Sur les écrans d’Euronext Paris depuis le printemps, un nouveau véhicule d’investissement a trouvé son public. En moins d’un trimestre, l’ETF VanEck Quantum Computing UCITS a glané des capitaux frais au rythme d’un thème en pleine effervescence, faisant de l’informatique quantique un sujet tangible pour les portefeuilles européens. Son décollage rapide ouvre un débat: comment transformer une promesse technologique en allocation disciplinée et durable.

Cap des 100 millions franchi et montée en puissance sur euronext paris

Trois mois seulement après son lancement fin mai 2025, l’ETF VanEck Quantum Computing UCITS a dépassé 100 millions de dollars d’encours sous gestion, un pallier symbolique qui valide l’appétit des investisseurs pour cette thématique de rupture. Le fonds, de droit irlandais et conforme à la directive UCITS, réplique l’indice MVIS Global Quantum Computing & Next Gen Tech et est aujourd’hui coté sur plusieurs places européennes, dont Euronext Paris.

Ce positionnement fait de ce produit l’un des premiers accès structurés à l’écosystème quantique côté en Europe, avec un cadre réglementaire européen et une liquidité quotidienne. Les investisseurs français y trouvent une porte d’entrée fonctionnelle vers une chaîne de valeur complexe, allant du matériel quantique aux couches logicielles, en passant par des applications industrielles et financières. La référence boursière du fonds, ISIN IE0007Y8Y157, facilite son identification et son suivi.

Le succès initial s’explique par un double mouvement. D’une part, l’informatique quantique sort des labos pour rejoindre des parcours de commercialisation plus visibles, notamment via le cloud. D’autre part, l’ETF consolide une exposition jusque-là difficile à construire en direct, en filtrant des sociétés dont l’implication est mesurée selon des critères documentés, notamment la production de brevets.

Ce qu’il faut retenir en un coup d’œil

100 millions de dollars d’encours franchis en moins de 3 mois, ISIN IE0007Y8Y157, réplication de l’indice MVIS Global Quantum Computing & Next Gen Tech, cotation sur Euronext Paris, environ 30 valeurs en portefeuille, pondération moyenne d’un titre autour de 3 à 5 %, exposition géographique dominée par l’Amérique du Nord proche de 70 %.

Architecture de l’indice et logique de sélection: du brevet à la pondération

La grammaire de l’ETF repose sur la méthodologie MVIS. L’indice cible des entreprises directement engagées dans l’informatique quantique ainsi que des acteurs connexes dits next gen tech jugés indispensables au déploiement de l’écosystème. Un critère central, rarement appliqué à grande échelle par d’autres familles d’indices, est la prise en compte du nombre de brevets accordés dans le quantique, signal de traction technologique vérifiable et publiquement traçable.

La construction du portefeuille opère une distinction entre pure players — sociétés dont une part significative de l’activité est dédiée au quantique — et leaders établis qui intègrent ces technologies à leurs plateformes. Cette dualité cherche à équilibrer l’exposition à l’innovation et le socle de capitalisation. Pour éviter une concentration excessive, la pondération moyenne par titre est maintenue autour de 3 à 5 %, ce qui limite l’impact d’une seule valeur sur la trajectoire de l’ensemble.

Sur le plan géographique, la chaîne quantique mondiale reste nourrie par les écosystèmes nord-américains, ce qui explique une allocation voisine de 70 % vers l’Amérique du Nord. L’Europe et l’Asie complètent le tableau, avec une percée progressive de centres de recherche et de start-up spécialisées. Cette répartition reflète à la fois la provenance des brevets majeurs et la concentration des budgets privés et publics.

L’univers investissable est filtré par activités: matériel quantique, intergiciels et frameworks, logiciels et services gérés, composants critiques comme les cryostats ou sources laser, et applications ciblées. La méthode retient des entreprises dont les brevets quantiques accordés et citations attestent d’une contribution substantielle et d’une capacité d’industrialisation.

