NH-Amundi élargit son empreinte avec un produit de Bourse centré sur la défense européenne, désormais accessible aux investisseurs coréens. Coté à Séoul, ce nouvel ETF réplique un indice thématique qui capte la montée en puissance de l’aérospatial et des équipements militaires en Europe. Un projet calibré pour profiter d’un cycle d’investissement public renforcé et d’une consolidation industrielle en cours.

Une cotation à séoul qui redistribue les cartes de l’allocation

NH-Amundi, la coentreprise entre Amundi et NongHyup Financial Group, a introduit le NH-Amundi HANARO Europe Defense ETF sur la Korea Exchange. La mise sur le marché est intervenue le 29 juillet 2025, en partenariat étroit avec STOXX, le fournisseur d’indices du groupe Qontigo. L’ETF suit le STOXX Europe Total Market Defense Capped Index, un baromètre sectoriel conçu pour refléter la performance des acteurs européens de la défense et de l’aérospatial.

Ce lancement s’inscrit dans la continuité d’un premier jalon posé en Europe. Amundi avait déployé un ETF de même thématique au printemps 2024, destiné aux investisseurs européens. L’arrivée d’un jumeau coté en Asie marque une étape stratégique : offrir une passerelle de capitaux entre Séoul et les places européennes sur un segment en plein renforcement, porté par les budgets souverains et les programmes de coopération.

Dans l’univers des ETF thématiques, la défense a longtemps été un angle mort. Les restrictions ESG, l’absence d’indices robustes et une liquidité jugée trop étroite sur certaines valeurs freinaient les initiatives. La mécanique a changé

. Le thème “souveraineté et résilience” est devenu un axe stratégique pour les portefeuilles. L’Europe a, de surcroît, structuré un cadre de financement pluriannuel qui sécurise la visibilité des industriels. Cette conjonction explique l’intérêt des investisseurs coréens, déjà familiers des chaînes de valeur duales civil-militaire.

Repères-clés sur la cotation

Date de première cotation 29 juillet 2025. Place Korea Exchange. Émetteur NH-Amundi. Indice STOXX Europe Total Market Defense Capped Index. Exposition entreprises européennes de la défense et de l’aérospatial. Objectif diversification sectorielle avec contraintes de concentration.

Métriques Valeur Évolution
Date de cotation à Séoul 29 juillet 2025 Nouveau véhicule coté en Asie (STOXX, 29 juillet 2025)
Indice suivi STOXX Europe TMI Defense Capped Pondérations plafonnées, univers sectoriel ciblé
Lancement européen antérieur Mai 2024 Extension internationale de la gamme Amundi
Budget EDF européen 7,9 Md EUR (2021-2027) Ancrage pluriannuel confirmé (Ministère des Armées, 2025)
Tendance sectorielle Croissance anticipée 4 à 5 % par an d’ici 2030 Projection fondée sur la montée des commandes

Un indice calibré pour capter l’aérospatial et l’armement tout en limitant la concentration

Le STOXX Europe Total Market Defense Capped Index se concentre sur les entreprises européennes dont une part substantielle du chiffre d’affaires provient d’activités de défense, de sécurité et d’aérospatial. Le panier inclut des maîtres d’œuvre et des équipementiers de rang 1, 2 et 3, ce qui lui confère une exposition à la chaîne de valeur complète, des plateformes aéronautiques aux technologies de détection et de communication.

L’indice adopte une logique de plafonnement des poids pour éviter que quelques poids lourds dominent la performance. Cette approche est centrale pour la thématique, historiquement polarisée autour de grands noms. Elle accroît l’apport de diversification et réduit le risque d’idiosyncrasie lié à un seul titre. La méthodologie privilégie ainsi une représentation sectorielle équilibrée.

Les indices “capped” appliquent à intervalle régulier un plafond de pondération par titre. Lorsque la capitalisation ou les variations de marché font dépasser le seuil, un rééquilibrage ramène les poids sous la contrainte. Intérêt concret pour l’investisseur de long terme : limiter la volatilité spécifique et réduire le risque de concentration extrême.

La présence d’entreprises duales, engagées à la fois sur des marchés civils et militaires, est une caractéristique majeure. Ces profils tirent parti d’économies d’échelle, de transferts technologiques et d’une base de coûts mutualisée. En période d’accélération budgétaire, ces acteurs bénéficient d’une visibilité accrue sur leurs carnets, tout en disposant de relais civils qui amortissent les cycles.

Ce que cible l’indice, concrètement

Périmètre Europe, sociétés cotées impliquées dans défense et aérospatial. Inclusion de maîtres d’œuvre, électroniques de défense, systèmes de mission, spatial, maintenance et services. Règle clé : pondérations plafonnées afin de réduire l’emprise des très grandes capitalisations et d’augmenter la contribution des mid caps spécialisées.

