À Baillargues, le groupe familial Eoden avance ses pions en entrant au capital de la société liégeoise Reno Energy. L’opération, bouclée en septembre 2024, conforte la stratégie d’investissement du groupe héraultais dans l’optimisation énergétique et ouvre un nouveau chapitre transfrontalier entre la France et la Belgique.

Augmentation de capital chez reno energy : 10 millions d’euros pour changer d’échelle

Eoden engage 6 millions d’euros dans Reno Energy dans le cadre d’une augmentation de capital de 10 millions d’euros. Cette levée, finalisée en septembre 2024, s’effectue aux côtés des actionnaires historiques, dont le family office belge Ardent Invest et Henri Thonnart, PDG et fondateur de Reno Energy. L’objectif opérationnel est clair : muscler la capacité d’exécution commerciale et soutenir une politique d’acquisitions ciblées en Belgique et en France, telle qu’annoncée publiquement par les parties.

L’augmentation de capital vise à accélérer le déploiement de solutions de rénovation énergétique globale, notamment photovoltaïque, stockage et optimisation des consommations. L’opération ne se limite pas à du financement de croissance organique. Des opérations de build-up sont envisagées pour élargir l’empreinte géographique et compléter l’offre technologique de Reno Energy, conformément aux messages communiqués lors de l’annonce.

Ardent Invest, déjà positionné sur des secteurs innovants, renforce ainsi son exposition au marché de l’énergie, tandis qu’Eoden signe, avec cette participation, son premier investissement au-delà des frontières françaises. La présence historique d’Henri Thonnart au capital conserve un ancrage entrepreneurial fort pour piloter l’exécution du plan.

Architecture de l’opération et place des investisseurs

Paramètres connus et confirmés publiquement :

  • Montant total de l’augmentation de capital : 10 millions d’euros.
  • Apport d’Eoden : 6 millions d’euros.
  • Actionnaires aux côtés d’Eoden : Ardent Invest et Henri Thonnart.
  • Finalisation : septembre 2024.

Une augmentation de capital apporte des fonds propres frais et dilue mécaniquement les actionnaires existants. Elle peut rehausser la valorisation si les nouveaux capitaux déclenchent une croissance rentable ou des synergies mesurables. Dans un métier d’intégration comme la rénovation énergétique globale, l’enjeu consiste à transformer rapidement les fonds levés en chiffre d’affaires récurrent et en marges maîtrisées.

Eoden : taille critique, ancrage en occitanie et première opération transfrontalière

Eoden est un groupe familial basé à Baillargues, dans l’Hérault, actif dans l’entrepreneuriat et l’investissement orientés vers des technologies durables. Le groupe évoque environ 500 salariés et un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros en 2024, des indications issues de données internes et de recoupements sectoriels. Ce niveau d’activité offre une base de ressources pour accompagner des plans d’expansion exigeants et des cycles d’intégration post-acquisition.

En s’invitant au capital de Reno Energy, Eoden ambitionne la création d’un futur leader européen de l’optimisation énergétique. La direction indique que les fonds soutiendront des acquisitions stratégiques, un point déterminant pour capter des parts de marché sur des zones encore sous-adressées et fusionner des expertises complémentaires, du photovoltaïque résidentiel au tertiaire, jusqu’aux solutions de stockage distribué.

La Belgique cumule un tissu de PME spécialisées et une forte demande pour la rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et tertiaires. Les schémas de soutien régionaux, l’accès à une clientèle B2C et B2B dense et la proximité logistique avec le nord de la France facilitent une stratégie d’expansion graduelle. Pour un investisseur français, c’est un marché test pertinent avant un déploiement plus large en Europe de l’Ouest.

Reno energy : dimensions, métiers et feuille de route commerciale

Créée par Henri Thonnart et installée à Liège, Reno Energy emploie environ 200 collaborateurs et opère via six agences. L’entreprise a déclaré un chiffre d’affaires 2023 de 60 millions d’euros. Son positionnement repose sur une offre intégrée de rénovation énergétique globale combinant production solaire, stockage par batteries et optimisation des consommations des bâtiments.

