Les énergies renouvelables en Bourse : vers une sortie pour le capital-investissement ?
Les entreprises des énergies renouvelables souffrent en Bourse et envisagent le capital-investissement pour financer leur croissance.
Les entreprises du secteur des énergies renouvelables, notamment le solaire et l'éolien, continuent de souffrir d'une sous-valorisation sur les marchés boursiers. Malgré un contexte économique qui pourrait favoriser leur développement, les investisseurs semblent se détourner de ces acteurs, poussant certains d'entre eux à envisager des sorties de la Bourse pour se tourner vers le capital-investissement.
Une valorisation en berne
Lors de la présentation de ses résultats semestriels, Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia, a exprimé son inquiétude face à la situation actuelle du marché. Le titre de Voltalia a clôturé à 7,76 euros, un montant inférieur à son prix d'introduction en Bourse, qui date de plus de dix ans. Cette tendance n'est pas isolée, puisque l'indice S&P Global Clean Energy, qui regroupe une centaine d'actions dans le secteur, est également en déclin, se maintenant en dessous de 1.000 points après avoir atteint plus de 2.100 points au début de l'année 2021.
Vers une sortie de la Bourse ?
Le désamour des investisseurs pourrait inciter Voltalia à quitter le marché boursier, suivant ainsi l'exemple de Neoen, qui prévoit de sortir de la cotation d'ici le premier semestre 2025. Sébastien Clerc a déclaré : « La question se pose pour nous comme pour les autres », soulignant que les acteurs du secteur des renouvelables sont souvent évalués à des niveaux bien inférieurs à ceux des entreprises de capital-investissement.
Une tendance européenne
Cette situation a conduit plusieurs entreprises européennes à se retirer de la Bourse. Par exemple, Albioma a été racheté en 2022 par le fonds américain KKR, qui a également acquis l'allemand Encavis pour près de 3 milliards d'euros. KKR a également investi 1,2 milliard d'euros dans le portugais Greenvolt. D'autres entreprises en Italie et en Grèce ont également choisi de quitter le marché boursier.
Neoen et Brookfield AM
Neoen, dirigé par Jacques Veyrat, a attiré l'attention du fonds canadien Brookfield AM. En mai dernier, ce dernier a annoncé son intention de prendre 53% du capital de Neoen, avec un objectif de rachat total à travers une OPA, valorisant la société à 6,1 milliards d'euros, soit une prime de 27% par rapport au dernier cours avant la suspension de l'action.
« Cette opération n'est pas une réaction à notre situation boursière, mais notre industrie en forte croissance a besoin de capitaux importants pour financer ses nouveaux projets. Les investisseurs réagissent de façon contrastée aux augmentations de capital. »
Les raisons du désamour
Deux facteurs principaux expliquent cette tendance : la hausse des taux d'intérêt et la contraction des prix de l'électricité en Europe, qui a débuté au second semestre 2023. Selon Nicolas Tabor, analyste financier chez Moneta, cette situation rend difficile le financement de nouveaux projets par endettement. En général, les projets de centrales solaires ou éoliennes sont financés à 70% par la dette et 30% par des fonds propres. Ce changement a conduit plusieurs entreprises à revoir leurs objectifs à la baisse.
Les conséquences sur le marché
Les marchés boursiers sont particulièrement sensibles aux prévisions non respectées. Nicolas Tabor rappelle que les portefeuilles de projets sont difficiles à évaluer, surtout après la crise du Covid et l'invasion de l'Ukraine. De nombreuses entreprises ont promis des capacités de production sans pouvoir les honorer, ce qui a suscité des doutes sur l'ensemble du secteur. Xavier Barbaro souligne également un reflux de l'intérêt des investisseurs pour les thématiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) en dehors de l'Europe.
Le capital-investissement en pleine forme
À l'inverse, les fonds de capital-investissement continuent d'être actifs dans le secteur des énergies renouvelables. Malgré une raréfaction des opérations en raison de la hausse des taux, ces fonds ont réalisé plusieurs acquisitions d'entreprises cotées, ce qui a contribué à ancrer la valorisation fondamentale des sociétés. Nicolas Tabor note que cela démontre que le marché des renouvelables est sous-valorisé.
Le capital-investissement désigne l'ensemble des investissements réalisés dans des entreprises non cotées en Bourse. Ces fonds cherchent à acquérir des participations dans des sociétés pour les développer et les revendre ultérieurement, souvent en améliorant leur performance financière et opérationnelle.
Une embellie à l'horizon ?
Malgré la situation actuelle, certains analystes prévoient une amélioration dans les mois à venir, en fonction des indicateurs macroéconomiques. Nicolas Tabor souligne que le marché doit voir les entreprises exécuter leurs plans pour regagner la confiance des investisseurs. Il ajoute que le climat émotionnel du marché doit être dépassé pour permettre un retour à des valorisations plus saines.
Les avertissements sur résultats
Il est important de noter que la situation boursière des entreprises ne doit pas être uniquement interprétée comme un désamour des investisseurs. Les sociétés qui publient des avertissements sur leurs résultats, comme Voltalia, peuvent être particulièrement sanctionnées par le marché. Voltalia, très présent au Brésil, fait face à des restrictions de la part du gestionnaire du réseau électrique national, qui affectent sa capacité à commercialiser l'électricité produite.
À savoir
Voltalia pourrait perdre jusqu'à 40 millions d'euros d'excédent brut d'exploitation en 2024 en raison des mesures restrictives imposées par le gestionnaire du réseau électrique au Brésil.