Dans le Morbihan, Ever Ever enclenche une nouvelle étape de son histoire industrielle avec une levée de 3 millions d’euros ouverte aux particuliers. Objectif assumé par son fondateur, Martin Hacpille : financer l’industrialisation d’Albert, un lave-vaisselle réparable, pensé pour durer, et fabriqué en Bretagne.

Levée de 3 M€ via Sowefund : accélération de l’industrialisation d’Albert

Ever Ever a annoncé une levée de 3 millions d’euros via la plateforme de financement participatif Sowefund. L’opération, signalée par Martin Hacpille sur LinkedIn et relayée par la presse économique régionale, vise à franchir le dernier palier avant la mise sur le marché du premier modèle de la marque, Albert. Selon Agence API, les fonds doivent soutenir la finalisation des outillages, la montée en cadence et les premières commandes clients avant déploiement national et européen.

Le recours au crowdfunding en actions permet à la société d’ouvrir son capital à des investisseurs individuels en complément d’un socle d’investisseurs privés et d’aides publiques déjà mobilisés. Cette stratégie multi-canal répond à un impératif classique des jeunes industriels : sécuriser le financement du passage du prototype aux premières séries, tout en validant l’appétence du marché.

L’essentiel financier de l’opération

Points clés sur la dynamique de financement d’Ever Ever :

  • 3 millions d’euros en cours de levée via Sowefund, pour finaliser l’industrialisation et préparer la commercialisation.
  • 2 millions d’euros déjà réunis auprès d’investisseurs privés en amont.
  • 3,8 millions d’euros obtenus au titre de « Première Usine » dans le cadre de France 2030, selon la société.

Ouvrir une levée via une plateforme spécialisée permet d’élargir la base d’investisseurs au-delà du cercle des fonds et des business angels. Atouts :

  • Validation de marché par la communauté d’investisseurs particuliers.
  • Effet de visibilité sur la marque au moment critique du lancement industriel.
  • Souplesse de structuration en complément d’aides publiques et de dettes instrumentées.

En contrepartie, la société doit investir dans la pédagogie autour du produit, du plan industriel et des risques inhérents à la montée en cadence.

Albert : architecture réparable et fabrication en Bretagne

Albert concentre la thèse produit d’Ever Ever : un lave-vaisselle démontable et réparable sans outillage spécifique, intégrant des matériaux recyclables et conçu pour limiter les consommations d’énergie. L’entreprise revendique une approche anti obsolescence programmée, avec des pièces remplaçables facilement par l’utilisateur et une architecture pensée pour la maintenance.

Démontable sans outillage spécifique

Des présentations parues en 2023 précisent que l’appareil a été réfléchi pour faciliter le remplacement des composants à risque d’usure, sans passage obligatoire en centre technique. Cette conception doit prolonger la durée de vie du produit et réduire les coûts de possession pour les ménages, tout en limitant la génération de déchets.

Made in France, ancrage breton

Le fondateur, Martin Hacpille, a rappelé fin 2023 le choix d’une production en Bretagne, avec un assemblage en France et plus de 30 sous-traitants industriels partenaires pour la fourniture des composants clés et l’intégration. Ce maillage territorial vise à garantir la qualité et à maîtriser les délais d’approvisionnement tout en soutenant la base industrielle régionale.

  • Design orienté vers la maintenance et la réparabilité.
  • Intégration de matériaux recyclables.
  • Optimisation des consommations énergétiques, sans compromis sur la performance d’usage.

Réparabilité : quel bénéfice économique pour l’utilisateur

Un design réparable peut réduire significativement le coût total de possession :

  1. Moins d’immobilisation et de coûts de déplacement grâce aux interventions réalisables à domicile.
  2. Pièces standardisées et accessibles, limitant la dépendance à des outillages propriétaires.
  3. Prolongation de la durée d’usage, avec impact favorable sur le budget équipement du foyer.

Montage financier : capitaux privés et aide France 2030

Avant l’opération en cours, Ever Ever avait déjà sécurisé 2 millions d’euros auprès d’investisseurs privés. La société indique par ailleurs avoir obtenu 3,8 millions d’euros via le dispositif « Première Usine » du plan France 2030, conçu pour accompagner la bascule de projets industriels vers la production. Les communications publiques référencées sur le programme mentionnent des vagues régulières de lauréats, sans citer systématiquement l’ensemble des projets ; la société confirme en tout état de cause le bénéfice de ce soutien pour accélérer sa trajectoire.

Cette combinaison capitaux privés + aide publique + crowdfunding dote l’entreprise d’un socle de financement adapté au déploiement industriel. En contrepartie, Ever Ever devra tenir un cap serré sur la qualité, la productivité et le calendrier de qualification des lignes, afin de contenir le besoin en fonds de roulement inhérent aux premières séries.

Le guichet « Première Usine » vise à soutenir des projets industriels en phase de passage à l’échelle. Il couvre notamment :

  • Des investissements d’industrialisation et de process.
  • La montée en capacité et la qualification des lignes.
  • La consolidation d’une base fournisseurs localisée en France ou en Europe.

