Voici une annonce qui devrait intriguer les observateurs de l’économie logistique française : la jeune pousse EX9, spécialisée dans l’automatisation des opérations en zones fermées, a bouclé un tour d’amorçage de 2 millions d’euros.

Derrière des promesses de performance et d’efficacité, elle veut transformer la gestion des quais, une étape cruciale pour fluidifier la chaîne d’approvisionnement.

Une origine audacieuse, guidée par la vision du zéro émission

L’initiative d’EX9 prend forme autour d’une idée simple : rendre les manœuvres sur quai plus autonomes, plus sécurisées et plus eco-friendly. À la différence de nombreuses entreprises misant sur la conduite autonome sur route ouverte, EX9 se concentre sur des environnements fermés comme les plateformes, terminaux et entrepôts.

Pour atteindre cet objectif, l’équipe s’est rapprochée de partenaires industriels tels que NeoTrucks, qui reconditionne des véhicules de la marque Renault Trucks. Cette approche leur permet de proposer un tracteur 100 % électrique et parfaitement adapté à des tâches répétitives. Les camions ainsi développés sont connectés à un ensemble de capteurs (lidars, caméras, GPS) et pilotés par des algorithmes d’autonomie capables de prendre des décisions de navigation, même dans des configurations de quai complexes.

Grâce à ces équipements, EX9 entend contribuer à la réduction de la pénibilité pour les employés, tout en diminuant les émissions de CO₂. En effet, la conception 100 % électrique associée à une proposition d’automatisation avancée promet des gains significatifs, tant en matière de sécurité que de rentabilité.

Le financement comme tremplin vers l’industrialisation

Derrière la levée de fonds de 2 millions d’euros, on retrouve plusieurs investisseurs et organismes à vocation technologique. Parmi les soutiens majeurs figurent Femmes Business Angels, Impulse4Women/SIA, Oscar Club, ARAN Ventures et The Company Lab (Co.Lab). En complément, la cofondatrice Ksenia Duarte est reconnue au sein du programme Femmes Entrepreneuses d’Orange, animé par Sandrine Joseph.

L’équipe dirigeante affiche une volonté claire : fluidifier la mise en place de la solution grâce à des enveloppes budgétaires ciblées sur la R&D logicielle, le déploiement opérationnel et l’approfondissement du support client. Les fonds mis sur la table permettent aussi d’envisager un passage au stade industriel, avec des tracteurs disponibles en série pour les clients souhaitant mécaniser leurs opérations sur site.

La logistique autonome attire l'attention parce qu'elle répond à plusieurs problématiques : réduction des coûts de main-d’œuvre, sécurisation des opérations, respect de l’environnement et amélioration de la productivité. Dans un secteur soumis à des cadences de production et d’expédition toujours plus élevées, les solutions d’automatisation y apparaissent comme un gage de compétitivité et de résilience.

Le modèle d’EX9, dit “Robots-as-a-Service” (RaaS), apporte une alternative au contraignant investissement en capital. Cette formule inclut généralement le déploiement des tracteurs, la maintenance, le suivi en temps réel et un ensemble d’outils de supervision. Le client paie ainsi un abonnement mensuel ou un forfait basé sur l’usage, ce qui facilite l’adoption sur des cycles de trois à cinq ans.

Un test grandeur nature avec DHL : catalyseur de crédibilité

Pour démontrer l’efficacité de son système, EX9 a entamé un pilote avec DHL (près de Roissy) à la fin de l’année 2023. Cette collaboration est réalisée en partenariat avec l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), et la partie recherche est soutenue financièrement par l’Agence nationale de la recherche (ANR).

