Au Mans, ED-Trans accélère et change d’échelle. L’organisateur de transport international affiche 75 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice en cours, consolide ses marques sous une bannière unique, et fixe un cap clair à 100 millions d’euros d’ici 2028. L’opération combine croissance organique, fusion d’entités et préparation d’une transmission managériale très structurée.

Cap financier 2025 et chemin vers 100 millions d’euros

En deux ans, le groupe a ajouté une marche importante à sa trajectoire. Après 59 millions d’euros en 2023, puis 68 millions en 2024, ED-Trans vise 75 millions d’euros cette année. Sur la période 2023-2025, la progression cumulée dépasse 27 %, ce qui ancre la dynamique dans une croissance à deux chiffres et valide l’efficacité de la stratégie d’expansion menée par la direction.

La ligne de mire à 2028 repose sur un modèle simple et discipliné : étendre l’empreinte nationale, renforcer les expertises sectorielles, faire monter en puissance les activités Overseas et industrialiser les synergies nées de la fusion avec NTL. L’objectif des 100 millions d’euros est couplé à un projet de gouvernance clair, la transmission managériale, qui vise la stabilité opérationnelle autant que la pérennité financière.

Ce dispositif est soutenu par une identité de marque unifiée. ED-Trans a déployé une nouvelle identité visuelle à compter du 1er octobre et regroupe désormais ses opérations sous un nom unique. La bascule simplifie la lecture de l’offre, facilite la communication client et favorise la cohérence commerciale entre régions.

Qui est ed-trans ?

Fondé en 2004 par Emmanuel Deret, ED-Trans s’est développé sur le métier d’organisateur de transport, commissionnaire et transitaire, au service des industriels et des distributeurs. Un tournant est intervenu en 2017 avec l’acquisition de NTL à Nantes, qui a apporté une compétence forte sur l’Europe du Nord et une base solide pour densifier le réseau national. La fusion juridique et commerciale avec NTL est désormais aboutie, renforçant l’offre sous une seule marque.

Repères chiffrés ED-Trans 2023-2025

  • Chiffre d’affaires : 59 M€ (2023), 68 M€ (2024), 75 M€ (2025, en cours).
  • Agences : 10 sites en France.
  • Effectif : 108 collaborateurs de 14 nationalités.
  • Part du business international : 72 % des dossiers.
  • Clientèle : 98 % de clients français, portefeuille atomisé.
  • Overseas : 13 % du chiffre d’affaires aujourd’hui, objectif 20 % en 2028.

Intégration de ntl et synergies opérationnelles mesurables

La fusion avec NTL ne se résume pas à un changement de logo. Elle s’inscrit dans une logique d’harmonisation des processus, systèmes d’information et méthodes commerciales. Les deux entités étaient déjà alignées sur les outils et les valeurs. La jonction officialise cette réalité et livre des gains tangibles en efficacité et en visibilité.

À l’époque du rachat, NTL réalisait 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. Huit ans plus tard, l’activité nantaise pèse 28 millions d’euros. Cette montée en puissance illustre l’effet de levier d’un groupe capable d’industrialiser ses savoir-faire, d’absorber des volumes et d’accompagner la demande sur une aire géographique élargie.

La carte des implantations reflète un modèle organique assumé. ED-Trans opère dix agences : Le Mans, Rennes, Laval, Nantes, Lyon, Besançon, Avignon, Strasbourg, Saint-Germain-en-Laye et Orthez. L’ensemble mobilise 108 collaborateurs d’origines variées, ce qui facilite le dialogue opérationnel avec des clients et partenaires internationaux.

La fusion renforce aussi la lisibilité commerciale. Pour un chargeur multi-sites, disposer d’un interlocuteur unique, d’un schéma tarifaire homogène et d’un SLA commun simplifie l’exécution et réduit le temps passé à coordonner. Pour ED-Trans, c’est l’assurance d’une promesse de service alignée partout et d’une capacité accrue à piloter la qualité.

La fusion marque la fin d’un fonctionnement en quasi « coopérative » entre ED-Trans et NTL. Concrètement, la gouvernance devient unique, les outils métiers convergent, la facturation et la gestion des litiges s’alignent. Conséquence directe pour les clients : un référentiel commun, des KPI consolidés et une capacité à négocier des accords-cadres sur un périmètre élargi.

Maillage territorial et recrutement d’équipes locales

Plutôt que d’enchaîner les acquisitions, ED-Trans privilégie le recrutement de talents ancrés localement. Le schéma est assumé : une agence naît souvent de la rencontre avec 2 ou 3 chargés d’affaires expérimentés, reconnus sur leur bassin. Le développement suit ensuite la courbe des clients et des secteurs dominants de la région, sans rupture de culture.

La méthode a produit des résultats rapides à Strasbourg. Ouverte avec trois experts au tout début de 2024, l’agence a déjà doublé son effectif pour atteindre six personnes. La progression est tirée par l’industrie alsacienne, le commerce transfrontalier et un accès renforcé aux flux vers l’Allemagne.