La société adresse trois familles de clients. D’abord les particuliers, avec des installations photovoltaïques et des solutions d’auto-consommation. Ensuite les entreprises, pour des projets rooftop, des audits et des plans de performance. Enfin les collectivités, pour la modernisation énergétique d’actifs publics et l’amélioration du bilan carbone.

Reno energy : stratégie et résultats

Les articles de presse disponibles signalent des acquisitions récentes en Belgique afin de consolider le maillage régional et de densifier les compétences techniques. En 2024, la société projette de renforcer sa présence en Flandre et d’ouvrir le marché français, dans le sillage d’une demande soutenue pour des rénovations à fort impact énergétique. Reno Energy met en avant un modèle qui combine travaux, équipements et pilotage de l’énergie, favorable à des gains d’efficacité à court et moyen terme.

Segments clients adressés par Reno Energy

  • Particuliers : solaire résidentiel, stockage, optimisation des usages.
  • Entreprises : toitures photovoltaïques, diagnostics, pilotage des consommations.
  • Collectivités : rénovation d’équipements publics, actions sur le parc bâti.

Ce triptyque B2C, B2B et secteur public permet de lisser la saisonnalité et de diversifier les sources de revenus.

Au-delà de la pose de panneaux, la rénovation globale intègre dimensionnement, bundling de technologies, optimisation tarifaire et monitoring. Les gains tiennent autant à l’ajustement des puissances appelées qu’à la production locale. Le pilotage numérique et l’entretien conditionnel deviennent clés pour pérenniser la performance et sécuriser les économies annoncées.

Capitaux mobilisés et priorités 2024-2025 : organique, build-up et synergies franco-belges

Les 10 millions d’euros levés doivent financer à la fois la croissance organique et des acquisitions complémentaires. Les priorités annoncées portent sur la France et la Belgique, avec une montée en puissance progressive en Flandre et des premières opérations en territoire français. La direction fait valoir que des synergies transfrontalières existent, qu’il s’agisse d’achats, de méthodes d’installation ou de logiciels de suivi de performance.

Dans un communiqué relayé par la presse, Henri Thonnart résume l’enjeu : « Cette levée nous permet de renforcer notre plan de croissance en Belgique et de nous étendre sur le marché français ». Eoden confirme de son côté sa volonté d’accompagner Reno Energy vers un statut de référence à l’échelle européenne via des investissements et des intégrations sélectives.

Cadre juridique et fiscal : paramètres de structuration pour l’investissement vert

L’opération s’inscrit dans les cadres européens en vigueur. En France, les dispositifs d’aide à la rénovation, notamment MaPrimeRénov’, soutiennent la demande adressable et facilitent la diffusion de solutions combinant production décarbonée et efficacité.

Les paramètres fiscaux exacts de la transaction ne sont pas communiqués. En pratique, le financement d’actifs verts peut s’aligner sur des critères d’éligibilité et des incitations afin d’accélérer la mise en service des projets.

Points de vigilance pour les entreprises en phase de build-up

  • Intégration opérationnelle : harmonisation des procédés d’installation et du SAV.
  • Qualité et conformité : certification des chantiers, traçabilité des équipements.
  • Capital humain : sécurisation des compétences pénuriques, formation continue.
  • IT et data : convergence des outils de pilotage énergétique et des CRM.

Ces leviers conditionnent la matérialisation des synergies attendues après acquisitions.

Indicateurs marché : la rénovation énergétique gagne en profondeur

Les données publiques confirment un contexte porteur. En 2023, la production d’énergie primaire en France s’établit à 1 420 TWh, en hausse de 13,3 pour cent sur un an.

Les énergies renouvelables représentent 15,4 pour cent de la consommation d’énergie primaire. Le secteur pèse des investissements de 14,4 milliards d’euros et environ 102 000 emplois en équivalent temps plein en 2021, selon les Chiffres clés officiels de l’énergie et des renouvelables (SDES, édition 2024). Ces ordres de grandeur éclairent l’appétit des investisseurs pour des plateformes d’exécution capables de convertir rapidement la demande en chantiers livrés.