Le test porte spécifiquement sur la séquence dite de « drop-and-coup ». Il s’agit d’un processus où l’on transfère une semi-remorque entre une zone de stationnement et un quai, étape parfois génératrice de retards ou de risques d’incident. Les premiers résultats s’avèrent prometteurs :

  • Baisse sensible des pannes et des collisions matérielles
  • Fluidité accrue dans la rotation des remorques
  • -94 % d’émissions de CO₂ par rapport aux configurations diesel

La stratégie d’EX9 inclut aussi la modélisation 3D des sites logistiques grâce à un jumeau numérique. Cette phase de simulation permet d’estimer la charge de travail dans des périodes de pointe (type Noël ou Black Friday) et d’ajuster la flotte en conséquence.

Bon à savoir : les jumeaux numériques

Un jumeau numérique est la réplique numérique d’un site ou d’un système, permettant de simuler le fonctionnement d’un entrepôt ou d’une chaîne de production avant toute intervention réelle. Cette approche prévient les imprévus, optimise l’implantation des équipements et réduit drastiquement les temps de déploiement.

Rétrospective sur la genèse d’EX9

Avant de lever 2 millions d’euros, EX9 a pu tester l’attractivité de son concept au sein de différents incubateurs et programmes d’accélération. Dès ses débuts, la startup cherche à se démarquer par une approche pragmatique : plutôt que de s’enliser dans la recherche de rupture sur la conduite autonome à grande vitesse, elle a préféré se concentrer sur des zones fermées, où l’apport pratique est immédiatement mesurable.

Cette méthodologie “frugale mais solide”, selon les termes des fondateurs, séduit les financeurs publics comme privés. Le fait de reconvertir des camions Renault Trucks ajoute une touche circulaire au projet, puisqu’il valorise des bases existantes tout en respectant un cahier des charges exigeant. EX9 espère ainsi engager le marché européen dans une trajectoire plus responsable, où la logistique devient un vecteur de dynamisme économique et de respect environnemental.

Dans le jargon transport, le “drop-and-coup” (ou drop and hook en anglais) décrit l’opération où un tracteur dépose une remorque à un quai (drop) pour en récupérer une autre immédiatement (coup). Chez DHL, cette étape est répétée des dizaines voire des centaines de fois par jour sur certains hubs logistiques.

Le marché français de la logistique et ses impératifs

Sur le territoire national, la manutention de remorques et de conteneurs représente un enjeu de taille. Les entreprises françaises, soumises à des contraintes de compétitivité, cherchent en permanence des leviers pour maîtriser les coûts et accroître la stabilité de leurs chaînes d’approvisionnement. Dans ce contexte, EX9 joue la carte de la performance opérationnelle.

Le législateur français suit lui aussi de près l’évolution de l’automatisation. Les projets de loi et les travaux autour de la mobilité autonome portent une attention particulière aux questions de sécurité et de gestion des risques. Même s’il n’existe pas encore de cadre parfaitement unifié pour la conduite autonome dans les zones fermées, la tendance va vers une harmonisation progressive, tant au niveau national qu’européen.

Les réglementations pour la conduite autonome en zone fermée sont moins strictes que sur route publique, mais elles exigent tout de même le respect de normes de sécurité rigoureuses (signalétique, vitesse limitée, supervision humaine possible). Les projets validés par l’ANR ou d’autres organismes publics répondent souvent à des protocoles de tests spécifiques, assurant la fiabilité du matériel.

Aujourd’hui, on estime que les entreprises françaises multiplient les initiatives pour digitaliser et mécaniser la chaîne logistique. Dans le secteur, 30 % à 35 % des coûts totaux peuvent être impactés par la manutention et la rotation des véhicules. Rationaliser cette portion représente une quasi-promesse de rentabilité pour tout logisticien. EX9 se positionne au confluent de cette demande, en proposant un effet rapide et mesurable sur la productivité.

Un modèle “Robots-as-a-Service” qui bouscule les habitudes

La location de robots, ou Robots-as-a-Service, confère une plus grande souplesse budgétaire et un time-to-deploy réduit. EX9 propose, par exemple, un POC (Proof of Concept) facturé à hauteur de 50 000 euros sur une durée courte (deux à trois semaines). Durant cette période, le tracteur électrique autonome opère dans des conditions réelles, ce qui permet de valider son intégration logistique et sa fiabilité.

