Egle Therapeutics : 9,3 millions de dollars pour dynamiser l’immuno-oncologie française
Egle Therapeutics reçoit 9,3 M$ de France 2030 pour accélérer EGL-001, une thérapie d’immuno-oncologie ciblant les cellules T régulatrices. Un bond décisif.

Egle Therapeutics, jeune pépite de la biotechnologie française, vient de franchir un cap décisif en décrochant un financement public de 9,3 millions de dollars dans le cadre de l’appel à projets « Innovations dans les biothérapies et la bioproduction » de France 2030. De quoi propulser son traitement phare en immuno-oncologie vers de nouveaux horizons.
Une annonce porteuse d’élan pour Egle Therapeutics
Egle Therapeutics a officialisé, le 17 mars 2025, la réception d’un important soutien financier de la part de l’État français, s’élevant à 9,3 millions de dollars. Ce coup de pouce non dilutif arrive au moment où l’entreprise accélère ses travaux sur son candidat thérapeutique EGL-001, un anticorps dirigé contre certaines cellules T régulatrices (Tregs) impliquées dans la suppression de la réponse immunitaire antitumorale.
Créée en 2020 et issue d’un spin-off de l’Institut Curie, Egle Therapeutics mise sur des approches novatrices pour booster l’immunité chez les patients atteints de cancer ou de maladies auto-immunes. Sa plateforme technologique cherche à neutraliser les Tregs pathogènes pour renforcer la capacité du système immunitaire à attaquer les cellules malignes. Avec cette nouvelle enveloppe, l’équipe ambitionne d’accélérer la phase I/II de l’essai clinique actuel et de conduire, in fine, à une mise sur le marché du produit phare.
Si ce financement s’inscrit dans l’ambition de France 2030, c’est aussi un signal fort de la confiance que les pouvoirs publics accordent aux acteurs de la biotech. Le fait qu’un tel montant soit injecté dans un unique projet témoigne de l’attrait pour l’innovation thérapeutique « made in France » et dessine une trajectoire encourageante pour la compétitivité internationale des laboratoires hexagonaux.
Les cellules T régulatrices (Tregs) sont des lymphocytes T spécialisés dont la mission est de modérer la réponse immunitaire. Dans les cancers, ces cellules peuvent malheureusement freiner les réactions de défense de l’organisme, permettant à la tumeur de se développer. Les thérapies ciblant les Tregs visent à lever ce frein pour stimuler le système immunitaire.
Au-delà des chiffres, l’annonce d’Egle Therapeutics illustre une double réussite : celle de la R&D française, apte à faire émerger des approches de rupture, et celle du gouvernement, qui se mobilise pour accompagner la montée en puissance de ces innovations. Les prochains mois s’annoncent décisifs, car la validation clinique d’EGL-001 pourrait bouleverser la façon de traiter certaines formes de cancers.
Les dessous du plan France 2030 : un levier colossal pour l’innovation
L’enveloppe de 54 milliards d’euros allouée à France 2030 incarne l’ambition de l’Hexagone d’accélérer sa transition économique, écologique et industrielle. Parmi les domaines prioritaires, on retrouve notamment l’énergie, la santé, la mobilité, l’aéronautique ou encore la biotechnologie. Cet appel à projets « Innovations dans les biothérapies et la bioproduction » constitue l’une des pierres angulaires de la stratégie, avec un focus spécifique sur la valorisation de la recherche et la création de leaders mondiaux.
Dans le cadre précis des biothérapies, France 2030 cherche à offrir aux chercheurs et aux entreprises un environnement favorable pour développer des traitements novateurs. Les pathologies cancéreuses représentent un immense défi médical et financier. Investir dans des startups prometteuses comme Egle Therapeutics contribue à la fois à sauvegarder la souveraineté de la France dans un secteur stratégique, mais aussi à multiplier les chances de trouver des réponses thérapeutiques concrètes.
Objectifs majeurs de France 2030
Moderniser les structures de recherche et soutenir l’émergence de projets innovants.
Accompagner les startups, PME et grands groupes vers la compétitivité à l’international.
Favoriser la décarbonation en impulsant une économie plus verte.
Garantir la création de valeur et d’emplois dans des secteurs en plein essor.
Le programme France 2030 ne vise pas seulement à distribuer des financements. Il englobe un ensemble de mesures pour favoriser les synergies entre laboratoires de recherche, instituts académiques et entreprises privées. Cette logique d’écosystème est jugée essentielle pour transformer des idées ambitieuses en avancées concrètes. L’évaluation de l’impact sur le long terme s’inscrit d’ailleurs dans les modalités de sélection des projets, afin d’éviter de soutenir des initiatives sans perspective réelle de maturité industrielle.
