ERES IV devient actionnaire majoritaire de M-Energies
Découvrez comment ERES IV va relancer M-Energies vers un doublement de chiffre d'affaires d'ici 2030 grâce à une stratégie d'acquisitions ciblées.

À Ludres, près de Nancy, M-Energies change d’échelle. Le fonds ERES IV, géré par Edmond de Rothschild Private Equity, prend une participation majoritaire et enclenche une transition managériale autour d’Aurélien Fortier. Accord signé, closing annoncé d’ici novembre 2025, pour un groupe de 550 salariés qui revendique 100 M€ de chiffre d’affaires et vise un doublement à l’horizon 2030 (Le Journal des Entreprises).
Eres IV prend la main sur M-Energies : calendrier et gouvernance
L’opération marque un tournant pour cette ETI lorraine des services énergétiques. L’accord pour une prise de contrôle majoritaire par ERES IV a été signé récemment, avec une finalisation attendue d’ici novembre 2025 (Le Journal des Entreprises). Dans l’intervalle, la gouvernance se met en ordre de marche.
Objectif affiché par le tandem actionnaire-direction : accélérer la croissance organique et relancer un cycle d’acquisitions pour atteindre une taille critique nationale sur ses activités de maintenance et d’exploitation de chaufferies, tout en ancrant le centre de décision à Ludres.
Aurélien Fortier : passation à la présidence
Actuel directeur général, Aurélien Fortier accédera à la présidence lors de la clôture de l’opération. Cette passation s’effectue avec Dominique Massonneau, président sortant, qui demeurera au capital.
La direction entend animer une nouvelle phase de croissance, en s’appuyant sur une implication renforcée des cadres. À court terme, la feuille de route vise la consolidation des contrats existants et la conquête de nouveaux marchés, principalement dans l’Est et jusqu’à Orléans.
Actionnariat réorganisé : parts avant et après
La recomposition du capital est structurante et ouvre le tour à un noyau élargi de salariés cadres.
- Avant l’opération : 50 % Dominique Massonneau, 26 % groupe Turenne, des participations Euro Capital, Bpifrance, comité de direction à 10 %, et deux minoritaires.
- Après l’opération : ERES IV à 75 %, comité de direction à 10 %, Dominique Massonneau à 10 %, Bpifrance de retour comme minoritaire. En parallèle, environ 40 cadres et responsables intègrent le capital.
Cette architecture favorise une logique de co-investissement et responsabilise les équipes de terrain, clefs de la performance opérationnelle dans les métiers de maintenance.
Bon à savoir : LBO de contrôle et gouvernance
Le schéma retenu est un LBO de contrôle, avec ERES IV à 75 %. L’intérêt : sécuriser une majorité stable tout en maintenant au capital le fondateur et le management, afin d’aligner les intérêts pendant le plan 2025-2030.
- Avantage : accélération des décisions d’investissement, appui financier aux acquisitions ciblées.
- Point d’attention : discipline financière sur la dette et exécution rapide des synergies.
Trajectoire financière 2030 : doublement visé et relais de croissance
La trajectoire communiquée est claire : porter le chiffre d’affaires entre 200 et 230 M€ en 2030, contre 100 M€ actuellement. La marche à franchir repose sur trois ressorts : optimisation des contrats, build-up dans le résidentiel, et acquisitions plus larges permises par la capacité d’investissement d’Edmond de Rothschild.
Croissance organique et contrats
Premier levier, l’organique. Le management vise un meilleur rendement des contrats existants, l’extension des périmètres d’exploitation et la conquête de marchés dans les zones déjà couvertes, de l’Est jusqu’à Orléans. Ces activités récurrentes, portées par la maintenance et les services d’exploitation, doivent contribuer à un socle de revenus plus dense et moins volatil.
Build-up ciblé dans le CVC résidentiel
Deuxième levier, des acquisitions dites tactiques : des sociétés régionales spécialisées en chauffage et climatisation pour particuliers, présentant chacune 2 à 6 M€ de chiffre d’affaires. Le rationnel : densifier le maillage local, mutualiser la logistique, et accroître le parc sous contrat. Depuis 2009, M-Energies a mené 40 à 50 rachats de cette nature, ce qui confère une solide expérience d’intégration et de montée en qualité des portefeuilles clients.
Opérations supérieures à 20 M€ : capacité de frappe d’Edmond de Rothschild
Troisième levier, des cibles de taille supérieure. Des opérations de plus de 20 M€ par cible sont envisagées, rendues possibles par les moyens financiers d’Edmond de Rothschild.
La logique : gagner du temps sur la courbe d’apprentissage, intégrer des expertises complémentaires et étendre rapidement l’empreinte commerciale. Selon la trajectoire présentée, l’organique et les petits build-up devraient porter l’activité à 150-160 M€ à horizon 2030, avant l’apport des grandes opérations pour converger vers environ 210 M€ au sein de la fourchette annoncée.
