La nouvelle initiative Edumapper attire déjà l’attention, notamment grâce à l’annonce publiée sur LinkedIn. Plusieurs anciens fondateurs de Meilleurs Agents, rejoints par de nouvelles têtes, lancent une plateforme destinée à guider les futurs étudiants dans un parcours souvent complexe et stressant. Au programme : un outil collaboratif, un premier tour de table à 5 millions d’euros et une ambition déclarée d’éclairer l’orientation post-bac en France.

Un nouvel élan pour les créateurs de Meilleurs Agents

Quelques années après avoir cédé Meilleurs Agents au groupe Axel Springer (pour environ 200 millions d’euros en 2019), Sébastien de Lafond, Julien Cheyssial et Jordan Sanial rempilent. Ils s’associent cette fois-ci avec Valentine Mandon pour lancer Edumapper, une plateforme dont la vocation première est de simplifier le choix des cursus post-bac. L’expérience acquise dans l’estimation immobilière semble être un fil conducteur : exploiter la force des données et de la data science pour offrir davantage de transparence et de sérénité.

En reprenant certains mécanismes qui ont fait le succès de Meilleurs Agents, Edumapper ambitionne de couvrir l’ensemble des formations de l’enseignement supérieur. Dans un marché où le portail Parcoursup peut parfois sembler obscur, la nouvelle plateforme veut apporter une vision plus lisible et faciliter la comparaison entre des milliers de cursus. Les éditeurs s’adressent autant aux lycéens qu’à leurs parents, souvent anxieux face à la multitude de choix et à l’intensité de la compétition pour intégrer certaines filières.

Une levée de fonds pour prendre pied sur le marché

Le projet Edumapper démarre sur les chapeaux de roues : dès son lancement, la plateforme annonce une première levée de fonds de 5 millions d’euros réalisée auprès de Daphni, Eurazeo (via son fonds HEC Ventures), Ring Capital et Kima Ventures. Ce dernier fonds, lié à l’entrepreneur Xavier Niel, s’est déjà forgé une solide réputation au sein de la French Tech. Quant au partenaire Daphni, il met en avant la nécessité de soutenir l’innovation dans un contexte de compétition internationale accrue sur le terrain de l’éducation.

Avec ces 5 millions d’euros, Edumapper vise à peaufiner l’outil sans une pression commerciale immédiate. Cette marge de manœuvre financière permettra également d’étoffer les équipes et de muscler les partenariats avec les établissements d’enseignement, qu’il s’agisse d’universités, de grandes écoles ou de formations spécialisées. L’enjeu est de positionner Edumapper comme une interface de référence, capable de couvrir à terme jusqu’à 30 000 formations en France et quelques centaines à l’international.

Comprendre les enjeux du choix post-bac

À la sortie du lycée, la majorité des familles françaises doit jongler entre les vœux sur Parcoursup, les procédures de sélection, les coûts de scolarité et l’anticipation de la future insertion professionnelle. Or, certains indicateurs sont inquiétants : le budget lié aux choix inadaptés d’orientation serait estimé à 2 milliards d’euros par an, si l’on tient compte des redoublements, réorientations et abandons de cursus. Au-delà de l’aspect financier, les conséquences sur la confiance et la motivation des jeunes sont tout aussi importantes.

La vision défendue par Edumapper part donc de ce constat : sans outils adaptés, beaucoup de futurs étudiants avancent à tâtons ou s’en remettent au hasard, au bouche-à-oreille ou encore à des informations partielles. Les fondateurs de la jeune pousse soulignent qu’il existe une masse de données ouverte (dites open data) concernant les formations, leurs modalités d’entrée, leurs débouchés et leur popularité. Mais ces informations restent souvent difficiles à agréger et à interpréter. En mixant expertise en data science et approche collaborative, Edumapper souhaite décoder la complexité et la rendre accessible à tous.

Bon à savoir : les chiffres clés de l'enseignement supérieur en France

Plus de 3 millions d’étudiants sont inscrits dans l’enseignement supérieur français chaque année. Environ 42 % de la population détient un diplôme de l'enseignement supérieur, un chiffre qui place la France dans la moyenne européenne. Par ailleurs, plus de 400 000 étudiants internationaux choisissent la France pour leurs études, un indicateur essentiel de l’attractivité du système.