De nouvelles implantations sont à l’étude afin d’épaissir la couverture nationale et de se rapprocher de hubs stratégiques :

  • Couronne lilloise : effet carrefour vers le Benelux et le Royaume-Uni.
  • Région bordelaise : appétence agro, négoce, et portes ibériques.
  • Est francilien : proximité utile des plateformes Roissy et Orly pour l’aérien et l’Overseas.

L’agence de Saint-Germain-en-Laye, en service depuis 2014, exprime bien la stratégie : interface agile avec les aéroports parisiens et levier pour les flux urgents à forte valeur ajoutée.

Dans la commission de transport, la valeur se concentre dans la capacité à sourcer vite, arbitrer les modes, négocier au bon moment et sécuriser la douane. Trois profils seniors avec un carnet relationnel solide, épaulés par des fonctions support communes au groupe, peuvent générer un point mort bas et une montée en charge rapide, surtout dans des zones industrielles denses.

Des camions aux conteneurs : diversification et dynamique de marché

Le métier historique d’ED-Trans reste dominé par la route. Mais la part des flux maritimes et aériens progresse sous la bannière Overseas.

Ce pôle représente déjà 13 % du chiffre d’affaires, orchestré depuis Le Mans et Nantes, avec un objectif explicite : atteindre 20 % à l’horizon 2028. Pour accélérer, un expert issu d’un grand groupe national a rejoint l’équipe en septembre, pour muscler l’offre et élargir l’accès armateurs et compagnies.

Cette trajectoire est portée par un environnement porteur côté aérien. Les analyses publiques de 2025 font état d’une reprise de l’activité en France, avec des volumes et des taux de remplissage mieux orientés, ce qui consolide le rôle de l’aérien dans les chaînes d’approvisionnement post-crise. La montée en gamme de l’Overseas chez ED-Trans permet de diluer la cyclicité du routier et d’accompagner les clients dans la construction de schémas multimodaux fiables, notamment sur les flux intercontinentaux.

Pour autant, la route conserve une place centrale dans l’équation coût-service. L’équilibre consiste à arbitrer finement entre transit time, contraintes douanières, disponibilité capacitaire et risques de congestion. ED-Trans capitalise ici sur un réseau de 5 000 partenaires transporteurs et une gestion robuste du portefeuille d’affrètements, pour exécuter plus de 90 000 dossiers par an.

Id logistics : stratégie et résultats

Le dynamisme de l’aval logistique en France a été illustré en 2024 par ID Logistics, qui a publié 3,271 milliards d’euros de revenus, en hausse de 19,1 %, avec des bases saines pour 2025, selon un communiqué de marché publié en mars 2025. Ce type de performance chez un acteur de la logistique contractuelle confirme la demande de solutions intégrées et l’intérêt pour des partenaires capables de piloter des flux complexes sur plusieurs canaux.

Man truck & bus : stratégie et résultats

Le monde des véhicules industriels a, lui, illustré la résilience face au cycle. MAN Truck & Bus a annoncé 13,7 milliards d’euros de ventes en 2024, en retrait de 7 %, sur fond de normalisation de la demande après des sommets de livraison. Pour un commissionnaire, ces signaux de marché sont utiles pour anticiper la disponibilité capacitaire, le renouvellement de flotte chez les transporteurs et les trajectoires tarifaires sur le moyen terme.

Indicateurs sectoriels France utiles aux chargeurs

  • Trafic routier : baisse de 1,6 % en 2023, après une séquence de hausse 2020-2022 (source publique nationale, septembre 2025).
  • Sécurité routière : mortalité sous 3 200 décès pour la deuxième année consécutive en 2024; amélioration structurelle pour la filière.
  • Aérien : analyses 2025 pointant une reprise de l’activité, avec une demande mieux orientée sur le fret.

Au-delà des volumes, ces données ont des conséquences concrètes. Un trafic routier qui recule tend à lisser la congestion et peut stabiliser les délais sur certaines radiales. Une sinistralité en amélioration contribue à la maîtrise du risque opérationnel et au coût de l’assurance. Le rebond de l’aérien, lui, restaure une option premium crédible là où la fiabilité temps était le point d’arbitrage majeur pour les industriels.

À l’échelle d’ED-Trans, la diversification permet de répondre à ces mouvements de marché. Le groupe ajuste ses mix produits, sécurise ses slots maritimes auprès d’armateurs de rang 1, consolide ses accords avec les compagnies aériennes et maintient une capacité routière flexible via son réseau de partenaires. La feuille de route Overeas conçu au Mans et à Nantes se trouve ainsi renforcée par l’environnement.

Douane, conformité et portefeuille clients équilibré

La maîtrise douanière est l’un des avantages compétitifs d’ED-Trans. Le groupe est Opérateur économique agréé (OEA) et détenteur du statut Représentant en douane enregistré (RDE). Cette double qualification place l’entreprise parmi les commissionnaires capables de traiter en interne les formalités export et import sur la majorité des schémas, avec des bénéfices concrets : fiabilité documentaire, réduction des aléas, et relation fluidifiée avec l’administration.