Le suivi statistique de la rénovation résidentielle en France fait ressortir des aides publiques en progression, avec des données détaillant le nombre de bénéficiaires et la nature des travaux. Côté Belgique, les initiatives de soutien à la transition énergétique s’alignent sur les grandes orientations européennes. Les publications signalent par ailleurs un rebond post-pandémie de la production française, porté notamment par le nucléaire et la remontée des renouvelables.

Pour un acteur positionné sur la rénovation globale, ces signaux se traduisent par un marché adressable en expansion, une sensibilité accrue aux performances réelles des installations et une attente de suivi post-projet. La crédibilité technique, la qualité d’exécution et la capacité à garantir des économies mesurables deviennent déterminantes pour sécuriser la marge et fidéliser la clientèle.

Les aides publiques orientent les choix d’investissement des ménages et des copropriétés vers des travaux à fort rendement énergétique. Les entreprises du secteur capitalisent sur l’effet bundle : panneaux solaires, isolation ciblée, pilotage et stockage. Cet assemblage fait baisser le temps de retour tout en augmentant la valeur du bien, ce qui renforce la demande solvabilisée.

Impacts attendus sur l’emploi, la chaîne d’approvisionnement et la performance énergétique

La trajectoire de Reno Energy en 2024-2025 devrait conduire à une intensification des recrutements sur des métiers techniques et de gestion de projet, compte tenu de l’ambition de croissance organique et externe. L’enjeu portera sur le maintien des délais d’installation et la qualité d’intervention, deux facteurs souvent sous tension dans les phases d’accélération.

Sur la chaîne d’approvisionnement, l’accès à des volumes supplémentaires d’équipements, des panneaux aux batteries, plaide pour des accords d’achats plus structurés et des standards de qualité stables. La consolidation envisagée peut renforcer la capacité à négocier et sécuriser des stocks critiques, ce qui conditionne la prévisibilité de marge et le respect des engagements contractuels.

Au plan énergétique, les intégrateurs capables de monitorer la performance dans la durée s’alignent davantage avec les attentes des clients et des financeurs. Le suivi des kWh produits, autoconsommés et stockés, la tenue des gains d’efficacité au fil des saisons et la maîtrise des interventions préventives deviennent des différenciateurs compétitifs tangibles.

Neutralité carbone et indicateurs financiers : articuler impact et rentabilité

La contribution à la neutralité carbone, objectif prioritaire au niveau européen, est d’autant mieux perçue par les marchés financiers qu’elle s’accompagne d’indicateurs de performance robustes. Pour des opérateurs comme Reno Energy, l’équation consiste à transformer des carnets de commandes en cash-flow durable, à limiter les reprises de chantier et à mutualiser les équipes entre segments résidentiel et tertiaire. Cette discipline opérationnelle rend les trajectoires de croissance plus lisibles pour les actionnaires.

Trois signaux à surveiller en 2025

  1. Rythme d’acquisitions en France et en Belgique et qualité d’intégration.
  2. Capacité d’exécution sur les chantiers et maintien des délais d’installation.
  3. Stabilité des marges dans un contexte de prix d’équipements en évolution.

Ces indicateurs informeront la réussite du plan de croissance et la création de valeur pour les actionnaires.

Un jalon pour la coopération franco-belge dans la transition énergétique

L’entrée d’Eoden au capital de Reno Energy matérialise un rapprochement industriel franco-belge dans la rénovation énergétique. L’opération met à disposition des moyens financiers et des compétences pour servir une demande en hausse, avec un ciblage assumé d’acquisitions complémentaires. Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’impact opérationnel des fonds, la cadence des intégrations et la montée en charge commerciale en France.

En filigrane, l’alignement avec les objectifs climatiques européens donne un cap clair. Si les synergies annoncées se confirment, l’alliance pourrait peser davantage sur le marché et contribuer à diffuser des standards d’exécution plus élevés.

À suivre en 2025 : les premières opérations en France et la traduction de la levée en résultats tangibles.