Quel impact de la décision de Trump sur le marché de l'or ?
Découvrez les conséquences de l'exemption de l'or des droits de douane par Trump sur le marché mondial en 2025.

Vif coup d'arrêt à la panique sur le métal jaune. Après plusieurs séances heurtées, le marché mondial de l’or s’est détendu quand Donald Trump a confirmé le 11 août 2025 sur Truth Social que l’or ne sera pas soumis à des droits de douane à l’entrée des États-Unis. Cette précision met fin à un épisode de volatilité rare, né d’une lecture litigieuse de la nomenclature douanière américaine.
Un message présidentiel qui referme la parenthèse tarifaire
La clarification venue de la Maison-Blanche tient en une ligne, mais son effet de marché est considérable. “L’or ne sera pas soumis à des droits de douane” a écrit Donald Trump, entérinant l’exemption du métal précieux quels que soient sa forme et son circuit d’importation aux États-Unis.
Cette annonce fait suite à une semaine de confusion, durant laquelle un document technique des douanes américaines semblait reclasser certains lingots standard dans une catégorie tarifiable. La précision présidentielle a rétabli la lecture attendue par les intermédiaires, raffineurs et teneurs de marché: les importations d’or restent hors du champ des tarifs américains, y compris pour les formats utilisés en livraison boursière.
Le soulagement a été immédiat. À New York, les positions à terme ont cessé de grimper en panique, tandis que la prime du prix américain par rapport au spot londonien s’est contractée, signe d’un retour progressif à des arbitrages fonctionnels entre places.
Point-clé à retenir
L’exemption de l’or des droits de douane américains, confirmée le 11 août 2025, neutralise un risque de rupture dans les flux internationaux et écarte une hausse de coûts pour les importateurs, dont ceux alimentés par les raffineries suisses. Pour les entreprises françaises exposées aux métaux précieux, l’épisode se solde par un sursis bienvenu.
Comment une note douanière a mis le feu aux poudres
La flambée a démarré quelques jours plus tôt. Une classification douanière ambiguë a semblé placer deux formats sensibles, le lingot de 1 kilo et le lingot de 100 onces environ 3,11 kilos, dans une catégorie susceptible d’être tarifée. Or ces barres sont les références de livraison pour le Comex, la grande bourse américaine des métaux précieux.
La mécanique a été immédiate. Les contractants, anticipant une hausse du coût d’importation vers les coffres américains, ont réévalué à la hausse les cours à terme les plus liquides. Les futures échéance décembre ont brièvement touché plus de 3 500 dollars l’once, alors que la prime par rapport au spot londonien a dépassé 100 dollars. C’est le signe d’un marché qui fracture ses bases d’arbitrage.
Dans le même temps, la perspective d’une tarification additionnelle sur des flux en provenance de la Suisse, hub mondial du raffinage, a ajouté à la nervosité. Berne s’est déjà retrouvée prise dans la vague tarifaire américaine de 2025, certains biens suisses étant visés à hauteur de 39 % depuis le 7 août. Si l’or avait été inclus, la chaîne d’approvisionnement la plus utilisée par les grandes banques de lingots et les ETF aurait été renchérie.
Ces formats sont ceux qui correspondent aux spécifications de livraison des contrats à terme du Comex. Une modification de leur statut douanier affecte immédiatement le coût de portage, l’arbitrage entre New York et Londres et la valorisation des stocks, ce qui se reflète dans la base futures-spot. La moindre incertitude administrative perturbe l’accès à la liquidité physique.
Sous la pression, la Maison-Blanche a indiqué dès le vendredi précédent l’annonce qu’un décret clarifierait le statut douanier de l’or. La publication du message présidentiel a court-circuité le calendrier, rassurant opérateurs et investisseurs avant même la formalisation juridique attendue.
Reflux des primes et normalisation progressive des prix
Le reflux s’est enclenché dès l’annonce. Vendredi, le contrat or du Comex est revenu à 3 460 dollars l’once, puis a poursuivi son repli lundi. Ce mardi 12 août 2025, les cours se stabilisaient autour de 3 400 dollars, tandis que la prime américaine se maintenait autour de 50 dollars. L’écart avec Londres se réduit, mais il demeure supérieur aux standards historiques.
