1 milliard d’euros déjà octroyés et 17 000 PME servies. En quatre exercices à peine, DeFacto s’impose dans le financement court terme en Europe. La fintech parisienne mise sur une infrastructure de crédit automatisée qui exécute en quelques secondes et ambitionne d’étendre cette capacité à l’échelle paneuropéenne, en s’appuyant sur l’open banking, la titrisation et des partenariats embarqués.

Accélération confirmée sur le financement court terme des pme

Fondée en 2021 à Paris, DeFacto se positionne comme une infrastructure de crédit dédiée aux besoins de trésorerie des petites et moyennes entreprises. L’entreprise revendique plus d’un milliard d’euros de financements délivrés à ce jour à plus de 17 000 PME, avec un processus d’octroi annoncé en moins de 30 secondes.

La traction de DeFacto s’inscrit dans un marché massif mais encore imparfaitement adressé. Le crédit court terme aux PME en Europe représente environ 3,2 billions d’euros d’encours, alors que les établissements traditionnels n’en couvrent qu’une fraction significative mais inférieure à la moitié. Ce différentiel nourrit l’émergence d’acteurs technologiques capables d’exploiter la donnée bancaire en temps réel pour fluidifier l’accès au capital d’exploitation.

Les signaux macroéconomiques renforcent cette dynamique. Les travaux publics sur la transformation industrielle soulignent un besoin de financement conjoncturel et structurel pour accompagner la numérisation et l’automatisation des chaînes de valeur. La demande se concentre notamment sur les lignes de trésorerie, l’affacturage digital et les avances sur factures, avec une attente prioritaire de rapidité, de granularité et d’intégration aux outils métiers.

La reconfiguration des cycles de vente et d’encaissement crée des pics de besoin de cash. Les modèles e-commerce, marketplace ou abonnements déplacent la trésorerie vers la fin de chaîne. Un financeur capable de lire les flux en temps réel et de pricer le risque à la journée peut lisser ces écarts sans diluer le capital de l’entreprise.

Qui est defacto et qui la dirige

DeFacto a été cofondée par Jordane Giuly en 2021. La société réunit aujourd’hui une trentaine de collaborateurs et a structuré une plateforme de crédit opérée sous la forme d’une société de financement, avec un dispositif technologique propriétaire pour l’origination et le scoring. Giuly met en avant une vision d’accès au crédit démocratisé, portée par l’open banking et des algorithmes de décision capables d’ingérer des volumes élevés de données transactionnelles.

La direction a confirmé avoir dépassé le seuil du milliard d’euros financés et place la scalabilité via partenariats au cœur de la stratégie, avec une expansion européenne en ligne de mire. L’entreprise cible une rentabilité à horizon 2026 et vise 10 milliards d’euros financés sur trois ans, signe d’une volonté d’ancrage en tant qu’infrastructure B2B de référence.

Chiffres à retenir sur DeFacto

Points clés communiqués par l’entreprise et relayés par la presse spécialisée.

  1. 1 milliard d’euros+ financés, 17 000+ PME servies.
  2. 60 % de l’activité via des partenaires intégrés.
  3. 16 millions d’euros levés récemment, 44 millions d’euros au total depuis 2021.
  4. 300 millions d’euros d’enveloppe de prêts disponibles, soutenue par des partenaires financiers.
  5. Capacité visée à près de 1,8 milliard d’euros d’ici l’été 2025 sur certaines verticales.

Infrastructure full-stack et modèle économique intégrés

La proposition de valeur de DeFacto s’appuie sur une architecture qui internalise les maillons essentiels de la chaîne de crédit. Cet assemblage vise une exécution en temps réel et une maîtrise fine du risque.

  • Scoring propriétaire basé sur l’open banking, avec ingestion automatique de données transactionnelles et comportementales issues des comptes bancaires professionnels.
  • Moteur d’origination développé en interne, conçu pour un onboarding rapide et une expérience utilisateur sans friction.
  • Statut de société de financement encadré par l’ACPR, garantissant une gouvernance prudentielle et des exigences de conformité au niveau attendu des acteurs régulés.
  • Refinancement par fonds de titrisation qui permet de mutualiser et de distribuer le risque, tout en étendant les capacités de production de crédit.

Cette approche se traduit par des avances sur factures et lignes de trésorerie calibrées sur les flux réels. L’algorithme lit la saisonnalité, détecte les ruptures de tendance et ajuste les montants proposés en conséquence. L’objectif opérationnel affiché est de fonctionner sans back-office ni middle-office traditionnels, tout en conservant des garde-fous internes et une auditabilité compatibles avec les attentes des autorités.