Un contexte budgétaire européen en consolidation, catalyseur pour la chaîne industrielle

La dynamique de réarmement en Union européenne s’est intensifiée à la suite de la guerre en Ukraine. Les États membres ont augmenté les crédits, engagé des commandes plus groupées et multiplié les coopérations. À l’échelle communautaire, le Fonds européen de la défense, instauré en 2021, dispose de 7,9 milliards d’euros pour 2021-2027, avec un accent sur la R&D collaborative et la maturation technologique (Ministère des Armées, 2025).

La France, comme d’autres grands contributeurs, a rehaussé les moyens dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030. Au-delà des chiffres, l’inflexion est opérationnelle : réduction des goulets logistiques, élargissement des capacités de production et reconstitution des stocks. L’objectif, partagé par plusieurs capitales, vise à sécuriser l’approvisionnement et la maintenance, contraintes révélées par l’intensité des besoins.

Ce mouvement se traduit dans les perspectives sectorielles. Les sociétés européennes de défense voient se renforcer la prévisibilité de leurs carnets grâce à des engagements pluriannuels, à l’accélération des appels d’offres et aux programmes communs

. Sur les segments aériens, terrestres et électroniques, la trajectoire est soutenue par des priorités de souveraineté industrielle et technologique. Pour un ETF thématique, cette visibilité renforce l’intérêt d’une exposition diversifiée.

Le financement conjoint améliore l’interopérabilité des matériels, réduit les doublons et accélère la standardisation. Les programmes coopératifs améliorent la compétitivité-prix via des séries plus longues, alors que les projets nationaux isolés fragmentent la demande. C’est la logique poursuivie par l’EDF : flécher les fonds vers des innovations partagées, transférables à l’échelle des 27.

Bitd française : accélération ciblée

La base industrielle et technologique de défense en France se renforce via des hausses de commandes, la modernisation des sites et l’augmentation du rythme de production sur certaines lignes. L’accent est mis sur la disponibilité des pièces, le MCO et les capacités critiques, avec une priorisation des délais de livraison sur des équipements jugés urgents.

Nh-amundi, amundi et stoxx : une chaîne de valeur financière qui s’exporte

NH-Amundi est la filiale commune d’Amundi, premier asset manager européen, et de NongHyup Financial Group, groupe financier coréen. Cette structure fédère la capacité d’ingénierie produits d’Amundi et le savoir-faire de distribution local de NongHyup. Le résultat : des ETF “HANARO” calibrés pour le marché coréen, adossés à des indices mondiaux reconnus.

La collaboration avec STOXX renforce la crédibilité de la brique indicielle. Les indices STOXX sont largement utilisés en Europe pour des expositions géographiques, sectorielles et thématiques. Ils se distinguent par des règles transparentes, des révisions méthodiques et la prise en compte de contraintes de risque comme le plafonnement. Pour un ETF coté en Asie, la robustesse de l’indice sous-jacent est un facteur clé d’adoption.

Le déploiement d’un ETF sur la défense européenne en Corée du Sud suit logiquement le lancement européen de mai 2024. Il capitalise sur un environnement asiatique où la thématique sécurité est déjà au cœur des priorités publiques, tout en offrant une diversification géographique sur des valeurs européennes. Les investisseurs coréens peuvent ainsi capter un cycle industriel européen différent des profils asiatiques, avec des cycles budgétaires et technologiques distincts.

NH-Amundi s’appuie sur le réseau de NongHyup en Corée, combinant points de vente, canaux digitaux et partenariats institutionnels. L’adossement à Amundi apporte la profondeur de gamme ETF, la sélection d’indices internationaux et une expertise de structuration. Cette alliance facilite l’introduction de thématiques européennes auprès d’une clientèle locale déjà familiarisée avec les produits indiciels.

Panorama des leaders européens présents dans l’univers de l’indice

Le STOXX Europe Total Market Defense Capped Index regroupe des noms incontournables. Plusieurs profils dominent l’écosystème par la taille des carnets, la profondeur technologique et l’intégration verticale. Cette section illustre, sans prétendre à l’exhaustivité, quelques trajectoires d’acteurs représentatifs.

Airbus : plateformes aéronautiques et systèmes intégrés

Airbus occupe une position pivot dans l’aéronautique de défense et le spatial. Outre les plateformes de transport et de mission, l’entreprise opère dans les systèmes, le MCO et les services associés. La diversification entre civil et militaire réduit la cyclicité de son profil. Les développements coopératifs comme les programmes européens de drones ou les constellations spatiales renforcent son ancrage stratégique.