Les ambitions affichées : collaboration et transparence

Le terme « plateforme collaborative » n’est pas choisi au hasard. Pour les fondateurs d’Edumapper, il est essentiel d’associer les étudiants actuels et anciens, invités à laisser des avis, des retours d’expérience ou des conseils pratiques à l’attention de ceux qui s’apprêtent à candidater. L’inspiration est comparable au modèle de Niche.com aux États-Unis, où les universités sont notées par leurs propres élèves, créant ainsi un effet de communauté très dynamique.

L’idée est de proposer, en plus de données strictement chiffrées (taux d’admission, coût des études, salaires moyens à la sortie, etc.), des retours qualitatifs qui éclairent les réalités de chaque formation : ambiance, encadrement, pédagogie, stages obligatoires, etc. Cette dimension est jugée déterminante pour faire un choix plus « humain » qu’un simple algorithme de tri ne pourrait offrir. On voit ici poindre la volonté d’humaniser la relation entre futur étudiant et établissement, un point souvent occulté dans la logique administrative de Parcoursup.

La collecte et l’exploitation de données (open data publiques, contributions d’utilisateurs, statistiques internes) doivent respecter les règles de la CNIL et le RGPD. Pour Edumapper, la conformité à ces réglementations est cruciale, surtout si la plateforme est amenée à traiter des informations personnelles (fiches d’étudiants, avis, etc.). La startup devra donc veiller à une parfaite transparence sur l’usage des données.

Un modèle économique encore en construction

L’accès à la plateforme sera gratuit pour les utilisateurs, qu’ils soient lycéens, étudiants déjà engagés dans un cursus ou parents désireux d’en savoir plus. Cette stratégie vise à supprimer toute barrière financière à l’entrée, un enjeu essentiel quand on se positionne sur une question d’orientation qui concerne toutes les classes sociales.

En revanche, pour assurer sa pérennité, Edumapper prévoit de monétiser certains services proposés aux établissements : offrir une meilleure visibilité, mettre en avant des diplômes précis, personnaliser une page de présentation, etc. Cette approche freemium permettrait ainsi de garantir un modèle soutenable sans faire supporter le coût aux familles. Un équilibre délicat reste à trouver entre la promotion des écoles et la neutralité des algorithmes de recommandation.

Depuis quelques années, l’écosystème EdTech français vit une montée en puissance : soutien public via la BPI, accélérateurs spécialisés, fonds d’investissement consacrés à l’éducation numérique. Plusieurs startups ont ainsi pu lever des fonds importants (OpenClassrooms, Klassroom, etc.). Edumapper bénéficie donc d’un terreau favorable, même si la concurrence reste fragmentée entre plateformes d’orientation, d’e-learning ou de MOOC.

Des chiffres ambitieux dès le lancement

Au moment de l’ouverture de la plateforme, Edumapper prévoit déjà d’afficher 25 000 formations, avec un objectif de 30 000 dans les semaines suivantes. Un cap franchi en agrégeant les données officielles, ainsi que les informations fournies par les écoles et les universités elles-mêmes.

La startup n’entend pas s’arrêter là : plusieurs centaines de cursus à l’étranger seront également référencés pour ceux qui envisagent une expérience internationale. Dans ce domaine, la France reste un pays d’accueil important, avec plus de 400 000 étudiants internationaux par an. Edumapper souhaite se positionner comme un intermédiaire privilégié pour ces publics, en leur offrant la possibilité de comprendre rapidement les spécificités des formations françaises, qu’elles soient publiques, privées ou liées à des diplômes d’ingénieur.

Edumapper s’appuie sur l’expertise de chercheurs comme Julien Randon-Furling pour développer des outils de modélisation : probabilité de réussite dans un cursus, taux d’admission, adéquation entre compétences et exigences, etc. Cette couche analytique rappelle la méthodologie autrefois employée par MeilleursAgents pour estimer la valeur d’un bien immobilier, transposée ici à l’orientation.