Par ailleurs, la notion de “Ne pas nuire significatif” occupe une place centrale : toute innovation financée doit se conformer aux impératifs de durabilité et de responsabilité environnementale. Pour les biotechnologies, cela implique un usage raisonné des ressources, mais aussi des protocoles de sécurité visant à réduire l’empreinte carbone des procédés de production ou de recherche.
En somme, l’appui de France 2030 à Egle Therapeutics s’inscrit pleinement dans une logique de compétitivité, de rayonnement scientifique et de transformation en profondeur de la filière santé. Cet exemple concret illustre la volonté publique de faire émerger de nouveaux champions dont l’impact pourrait se faire ressentir bien au-delà du territoire national.
Qui est Egle Therapeutics ? Un portrait d’une biotech innovante
Fondée il y a cinq ans, Egle Therapeutics a vu le jour sous l’impulsion d’une équipe de chercheurs passionnés et de partenaires institutionnels. Son adossement à l’Institut Curie lui a permis de s’appuyer sur une solide expertise en immunologie et en cancérologie. En l’espace de quelques années, la société est parvenue à lever près de 56 millions de dollars en combinant financements privés et subventions publiques.
L’ambition d’Egle Therapeutics est de cibler les cellules T régulatrices pour redonner au système immunitaire la capacité de reconnaître et de détruire les cellules malignes. L’approche se distingue de nombreuses immunothérapies existantes, puisqu’elle s’intéresse plus spécifiquement aux mécanismes de régulation de la réponse immunitaire, plutôt qu’à l’activation directe des lymphocytes T cytotoxiques.
Parmi ses succès précurseurs, on recense notamment l’obtention de la subvention i-Lab et du DeepTech Development Grant, deux dispositifs français soutenant des projets technologiques de rupture. En 2024, Egle a franchi une étape déterminante en lançant la Phase I/II de l’essai clinique pour EGL-001. Cette même année, la société a également remanié son organigramme, désignant Michel Detheux comme président et Christophe Quéva comme directeur général.
Loin de se reposer sur ses lauriers, Egle affiche un portefeuille de projets en expansion. Sur le volet maladies auto-immunes, elle prépare déjà des essais cliniques pour un autre candidat, EGL-003, dont le dossier réglementaire (CTA) a été finalisé et la production amorcée. Cette approche duale, visant à la fois le cancer et l’auto-immunité, confère à Egle Therapeutics une diversification stratégique pour la conquête des marchés internationaux.
Bpifrance est l’un des principaux organismes de financement de l’innovation en France. À travers des prêts, des garanties et des interventions en capital, l’établissement appuie les entreprises prometteuses. Egle Therapeutics a bénéficié de ce soutien pour ses besoins d’investissement et son expansion à l’international, preuve du potentiel qu’on lui reconnaît à l’échelle nationale.
Au carrefour de la recherche académique et de l’industrie pharmaceutique, Egle Therapeutics s’impose comme un modèle de startup deeptech, conjuguant savoir-faire scientifique et sens des réalités économiques. L’aura de l’Institut Curie participe à la crédibilité de ses travaux, tandis que la mobilisation d’investisseurs privés traduit une confiance grandissante dans la valeur technologique et médicale de ses projets.
La science derrière la modulation Treg : un axe émergent
La grande spécificité d’Egle Therapeutics réside dans son approche scientifique autour de la modulation des cellules T régulatrices. En temps normal, ces cellules Tregs maintiennent l’équilibre immunitaire, évitant les réactions excessives et l’apparition de pathologies auto-immunes. Cependant, dans un contexte tumoral, elles adoptent parfois un rôle délétère en freinant l’action des cellules immunitaires capables de détruire la tumeur.
Le projet EGL-001 s’appuie sur le développement d’un anticorps monoclonal visant à neutraliser ces Tregs « dévoyées » infiltrant la tumeur. L’objectif est de réactiver la vigilance immunitaire. Cette approche ne se substitue pas forcément aux autres immunothérapies (par exemple les inhibiteurs de checkpoint immunitaire) mais pourrait s’y combiner pour un effet synergique. Ainsi, il est envisageable d’atteindre un taux de rémission plus élevé, ou tout du moins de prolonger la survie des patients.
Sur le plan scientifique, le principal défi consiste à sélectivement bloquer les Tregs impliquées dans l’échappement tumoral, sans perturber celles qui préservent l’homéostasie immunitaire. Un ciblage trop large provoquerait un excès d’inflammation, potentiellement dommageable pour l’organisme. Par conséquent, la recherche se focalise sur la découverte d’épitope(s) spécifique(s) aux Tregs tumorales, afin de les désactiver sans nuire aux cellules Tregs saines.