Un contrat d’exploitation regroupe la conduite, la maintenance préventive et corrective, parfois l’optimisation énergétique et la garantie de performance. Sur les sites industriels et tertiaires, il peut inclure la gestion des consommations, la télésurveillance et des engagements de disponibilité. La valeur se crée par la réduction des pannes, l’allongement de la durée de vie des équipements et la meilleure efficacité énergétique.
Processus de cession et choix du LBO : arbitrages de marché
La transaction est l’aboutissement d’un processus compétitif d’un an. Une trentaine de fonds se sont positionnés, cinq lettres d’intention ont été remises, pour finalement aboutir à deux ou trois offres fermes. Ce tour de table consacre l’option LBO plutôt qu’une cession à un concurrent industriel, afin de continuer à associer les équipes à la création de valeur.
Contexte d’évaluation : la direction évoque l’impact des incertitudes politiques sur les multiples de valorisation, un facteur ayant pesé durant la compétition. Choisir un LBO permet d’arbitrer entre prix, calendrier et continuité managériale, avec un pacte d’actionnaires aménageant l’entrée, puis la montée potentielle des cadres.
Compétition entre fonds et valorisations
Les quatre éléments clés de lecture du process :
- Profondeur de la demande : intérêt soutenu des fonds pour l’énergie et les services techniques.
- Tri par l’exécution : passage de cinq LOI à un nombre restreint d’offres exécutables.
- Visibilité de la croissance : plan 2030 et historique d’acquisitions, deux atouts qui sécurisent la thèse d’investissement.
- Sensibilité aux risques macro : incertitudes politiques signalées comme frein temporaire sur les valorisations.
Pourquoi un LBO plutôt qu’un industriel
Trois arguments ont fait pencher la balance vers un LBO :
- Continuité : maintenir la culture maison dans un métier de proximité où la qualité de service repose sur les équipes.
- Alignement : intégrer environ 40 cadres au capital et préserver l’implication du fondateur, ce que ne garantit pas toujours une intégration industrielle.
- Flexibilité : calibrer la stratégie d’acquisitions, des cibles de 2 à 6 M€ jusqu’aux opérations supérieures à 20 M€, selon l’exécution opérationnelle.
Les LBO s’inscrivent dans le cadre du Code de commerce. Sur le plan fiscal, la déductibilité des intérêts est possible sous conditions.
La structuration capitalistique requiert un pacte d’actionnaires définissant gouvernance, clauses de liquidité et mécanismes d’incentive. Pour l’actionnariat salarié, l’intervention de l’AMF est à considérer lorsque des offres sont faites au public ou via certains véhicules d’épargne.
Contexte réglementaire et financement public : fenêtres d’opportunité
Plusieurs facteurs exogènes pourraient amplifier la trajectoire. Le dispositif réglementaire autour de l’efficacité énergétique et les guichets de financement européens alimentent un pipeline d’opportunités pour les opérateurs intégrés comme M-Energies.
DPE 2026 et arbitrages énergétiques
Le site du Ministère de l’Économie annonce un nouveau DPE applicable au 1er janvier 2026, présenté comme favorable au chauffage électrique, avec une communication officielle en août 2025. Si cette orientation se confirme, elle pourrait accélérer l’adaptation des installations et la maintenance associée, segments où M-Energies est positionné, notamment via ses offres pour particuliers et bâtiments tertiaires.
Fonds européens 2021-2027 : leviers locaux
Les fonds européens 2021-2027 soutiennent des projets d’efficacité énergétique et de transition bas carbone. Pour des acteurs ancrés dans les territoires, cela peut se traduire par des chantiers de rénovation, des optimisations de chaufferies collectives et des modernisations d’équipements, souvent cofinancés. La capacité à structurer des dossiers et à opérer des contrats pluriannuels est un avantage compétitif tangible.
Bpifrance : retour au capital et effet de signal
Le réinvestissement de Bpifrance en minoritaire s’inscrit dans sa pratique d’accompagnement des LBO et des transitions managériales, via des apports en fonds propres ou des dettes longues. Au-delà de l’aspect financier, la présence de Bpifrance joue un rôle d’effet de signal : elle conforte la crédibilité du plan de croissance et peut fluidifier les discussions avec d’autres partenaires financiers.
Actionnariat salarié : cadres juridiques mobilisables
Le projet de véhicule financier ouvert à l’ensemble des salariés, envisagé à moyen terme, devra articuler plusieurs mécanismes possibles :
- PEE et FCPE dédiés : canaliser l’investissement salarié via un fonds commun, adapté aux sociétés non cotées.