La gestion du risque client est, elle, conçue pour résister aux chocs. Le portefeuille est volontairement atomisé : le premier client représente seulement 4 % du chiffre d’affaires.

Ce choix limite l’exposition à un secteur ou une relation unique et conforte la trajectoire en cas de retournement. La base de clients est à 98 % française, mais l’activité traite 72 % de flux internationaux, ce qui mixe stabilité domestique et ouverture géographique.

ED-Trans est positionné sur des zones de valeur bien identifiées :

  • Industrie : 65 à 70 % des opérations, cœur de portefeuille et d’expertise.
  • Commerce : environ 35 %, pour des chaînes d’approvisionnement souvent multimodales.
  • Spécialités : pharmacie, agroalimentaire non-frais, piscines, matières dangereuses, convois exceptionnels.

Le groupe dispose par ailleurs d’une flotte de camions en propre, mise à disposition des clients sans exploiter en direct d’équipe de conduite. Cette configuration hybride maximise l’agilité sans alourdir la structure. Les véhicules adopteront la nouvelle identité visuelle ED-Trans, ce qui renforce la présence de marque sur les axes routiers.

Avec l’OEA, l’opérateur bénéficie d’un traitement douanier priorisé et d’une reconnaissance de conformité dans l’Union européenne. Combiné au statut RDE, ED-Trans peut représenter légalement ses clients auprès de la douane. Résultat : moins d’aléas, des contrôles plus fluides, des temps de transit raccourcis. Sur des flux tendus, l’impact peut se compter en jours gagnés sur un cycle commande-livraison.

Le commissionnaire est l’architecte du transport : il conçoit, choisit les opérateurs, et engage sa responsabilité de résultat. L’affréteur se concentre sur la mise à disposition de capacité routière. Le transitaire supervise les opérations de passage portuaire et aéroportuaire, ainsi que la douane. ED-Trans réunit ces compétences pour piloter des schémas multi-pays et multi-modes.

Sur le terrain, la combinaison de ces statuts et métiers permet de répondre à des scénarios complexes : export de pièces industrielles hors gabarit, import de marchandises réglementées, ou encore chaînes e-commerce à lead time serré. En consolidant les opérations sur un backbone de SI commun et en uniformisant les process qualité via la fusion, ED-Trans se dote d’un socle robuste pour absorber une croissance soutenue sans dégrader la promesse de service.

Gouvernance et capital : un passage de témoin organisé pour 2028

La trajectoire à 2028 inclut une transition actionnariale très codifiée. Quatre cadres entrent progressivement au capital et monteront, d’ici fin 2028, à 76 % des parts détenues à parts égales : Cécile Jacquemin, Erwan Moyon, Fabrice Demossier et Anne Cousin.

Emmanuel Deret deviendra actionnaire passif à 18 %, après avoir accompagné la montée en puissance des futurs dirigeants. Anne Cousin, cofondatrice en 2004, dirige aujourd’hui le site du Mans, gage de continuité opérationnelle.

Le capital est aussi ouvert aux salariés. En 2024, une quarantaine de collaborateurs ont acquis au total 6,2 % du capital. Cette logique d’alignement actionnarial ancre la performance dans la durée, tout en consolidant l’engagement interne. L’architecture a été décrite publiquement et confirmée par la presse spécialisée, qui relie ce calendrier à l’objectif stratégique de 2028 (Agence API).

Ce que la transmission managériale change pour les clients B2B

  • Prévisibilité : la continuité de la direction facilite les engagements pluriannuels et la mise en place de SLA stables.
  • Alignement : l’actionnariat salarié incite à une exécution rigoureuse des plans de progrès.
  • Décision : la gouvernance resserrée accélère les arbitrages opérationnels au quotidien.

Au global, la gouvernance choisie évite les ruptures et garantit la transmission des savoir-faire. Dans les métiers de flux, la valeur repose autant sur les procédures que sur les équipes et la mémoire opérationnelle. La transition capitalistique, conçue sur plusieurs années, vise exactement cet équilibre.

Un cap 2028 qui ouvre de nouvelles routes

Le plan de marche est clair : renforcer le maillage, faire progresser l’Overseas vers 20 % du chiffre d’affaires, et piloter une transmission managériale sans heurts. ED-Trans continuera de privilégier l’organique, avec des ouvertures ciblées là où les clients industriels en expriment le besoin. Des pistes hors de France ne sont pas exclues à plus long terme, vers le Luxembourg, la Belgique ou l’Allemagne, si la nouvelle équipe souhaite prolonger l’élan.

Sur un marché français où le trafic routier s’est contracté en 2023, la maitrise douanière, les services multimodaux et un portefeuille clients dé-risqué constituent des amortisseurs efficaces. Le groupe s’est doté des outils et de la gouvernance pour poursuivre sur un rythme soutenu d’ici la transmission. Les prochains mois diront si la bascule à l’échelle s’accompagne d’un gain de part de marché durable.

L’histoire d’ED-Trans s’écrit désormais à plusieurs mains, avec un cap et un tempo assumés.