Dans la pratique, cette technologie s’appuie notamment sur des techniques de criblage à haut débit et de biologie moléculaire avancée pour identifier les marqueurs de surface pertinents. Une fois la cible validée, l’étape cruciale est de produire l’anticorps dans des conditions maîtrisées et reproductibles, avant d’entamer les essais cliniques sur l’humain. Les premiers résultats de la Phase I/II lancée en 2024 susciteront donc une vive attente au sein de la communauté scientifique et médicale.
La Treg-approche expliquée simplement
Le rôle des Tregs: Réduire les excès du système immunitaire, éviter les maladies auto-immunes.
Problème en oncologie: Les Tregs s’accumulent autour de la tumeur et l’aident à se protéger contre l’attaque immunitaire.
Solution visée: Neutraliser les Tregs tumorales pour rétablir une immunité anticancéreuse efficace.
Cet enjeu scientifique ne se limite pas au cancer. Les Tregs figurent également au cœur de nombreux mécanismes auto-immuns et inflammatoires. Ainsi, la plateforme développée par Egle ouvre d’autres pistes thérapeutiques, comme en témoigne l’essor de leur programme destiné à contrer certaines formes de maladies auto-immunes. C’est précisément cette polyvalence de l’approche Treg qui a séduit les investisseurs et motivé le soutien public massif accordé à la société.
Partenariats et jalons financiers clés : Takeda, série A et plus encore
Une des forces motrices d’Egle Therapeutics réside dans sa capacité à tisser des alliances stratégiques. Dès juin 2020, la startup a signé un partenariat majeur avec Takeda Pharmaceuticals, un acteur japonais de premier plan dans l’industrie pharmaceutique mondiale. Cette collaboration s’est matérialisée par une accord de recherche sur trois ans, assorti d’une option potentielle pour Takeda. L’objectif : explorer et développer conjointement des cibles liées aux Tregs dans le champ de l’immuno-oncologie.
Outre son partenariat industriel, Egle peut se targuer d’avoir attiré des investisseurs de renom. Sa série A, bouclée en octobre 2021, a permis de lever près de 47 millions de dollars. Parmi les participants figurent EQT Life Sciences, Bpifrance (via INNOBIO 2 et Innovation 1), Fund+ (Belgique), Bioqube Factory Fund, T1D Fund et Takeda Ventures, la branche d’investissement de Takeda Pharmaceuticals. Cette diversité de bailleurs reflète la solidité de la technologie développée et le potentiel de marché substantiel associé à la modulation Treg.
En sus de cet apport en capital, Egle a su tirer profit de plusieurs dispositifs de soutien public français. Parmi eux, la subvention i-Lab Innovation Competition, destinée à soutenir les innovations de rupture, ainsi que la bourse DeepTech Development Grant. Ce cumul de ressources démontre la complémentarité entre l’investissement privé et l’appui étatique dans le secteur des biotechnologies.
Pour l’État français, injecter 9,3 millions de dollars dans Egle Therapeutics revient à soutenir une innovation stratégique qui pourrait générer d’importantes retombées médicales et économiques. Le marché de l’immuno-oncologie s’étend considérablement, et une découverte majeure pourrait positionner la France en tête de la compétition mondiale.
Les sommes ainsi collectées par Egle Therapeutics sont largement dédiées à la recherche clinique et au développement industriel. Les essais de phase I/II en cours nécessitent des ressources conséquentes pour couvrir les frais de production, de logistique et d’analyse de données. De plus, la société doit consolider sa propriété intellectuelle, recruter des talents scientifiques et renforcer son réseau de sites cliniques partenaires. Autant de chantiers essentiels pour s’imposer comme un acteur incontournable de l’immunothérapie anti-Tregs.
En parallèle, le soutien de Takeda ouvre la porte à d’éventuelles synergies de distribution et de commercialisation, si EGL-001 parvient à franchir avec succès les ultimes étapes réglementaires. Dans ce contexte, le nouveau financement octroyé par France 2030 représente un tremplin considérable, permettant à la jeune pousse de poursuivre ses recherches sans craindre une dilution excessive de son capital.
Perspectives de développement : de la phase I/II à la conquête du marché
L’essai clinique de Phase I/II pour EGL-001 constitue un moment charnière dans la vie d’Egle Therapeutics. Après des années de recherche préclinique et de validation in vitro, la société est enfin en mesure d’évaluer l’innocuité et l’efficacité préliminaire de sa thérapie chez l’Homme. Les participants aux essais, recrutés en France et en Espagne, permettront de recueillir des données indispensables pour affiner le protocole et préciser les prochaines étapes.
