Quelles sont les tendances des sorties en private equity en 2025 ?
Découvrez les tendances de sortie en private equity pour 2025, entre croissance et prudence dans un environnement dynamique.

Rebond mesuré, prudence revendiquée. À l’orée de l’été 2025, la chaîne financement–marchés–entreprises envoie des signaux mitigés
. Les volumes d’exits dans le private equity se redressent, tandis que la conjoncture industrielle française s’effrite légèrement. Entre volatilité géopolitique et ajustements réglementaires, les gérants affinent leurs stratégies, misant sur des fenêtres d’exécution opportunistes et des mécanismes de liquidité alternatifs.
Sorties du private equity: accélération au premier semestre puis trou d’air
Après deux années heurtées, les sorties d’actifs sponsorisés ont redémarré en 2025. Le premier semestre s’est distingué par une montée en puissance des cessions, portée par des opérations de fusions-acquisitions et un retour, encore sélectif, des introductions en bourse. Le volume mondial des exits aurait progressé de 41 % sur un an pour atteindre 545,9 milliards de dollars au premier semestre 2025 (PitchBook, premier semestre 2025).
Cette embellie ne masque pas un ralentissement sensible sur la fin de période: le deuxième trimestre a enregistré une baisse d’environ 35 % des sorties par rapport au trimestre précédent, signe que la chaîne d’exécution reste sensible aux nouvelles de politique commerciale et aux conditions de financement. La hiérarchisation des dossiers s’est accentuée, les sponsors arbitrant en faveur des actifs avec une forte visibilité de cash-flow.
Dans les comités d’investissement, l’optimisme demeure prudent. Les fenêtres d’IPO s’ouvrent par à-coups. Côté M&A, la discipline sur les valorisations s’affirme, surtout dans les secteurs où le coût du capital reste élevé. Les transactions bilatérales et les processus semi-intermédiaires gagnent du terrain, afin de réduire les risques d’exécution.
Chiffres clés à surveiller au second semestre
Trois curseurs guideront la trajectoire des sorties: la stabilité des taux directeurs, la profondeur des carnets de LBO refinançables et la réouverture des fenêtres d’IPO. Les sponsors privilégient les cessions à investisseurs stratégiques et les carve-outs, jugés plus prévisibles dans la séquence actuelle.
Pour les entreprises françaises, cette dynamique internationale crée des opportunités d’adossement. Les corporates disposant de bilans assainis peuvent capter des actifs de qualité, tandis que les fonds équilibrent prix demandé et équations d’investissement. La discipline de processus et la préparation précoce du vendor due diligence restent différenciantes.
Marché français: signal faible dans l’industrie, attentes prudentes
En France, le moral des industriels a reculé en mars 2025. L’indicateur de climat des affaires dans l’industrie s’est établi à 96, en retrait d’un point et sous sa moyenne de long terme fixée à 100 (Insee, mars 2025). La baisse traduit des inquiétudes sur la production et une visibilité plus courte sur les carnets.
Ce repli isolé ne signifie pas effondrement. Il s’inscrit dans une phase d’ajustement, alors que les entreprises arbitrent entre capex et optimisation du BFR. L’accès au crédit reste fonctionnel, même si les conditions de prix et de covenants demeurent sélectives. Les ETI industrielles ciblent des gains opérationnels: performance énergétique, automatisation ciblée, reconfiguration des chaînes d’approvisionnement.
Sur le plan monétaire, les agrégats en France et dans la zone euro ont évolué sans à-coups marqués au cœur de l’été. Cette stabilité relative contribue à ancrer les anticipations en matière de coût de financement, tout en laissant aux trésoriers un espace pour allonger la maturité des dettes lorsque les fenêtres s’ouvrent.
Un indicateur à 96 signale une perception de l’activité en dessous de sa moyenne de long terme. Concrètement, les acheteurs industriels se montrent plus attentistes sur les commandes, les stocks sont surveillés de près et les plans d’investissement sont phasés. Pour un CFO, cela plaide pour des budgets flexibles: clauses d’ajustement et escalade de prix contractuels indexés lorsque c’est possible.
Les gérants d’actifs domestiques rapportent des écarts sectoriels marqués. L’aéronautique et la défense affichent une demande soutenue, contrairement à certains biens d’équipement sensibles au cycle. Les services B2B résilients tirent leur épingle du jeu grâce à des contrats récurrents indexés, qui amortissent la volatilité.
Bon à savoir: marges et contrats indexés
Les contrats à indexation automatique sur des indices de prix ou de salaires protègent partiellement la marge. En 2025, l’indexation dans les services techniques et logiciels B2B demeure un atout, surtout pour les sociétés midcaps qui négocient des clauses standardisées avec leurs grands comptes.