Après un test concluant, la montée en puissance se concrétise à travers un contrat cadre, de trois à cinq ans. Toute la gamme de services (maintenance, supervision à distance, mises à jour logicielles) est comprise. Dans certains cas, EX9 peut adapter la facturation au nombre de mouvements effectifs, ce qui soutient les entreprises qui ont des pics d’activité saisonniers.

Avantage clé : l’achat des véhicules est assuré par des partenaires externes, libérant la startup de charges financières trop lourdes et lui permettant d’allouer ses moyens au déploiement et à l’innovation logicielle.

Focus sur la progression à l’international

Si la France constitue la première base de clients, EX9 nourrit une ambition plus large, en visant l’Allemagne, l’Espagne ou encore la Belgique. L’accélérateur Gener8tor / Co.Lab dans le Wisconsin (États-Unis) a également sélectionné EX9, une opportunité de tester le potentiel de l’offre outre-Atlantique.

Les prévisions de l’entreprise s’articulent en deux temps :

  • 4 à 5 millions d’euros à court terme, afin de roder l’industrialisation et la distribution sur tout le continent européen.
  • 15 à 20 millions d’euros plus loin dans le temps, si la pénétration du marché américain se confirme et si la société souhaite accélérer son expansion.

Cet horizon américain suscite l’intérêt des experts du secteur, car le marché logistique y est colossal et la demande pour des solutions robotisées est en forte hausse. Toutefois, la concurrence s’annonce robuste, avec des concurrents bien financés, tels qu’Outrider ou ISEE. EX9 met en avant sa maîtrise technique, son sérieux réglementaire et sa dimension souveraine pour se différencier sur le plan mondial.

Qui est EX9 ? Une identité singulière ancrée dans la durabilité

EX9 se décrit elle-même comme un prestataire de “Transport as a Service” dédié aux opérations autonomes en zone fermée. Au-delà de l’entreprise, c’est toute une “communauté” qui se crée autour des nouvelles manières d’aborder la manutention lourde.

Son siège se situe en Île-de-France. Son équipe est composée d’ingénieurs en robotique, d’experts logistiques et de profils issus de la supply chain industrielle. Des collaborations ponctuelles sont menées avec des établissements d’enseignement supérieur comme l’IMT (Institut Mines-Télécom) ou l’UTBM.

Bon à savoir : la sobriété énergétique

En France, l’électrification des poids lourds demeure un défi assorti de nombreux freins (infrastructures de recharge, autonomie des batteries, coût d’investissement initial). L’option de reconditionner des véhicules existants permet d’accélérer la transition, à moindres frais et avec un bilan carbone optimisé sur l’ensemble du cycle de vie du camion.

Décrypter la stratégie opérationnelle d’EX9

Le cœur de la méthode repose sur trois pôles :

  1. Collecte et analyse de la perception : via des lidars, caméras et capteurs embarqués, le tracteur reçoit une image précise de son environnement.
  2. Décision algorithmique : une brique logicielle déterminée par le “Yard Management System” central pour calculer les trajectoires. La solution s’intègre avec des systèmes existants comme le WMS (Warehouse Management System) ou le TMS (Transport Management System).
  3. Passage à l’action : les manœuvres, y compris en marche arrière, sont automatisées. Le véhicule gère les opérations d’attelage sans intervention humaine en continu.

L’efficacité globale dépend de la qualité des données traitées en temps réel. D’où l’intérêt de mettre en place un réseau de supervision, éventuellement 24 h/24, afin de gérer les imprévus (obstacles inopinés, maintenance nécessaire, ajustements d’itinéraires). Les équipes d’EX9 insistent sur la nécessité d’être aux côtés du client pour former les opérateurs et adapter la plateforme logicielle si besoin.