Le groupe bénéficie d’un alignement croissant entre besoins souverains européens et solutions d’intégration système. Les commandes liées aux capacités de transport stratégique, à la surveillance et aux communications sécurisées renforcent la visibilité. Dans un ETF thématique, Airbus agit souvent comme valeur de stabilité relative au sein d’un panier où cohabitent aussi des mid caps plus volatiles.

Thales : électronique de défense, radars et cybersécurité

Thales est spécialisé dans l’électronique embarquée, les capteurs, les systèmes de mission et la sécurité numérique. Ses activités de commandement et contrôle, de guerre électronique et de communications critiques en font un acteur clé des architectures de défense modernes. L’essor des couches logicielles et cyber soutient la dynamique, dans un environnement où la supériorité informationnelle est déterminante.

La part de revenus récurrents portée par les services et le support apporte un coussin de visibilité. Dans la construction d’un indice sectoriel, Thales contribue à ancrer l’exposition dans les technologies de support indispensables aux plateformes majeures.

Leonardo : hélicoptères, électronique et coopérations européennes

Leonardo réunit un portefeuille à la fois aéronautique et électronique. Les hélicoptères, l’électronique de défense, les capteurs et la formation constituent des piliers de revenus. Sa présence dans différents programmes européens en fait un interlocuteur central pour la coopération industrielle. Le positionnement dual civil-militaire favorise l’absorption des cycles, un atout apprécié des investisseurs thématiques.

Les priorités de modernisation des flottes et la demande soutenue en capteurs et optronique prolongent un cycle porteur. Dans un indice plafonné, Leonardo prend une place significative sans écraser la pondération, contribuant à la diversification recherchée par la méthodologie.

Bae systems : systèmes terrestres, naval et aéronautique de défense

BAE Systems se distingue par l’ampleur de ses activités en systèmes terrestres, naval, aéronautique de défense et services. Son empreinte internationale et sa participation à des programmes multinationaux renforcent sa résilience. Le carnet de commandes long est typique de son profil, avec des contrats pluriannuels qui sous-tendent la visibilité des cash-flows.

Pour les investisseurs, la présence de BAE Systems dans l’univers d’un indice européen permet d’intégrer un acteur d’échelle mondiale, tout en respectant les contraintes géographiques du panier. Cette inclusion reflète un choix d’ingénierie indicielle : capter la chaîne de valeur européenne élargie avec des partenaires multi-pays.

Ce que signifie une exposition “défense” pour un portefeuille

Contribution potentielle à la résilience en phase de stress géopolitique. Corrélation partielle avec les cycles budgétaires publics. Exposition à l’innovation duale, avec des relais dans l’aérospatial et la sécurité. Nécessité d’un suivi ESG précis, notamment sur les controverses et les politiques d’exportation.

Lecture esg et exigences de transparence : arbitrages assumés

L’investissement dans la défense pose des questions de responsabilité. En Europe, la taxonomie verte ne classe pas l’armement comme activité durable. De nombreuses politiques d’investissement excluent les armes controversées. Pour autant, la sécurité et la défense sont de plus en plus considérées comme des biens publics, nécessaires à la résilience des démocraties.

Les ETF thématiques du secteur s’attachent à une transparence accrue : composition du panier, règles d’exclusion, méthodologie de plafonnement, gestion des risques. Les investisseurs institutionnels exigent des rapports plus détaillés sur la traçabilité des chaînes d’approvisionnement et les procédures internes de conformité export. La granularité de l’information devient un facteur de différenciation entre produits concurrents.

Beaucoup de méthodologies d’indices excluent les entreprises impliquées dans des armes prohibées par les conventions internationales, comme les mines antipersonnel ou les armes chimiques. Cette exclusion ne couvre pas l’ensemble du matériel de défense, mais elle balise un périmètre minimal de conformité, auquel s’ajoutent des critères spécifiques selon les fournisseurs d’indices.

L’autre paramètre clé est l’alignement avec les réglementations locales de commercialisation des ETF. En Corée du Sud, la demande d’ETF thématiques est déjà établie, et les investisseurs ont l’habitude d’arbitrer des considérations éthiques selon leurs propres mandats. Pour NH-Amundi, la capacité à articuler une pédagogie claire sur la thématique sera déterminante pour la diffusion du produit.

Impact stratégique pour les investisseurs français et européens

La cotation à Séoul d’un ETF ciblant la défense européenne élargit le bassin d’épargne susceptible d’alimenter les valorisations du secteur. Cette dynamique peut, à la marge, apporter des flux internationaux supplémentaires sur les grandes capitalisations européennes. Un effet de second tour pourrait aussi soutenir les mid caps spécialisées, mieux représentées grâce au plafonnement.