Si les premiers signaux d’efficacité sont encourageants, Egle envisage déjà de s’engager dans une Phase III plus large, susceptible de mobiliser un plus grand nombre de patients et de centres hospitaliers. La validation de cette dernière phase ouvrirait la voie à une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM), marquant l’aboutissement d’un parcours exigeant et jalonné d’incertitudes.
Par ailleurs, la société ne limite pas ses ambitions à l’oncologie. Sur le volet auto-immunité, Egle prépare le lancement d’un essai clinique pour EGL-003 en 2025, ciblant des maladies auto-immunes rares ou difficilement traitables. La modulation sélective des Tregs pourrait y représenter une avancée thérapeutique notable, en aidant l’organisme à se réguler sans recourir à des immunosuppresseurs lourds ou à des traitements stéroïdiens.
Les perspectives de partenariats industriels additionnels ne sont pas à exclure. Compte tenu de la popularité grandissante des immunothérapies, plusieurs grands laboratoires s’intéressent à la possibilité de combiner l’inhibition des Tregs avec d’autres approches, comme les inhibiteurs de points de contrôle (checkpoints immunitaires) ou la thérapie cellulaire. Egle pourrait ainsi bénéficier de recherches conjointes et d’essais cliniques multipartenaires, facilitant la validation et la commercialisation de ses candidats.
Dans ce schéma, le soutien public massif, couplé à l’expertise d’investisseurs institutionnels et privés, assure à Egle Therapeutics une assise financière et technologique solide. Bien sûr, chaque phase de développement reste soumise à un strict contrôle réglementaire. Mais l’obtention du feu vert des autorités compétentes, notamment de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) en France et de l’EMA (Agence européenne des médicaments), positionnerait clairement Egle dans la cour des grands.
Egle en route pour une reconnaissance internationale
À ce stade, tous les indicateurs laissent entrevoir des perspectives positives pour Egle Therapeutics. La conjonction d’une expertise scientifique de haut niveau, d’investisseurs prestigieux et du soutien de l’État français témoigne de la solidité du projet. La biotech fait figure de futur fleuron national dans un secteur d’avenir, où l’innovation se conjugue à l’impératif médical.
Le dynamisme de la scène biotech française se reflète dans la multiplication des levées de fonds et des partenariats. Le succès d’Egle Therapeutics pourrait faire boule de neige et renforcer la crédibilité de la France sur l’échiquier international de la santé. Rappelons que l’immuno-oncologie s’impose comme un marché mondial en pleine expansion, évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Réussir à y introduire une solution originale, ciblant les Tregs tumorales, relèverait d’une prouesse technologique et scientifique hors normes.
Sous la houlette de son PDG, Christophe Quéva, et de son président Michel Detheux, Egle a choisi de maintenir un cap résolument tourné vers l’international, tout en conservant un ancrage français fort. Les laboratoires, la R&D et les premiers essais cliniques se déroulent majoritairement en France, mais l’entreprise reste attentive aux collaborations avec d’autres pays européens, voire au-delà. Cette stratégie d’ouverture semble payante, comme en atteste l’implication de partenaires et d’investisseurs étrangers.
Pour l’heure, le principal défi consistera à réussir la Phase I/II d’EGL-001 et à valider la tolérance, l’efficacité et le mécanisme d’action in vivo. Les résultats, attendus avec impatience par l’ensemble de la communauté médico-scientifique, pourraient servir de base à des alliances stratégiques avec de grands groupes pharmaceutiques. Dans cet écosystème concurrentiel, se démarquer nécessite une réelle propriété intellectuelle différenciante et un discours scientifique solide, deux points forts pour Egle Therapeutics.
Bon à savoir
Financements successifs: Depuis 2020, Egle a cumulé plus de 56 millions de dollars, incluant fonds propres et subventions publiques, un record pour une biotech française en phase clinique.
Essais cliniques en cours: Le succès de la Phase I/II d’EGL-001 serait le point de départ d’une Phase III multicentrique, étape ultime avant la commercialisation.
Implication de Takeda: Takeda Pharmaceuticals a déjà un partenariat de recherche avec Egle, ce qui pourrait faciliter la future distribution de la thérapie si les résultats cliniques s’avèrent prometteurs.
En définitive, le parcours d’Egle Therapeutics reflète le dynamisme du secteur biotech français, soutenu par une politique volontariste et des capitaux privés conséquents. Pour les spécialistes de la finance, cette success story illustre un modèle de développement agile, où la fusion entre excellence scientifique, stratégies de financement et partenariats industriels conduit à un leadership potentiel sur un marché mondial ultra-compétitif. Un engagement qui augure de profondes avancées médicales et économiques pour les années à venir.