La titrisation consiste à regrouper des créances dans un véhicule dédié afin d’émettre des titres vendus à des investisseurs. Pour un prêteur, elle libère du bilan, diversifie les sources de financement et soutient la montée en puissance des volumes, sous réserve de critères de qualité et de reporting sur les portefeuilles cédés.

Distribution embarquée via api et partenariats

DeFacto adopte un modèle API first. La distribution est pensée pour être embarquée dans les outils utilisés au quotidien par les PME, au plus près des flux comptables et de facturation.

  • Canal indirect déjà majoritaire, représentant environ 60 % de l’activité.
  • Connecteurs avec des acteurs de la gestion financière et des plateformes B2B pour proposer le financement au moment le plus pertinent du cycle de vente.
  • Parcours utilisateur intégré qui limite la double saisie et raccourcit la latence entre besoin et décaissement.

Parmi les partenaires intégrés, l’entreprise cite des fintech françaises de premier plan comme Qonto, Malt, Pennylane ou Libeo. Cette distribution en marque blanche ou co-brandée répond à une logique d’acquisition efficiente et d’activation contextuelle des offres de crédit.

Exemple avec qonto

Dans un environnement de banque pro digitalisée, l’API de DeFacto permet de proposer des avances adossées aux flux entrants. L’interface génère un pré-accord en quelques secondes, avec un pricing déterminé par la qualité des encaissements et la stabilité de la relation bancaire.

Pennylane et libeo : financement au cœur de la facturation

Connectées aux outils de comptabilité et de paiement de factures, les offres de crédit s’activent à partir des données de factures émises et des delays d’encaissement. La promesse est d’anticiper le besoin de trésorerie plutôt que d’y répondre tardivement, en s’alignant sur les cycles réels de facturation des PME.

Trois indicateurs sont pertinents pour un prêteur B2B embarqué : 1) la conversion par point d’entrée produit, 2) le coût par dossier financé vs canal direct, 3) la récurrence de l’usage par client. En combinant ces métriques à un scoring dynamique, le prêteur peut ajuster sa grille de prix et prioriser ses intégrations.

Ia et conformité : le moteur de décision sous contrôle

L’intelligence artificielle est centrale dans la chaîne de décision de DeFacto. La fintech recourt à des grands modèles de langage de fournisseurs comme OpenAI, Mistral et Anthropic pour catégoriser les transactions, extraire des données de documents et optimiser les décisions de crédit. Ces briques automatisent des tâches historiquement manuelles, réduisent les délais d’analyse et améliorent la détection d’anomalies.

Sur le plan réglementaire, l’entreprise se prépare au cadre du AI Act européen adopté en 2024, qui considère les systèmes d’IA dans la finance parmi les usages à haut risque. Les autorités nationales, dont l’ACPR, insistent sur des mécanismes de transparence, traçabilité et auditabilité pour l’octroi et le suivi du crédit. DeFacto indique développer des outils pouvant être audités, dans l’objectif de concilier vitesse d’exécution et exigences de conformité.

La tendance de fond est soutenue par des estimations européennes sur l’impact opérationnel de l’IA dans la finance, avec une hypothèse de gain d’efficacité d’environ 20 % d’ici 2030 sur des processus tels que le scoring et la compliance (Commission européenne, 2025).

Trois chantiers dominent pour un acteur de crédit : 1) la documentation des modèles et des jeux de données, 2) la gestion des biais et la non-discrimination dans les décisions, 3) la capacité à expliquer une décision individuelle de crédit. Le tout suppose des logs exploitables et des revues régulières de performance.

Capitaux, enveloppes de prêts et verticales ciblées

Pour soutenir sa croissance, DeFacto a levé 16 millions d’euros, portant les fonds réunis depuis sa création à 44 millions d’euros. L’entreprise a également sécurisé une enveloppe de 300 millions d’euros destinée à financer ses prêts, en lien avec des partenaires tels que Citibank et Viola Credit (FrenchWeb).

La société prévoit d’accroître ses capacités de crédit à près de 1,8 milliard d’euros d’ici l’été 2025, avec une orientation particulière vers le secteur de la défense, comme l’a évoqué la presse économique nationale le 20 mars 2025. Cette montée en puissance s’inscrirait dans une stratégie de diversification par verticales, dans des segments où la fluidité de trésorerie est critique et les cycles de commande exigeants.

