Près de 20 % de droits de douane moyens sur les importations américaines pourraient s’appliquer cette année, un niveau inédit depuis les années 1930. Pour les entreprises françaises et européennes, l’enjeu n’est pas théorique: il rebat les cartes de prix, de chaînes d’approvisionnement et de financement. Dans ce climat, les stratégies obligataires Absolute Return s’imposent comme un outil d’agilité et de contrôle du risque.

États-Unis : droits de douane renforcés et inflation stable, une combinaison délicate

Après un premier semestre où les marchés ont alterné inquiétude et soulagement, le cadrage macro américain reste sous tension. Les annonces de mars-avril autour des nouveaux droits de douane ont secoué actions et obligations, avant un bref retour de l’appétit pour le risque. La sérénité est toutefois précaire.

Un rapport officiel canadien publié en septembre 2025 évoque des droits de douane réciproques annoncés par Washington, compris entre 10 % et 49 %, ainsi qu’un relèvement de la taxation moyenne à « près de 20 % » contre environ 2,5 % auparavant, avec une mise en œuvre reportée à août (source: gouvernement du Canada, T2 2025). Une telle marche d’escalade, au plus haut depuis les années 1930, est susceptible d’alimenter l’inflation importée et d’éroder la consommation.

Inflation PCE et trajectoire de la Fed

Au 26 septembre 2025, l’inflation PCE américaine ressort à 2,9 %, un chiffre stable qui entretient l’idée d’une politique monétaire plus accommodante dans les mois à venir, sans précipitation (source: FinanceFeeds, 26 septembre 2025). Les anticipations de baisse de taux existent mais restent conditionnées à des preuves supplémentaires de désinflation durable, notamment sur les services.

En arrière-plan, le niveau élevé du déficit public exerce une pression haussière sur les taux longs, ce qui resserre les conditions financières pour les ménages et les entreprises. La Fed, prise entre ralentissement de la demande domestique et risque de résurgence des tensions de prix, devrait maintenir un cadre prudent: calibrage graduel, messages conditionnels et forte dépendance aux données.

Consommation et emploi : des signaux moins porteurs

Les données décrivent un ralentissement accusé du marché du travail américain. Un flash conjoncture de la Direction générale du Trésor du 19 septembre 2025 relève un net fléchissement, corroboré par les révisions à la baisse du Bureau of Labor Statistics du 11 septembre. Le mouvement n’est pas apparu en 2025 mais s’est amplifié, avec une détérioration de l’offre et de la demande d’emploi.

La consommation des ménages, souffrant d’un repli des revenus et d’une confiance en berne, s’achemine vers une phase plus erratique. Sur l’immobilier résidentiel, les signes d’atonie se multiplient: ventes dans l’ancien au plus bas de neuf mois, crédits hypothécaires à 30 ans autour de 7 % et permis de construire freinés. Autant d’éléments qui pèsent sur le moral et sur la dépense.

Droits de douane américains : ce que doivent anticiper les exportateurs français

Les surcoûts potentiels peuvent se diffuser au prix final, aux délais et aux besoins en fonds de roulement. Les directions financières ont intérêt à :

  1. Recartographier l’exposition aux catégories visées par les droits de douane.
  2. Renégocier les incoterms et clauses d’indexation pour partager le choc de prix.
  3. Évaluer l’arbitrage entre relocalisation partielle, stocks de sécurité et substitutions d’intrants.

Zone euro : reprise technique en début d’année, mais dépendance aux débouchés extérieurs

Le premier trimestre 2025 a été soutenu par un effet d’anticipation des exportations vers les États-Unis. Cet élan s’amenuise. Les exportations européennes à destination des États-Unis pesaient environ 2 % du PIB en 2024. L’impact est jugé modéré à l’échelle agrégée, mais il peut concentrer des risques sectoriels sur certaines chaînes de valeur industrielles.

Les perspectives mondiales ont été revues à la baisse dans un contexte de tensions commerciales persistantes. Les économies avancées ne sont pas affectées de manière homogène, et la zone euro se distingue par une dynamique cyclique moins chaude que celle observée aux États-Unis en 2023-2024.

IFO, PMI et investissement allemand : des signaux de soutien

Les enquêtes récentes sont mieux orientées, à l’image de l’IFO en Allemagne et du PMI composite de la zone euro, qui envoient des indications de stabilisation. La mise en œuvre attendue du plan d’investissement allemand d’ici la fin de 2025 constitue un point d’appui pour la demande intérieure en zone euro, y compris via les effets d’entraînement industriels et l’impulsion budgétaire.

BCE : une avance relative dans le cycle d’assouplissement

Contrairement aux États-Unis, l’inflation européenne suit une trajectoire plus favorable, ce qui confère à la BCE une marge d’ajustement si l’activité ralentit plus fort. L’institution est jugée plus avancée dans son cycle de baisses de taux que la Fed. Les entreprises, qui bénéficient déjà depuis plusieurs trimestres d’un environnement de taux plus modéré, en retirent un soutien au financement.