Cette détente ne tient pas qu’à la clarification douanière. Les opérateurs ont révisé à la baisse la demande de refuge à la faveur de deux signaux: une trêve commerciale de 90 jours avec la Chine, prolongée lundi, et l’hypothèse d’une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine susceptible de décrisper, à la marge, les anticipations liées au conflit en Ukraine. La combinaison tarifaire et géopolitique explique le recul de l’or, actif non rémunérateur sensible aux primes de risque.
Pour les desks de trading, le scénario redevient lisible. Le marché retrouve un équilibre entre flux physiques réels et positions de couverture financières, même si une mémoire de volatilité subsiste. L’expérience rappelle à quel point, pour un actif réputé simple, les conventions logistiques et douanières constituent des déterminants de prix puissants.
La prime américaine rémunère le transport, l’assurance, le financement et la conformité pour déplacer un lingot éligible LBMA vers un entrepôt Comex. Elle s’écarte quand la logistique se grippe ou quand les contraintes réglementaires changent. Une clarification douanière tend, mécaniquement, à resserrer cet écart.
Entreprises françaises: risques neutralisés, vigilance maintenue
Pour l’écosystème hexagonal, la décision américaine sauve la fluidité d’un marché amont essentiel. Joailliers, négociants et industriels de la microélectronique, utilisateurs finaux de l’or, évitent une cascade de coûts additionnels qui se serait répercutée sur les prix de détail et les marges.
L’or d’investissement demeure exonéré de TVA en France, tandis que les bijoux restent soumis à 20 %. Ce différentiel, stable, protège le segment investissement et limite les distorsions fiscales sur les flux de lingots et pièces. L’alignement avec la politique commerciale américaine écarte le risque d’un renchérissement unilatéral qui aurait électrisé les arbitrages intracommunautaires.
- Chaînes joaillières exposition aux prix des intrants et au coût de la couverture.
- Négoce et tenue de marché besoin de liquidité stable entre Londres et New York.
- Électronique sensibilité du coût matière pour les composants utilisant de l’or.
- Numismatique et produits d’investissement flux de pièces, médailles et lingots raffinés.
Lvmh et la joaillerie: couverture et approvisionnement
Le groupe LVMH opère via des maisons comme Bulgari et Chaumet. La maîtrise des coûts d’intrants passe par des politiques de couverture et un approvisionnement certifié. L’exemption américaine évite des tensions sur les primes qui auraient pénalisé les calendriers de production et les marges unitaires en période de forte demande.
Cartier richemont: continuité des flux de métaux précieux
Pour Cartier, au sein de Richemont, la stabilité des primes internationales et la disponibilité de barres conformes LBMA sont décisives. Un choc tarifaire américain, répercuté via les marchés à terme, aurait renchéri le renouvellement des stocks. Le retour à la normale réduit ce risque opérationnel.
Stmicroelectronics: coûts matière sous contrôle
Dans la microélectronique, l’or intervient notamment dans les connexions filaires et les finitions de certains composants. La maîtrise du coût matière, même marginale par pièce, compte à l’échelle des volumes. Un écart durable entre New York et Londres aurait complexifié les contrats d’approvisionnement multi-sources.
Monnaie de paris: produits d’investissement et numismatique
La Monnaie de Paris commercialise pièces d’investissement et objets numismatiques. Une prime excessive sur le marché américain aurait déformé la structure des prix à l’export et compliqué la compétitivité sur certains segments. L’environnement apaisé permet de préserver des grilles tarifaires plus stables.
Les PME joaillières et négociants peuvent recourir à des swaps, achats d’options ou contrats à terme pour lisser le coût de l’or. L’épisode rappelle l’importance de coupler la couverture de prix aux contraintes logistiques primes et disponibilité, car l’une peut diverger de l’autre lors de chocs réglementaires.
Tarifs américains: où se situe l’or dans la matrice de 2025
La position de l’or tranche avec l’arsenal tarifaire américain de 2025, orienté vers la protection de secteurs industriels. Acier et aluminium restent exposés à des taxes pouvant frapper à jusqu’à 25 %, quand plusieurs familles de produits européens et chinois subissent des hausses ciblées. La Suisse fait face à des droits additionnels de 39 % sur certains biens.
Pour les entreprises françaises, le Trésor et la Douane ont documenté les retombées de ces mesures et les contre-ripostes européennes, incluant des droits additionnels sur des produits américains emblématiques. La photographie d’ensemble montre un commerce transatlantique reconfiguré, mais un métal jaune préservé de la spirale tarifaire en 2025.