La flexibilité dont fait preuve EX9 se voit aussi dans la configuration des sites : chaque entrepôt ou plateforme de transport a sa propre topographie, ses propres règles de circulation et ses propres cadences horario-saisonnières. L’objectif affiché reste le même : soulager les ressources humaines de tâches répétitives, tout en renforçant l’engagement sécuritaire sur place.

Le pilotage avec DHL : un pas vers la standardisation

Pour pérenniser la solution sur plusieurs sites, EX9 tire parti des enseignements recueillis lors de la phase de test avec DHL :

  • Améliorer les algorithmes de détection d’obstacles, en tenant compte de flux de véhicules internes variés.
  • Renforcer la robustesse des communications entre le tracteur et le système central, afin qu’aucune latence ne perturbe les rotations.
  • Consolider la fiabilité industrielle du concept, pour limiter les arrêts inattendus et respecter les impératifs de productivité du secteur logistique.

La finalité est de prouver qu’il est possible de passer rapidement d’une première expérimentation à un déploiement complet sur plusieurs sites géographiquement dispersés. À terme, DHL pourrait élargir la collaboration s’il s’avère que la rentabilité et la sécurité sont au rendez-vous.

Les aspects sociétaux : réduction de la pénibilité et inclusivité

Derrière la performance technologique se trouvent de véritables enjeux humains. La réduction des tâches pénibles, le recul des accidents liés aux manœuvres, la moindre exposition aux gaz d’échappement et la valorisation de compétences nouvelles (supervision d’engins autonomes, paramétrage d’une plateforme digitale) sont autant de répercussions bénéfiques pour les salariés.

En parallèle, les femmes gagnent en visibilité dans ce domaine traditionnellement masculin. L’impulsion donnée par Femmes Entrepreneuses d’Orange et Femmes Business Angels permet également d’influer sur la représentation des genres dans l’univers tech-industrie. EX9 y voit un levier de performance et d’innovation supplémentaires, toutes les études démontrant l’avantage de la mixité sur les résultats à long terme des entreprises.

Comparaison avec les acteurs américains

À l’échelle internationale, plusieurs startups californiennes ou texanes s’attaquent à la question des manœuvres autonomes. C’est le cas, par exemple, d’Outrider, qui aurait obtenu plus de 200 millions d’euros de financements. Toutefois, la voie prise par EX9 se distingue sur plusieurs aspects :

  1. Focus sur la zone fermée : EX9 ne s’éparpille pas sur le transport route ouverte, ses algorithmes sont calibrés pour l’environnement logistique.
  2. IA pragmatique : plutôt qu’une IA dite “générative” (et souvent plus risquée dans un contexte normé), EX9 mise sur des détecteurs et calculateurs spécialisés.
  3. Achat reconditionné : l’approche frugale apporte une différenciation sur le marché, comparée aux flottes neuves proposées outre-Atlantique.

EX9 compte ainsi conquérir un secteur où l’agilité et la proximité avec les opérateurs peuvent constituer un avantage concurrentiel majeur. La startup parie sur le fait qu’un service clients réactif, proche de la réalité terrain, aura plus de valeur qu’une technologie “tout-terrain” plus éloignée des problématiques quotidiennes.

La recherche et le rôle de l’ANR

L’Agence nationale de la recherche (ANR) contribue au financement de projets innovants, notamment pour accélérer la transition écologique et numérique. Le partenariat avec l’UTBM illustre bien la complémentarité entre l’industrie et la recherche universitaire en France. En s’appuyant sur un dispositif public, EX9 peut mener des expérimentations de pointe dans un cadre méthodologique rigoureux.

La vocation de l’ANR n’est pas seulement de « subventionner » des idées, mais de stimuler l’ensemble du tissu économique et scientifique. C’est dans cette globalité que s’inscrit EX9, cherchant à intégrer ses robots dans des environnements complexes, avec des impératifs de sûreté élevés.