Les seuils d’éligibilité minimisent les biais de micro-capitalisations tout en conservant la granularité nécessaire pour capter les pure players. La pondération plafonnée par valeur atténue les déséquilibres sectoriels. L’ensemble vise une réplication transparente que l’ETF met en œuvre avec des rééquilibrages périodiques pour refléter l’évolution des dossiers de brevets et de la liquidité.

Panorama des sociétés en portefeuille et cas d’usage concrets

Au-delà d’un thème, l’ETF fédère des trajectoires industrielles variées. Plusieurs acteurs incarnent l’avancée des technologies et les premiers cas d’usage, composantes nécessaires pour soutenir les flux d’encaissement et rassurer les marchés sur la voie de la monétisation.

Ionq: accélération sur le cloud et qubits piégés

IonQ commercialise des processeurs quantiques à ions piégés accessibles via le cloud. L’entreprise s’illustre par des feuilles de route publiques en nombre de qubits effectifs et des collaborations avec des hyperscalers. Le modèle met en avant la location de capacité et des services d’optimisation, deux leviers susceptibles de soutenir la récurrence des revenus à mesure que les cas d’usage gagnent en maturité.

Pour un ETF, IonQ offre une exposition directe à l’évolution des performances matérielles, mais aussi à la sensibilité du marché aux annonces technologiques, un facteur de volatilité inhérent aux pionniers.

Rigetti computing: superposition matériel-logiciel

Rigetti Computing développe des systèmes supraconducteurs et investit dans un stack logiciel intégré pour faciliter l’accès des développeurs aux circuits quantiques. La stratégie vise à réduire les frictions d’adoption côté entreprise, via des outils de développement et des environnements hybrides qui combinent calculs classiques et quantiques. Les jalons techniques sur la qualité des qubits et la réduction du taux d’erreurs sont scrutés de près par les investisseurs.

D-wave systems: l’optimisation par recuit quantique

D-Wave se distingue par l’annealing quantique, une approche differente du modèle à portes universelles. Cette technologie trouve des cas d’usage en optimisation combinatoire comme la planification logistique ou l’allocation de ressources. Pour un portefeuille, D-Wave représente une diversification des paris technologiques et un exemple d’applications opérationnelles plus immédiates, même si la comparabilité des performances reste un sujet technique.

Ibm: décennie d’itérations et effet d’écosystème

IBM mène des programmes quantiques depuis des années, avec un réseau de partenaires académiques et industriels, des systèmes accessibles via IBM Quantum et une feuille de route riche en annonces de générations de processeurs. La présence d’IBM dans l’ETF matérialise le rôle des acteurs historiques capables de financer des plateformes de long terme et de mailler la recherche à l’industrie.

Alphabet: google quantum ai et jalons d’algorithmes

Chez Alphabet, l’entité Google Quantum AI travaille sur des processeurs et des algorithmes quantiques, tout en publiant des résultats marquants sur la performance et la correction d’erreurs. L’enjeu pour le marché est la traduction de ces avancées en services exploitables par des clients B2B, ce qui se matérialise d’abord par des programmes pilotes et des collaborations sectorielles.

Honeywell: de l’industrie à l’entreprise quantique

Honeywell dispose de briques technologiques quantiques de haut niveau, intégrées au périmètre industriel via la société issue de sa combinaison avec Cambridge Quantum. Les voies d’applications vont de l’aérospatiale à la cybersécurité, avec une emphase sur la qualité de l’exécution industrielle et la conformité, éléments déterminants pour une adoption par de grands comptes.

Bank of america: finance quantique et cybersécurité

La banque d’investissement explore des pilotes autour de la modélisation de risque, de l’optimisation de portefeuilles et de la cryptographie post-quantique. Pour un indice thématique, intégrer des institutions financières reflète la dynamique de demande aval et la capacité du secteur à financer des projets à impact opérationnel mesurable.

Quantum computing inc.: résultats t2 2025 et effet de halo

Quantum Computing Inc. (QUBT) a publié ses résultats du deuxième trimestre 2025, mettant en avant des avancées en photonique et optique quantique. Même si chaque ETF a sa propre composition, ce type d’annonce alimente un effet de halo sur la thématique quantique et peut influencer les flux sur les fonds spécialisés, notamment lorsque l’actualité touche des chaînes d’approvisionnement communes ou des partenaires techniques.