Ce positionnement n’est pas anodin. L’or remplit une fonction duale, réserve de valeur et intrant industriel. Le soumettre à des droits aurait provoqué un renchérissement transversal, des bijoux à l’électronique, en passant par la gestion d’actifs via les fonds indexés. Le choix politique de l’exempter limite les effets d’aubaine et les distorsions entre juridictions.
Réglementation internationale
L’exemption s’accorde avec les engagements multilatéraux et réduit le risque de contentieux à l’OMC. Elle s’insère dans une cartographie de contre-mesures européennes, sans ouvrir de brèche juridique côté européen sur les métaux précieux. La lecture convergente des régimes douaniers stabilise l’arbitrage Londres New York.
Données de marché et fiscalité: ce qu’il faut suivre en 2025
À l’échelle globale, la demande d’or a atteint environ 4 900 tonnes en 2024, portée par l’investissement et les achats des banques centrales. Les États-Unis restent importateurs nets lors des périodes d’accumulation. Le Comex, géré par CME Group, traite plus de 20 millions de contrats par an, un flux qui influence la formation du prix au-delà des mouvements physiques.
À Londres, la LBMA fixe deux fois par jour des références de marché utilisées par l’industrie. C’est autour de ces fixings que s’articule la tarification des lingots et pièces d’investissement, des flux bancaires et de la bijouterie. La tenue de ces repères, face aux soubresauts réglementaires, constitue l’ancre de stabilité du secteur.
En France, la fiscalité demeure lisible. TVA à 20 % sur les bijoux, exonération sur l’or d’investissement conforme aux critères européens, et régimes spécifiques sur les plus-values, selon le statut du vendeur et la forme du produit. Pour les entreprises, la gestion fine de ces paramètres reste déterminante pour les politiques de prix et l’allocation des stocks.
Relèvent de l’or d’investissement les lingots d’une pureté au moins égale à 995 millièmes et les pièces frappées après 1800 d’une pureté minimale définie, cotées à un prix n’excédant pas de plus de 80 % la valeur de l’or contenu. Ces produits sont exonérés de TVA à l’achat en France.
Pour le pilotage des risques, la matrice 2025 ajoute une dimension: la traduction réglementaire des messages politiques. La parole présidentielle a un impact de court terme, mais c’est le décret d’exécution qui ferme juridiquement le dossier. Les services juridiques des groupes restent mobilisés jusqu’à la publication des textes, afin d’actualiser contrats d’achat et schémas logistiques.
Lecture financière: quelles implications pour les valorisations et taux
L’or évolue à l’intersection de trois forces: anticipations de taux réels américains, primes de risque géopolitique et contraintes techniques logistique, réglementation, disponibilité d’ETF. La séquence d’août en offre une démonstration. Une simple ambiguïté administrative a suffi à élargir l’écart New York Londres et à déclencher des achats de couverture en chaîne.
À plus moyen terme, l’hypothèse d’un relâchement monétaire de la Fed en 2025 reste un pivot. Des taux réels en baisse allègent le coût d’opportunité de la détention d’or. Des banques d’investissement envisagent un retour au-dessus des 3 600 dollars l’once si l’inflation se tasse tout en laissant les taux nominaux reculer. L’amplitude dépendra toutefois de la capacité des primes logistiques à se normaliser.
Pour les sociétés cotées exposées au métal précieux, l’enjeu est double. D’une part, la protection des marges via des couvertures adaptées et une discipline d’achats. D’autre part, l’allocation d’actifs en trésorerie et dans la gestion de portefeuilles: l’or retrouve son rôle de diversification dans un environnement d’incertitude géopolitique modérée et de croissance molle.
- Gestion du BFR privilégier des cycles d’achat resserrés pour limiter l’exposition à la prime.
- Contrats d’approvisionnement clauses de force majeure et de re-négociation en cas de changement douanier.
- Financement arbitrer entre financement bancaire et programmes de collatéral sur stocks.
Repères chiffrés à surveiller
Prime Comex spot Londres au-dessus de 50 dollars signe une friction logistique. Coût de portage taux USD, assurance, stockage, qui influe sur l’écart futures-spot. Flux ETF afflux ou décollecte, proxy de l’appétit des investisseurs. Fixings LBMA baromètre de référence pour les acheteurs industriels et joailliers.