Du monde de l’immobilier à l’orientation : un parallèle inattendu

Pour certains observateurs, la réutilisation de la data science dans l’éducation peut paraître décalée, surtout lorsqu’on connaît la carrière de Sébastien de Lafond et son équipe dans l’immobilier. Pourtant, les fondateurs insistent : le principe est identique à celui qui a fait la réussite de Meilleurs Agents, racheté en 2019 par Axel Springer. À l’époque, l’ambition était de présenter en toute transparence la valeur d’un bien. Aujourd’hui, il s’agit d’estimer la pertinence de telle ou telle formation.

L’expérience acquise dans la manipulation de bases de données, le développement d’algorithmes d’évaluation et la gestion d’une plateforme grand public apporte un bagage précieux pour décrypter le marché de l’orientation post-bac. Selon l’équipe d’Edumapper, la complexité de l’offre de formations n’a rien à envier au monde de l’immobilier : un volume considérable d’options, des règles d’admission parfois opaques et un impact majeur sur la trajectoire de vie.

La place de Parcoursup dans l’écosystème français

Parcoursup reste la porte d’entrée principale vers l’enseignement supérieur public en France. C’est une plateforme nationale obligatoire pour formuler ses vœux d’orientation dans de nombreux cursus (licences, BTS, écoles publiques, etc.). Beaucoup de lycéens craignent la mise en liste d’attente, les réponses tardives, voire les refus qui s’accumulent. Ainsi, des milliers de jeunes se retrouvent chaque année face à des choix imposés plus que choisis.

Edumapper ne prétend pas se substituer à Parcoursup, qui demeure un dispositif étatique incontournable. La startup préfère se positionner en « amont » et en « aval » du processus de candidature. « Amont » pour mieux identifier les programmes potentiels grâce à des retours d’expériences et des données fiables, et « aval » pour que les étudiants déjà intégrés puissent témoigner de leur vécu et renforcer la communauté Edumapper.

On pourrait imaginer qu’à terme, la plateforme collabore directement avec les équipes de Parcoursup ou propose des passerelles automatiques pour faciliter la navigation administrative. Toutefois, cette éventualité dépendra sans doute de la volonté des pouvoirs publics d’intégrer des solutions tierces au circuit officiel. Les prochaines étapes légales pourraient d’ailleurs être complexes, compte tenu de la sensibilité du sujet et de la multiplicité des acteurs en jeu.

Des ambitions d’expansion au-delà de l’Hexagone

L’équipe d’Edumapper se projette déjà vers l’international. Après s’être solidement installée sur le marché français, la plateforme envisage de s’ouvrir à l’Europe, voire plus largement. Le système éducatif français attire chaque année de nombreux étudiants étrangers, et l’inverse est également vrai lorsque des Français partent étudier en Belgique, en Suisse, au Canada ou ailleurs en Europe.

Selon Sébastien de Lafond, la priorité est de consolider la base de données en France et de s’assurer de l’ergonomie générale de la plateforme, avant d’aller prospecter d’autres pays. « Se laisser deux ou trois ans pour comprendre d’autres marchés », tel est le délai envisagé. Dans cet intervalle, l’objectif est de faire rayonner le concept auprès de 80 % d’une classe d’âge à terme, soit potentiellement plusieurs centaines de milliers de jeunes.

La valeur ajoutée d’Edumapper, sur des terrains étrangers, pourrait se révéler dans des pays où l’information institutionnelle est moins accessible ou plus segmentée. Il existe en effet une demande de transparence partout où l’enseignement supérieur est un enjeu stratégique, du Royaume-Uni à l’Allemagne, en passant par l’Italie et les pays nordiques. Les opportunités ne manquent pas, mais la concurrence non plus : chaque État dispose souvent de ses propres dispositifs, plus ou moins digitalisés.