Politiques commerciales et volatilité: ajustements tactiques des gérants
La séquence géopolitique et commerciale a continué de jouer les trouble-fêtes en 2025. L’annonce de nouveaux droits de douane du côté américain a alimenté une volatilité ponctuelle et poussé certains gérants à suspendre des transactions en attendant une accalmie. Dans plusieurs salles de marché anglo-saxonnes, l’expression Liberation Day a circulé pour désigner la normalisation attendue des flux après cette période d’ajustement.
Cette incertitude a eu un effet concret sur le rythme des sorties au printemps, avec la contraction séquentielle évoquée plus haut. Les investisseurs institutionnels ont renforcé leurs filtres de risque, privilégiant la préservation du capital et les structures de deal capables d’absorber une hausse de prime de risque. Les clauses MAC et les schémas de earn-out ont été plus fréquemment mobilisés.
Dans sa cartographie 2025 des marchés et des risques, l’Autorité des marchés financiers insiste sur la vigilance face aux chocs exogènes. Le régulateur met en avant la nécessité de diversifier les expositions, de surveiller la liquidité des véhicules et de bien documenter les scénarios extrêmes dans les reportings adressés aux porteurs.
Risques mis en avant par la cartographie AMF 2025
Trois familles de risques retiennent l’attention: volatilité de marché et chocs de corrélation, tensions de liquidité sur certains segments non cotés, exposition aux chocs de politique commerciale. Le régulateur encourage la transparence accrue et la diversification pour amortir ces effets.
- Renforcer les sections Risques dans le Document d’enregistrement universel, avec scénarios de sensibilité prix et droits de douane.
- Mettre à jour la politique de couverture de change et matières premières, avec seuils de déclenchement clairs.
- Préparer un plan de communication ad hoc en cas de choc exogène: disponibilité du management et Q&A techniques pour investisseurs.
Fonds de continuation et gp-led: la soupape de sécurité de la liquidité
La montée en puissance des transactions secondaires orchestrées par les gérants s’est accélérée. En 2024, les mécanismes GP-led ont représenté 44 % du marché secondaire, pour un volume record d’environ 75 milliards de dollars. Ils offrent une alternative lorsque les fenêtres d’exit traditionnelles se referment partiellement, tout en alignant les intérêts entre investisseurs entrants et sortants.
Le premier trimestre 2025 a vu une hausse de 8 % du nombre de fonds clôturés, malgré des volumes globaux en retrait. Les gérants ont priorisé les dossiers où la thèse de création de valeur reste intacte: expansion commerciale, pricing power, effets de plateforme. Les segments small et mid-cap se distinguent par une granularité d’opportunités propice à ces montages.
Sur le plan pratique, un fonds de continuation transfère un ou plusieurs actifs d’un véhicule existant vers une nouvelle enveloppe détenue par le même GP. Les porteurs historiques peuvent encaisser ou réinvestir, tandis que de nouveaux investisseurs secondaires financent la poursuite du plan d’affaires. La clé réside dans la juste valorisation, souvent testée par un processus compétitif et par des fairness opinions indépendantes.
Mécanique d’un fonds de continuation
1) Sélection des actifs phares à forte visibilité de cash-flow. 2) Mise en place d’une structure dédiée capitalisée par des investisseurs secondaires. 3) Offre de liquidité aux LPs existants, avec option de roll-over. 4) Gouvernance renforcée: conseil consultatif, reporting et balises de performance. 5) Préparation des prochaines voies d’exit à 24-36 mois.
En France, la structuration de ces transactions se coordonne avec les attentes du régulateur en matière de transparence. Les gérants documentent les conflits d’intérêts potentiels, l’accès équitable à l’information et les modalités de pricing. Pour les LPs, ces solutions permettent de gérer le rythme des distributions et de lisser la duration des portefeuilles.
- Gouvernance: comités indépendants et fairness opinions, documentation des intérêts portés du GP.
- Fiscalité: analyse préalable des conséquences pour LPs domestiques vs internationaux, notamment sur les flux de dividendes et plus-values.
- Transparence: information claire et simultanée des investisseurs, calendrier des consentements, critères d’éligibilité aux roll-overs.
Midcaps: prime de résilience et terrain fertile pour la création de valeur
Le segment midcap occupe une place stratégique. Trois facteurs soutiennent sa prime de performance ajustée du risque: concurrence moins intense dans les processus, valorisations modérées par rapport aux large caps et focalisation sur la création de valeur opérationnelle plus que financière.