Chaînes d’approvisionnement et conformité: angles morts révélés par la crise
L’incident d’août a mis au jour deux angles morts. Le premier, la dépendance à quelques hubs de raffinage, dont la Suisse. Le second, la sensibilité à la micro-réglementation douanière américaine. Ces vulnérabilités appellent des stratégies de mitigation: diversification géographique, redondance des routes logistiques, standardisation documentaire.
Les initiatives de traçabilité se renforcent. Les acteurs accélèrent sur la digitalisation des chaînes, la certification d’origine responsable et l’interopérabilité des registres entre raffineurs, banques et places boursières. L’objectif est double: réduire le risque de blocage administratif et fluidifier la preuve de conformité à l’import-export.
La France, via ses institutions financières et ses industriels, a des cartes à jouer. Les solutions technologiques de place, le soutien public à l’innovation et la densité de l’écosystème joaillier peuvent positionner l’Hexagone comme pivot européen de la traçabilité et du négoce responsable, en complémentarité du rôle historique de Londres et Zurich.
Amundi: allocation et couverture via etf et dérivés
Les fonds gérés par Amundi intègrent l’or comme outil de diversification et de couverture de l’inflation. En 2025, la collecte sur les produits liés aux matières premières témoigne d’un regain d’intérêt, alimenté par l’incertitude macroéconomique. La stabilisation des primes opérationnelles améliore la réplicabilité des stratégies indicées.
Raffineurs européens: diversification des routes
Raffineries et logisticiens en Europe ont réévalué leurs schémas d’export pour limiter l’exposition à un corridor unique vers les États-Unis. La mise en place d’accords de transport alternatifs et de plans de continuité réduit la probabilité d’un blocage en cas de nouvelle alerte douanière.
Banques de lingots: redéploiement des stocks éligibles
Les teneurs de marché ont accru le stock tampon de barres éligibles Comex à proximité des dépôts américains, afin de raccourcir la chaîne en cas de friction. Cette stratégie coûte en stockage, mais évite un élargissement extrême de la prime lors des pics de demande physique.
Au plan juridique, les directions conformité renforcent l’alignement contractuel sur les nomenclatures tarifaires et multiplient les clauses de changement de loi. L’idée est de se prémunir contre une requalification inopinée d’un produit standard, le cœur de l’épisode récent.
Derniers repères de gouvernance publique et attentes du marché
La suite se joue à deux niveaux. D’abord, sur le plan réglementaire, avec la publication attendue du décret qui actera formellement l’exemption. Les services juridiques surveillent les termes précis, afin d’en tirer les conséquences douanières et de conformité pour les documents d’importation.
Ensuite, côté macro, les prochains indicateurs d’inflation et d’emploi aux États-Unis guideront la trajectoire des taux de la Fed. Le marché ajustera en regard la valeur relative de l’or, surtout si la détente tarifaire avec la Chine perdure. L’ensemble déterminera si la prime Comex Londres retourne vers ses moyennes ou s’installe durablement sur un plateau plus élevé.
Pour la place française, l’essentiel est en place: pas de choc tarifaire, une logistique en voie de normalisation et des repères de prix qui redeviennent lisibles. Reste à capitaliser sur cet épisode pour renforcer la résilience opérationnelle et accélérer la modernisation des outils de traçabilité, véritables assurances anti-chocs.
Références utiles pour les entreprises
Pour les étapes pratiques de conformité et les contre-mesures européennes face aux tarifs américains, les entreprises peuvent s’appuyer sur les publications du Trésor et du Portail des Douanes actualisées en août 2025. Les annonces présidentielles du 11 août 2025 et les réactions de marché publiées le même jour demeurent des repères sur la séquence récente (Boursorama et Zonebourse, 11 août 2025).
Cap sur une normalisation conditionnelle des flux
La confirmation d’exemption est un pare-feu efficace contre un choc de coûts qui menaçait l’ensemble de la chaîne or. Le retour à un marché ordonné reste toutefois conditionné à la publication du décret et à l’environnement macroéconomique américain. Si la prime Comex Londres continue de se détendre, la chaîne d’approvisionnement pourra solder l’épisode et reconstituer ses marges de manœuvre.
Pour les entreprises françaises et européennes, l’heure est à la consolidation des plans de continuité et à l’optimisation des couvertures. L’or, à la croisée des politiques commerciales et monétaires, rappelle son statut d’actif barométrique des équilibres mondiaux. Quand la politique clarifie, les marchés respirent, mais l’exécution réglementaire et les taux réels diront si le souffle suffit à durablement stabiliser le métal jaune.