Un pari économique et social à long terme

Il serait tentant de voir Edumapper comme un simple comparateur de formations. Pourtant, les répercussions économiques pourraient être très concrètes : en réduisant le nombre de réorientations, d’abandons et de cursus entamés sans conviction, la startup contribue à limiter un gaspillage financier estimé à 2 milliards d’euros. C’est également un moyen de lutter contre le décrochage et de donner davantage de chances aux jeunes de trouver la filière la mieux adaptée à leurs aptitudes.

Pour les investisseurs comme Daphni ou Kima Ventures, la dimension sociale du projet semble d’ailleurs un atout majeur. Dans un contexte où la « course aux talents » s’intensifie entre pays et entre universités, toute initiative facilitant l’orientation peut devenir un levier de compétitivité globale pour la France. L’inscription de ce projet dans la French Tech s’inscrit donc dans une logique à la fois économique et citoyenne.

La gratuité pour les utilisateurs, associée à une valeur ajoutée évidente (rassembler et clarifier un gigantesque volume d’informations), justifie l’enthousiasme de nombreux acteurs. Reste à voir si l’engagement de la communauté suivra : la pertinence de cette plateforme repose en grande partie sur la bonne volonté des lycéens, étudiants et alumni qui accepteront de partager leurs retours d’expériences et avis détaillés sur les cursus.

Qui sont vraiment les têtes pensantes d’Edumapper ?

Il est intéressant de revenir sur l’histoire des trois cofondateurs issus de l’aventure Meilleurs Agents :

  • Sébastien de Lafond : ancien dirigeant de Meilleurs Agents, spécialisé dans la valorisation immobilière. Il est aujourd’hui CEO d’Edumapper et souhaite transposer ses compétences en analyse de données à l’univers de la formation.
  • Julien Cheyssial : impliqué dans la construction des outils numériques et des algorithmes d’évaluation. Il met à profit son expérience pour structurer techniquement la nouvelle plateforme.
  • Jordan Sanial : axe son expertise sur la conception et l’optimisation produit, veillant à ce que la plateforme demeure intuitive, tout en intégrant des fonctionnalités avancées.

À leurs côtés, on retrouve Valentine Mandon, cofondatrice, qui pilote la vision « utilisateur » de la plateforme, et Julien Randon-Furling, chercheur chargé de superviser la dimension scientifique. Le renfort de ce dernier devrait permettre de développer des algorithmes poussés, capables de prédire la compatibilité entre un profil étudiant et une formation, en croisant des centaines de données.

Bon à savoir : le rachat de Meilleurs Agents en chiffres

En 2019, Meilleurs Agents est cédé à Axel Springer pour près de 200 millions d’euros. L’entreprise, fondée en 2008, s’était imposée comme un acteur majeur dans l’estimation de biens immobiliers en ligne grâce à son moteur d’analyse algorithmique, doublé d’une forte notoriété auprès du grand public. Un précédent succès entrepreneurial qui laisse augurer un bel avenir à Edumapper.

Comment Edumapper souhaite se différencier

À la question « pourquoi Edumapper devrait-il réussir là où d’autres ont échoué ? », l’équipe répond en soulignant plusieurs facteurs :

  1. Une approche multidimensionnelle : Au-delà des statistiques brutes, Edumapper mise sur la participation active des utilisateurs (feedback, avis, recommandations concrètes).
  2. Une expertise reconnue en data : Les anciens de Meilleurs Agents ont prouvé leur capacité à manipuler et valoriser de gros volumes de données de manière transparente et grand public.
  3. Une solution dédiée : Contrairement à Parcoursup, dont le rôle est avant tout administratif, Edumapper se concentre sur l’orientation proactive, la découverte et la communauté.
  4. La gratuité pour l’étudiant : Cet accès libre encourage un maximum de personnes à contribuer et à explorer la base de données.
  5. Une perspective internationale : L’équipe ne cache pas son ambition d’étendre la plateforme au-delà des frontières françaises, ce qui pourrait devenir un avantage compétitif de taille.

Pour se faire une place sur ce créneau, Edumapper devra toutefois entretenir une veille constante face aux nouvelles plateformes et aux évolutions réglementaires en matière d’accès aux informations d’intérêt public. La cohérence des avis et évaluations laissées par les utilisateurs devra également être surveillée, afin d’éviter tout dérapage ou fausse notation. Cet enjeu rappelle les défis rencontrés par TripAdvisor ou Glassdoor, plateformes elles aussi très dépendantes du contenu généré par la communauté.