Valorisation environnementale : un argument décisif

Avec la mise en place de lois et de réglementations plus strictes sur les émissions polluantes, les grandes entreprises sont de plus en plus enclines à adopter des solutions responsables. Le tracteur autonome d’EX9, alimenté par l’électricité, affiche des taux d’émission de CO₂ quasi nuls, dès lors que l’électricité est d’origine renouvelable ou faiblement carbonée.

Cette transition énergétique, couplée à l’automatisation, soutient les valeurs RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) que nombre d’acteurs du transport ont mises en avant, tant pour améliorer leur image que pour répondre à la pression réglementaire. Quelques indicateurs démontrent que ce genre d’innovation peut réduire jusqu’à 30 % les coûts liés aux mouvements de remorques, tout en garantissant un service plus fiable.

Déploiements prévus et pistes d’évolution

EX9 appearait déjà en discussion avec plusieurs groupes logistiques européens, potentiellement intéressés par une installation rapide de la solution. L’échéance des prochains mois se concentre sur :

  • La constitution d’équipes de maintenance capables d’intervenir dans différentes régions.
  • L’adaptation de la solution logicielle aux spécificités de chaque plateforme (en termes de gestion des flux et d’interopérabilité des systèmes).
  • La mise en place de programmes de formation continue en interne pour les salariés amenés à superviser, voire à paramétrer, ces nouveaux outils.

Plus le déploiement progresse, plus la startup accumule de données valorisables pour améliorer en continu ses algorithmes d’autonomie, anticiper les pannes et optimiser l’énergie. En parallèle, la discussion sur la facturation au mouvement ou à l’heure de service fait l’objet d’analyses afin de trouver la meilleure formule pour les clients de taille différente (PET, PME ou grands groupes).

Une équipe au service de la performance solidaire

Sur le plan managérial, EX9 souhaite se distinguer par une démarche inclusive, en intégrant des collaborateurs venus de divers horizons. Cette pluralité favorise l’émulation et l’échange de compétences. Les business angels impliqués dans le projet apportent volets financier et stratégique, tandis que les ingénieurs se concentrent sur l’exécution technologique.

La volonté de forger des partenariats durables se caractérise aussi par un accompagnement régulier des clients, tant sur la compréhension technique que sur la maintenance ou le dépannage. Cette proximité rassure et diminue la résistance au changement, souvent observée dans les entreprises logistiques fortement hiérarchisées.

Des perspectives technologiques qui s’étendent

Le champ d’application des robots autonomes ne se limite pas aux seuls quais de chargement. Avec l’évolution des réglementations et la mutation des besoins industriels, EX9 pourrait viser d’autres secteurs comme :

  • La manutention en usine 4.0 (approvisionnements en ligne de production).
  • Les ports, où chaque minute de retard impacte la fluidité des échanges internationaux.
  • Les plateformes ferroviaires, par exemple pour déplacer les conteneurs entre wagons et quais.

En élargissant son rayon d’action, la société s’attaque à un marché potentiellement colossal, estimé à plusieurs milliards d’euros au niveau européen. Toutefois, chaque segment impose ses particularités (normes de sécurité maritime dans le cas des ports, par exemple), rendant nécessaires des adaptations à la fois techniques et légales.

L’intégration de l’IA (qu’elle soit générative ou analytique) se poursuivra sans doute pour perfectionner la planification des tournées ou pour diagnostiquer les incidents plus rapidement. EX9 s’engage à maintenir un socle réglementaire strict et un certain conservatisme, singulièrement dans le traitement des données personnelles ou la sécurisation des échanges. Cette prudence explique en partie la confiance de partenaires comme DHL, qui opèrent dans un environnement ultra-réglementé.