Glossaire express des concepts quantiques

Qubit: unité de base d’information quantique, capable de superposition d’états. Décohérence: perte d’information quantique, limite la durée utile des calculs. Correction d’erreurs: schémas pour compenser les fautes et stabiliser les circuits. NISQ: ère des dispositifs bruyants de taille intermédiaire, étape préliminaire avant le quantique tolérant aux fautes.

Données chiffrées depuis le lancement et dynamique de marché

La montée en puissance de l’ETF s’inscrit dans une trajectoire positive, volatile mais ascendante, depuis fin mai 2025. L’atteinte des 100 millions de dollars, à la mi-août, traduit à la fois des flux de souscriptions et l’effet prix sur certaines valeurs du panier. La volatilité demeure un trait de cette classe d’actifs, corrélée à l’actualité des publications techniques, aux résultats trimestriels et aux cycles de taux qui influencent la valorisation des entreprises de croissance.

Pour les investisseurs, l’intérêt d’un format UCITS coté à Paris tient dans la négociation en continu, l’accès via la plupart des intermédiaires locaux et des mécanismes de tenue de marché qui contribuent à la liquidité. La stratégie, focalisée sur une chaîne technologique émergente, doit cependant être appréhendée dans une optique de poids contrôlé en portefeuille, afin d’amortir les épisodes de stress propres aux thématiques d’innovation.

Métriques Valeur Évolution
Encours sous gestion 100 M$+ Atteint en moins de 3 mois
Date de lancement Fin mai 2025 Nouvelle cotation
Nombre de lignes en portefeuille Environ 30 Maintenu
Pondération moyenne par titre 3 à 5 % Contrôle du risque idiosyncratique
Exposition Amérique du Nord Environ 70 % Structurel
Cotation Euronext Paris Oui Accès local renforcé

Les paniers thématiques concentrent des entreprises en phase d’industrialisation, dépendantes d’innovations non linéaires. Chaque annonce de performance de qubits, de correction d’erreurs ou de partenariat avec un hyperscaler peut déclencher des écarts de prix significatifs.

La sensibilité aux taux pénalise de surcroît les valeurs de croissance non profitables. Un cadrage prudent consiste à dimensionner l’exposition et à diversifier les sources de risque sectoriel.

Politiques publiques françaises et virage souverain

En France, l’essor du quantique s’inscrit dans une trajectoire pilotée par l’État. La Stratégie Nationale Quantique, enclenchée en 2021, prévoit un financement de 1,8 milliard d’euros pour accélérer la recherche, la montée en puissance industrielle et les passerelles vers l’entreprise, avec une organisation dédiée au sein du programme France 2030 (source: info.gouv.fr).

Ce socle public se double, depuis juin 2025, d’un plan spécifique du Ministère des Armées annoncé par le ministre Sébastien Lecornu lors du forum France Quantum. Les axes couvrent des calculs aujourd’hui inaccessibles, une perception environnementale ultra-précise et la navigation sans GPS, autant d’applications critiques pour la souveraineté. La vitrine en ligne du portail de la stratégie française coordonne appels à projets, consortiums et initiatives de normalisation, consolidant un continuum entre laboratoires et intégrateurs.

Pour les investisseurs, cet élan public n’est pas qu’un signal politique. Il réduit le risque d’exécution sur certaines briques technologiques lourdes, stabilise des plans de charge pour les industriels et incite les grands comptes à tester des pilotes. Un ETF positionné sur ces chaînes capte donc, indirectement, l’effet d’entraînement des budgets publics souverains et européens, même si la matérialisation en revenus reste progressive.

Cotation parisienne: impact pratique pour l’investisseur français

La présence sur Euronext Paris permet un accès via les intermédiaires domestiques, des horaires de marché alignés et un libellé en euros selon la ligne de cotation, ce qui simplifie l’exécution. Attention toutefois au risque de change économique si une part majoritaire des revenus des sociétés du panier provient d’Amérique du Nord, indépendamment de la devise de cotation de l’ETF.