- Attributions gratuites d’actions : outil d’incentive alignant fidélisation et performance, sous conditions d’éligibilité.
- Augmentations de capital réservées : ouverture encadrée aux salariés, avec information réglementée et, le cas échéant, processus supervisé par l’AMF.
Le calibrage fiscal et social sera déterminant pour l’adhésion des salariés et la soutenabilité financière de l’ensemble.
Un DPE révisé peut générer des vagues d’audits, des remplacements d’équipements et des reconfigurations des systèmes énergétiques. Les mainteneurs capables d’intervenir en multi-technique bénéficient d’un avantage : un seul interlocuteur pour diagnostiquer, intervenir et garantir la performance, avec la perspective de contrats pluriannuels.
L’histoire de M-Energies : de Solorec à un réseau de 550 salariés
Le groupe trouve son origine dans la reprise, en 2009, de Solorec, société vosgienne alors à quelques millions d’euros de chiffre d’affaires. Sous l’impulsion de Dominique Massonneau, ancien directeur général de Vinci pour l’Est de la France, M-Energies a conduit entre 40 et 50 acquisitions en une quinzaine d’années. Ce rythme a bâti un maillage dense dans l’Est, étendu jusqu’à Orléans, et une base clients équilibrée entre particuliers, tertiaire et industrie.
La croissance externe a poursuivi un objectif triple : consolider les positions, capter des synergies opérationnelles et étendre le réseau pour améliorer la proximité clients. Le groupe indique recevoir des dizaines de dossiers chaque semaine, signe d’un marché encore fragmenté et propice au roll-up.
M-Energies Service et M-Energies Exploitation : périmètre d’activité
L’activité se structure autour de deux pôles complémentaires :
- M-Energies Service : dédié à la maintenance pour particuliers, il représente environ 40 % de l’activité.
- M-Energies Exploitation : gestion des chaufferies pour l’industrie, le tertiaire et les services, avec des engagements de performance et de disponibilité.
Cette dualité permet d’amortir les cycles : le résidentiel apporte récurrence et volume, l’exploitation apporte valeur contractuelle et tickets moyens plus élevés.
Série d’acquisitions depuis 2009
Les acquisitions ciblent des sociétés avec un ancrage local fort, un portefeuille récurrent et un savoir-faire technique éprouvé. L’enjeu : harmoniser les standards de service, digitaliser la relation client, et augmenter le taux de pénétration des services à valeur ajoutée, de la régulation intelligente à la garantie de performance.
Dans les métiers de maintenance, la proximité réduit les temps d’intervention, améliore la satisfaction et optimise les coûts opérationnels. Un réseau maillé permet aussi la mutualisation des pièces de rechange, la formation croisée des techniciens et la couverture uniforme des astreintes.
Ce que change l’entrée d’Edmond de Rothschild pour le marché français
Avec ERES IV comme actionnaire de référence, M-Energies dispose d’une capacité d’investissement significative et d’un savoir-faire éprouvé sur les mid-cap européens. Le fonds cible des thématiques santé et énergie, et a récemment annoncé un investissement de 40 millions de livres dans Alliance Pharma via ERES IV, illustrant son appétit pour les plateformes de croissance adjacentes.
Pour M-Energies, cet adossement ouvre la voie à des opérations de taille supérieure, à la professionnalisation accrue des processus d’intégration et à un pilotage financier adapté à un plan de doublement du chiffre d’affaires. Côté marché, la consolidation dans les services énergétiques devrait s’intensifier, portée par la transition énergétique et les exigences de performance des parcs immobiliers.
Cap managérial : prochains jalons
- Closing de l’opération d’ici novembre 2025 et prise de présidence par Aurélien Fortier.
- Accélération organique via optimisation des contrats et extension des périmètres dans l’Est et jusqu’à Orléans.
- Build-up sur cibles de 2 à 6 M€ dans le chauffage et la climatisation pour particuliers.
- Opérations > 20 M€ selon opportunités, appuyées par la capacité d’investissement d’Edmond de Rothschild.
- Véhicule salarié envisagé à moyen terme pour ouvrir le capital à l’ensemble des collaborateurs.
Capitale patient et exécution : le test des 24 prochains mois
L’arrivée d’ERES IV et le retour de Bpifrance posent des bases financières solides. Le défi se jouera désormais sur l’exécution : intégrer des cibles sans diluer la qualité de service, capter les opportunités liées aux évolutions réglementaires, et mettre en musique l’actionnariat salarié à l’échelle de l’entreprise. Le calendrier de closing et la passation de présidence en 2025 seront des jalons scrutés.
Si la dynamique d’intégration est tenue et que le marché reste porteur, M-Energies pourrait convertir son avantage régional en leadership national sur les services énergétiques.