L’enjeu est de réduire la « vallée de la mort » entre preuve de concept et série, particulièrement capitalistique pour l’industrie. Les aides sont attribuées sur dossier et conditionnées à des jalons.

Écosystème public d’appui à l’industrialisation

Outre « Première Usine », des initiatives nationales soutiennent l’innovation industrielle :

  • France 2030, doté de plusieurs dizaines de milliards d’euros pour l’innovation et l’industrialisation.
  • French Tech 2030, qui met en visibilité des entreprises émergentes à fort potentiel.

Ces dispositifs visent à renforcer la souveraineté industrielle, à relocaliser des pans de production et à accélérer la diffusion de technologies plus sobres.

Carnet de commandes et débouchés commerciaux

Ever Ever indique avoir sécurisé plus de 60 000 lave-vaisselle sous contrat, pour un chiffre d’affaires prévisionnel d’environ 23 millions d’euros. Les accords en question concernent des acteurs majeurs de la grande distribution en France et en Europe. Cette profondeur de carnet constitue un signal commercial avancé pour l’entreprise et un élément de réassurance pour les investisseurs, même si le passage du contrat à la livraison suppose de lever les jalons industriels attendus.

Distribution grande consommation : intérêt confirmé

La promesse d’un lave-vaisselle réparable, fabriqué en Bretagne et positionné sur la durabilité, aligne les attentes des distributeurs qui consolident leurs gammes éco-responsables. La dynamique d’achat des ménages pour des biens de consommation durables s’est structurée autour de critères de réparabilité et de consommation énergétique, ce qui favorise l’émergence de nouvelles marques positionnées sur la longévité des produits.

  • Contrats cadres en amont des premières productions.
  • Préparation des flux logistiques et des kits de pièces de rechange.
  • Formation des équipes SAV partenaires pour garantir la qualité d’intervention.

Chiffres commerciaux déclarés

Indications communiquées par la société :

  • 60 000 unités sous contrat ou protocoles d’accord avec des distributeurs.
  • Un prévisionnel d’environ 23 M€ associé à ces engagements (source presse économique régionale).

Ces volumes restent conditionnés à la montée en cadence des lignes et au respect des jalons qualité.

Chaîne de valeur en Bretagne : 30 sous-traitants mobilisés

Ever Ever a structuré un réseau de plus de 30 sous-traitants industriels, avec une implantation prioritaire en Bretagne. Les partenaires couvrent la fabrication de composants, des sous-ensembles et l’assemblage, avec un enjeu double : sécuriser l’approvisionnement et préserver une empreinte locale pour réduire les émissions logistiques et les délais.

Ce choix de relocalisation partielle et de maîtrise de la chaîne d’approvisionnement s’inscrit dans un contexte régional favorable à l’industrie. En Bretagne, l’industrie emploie environ 150 000 personnes, et l’émergence de nouvelles unités de production contribue à la vitalité de l’écosystème (INSEE, ordre de grandeur mentionné publiquement).

Effet d’entraînement local et compétitivité

Au-delà des emplois directs, l’ancrage local peut générer des externalités positives pour les PME partenaires : volumes récurrents, montée en compétence, et innovation conjointe sur des pièces critiques. Pour Ever Ever, cet ancrage offre aussi un levier de compétitivité non prix, en capitalisant sur la qualité, la réactivité et la traçabilité.

  • Réduction du risque de rupture sur des composants sensibles.
  • Coordination renforcée entre bureau d’études et ateliers.
  • Itérations plus rapides sur la qualité et la réparabilité des pièces.

Les jeunes industriels font face à des défis récurrents lors de l’industrialisation :

  • Capacité des outillages à tenir la cadence et la répétabilité.
  • Qualité fournisseurs et robustesse des process de contrôle.
  • Gestion du besoin en fonds de roulement au démarrage des livraisons.

La planification fine des jalons et la constitution d’un stock de sécurité sur les pièces critiques sont des leviers clés pour lisser les aléas de montée en cadence.

Cadre réglementaire et tendances marché pour l’électroménager durable

La trajectoire d’Ever Ever est en phase avec la montée en puissance des politiques publiques d’éco-conception. Au niveau européen, la directive 2009/125/CE sur l’écoconception des produits liés à l’énergie fixe des exigences de performance et encourage la durabilité des équipements. L’orientation vers des produits réparables et sobres répond à la demande croissante des consommateurs et à la pression réglementaire sur la réduction des déchets.

Sur le plan environnemental, la lutte contre les déchets d’équipements électriques et électroniques demeure un enjeu majeur, avec plus de 50 millions de tonnes générées chaque année dans le monde selon des rapports internationaux. La capacité d’Albert à être entretenu et réparé s’inscrit comme une réponse concrète à cette contrainte.