Risques identifiés et bonnes pratiques de mise en portefeuille

Malgré des perspectives sectorielles robustes, l’investissement quantique reste exposé à des risques techniques et risques de marché. Les défis de stabilisation des qubits, la correction d’erreurs et la transition vers des systèmes tolérants aux fautes conditionnent la courbe d’adoption. Du côté boursier, la dépendance à des annonces de percées et la possible rotation factorielle vers la valeur ou la qualité peuvent accentuer la volatilité.

Les risques réglementaires existent également, notamment sur les standards de cryptographie post-quantique et sur les contrôles d’exportation. En Europe, les autorités rappellent la nature spéculative de certains ETF thématiques axés sur des innovations de rupture, et recommandent d’éviter une concentration excessive sur une seule narration de marché.

Sur le plan de la construction de portefeuille, un ETF thématique comme celui de VanEck s’insère généralement dans la poche actions internationales, avec un poids calibré. Les règles UCITS imposent des plafonds de concentration par émetteur, ce qui contribue à encadrer le risque idiosyncratique. Un suivi régulier des entrées-sorties de l’indice, des rachats, et des actualisations de la méthodologie demeure une bonne pratique pour les comités d’investissement.

Trois familles d’indicateurs méritent l’attention: 1) technique avec la progression des qubits logiques et des taux d’erreurs, 2) commerciale avec des contrats pluriannuels et des références clientes hors POC, 3) industrielle avec la montée en cadence des fournisseurs de composants clés. Le croisement de ces signaux offre une lecture plus fine de la dé-risquification du thème.

Trajectoires globales et chiffres clés à l’horizon 2040

Les cabinets spécialisés anticipent une montée en puissance graduelle mais significative des applications. Les estimations de croissance tablent sur un marché mondial pouvant atteindre près de 173 milliards de dollars d’ici 2040, avec une CAGR située entre 14 % et 17 %, stimulée par la pharmacie, la logistique, l’énergie et la finance. Si l’on observe d’ores et déjà des pilotes en simulation moléculaire et en optimisation, la commercialisation à grande échelle dépendra des progrès en correction d’erreurs et des architectures hybrides plus accessibles.

Pour les investisseurs français, l’équation se résume à une balance entre exposition aux ruptures et gestion du risque. L’ETF de VanEck offre une mutualisation de paris technologiques et un accès industrialisé à un champ de compétences fragmenté. La montée des politiques publiques françaises et européennes, l’arrivée de talents et la création de normes industrielles renforcent l’écosystème continental, même si la masse critique demeure, à ce stade, plus forte en Amérique du Nord.

Repères chiffrés structurants

Seuil des 100 M$ atteint en trois mois selon la presse spécialisée (L’Agefi). 1,8 Md€ pour la Stratégie Nationale Quantique, catalyseur des projets académiques et industriels en France. Deux ancrages qui confirment la structuration rapide de l’offre d’investissement et de la demande publique.

Capteurs à surveiller d’ici 2026 pour l’etf vaneck quantum computing

La prochaine étape se jouera sur le terrain de l’exécution commerciale. Les investisseurs suivront les contrats récurrents hors pilotes, la maturité des solutions cloud quantiques intégrées aux workflows des entreprises et l’émergence d’un langage commun entre data scientists et physiciens. Les annonces trimestrielles des valeurs en portefeuille, la mise à jour des brevets et les rééquilibrages de l’indice MVIS seront déterminants.

Le second capteur est macro-financier. Le sentier des taux et la prime de risque dictent une partie des valorisations des valeurs de croissance.

Dans un environnement plus neutre, l’ETF pourrait bénéficier d’une normalisation des multiples si les métriques d’adoption s’améliorent, tandis qu’un choc de marché rappellerait la nécessité d’une pondération mesurée. Dans les deux cas, la structuration UCITS, la cotation parisienne et la diversification intra-thématique constituent des atouts pour intégrer le quantique avec discipline dans un portefeuille.

Le cap des 100 M$ franchi par l’ETF de VanEck consacre l’essor d’un thème encore jeune, où brevets, politiques publiques et premiers usages convergent, offrant aux investisseurs français une exposition structurée mais exigeant une allocation méthodique.