Un horizon de développement inspirant

En visant 10 à 20 % d’une classe d’âge dès la première année, Edumapper entend rapidement valider son concept et sa pertinence. Les fondateurs espèrent atteindre à terme 80 % de couverture, faisant de la plateforme un passage quasi obligatoire pour quiconque se lance dans l’aventure de l’enseignement supérieur. Cette stratégie de forte pénétration du marché suppose, cependant, de mobiliser largement les établissements, d’optimiser l’interface et de communiquer efficacement auprès des futurs bacheliers.

Pour les investisseurs, ce niveau d’ambition semble légitime : le marché est vaste, récurrent et touche un public en constant renouvellement (chaque année, une nouvelle génération fait ses choix post-bac). De plus, dans un environnement économique où la formation constitue un levier majeur de compétitivité, l’idée de fluidifier l’orientation séduit nombre de décideurs politiques et institutionnels. Les enjeux sont donc à la fois éducatifs, financiers et sociétaux.

Regard critique sur les défis à venir

Malgré un démarrage prometteur, Edumapper fait face à plusieurs challenges :

  • La pérennité du modèle freemium : Si la startup mise sur le financement par les établissements, ces derniers seront-ils prêts à payer pour plus de visibilité ? Le risque est de créer une dichotomie entre formations qui payent et formations qui ne payent pas, ce qui pourrait entacher la neutralité de la plateforme.
  • L’actualisation constante des données : Les formations évoluent, les modalités d’inscription changent, les débouchés fluctuent. Pour rester à jour, Edumapper devra nouer des partenariats solides et disposer d’algorithmes de scraping et de veille performants.
  • L’acceptation par la communauté éducative : Pour devenir incontournable, la plateforme aura besoin de la confiance des lycées, des universités et des grandes écoles. Certains pourraient voir d’un œil méfiant l’arrivée d’un tiers privé dans un domaine déjà sous tension.
  • La gestion des retours négatifs : Si des étudiants mécontents laissent des avis très défavorables à certaines filières, quelles seront les procédures de modération ? La transparence, oui, mais jusqu’où ? Le parallèle avec d’autres sites d’avis montre que c’est souvent un point délicat.

Dans une vision à moyen terme, l’équipe devra donc arbitrer entre la nécessité de générer des revenus et celle de préserver une plateforme impartiale, afin de répondre à la mission première : « offrir une boussole fiable aux futurs étudiants ». La tentation de promotions sponsorisées existe toujours, et l’équilibre entre profit et service public n’est pas toujours simple à maintenir.

Quelle place pour la recherche et la data science ?

L’un des éléments clés mis en avant dans le discours d’Edumapper reste la recherche. Selon l’équipe, le projet s’appuie sur des principes issus des mathématiques appliquées et de l’intelligence artificielle pour proposer des indicateurs de correspondance entre un profil et une formation. Pour ce faire, la startup doit collecter un grand volume de données brutes : taux de réussite, origine socio-économique des étudiants, notes au baccalauréat, durée moyenne de recherche de stage, taux d’insertion professionnelle, etc.

En croisant ces données, des algorithmes prédictifs peuvent être élaborés. Un élève voulant intégrer une licence de droit pourrait, par exemple, obtenir une estimation de ses chances de réussite ou d’admission, et consulter un comparatif des formations les plus adaptées à son projet (orienté droit public, droit privé, droit international, etc.). Cette logique s’inscrit dans le prolongement de l’orientation assistée par données, encore peu répandue dans l’Hexagone, mais qui gagne du terrain dans d’autres secteurs (logement, assurance, banque, etc.).

Toutefois, la fiabilité de ces algorithmes dépendra inévitablement de la quantité et de la qualité des informations récoltées. Plusieurs questions se posent alors : les utilisateurs seront-ils enclins à fournir des données sensibles ? Comment vérifier l’authenticité des témoignages d’anciens étudiants ? Edumapper devra innover dans la validation et la sécurisation de ses contenus pour maintenir une crédibilité académique et professionnelle.