Coordination, supervision et formation : le triptyque gagnant

La mise en place d’un système complet de manœuvres autonomes nécessite une concertation exemplaire entre différents services :

  1. Direction logistique : fixer les objectifs de productivité, clarifier les KPI (indicateurs clés de performance).
  2. Service informatique : assurer la connectivité entre le tracteur, les bases de données et les systèmes de planification.
  3. Service HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) : valider les procédures pour préserver la sécurité des opérateurs.

EX9 pousse également à la formation continue, indispensable pour faire monter en compétences le personnel. L’appropriation de notions comme le mapping 3D, la supervision à distance ou la réalisation des vérifications de sécurité nécessite un accompagnement ciblé. Ce volet humain demeure central, même dans une configuration robotisée.

Au-delà des quais : une refonte structurelle de la supply chain

La mise en service de transports autonomes dans les hubs logistiques pourrait être le signal d’une nouvelle ère. Tôt ou tard, d’autres fonctions de la supply chain seront concernées, allant de la gestion automatisée des stocks à la distribution sur le “dernier kilomètre”. Si EX9 parvient à s’imposer comme référence en Europe, elle ouvrira la voie à la standardisation de ces systèmes, ce qui pourrait accélérer de manière exponentielle leur adoption.

Les enjeux légaux ne sont pas en reste : il faudra clarifier la responsabilité en cas d’accident, les modalités d’assurance, les exigences pour obtenir le droit d’exploiter des flottes autonomes. Tout indique que la réglementation se dirigera vers un équilibre, favorisant l’innovation tout en protégeant les travailleurs et les installations.

Scruter l’avenir de la mobilité fermée : un pas décisif

Du point de vue économique, miser sur des solutions autonomes ouvre de larges perspectives pour la filière logistique, tant en termes de compétitivité que de développement durable. Avec ses 2 millions d’euros récemment levés, EX9 place déjà la barre plus haut, en ambitionnant de devenir un moteur de la transition verte et de l’excellence opérationnelle.

Parallèlement, les synergies entre pouvoirs publics, investisseurs privés et l’écosystème de la formation (grandes écoles, laboratoires de recherche) sont la clé pour construire un socle d’innovations pérennes en France. Le fait qu’EX9 soit déjà sollicité à l’étranger laisse entrevoir un impact au-delà des frontières, et encourage l’émergence d’un leadership technologique européen dans le domaine.

Perspectives de financement et calendrier d’expansion

Chiffrées précisément, les prochaines étapes de financement structurent la feuille de route. Avec des besoins estimés entre 4 et 5 millions d’euros pour stabiliser la production en série, EX9 prépare la scalabilité de sa solution. À moyen ou long terme, si l’Amérique du Nord se montre réceptive, l’entreprise envisagera une levée de 15 à 20 millions d’euros supplémentaire, s’entourant alors de partenaires locaux pour gérer les aspects normatifs et culturels.

Cet équilibre entre doucement mais sûrement et ambition globale fait toute l’originalité du positionnement de la startup. Ni trop rapide, ni trop frileuse. Cette attitude traduit la maturité d’une équipe qui préfère valider progressivement chaque jalon, en s’appuyant sur des retours concrets.

Un horizon logistique métamorphosé

Au-delà des opportunités financières, c’est tout le secteur industriel qui sera influencé par ce vent d’automatisation. Les infrastructures deviendront de plus en plus conçues pour accueillir des véhicules autonomes, les procédures de recharge se robotiseront et la main-d’œuvre sera réorientée vers des missions de supervision, d’analyse et d’amélioration des processus.

À mesure que l’opinion publique réalise l’importance de la gestion logistique propre, le modèle proposé par EX9 gagne en pertinence. Il ne s’agit pas seulement d’un tracteur sophistiqué, mais bien d’une solution intégrée multipliant les impacts positifs sur la productivité, l’écologie et le bien-être au travail.

Le chemin tracé par EX9 illustre parfaitement la convergence entre engagement collectif et évolutions techniques, esquissant les contours d’une logistique plus intelligente, plus sûre et plus respectueuse de l’environnement.