteurs subissent un ralentissement des investissements, la santé reste un domaine clé pour de nombreux fonds. Les perspectives de croissance sont solides, à condition que les projets répondent à de réels besoins. Il est probable que d’autres initiatives similaires émergent, cherchant à couvrir les domaines voisins : logistique hospitalière, gestion de la chaîne du froid pour les vaccins, ou encore suivi des patients en ambulatoire.
Un modèle hybride pour pérenniser la relation pharmacies-laboratoires
Si Faks prône une digitalisation accrue des échanges, il ne s’agit pas de supprimer totalement l’humain. Plusieurs pharmaciens expliquent qu’ils apprécient les visites des délégués pharmaceutiques pour découvrir de nouveaux produits ou obtenir des informations plus précises. En revanche, ces visites ne doivent pas se substituer à des processus administratifs bien huilés.
L’alliance du numérique et du relationnel est donc essentielle. La plateforme se focalise sur des tâches potentiellement automatisables, mais laisse la place à l’échange direct pour tout ce qui touche à l’aspect scientifique, au conseil ou à la négociation plus poussée. Les laboratoires, eux, gagnent en réactivité : plutôt que de s’appuyer uniquement sur le terrain, ils peuvent analyser en temps réel les ventes et adapter leurs offres.
En offrant un cadre commun aux multiples partenaires, Faks invite à repenser la chaîne commerciale dans son ensemble. À terme, l’outil pourrait s’enrichir de fonctionnalités de formation en ligne ou de webinaires, où les laboratoires présenteraient leurs produits. Les pharmaciens y verraient un moyen de rester informés sans se déplacer, tout en pouvant poser directement leurs questions aux spécialistes.
Un horizon européen et la volonté d’aller toujours plus loin
L’équipe de Faks se fixe pour objectif d’accompagner ses clients « partout en Europe », afin de simplifier les échanges entre laboratoires et réseaux de pharmacies indépendants. Les recrutements à venir et la structuration du pôle international seront décisifs pour concrétiser cette ambition. À moyen terme, la jeune pousse pourrait même envisager un déploiement sur d’autres continents, si les opportunités se présentent et si la législation l’autorise.
Au-delà de l’expansion géographique, on peut imaginer que Faks continuera de développer de nouveaux modules fonctionnels. La gestion de la facturation est l’une des priorités affichées, tout comme la connexion à des logiciels de caisse déjà adoptés par de nombreuses officines. Dans le monde pharmaceutique, la prochaine frontière pourrait être la mise en place d’algorithmes prédictifs, qui proposeront aux pharmacies des approvisionnements adaptés à la demande locale, contribuant ainsi à réduire le gaspillage et à renforcer la disponibilité des médicaments.
Cette trajectoire exemplaire illustre la force de la technologie pour unifier un marché morcelé et optimisé, tout en ouvrant la voie à une évolution plus large du secteur de la santé en France et en Europe.