Vers une transformation durable de l’orientation ?

Si l’on se projette à quelques années, une plateforme comme Edumapper pourrait, en cas de succès, transformer durablement la manière dont on aborde l’orientation en France. Après tout, la santé a vu l’émergence d’outils comme Doctolib, qui se sont imposés au point de devenir quasi incontournables. De même, dans le domaine de la restauration, les avis en ligne ont modifié les pratiques et les attentes des consommateurs.

Aujourd’hui, l’enseignement supérieur français reste un domaine assez fermé : bien qu’officiellement public, il est marqué par des procédures sélectives et des stratégies de communication pas toujours limpides. Edumapper fait partie de ces acteurs qui espèrent bousculer ces habitudes, en amenant plus de lisibilité et de participation citoyenne. Dans un paysage où la quête d’informations fiables est cruciale, la startup se positionne comme une alternative complémentaire aux canaux institutionnels.

Cependant, la véritable réussite dépendra de la façon dont la communauté éducative (étudiants, enseignants, établissements, pouvoirs publics) s’appropriera la plateforme. Un outil ne devient incontournable que si son usage se généralise et si sa valeur ajoutée est reconnue par la majorité. Les prochaines années seront décisives pour savoir si Edumapper peut, à l’instar de Meilleurs Agents, franchir le cap de la simple curiosité pour s’imposer dans le paysage numérique de l’orientation.

Une perspective de long terme

Après avoir digéré la vente de leur précédente entreprise, les cofondateurs de Meilleurs Agents se lancent donc dans un défi à la fois technique, humain et financier. Le marché de l’orientation post-bac en France est en pleine mutation, et Edumapper arrive à point nommé pour proposer un accompagnement plus personnalisé. Les 5 millions d’euros levés constituent un sérieux coup de pouce pour bâtir une équipe solide et maintenir une politique R&D ambitieuse.

Reste à savoir si, dans deux ou trois ans, Edumapper sera parvenu à fidéliser assez d’utilisateurs pour faire la différence face aux solutions existantes ou émergentes. La question d’une éventuelle synergie avec d’autres plateformes EdTech, ou même avec l’Éducation nationale, se posera peut-être rapidement. Dans tous les cas, cette aventure entrepreneuriale illustre encore une fois le dynamisme de la French Tech et la volonté d’innover dans des secteurs clés de la société.

En toile de fond, la startup doit concilier des objectifs parfois contradictoires : permettre à chaque étudiant de choisir au mieux sa voie, tout en veillant à ce que la plateforme demeure rentable et respectueuse de la réglementation. Le fait que des fonds d’investissement de premier plan (Daphni, Eurazeo via HEC Ventures, Ring Capital, Kima Ventures) s’impliquent montre que la balance penche en faveur d’un potentiel marché de masse, d’autant plus attractif qu’il se renouvelle chaque année avec l’arrivée d’une nouvelle cohorte de bacheliers.

De futurs horizons à explorer

Bien plus qu’un simple projet EdTech, Edumapper donne l’exemple d’une approche collaborative appliquée à un enjeu majeur : l’avenir professionnel de la jeunesse. Les premiers mois de son lancement seront cruciaux pour évaluer l’ampleur de l’adoption par la communauté et mesurer l’impact réel sur la fluidification de l’orientation post-bac. Avec la possibilité de s’internationaliser, de nouvelles portes s’ouvrent pour la startup, potentiellement dans l’ensemble de l’espace européen et au-delà.

Le cas Meilleurs Agents a déjà prouvé que l’expertise des cofondateurs n’était plus à démontrer. S’ils parviennent à transposer la réussite de l’immobilier au secteur de l’éducation, Edumapper pourrait bien devenir un outil de référence pour toutes les générations d’élèves en quête d’un cap solide.

Car dans un monde où les choix de formation façonnent durablement la trajectoire de chacun, toute démarche permettant d’y voir plus clair gagne en valeur.