Réparabilité et information des consommateurs

La transparence sur les caractéristiques de réparabilité, l’accès aux pièces et la documentation technique sont devenus des critères différenciants pour l’achat d’électroménager. Pour Ever Ever, faire d’Albert un produit aisément démontable et soutenu par un réseau de pièces accessible est un levier de confiance qui peut accélérer l’adoption par les distributeurs puis le grand public.

  • Réduction potentielle du coût environnemental par prolongation de la durée d’usage.
  • Amélioration de la satisfaction client via des interventions simples et rapides.
  • Alignement avec les politiques d’achats responsables des grands distributeurs.

La directive-cadre sur l’écoconception fixe un socle d’exigences et ouvre la voie à des règlements spécifiques par familles de produits. Les fabricants doivent :

  • Concevoir des produits efficaces énergétiquement et durables.
  • Documenter les performances et mettre à disposition des informations techniques.
  • Organiser l’accès aux pièces et au service après-vente, dans une logique de réparabilité.

Pour une start-up industrielle, s’aligner tôt sur ces exigences réduit le risque réglementaire à l’export, et facilite la discussion avec les distributeurs paneuropéens.

ESG et attractivité des projets « hardware » durables

Les projets industriels à impact environnemental positif suscitent un intérêt croissant :

  • Adéquation avec les critères ESG des investisseurs.
  • Visibilité accrue grâce aux dispositifs publics d’accompagnement.
  • Avantage compétitif auprès des distributeurs sensibles à la traçabilité et à la réparabilité.

La possibilité de participer via une plateforme comme Sowefund facilite l’accès des épargnants à des projets concrets et localisés.

Qui est Ever Ever : mission, équipe et gouvernance produit

Fondée par Martin Hacpille, Ever Ever développe une gamme d’appareils électroménagers conçus pour durer, avec la réparabilité au cœur de l’architecture produit. L’entreprise, qui opère depuis le Morbihan, s’appuie sur une petite équipe resserrée d’ingénieurs et d’experts, au nombre de 9 à ce stade, et sur un réseau industriel régional étendu pour la fabrication.

L’ambition affichée est de proposer des produits domestiques capables de résister à l’épreuve du temps et d’être entretenus par l’utilisateur, dans un modèle qui rompt avec la logique d’obsolescence. Albert, premier modèle, doit incarner ce positionnement en reprenant les codes de l’industrie française de précision appliqués au grand public.

Gouvernance produit et industrialisation

L’entreprise fait le choix d’une production en Bretagne et d’une architecture produit orientée « service ». Les composants à risque d’usure sont identifiés dès la conception, leur accès est facilité, et la documentation doit permettre des interventions simples. Cette approche coefficientée par un maillage de sous-traitance locale vise à limiter les aléas d’approvisionnement et à offrir des délais raisonnables pour les pièces de rechange.

Concevoir contre l’obsolescence implique :

  • Des sous-ensembles modulaires interchangeables.
  • Une documentation claire, accessible aux non-professionnels.
  • Des choix matériaux et connectiques favorisant la démontabilité.

À l’arrivée, la valeur réside autant dans la qualité d’usage que dans la longévité, avec un coût total de possession attractif pour l’utilisateur final.

Cap opérationnel pour 2025 : quelles priorités à court terme

La séquence qui s’ouvre est essentiellement industrielle : sécuriser les outillages, verrouiller la répétabilité qualité, caler les flux logistiques et lancer les premières livraisons dans le cadre des contrats existants. La levée ouverte via Sowefund doit permettre de financer ce franchissement de seuil, pendant que la société peaufine son dispositif SAV et sa politique de pièces de rechange.

Le succès reposera sur trois variables : la qualité perçue par les premiers clients, la tenue des engagements de livraison, et la capacité à orchestrer la montée en cadence sans tension excessive sur le besoin en fonds de roulement. Sur ces trois points, l’intégration locale et l’écosystème de sous-traitance constituent un atout pour Ever Ever.

Points de contrôle immédiats

Les jalons tactiques à surveiller côté entreprise et investisseurs :

  • Validation des préséries et taux de rebut à l’issue des premiers lots.
  • Disponibilité des pièces critiques et organisation de la logistique inverse pour la maintenance.
  • Retours des premiers distributeurs et ajustements de gamme si nécessaire.

Un pas de plus vers l’économie circulaire appliquée au gros électroménager

Avec la levée en cours et un carnet annoncé de 60 000 unités, Ever Ever s’approche du moment de vérité industriel. L’alignement entre réparabilité, production bretonne et partenariats de distribution donne à Albert un positionnement lisible dans un marché à la recherche de produits durables. Les fonds déjà engagés et l’appui revendiqué de France 2030 constituent un socle financier attentif à l’exécution.

La suite se jouera dans l’atelier et chez les premiers utilisateurs : c’est là que la promesse d’un lave-vaisselle réparable, accessible et sobre gagnera sa crédibilité. Si la montée en cadence confirme la qualité annoncée, Ever Ever pourrait s’imposer comme une référence française du gros électroménager durable. Affaire à suivre avec attention.