Pour les investisseurs français, le message est double. D’un côté, la disponibilité en Europe depuis mai 2024 d’un ETF comparable offre déjà un point d’entrée domestique

. De l’autre, la montée en gamme des solutions hors Europe légitime la thématique aux yeux d’un public plus large. L’ensemble participe à la normalisation de l’investissement défense dans les allocations institutionnelles, y compris au sein de stratégies multi-actifs.

Sur le plan macro-financier, la mobilisation de capitaux internationaux vers la BITD européenne s’inscrit dans les objectifs d’autonomie stratégique. Les programmes de coopération financés par l’UE, les engagements budgétaires nationaux et la traction des marchés de capitaux forment un triptyque cohérent. Pour un gérant, la combinaison visibilité des carnets, discipline de capital et barrières à l’entrée reste un argument d’investissement robuste, à condition de maîtriser la matérialité des risques ESG et réglementaires.

1. Lire la méthodologie d’indice : critères d’inclusion, exclusions, plafonds et fréquence de rééquilibrage. 2. Évaluer la liquidité : profondeur des titres sous-jacents, spreads, capacité de création-racheté. 3. Examiner le reporting ESG : controverses, politiques d’export, gouvernance et exposition aux marchés sensibles.

Raisons économiques derrière l’appétit asiatique pour la défense européenne

L’intérêt coréen pour une exposition aux industriels européens s’explique par la recherche de diversification au-delà des profils domestiques et nord-américains. Les chaînes de valeur européennes se distinguent par leur spécialisation dans l’électronique, l’optronique, les capteurs, l’aéronautique et le spatial. La variété des niches technologiques est un atout en phase d’accélération de l’OTAN et de l’UE dans les capacités communes.

L’autre moteur tient à l’effet de portefeuille. L’ajout d’un facteur “défense Europe” à un cœur d’allocation Asie et États-Unis peut abaisser la corrélation globale, surtout lorsque les cycles budgétaires diffèrent. Enfin, la mécanique de plafonnement des indices permet d’éviter un biais excessif vers quelques mastodontes, souvent déjà bien représentés dans d’autres paniers mondiaux.

Du point de vue macroéconomique, les ambitions européennes de souveraineté industrielle amplifient l’effet d’entraînement sur l’amont et l’aval de la chaîne. De la fabrication de composants aux services de maintenance et de modernisation, les retombées se diffusent au-delà des seuls maîtres d’œuvre. Cette granularité s’inscrit pleinement dans la logique d’un ETF sectoriel diversifié.

Feuille de route industrielle et effets sur les carnets de commandes

Le renforcement des commandes groupées, l’harmonisation des standards et l’augmentation des cadences de production améliorent la visibilité des industriels. Les priorités incluent les systèmes de défense aérienne, les munitions, les capteurs avancés et la résilience cyber. Les contrats pluriannuels permettent d’investir dans les capacités, d’optimiser la chaîne logistique et de réduire les délais.

Pour les entreprises mixtes civil-militaire, les flux issus de la défense se combinent avec des relais civils, notamment sur les segments avionique, communications et spatial. Cette transversalité renforce la qualité des cash-flows. Dans un panier indiciel, l’effet est multiplicateur : la diversification technologique lisse les variations idiosyncratiques et atténue les chocs sectoriels.

Le soutien de l’UE au travers du Fonds européen de la défense, des programmes coopératifs et des incitations à la standardisation crée un alignement d’intérêts public-privé. Les investisseurs privilégient les acteurs qui démontrent une gouvernance solide, une exécution industrielle fiable et une discipline financière dans l’allocation du capital.

Une fenêtre coréenne sur la souveraineté européenne

Au-delà du geste financier, la cotation du NH-Amundi HANARO Europe Defense ETF en Corée du Sud renvoie un signal politique et industriel : l’Europe de la défense n’est plus seulement une ambition, elle devient un fait d’investissement. Le produit rapproche les flux asiatiques d’un récit sectoriel européen structuré, régi par des budgets publics et des coopérations multilatérales.

Les prochains mois diront si l’appétence coréenne pour cette thématique se confirme en profondeur, et si une seconde vague de produits similaires voit le jour sur d’autres places asiatiques. Pour l’instant, le message est clair : la défense européenne est entrée dans l’ADN des portefeuilles thématiques internationaux, avec des règles d’indice qui conjuguent sélectivité et diversification.

Avec la cotation à Séoul d’un ETF dédié, la défense européenne franchit un cap financier : un thème longtemps marginalisé s’installe dans l’offre globale, porté par des budgets publics consolidés et une ingénierie indicielle qui sécurise l’exposition.