Ces entreprises, souvent ancrées sur des niches, sont moins exposées aux chocs systémiques et bénéficient de cycles d’innovation plus rapides. Pour un investisseur actif, la combinaison pricing power limité mais réel, capex maîtrisé et plans d’excellence opérationnelle offre un profil rendement-risque robuste. En France, la résilience relative des midcaps transparaît dans la capacité à ajuster leurs coûts et à pivoter vers des marchés export plus porteurs.
Les interventions de sponsors dans ces tailles facilitent la professionnalisation des organisations: systèmes d’information, pilotage du cash, politique achats. Les filières technologie, santé, services financiers et B2B concentrent les dossiers les plus lisibles en 2025, du fait de revenus récurrents et d’une exposition plus limitée aux droits de douane.
- Technologie: logiciels verticaux et services cloud à forte rétention client.
- Santé: services et dispositifs à chaîne de valeur rationalisée et réglementations maîtrisées.
- Services financiers: intermédiation spécialisée, fintech utilitaire et B2B2C.
- B2B: services techniques, maintenance, externalisation non discrétionnaire.
La clé du succès opérationnel repose sur la granularité: clients récurrents, taux de churn contrôlé, montée en gamme progressive. La discipline d’investissement s’exprime dans le calibrage des multiples et la vitesse de déploiement des plans. À l’achat, l’alignement management–sponsor reste déterminant via des mécanismes d’incentive transparents.
- Pré-emballage: vendor due diligence focalisée ESG, cybersécurité et qualité du chiffre d’affaires.
- Run-rate: normalisation fine des marges post-transformation pour éviter la double comptabilisation d’économies.
- Financement: flexibilité de structure entre unitranche et club deal, covenants adaptés aux cycles de conversion du BFR.
Feuille de route pour l’automne 2025: m&a, ipo et sélection active
Les prochains mois devraient voir se matérialiser une reprise des transactions. Les banquiers d’affaires anticipent une intensification des carve-outs et des cessions d’actifs non stratégiques, leviers privilégiés des groupes pour affiner leur allocation de capital. La fenêtre d’IPO pourrait rester intermittente, mais plus lisible pour les dossiers rentables avec trajectoires de croissance visibles.
Le point de marché du 8 août 2025 réalisé par une grande banque privée française met l’accent sur plusieurs accords commerciaux annoncés en juillet, susceptibles de soutenir les flux d’investissement. Cette détente relative, si elle se confirme, faciliterait le financement d’opérations midcap et la réouverture de certains marchés obligataires high yield de qualité.
Pour les entreprises, la priorité est à l’exécution: pipeline M&A prêt, documentation de financement pré-négociée, travail fin sur la narration equity story pour attirer des poches de capital de long terme. Les acteurs doivent également améliorer leur pilotage de risque: scénarios de sensibilité aux taux, stress tests sur les chaînes d’approvisionnement et gouvernance des données.
- Émetteurs et CFO: optimiser le calendrier de refinancement, sécuriser les lignes RCF, verrouiller les covenants sur 12-18 mois.
- Fonds: préparer des sorties dual track, mettre en avant la génération de cash plutôt que la seule croissance de chiffre d’affaires.
- Investisseurs institutionnels: calibrer l’exposition aux midcaps de qualité, utiliser les secondaires pour lisser la courbe de distributions.
Enfin, la disponibilité d’informations réglementées et de haute qualité demeure un atout compétitif. La base publique française INFO-FINANCIERE centralise les publications utiles au suivi en temps réel des émetteurs, permettant une analyse plus rapide et standardisée des événements significatifs et des documents périodiques.
Tactiques concrètes pour investisseurs actifs
- Privilégier des stratégies à bêta modéré, avec couverture partielle des queues de distribution. - Rechercher des thèses de coût du capital en baisse: sociétés proches de l’Investment Grade ou de l’EBITDA inflection point. - Tester la robustesse du free cash flow sur 3 scénarios macro.
Ce qu’il faut retenir pour les décideurs financiers en france
La photographie de mi-année révèle un marché plus sélectif que déprimé. Les sorties du private equity ont rebondi mais restent sensibles aux chocs externes. Le tissu industriel français envoie un signal de vigilance, sans rupture, tandis que les midcaps offrent un champ de création de valeur mesurable. Les GP-led et fonds de continuation agissent comme stabilisateurs de portefeuille lorsque les fenêtres classiques se rétrécissent.
Pour capter la dynamique de l’automne, la recette tient en trois mots: préparation, discipline, transparence. La qualité d’exécution primera sur le timing parfait et les entreprises qui documentent finement leur trajectoire attireront le capital patient. Le second semestre s’ouvre comme une phase d’opportunités ciblées: sélectionner, structurer, délivrer.