Sur les marchés obligataires européens, la focale reste braquée sur les déficits publics. La France, en particulier, peine à ramener ses comptes vers une trajectoire plus saine, point régulièrement rappelé dans les indicateurs conjoncturels officiels. Cette surveillance est déterminante pour anticiper la prime de risque souveraine et la formation des taux réels.

Avec un poids d’environ 2 % du PIB pour les exportations de la zone euro vers les États-Unis, le canal direct de transmission des droits de douane au niveau macro agrégé reste contenu. Les points d’attention se situent plutôt au niveau des chaînes sectorielles exposées et des marges des entreprises qui ont moins de capacité à répercuter les hausses de coûts.

Déficits publics européens : ce que les taux obligataires intègrent

Les spreads souverains intègrent trois briques principales :

  • Trajectoire budgétaire et crédibilité des plans d’ajustement.
  • Prime d’inflation implicite, fonction des salaires et de l’énergie.
  • Flux techniques liés aux programmes d’achats de la BCE et aux calendriers d’émission.

Marchés obligataires : spreads comprimés, duration et portage sous surveillance

Les fondamentaux de crédit demeurent solides dans l’ensemble. Toutefois, les spreads sont historiquement serrés, ce qui limite le potentiel de resserrement et élève le risque d’écartement en cas de déception macro ou de choc géopolitique. Dans le même temps, le portage offert par les segments high yield reste attrayant, mais il exige une discipline de sélection et un calibrage fin des expositions.

Une force déterminante de l’Absolute Return obligataire est la capacité à gérer une duration négative lorsque la remontée des taux l’exige. Les millésimes 2022-2023 ont montré l’intérêt d’une telle posture pour amortir la baisse des prix obligataires, notamment sur les maturités intermédiaires et longues.

Gestion de la duration : leçons des millésimes 2022-2023

Quand la courbe des taux se tend, les portefeuilles longs en duration souffrent mécaniquement. Les approches Absolute Return disposent de deux leviers: ajuster la sensibilité via les futures de taux et moduler la répartition entre souverains, investment grade et crédit plus risqué. Un cadrage robuste consiste à limiter la corrélation directionnelle aux chocs de taux tout en préservant le carry net.

Subordination dans le crédit : monter et descendre l’échelle du risque

La hiérarchie des dettes reste un outil de pilotage essentiel. En phase d’aversion au risque, la dette senior reprend l’avantage.

En phase plus porteuse, les instruments subordonnés comme les AT1 et Tier 2, ainsi que le high yield, peuvent reconstituer du rendement. L’histoire récente l’a illustré: 2018 a favorisé les souverains, alors que 2013, 2017, 2019 et 2024 ont été plus propices aux dettes subordonnées et au high yield.

Les gérants utilisent classiquement des futures sur taux et des swaps de duration pour ajuster la sensibilité, plutôt que des effets de levier massifs. Cette ingénierie permet de réduire la dépendance à la direction des taux tout en conservant l’exposition au portage via des poches de crédit ciblées.

Tensions géopolitiques et calendrier politique : des variables de prix à ne pas sous-estimer

Les conflits russo-ukrainien et israélo-palestinien perdurent, avec des conséquences humaines et économiques lourdes. Les marchés intègrent des primes de risque fluctuantes liées aux ruptures de chaînes d’approvisionnement, aux flux d’énergie et aux incertitudes opérationnelles. Le calendrier électoral est apaisé en 2026, mais 2027 s’annonce plus chargé, donc potentiellement plus volatil.

Selon les analyses publiées fin septembre 2025, la superposition des tensions commerciales et géopolitiques demeure un déterminant central des anticipations. Les épisodes de stress se traduisent souvent par des rotations rapides entre classes d’actifs et une revalorisation des protections de portefeuille.

Transmission aux marchés : matières premières, fret et primes de risque

Les chocs géopolitiques se propagent via trois canaux principaux: énergie et matières premières, coûts logistiques, aversion pour le risque. Sur l’obligataire, ils réapparaissent dans l’écartement des spreads, l’accélération des émissions de précaution et, parfois, une pentification de la courbe si les banques centrales signalent une tolérance à la volatilité des prix.

Lire la volatilité implicite sur les courbes

La volatilité implicite des taux et du crédit encapsule les anticipations de fourchette de mouvements. Son suivi régulier aide à :

  • Pricer l’intérêt des couvertures.
  • Identifier des points d’entrée quand les primes deviennent excessives.
  • Privilégier des expositions plus « convexes » en phase d’incertitude.

Absolute Return obligataire : transformer l’incertitude en trajectoire de rendement

Les stratégies Absolute Return visent une performance positive annuelle indépendamment des tendances directionnelles. Leur force réside dans une allocation active multi-segments, appuyée sur des convictions de marché et une gestion du risque centralisée. Le cœur de la promesse: capter du portage, se protéger contre les chocs, et tirer parti des divergences de politique monétaire.

Dans le cycle actuel, trois moteurs dominent: arbitrage de courbe et de duration, sélection crédit et virages de spreads, et gestion tactique des devises lorsque les différentiels de taux s’ouvrent. Les divergences entre États-Unis, zone euro et Japon offrent des fenêtres d’intervention, tout en exigeant un calibrage prudent pour éviter les corrélations cachées.

Trois leviers clés : taux, crédit, devises

  • Taux : bénéficier de l’assouplissement attendu sur les maturités courtes tout en digérant d’éventuels « replis » sur l’inflation via des profils de duration asymétriques.
  • Crédit : privilégier le portage du high yield quand la prime rémunère le risque, puis revenir vers l’investment grade et le souverain en phase de stress.
  • Devises : exploiter les différentiels de taux via des expositions mesurées, avec une attention accrue aux coûts de couverture.

Scénarios 2025-2026 : mise en situation

Aux États-Unis, des baisses graduelles de taux soutiendraient les maturités courtes. Mais un rebond ponctuel de l’inflation pourrait comprimer les performances sur la partie longue de la courbe.

En zone euro, un environnement de taux modérés facilite le refinancement corporate, ce qui soutient la qualité de crédit. Au Japon, la normalisation monétaire ouvre la voie à des stratégies de sensibilité négative sur les segments les plus vulnérables à la remontée des rendements.

Les angles d’évaluation que regardent les investisseurs institutionnels :

  • Clarté du budget de risque et métriques de drawdown.
  • Processus d’allocation dynamique documenté, comités et périodicité.
  • Outils de couverture et limites d’illiquidité.
  • Transparence des frais et des sources de performance (alpha vs bêta).

Lazard Frères Gestion : architecture des solutions et profils d’allocation

Lazard Frères Gestion déploie l’Absolute Return sur le segment obligataire avec une logique d’agilité et de contrôle des risques. L’objectif est constant: délivrer une performance positive, y compris en marchés chahutés, grâce à des expositions ajustables et à un usage maîtrisé des instruments dérivés.

Stratégie globale : priorité au couple rendement risque

Une solution globale couvre l’ensemble des segments obligataires, notamment les dettes subordonnées et le high yield. Elle cherche à ressembler à un fonds high yield en phase de cycle favorable, tout en neutralisant au mieux les chocs lorsque la volatilité remonte. Cette approche repose sur une granularité fine des expositions par notation, maturité et secteur, et sur une capacité à revenir vers des poches plus « cœur » quand l’aversion au risque l’exige.

Approches ciblées : Green Bonds, souverains et high yield court

Trois déclinaisons s’adressent à des besoins spécifiques :

  • Green Bonds : allocation dédiée aux obligations vertes, avec une attention à la qualité d’émission et aux cadres de reporting.
  • Souverains et quasi-souverains : exposition orientée vers des bilans d’États et d’entités publiques, utile pour stabiliser la sensibilité et la liquidité.
  • Crédit high yield de courte maturité : recherche d’un portage discipliné et d’un risque de duration contenu.

La diversification s’opère au sein de chaque segment par la répartition sectorielle, géographique et de notation, de façon à limiter les dépendances implicites et à mieux contrôler les drawdowns.

Mentions essentielles pour les investisseurs

Attention : ce document est diffusé à titre informatif et ne constitue ni un conseil d’investissement ni une recommandation d’achat ou de vente. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les stratégies évoquées présentent un risque de perte en capital. Les opinions exprimées sont celles en vigueur à la date de publication et sont susceptibles d’être modifiées.

Feuille de route investisseurs : agilité et discipline pour 2025-2026

Les signaux macroéconomiques se nuancent: droits de douane américains potentiellement au plus haut en près d’un siècle, inflation PCE stable, marché du travail en refroidissement et Europe mieux orientée mais sensible aux débouchés extérieurs. Pour les directions financières et les investisseurs, le défi consiste à capter le portage sans s’exposer à des chocs de duration ou à un élargissement brusque des spreads.

Dans ce contexte, les stratégies Absolute Return obligataires proposent des réponses opérationnelles et mesurables: flexibilité sur les courbes, rotation crédits subordonnés vs seniors selon le cycle, et activation de couvertures ciblées. La clé reste inchangée: un pilotage du risque rigoureux, une lecture en temps réel des indicateurs avancés et une exécution sans inertie.

La volatilité n’est pas une fatalité lorsqu’elle devient un paramètre de construction de portefeuille.