Défense : une verticale prioritaire

Les chaînes d’approvisionnement duales, l’allongement des cycles de production et l’intensification des commandes génèrent des besoins de financement court terme spécifiques. La promesse d’une capacité proche de 2 milliards d’euros à l’été 2025 offre un levier d’exécution pour des PME et ETI exposées à ces volumes. L’enjeu sera d’aligner des critères de risque adaptés à la typologie des contrats et aux garanties associées.

Métriques Valeur Évolution
Financements cumulés 1 milliard d’euros+ en hausse depuis 2021
PME financées 17 000+ périmètre élargi
Part de l’activité via partenaires 60 % canal majoritaire
Fonds levés depuis la création 44 millions d’euros +16 millions d’euros récemment
Enveloppe de prêts disponible 300 millions d’euros soutenue par des partenaires
Capacité de crédit visée été 2025 près de 1,8 milliard d’euros accélération annoncée

Environnement français et européen : données, réglementation et relais publics

L’écosystème joue en faveur des acteurs capables d’exploiter la donnée financière dans un cadre régulé.

  • Open banking sous DSP2 qui a multiplié les cas d’usage pour les fintech, en autorisant la récupération sécurisée des données bancaires avec le consentement du client.
  • Facturation électronique qui deviendra obligatoire en France à partir de 2026. Cette réforme renforcera la qualité et la disponibilité des données de factures, ouvrant la voie à des financements adossés à des pièces vérifiées.
  • Programmes publics comme French Tech 2030, qui visent à soutenir des solutions innovantes et souveraines dans la tech, avec un effet de levier sur l’écosystème.
  • Fonds européens 2021-2027 mobilisables pour la transition numérique et l’innovation des PME, susceptibles d’alimenter indirectement la demande de financement court terme.

Les données macro confirment la tension sur la trésorerie des entreprises. Les PME représentent 99,8 % des entreprises non agricoles en France et font face à un besoin de financement à court terme évalué à plusieurs centaines de milliards d’euros annuels. En 2024, l’endettement court terme des PME françaises a progressé de 6 % par rapport à 2023, pendant que le crédit aux PME en Europe a augmenté d’environ 4 %, sans couvrir l’ensemble des besoins post-pandémie.

Les investissements fintech ont poursuivi leur progression en France, avec plus de 2 milliards d’euros levés en 2024 selon les publications de l’autorité de marché, un signal favorable à la consolidation des infrastructures financières B2B.

L’agrégation des comptes autorisée par DSP2 rend possible un scoring dynamique à partir des flux réels. Pour une PME, cela signifie des offres plus proches de la réalité de ses encaissements, avec un pricing ajusté et des décisions plus rapides. Pour le financeur, c’est un signal de risque plus riche que les bilans historiques.

Pour DeFacto, ces évolutions créent un alignement entre la data de facturation, la donnée bancaire et l’infrastructure API. Le résultat attendu est une extension du spectre de clients finançables, y compris des entreprises jeunes mais disposant de flux bancaires réguliers et vérifiables.

Ce que les dirigeants d’entreprise doivent surveiller en 2025 et 2026

Du point de vue des directions financières, trois points retiennent l’attention dans la trajectoire de DeFacto et de ses pairs.

  • Qualité du pricing par rapport aux lignes bancaires classiques. L’algorithme peut proposer de la flexibilité mais la trajectoire de coût dépendra du profil de risque et de l’usage récurrent.
  • Intégration aux outils comptables et de facturation. Le gain de temps réside dans la suppression des doubles saisies et dans l’activation contextuelle du financement.
  • Transparence des décisions d’IA. Les directions financières doivent pouvoir comprendre les critères clés qui déclenchent un accord ou un refus, surtout dans un cadre AI Act où l’explicabilité est attendue.

La montée en charge sur certaines verticales, comme la défense, illustre une stratégie d’adressage de segments à forte intensité de trésorerie. Cette logique sectorielle pourrait s’étendre à d’autres écosystèmes où les délais d’encaissement et la cyclicité des commandes appellent des solutions de crédit plus fines et plus rapides.

Points de vigilance pour un recours au crédit programmatique

Éléments à cadrer en amont d’un déploiement avec un prêteur API first.

  1. Cadre contractuel et clauses de variation tarifaire en fonction du risque.
  2. Politique de données et périmètre de consentement open banking, avec réversibilité.
  3. Règles d’éligibilité par type de facture, client final et concentration de risque.
  4. Processus d’audit pour la traçabilité des décisions automatisées et la gestion des recours.
  5. Articulation avec la facturation électronique dès 2026 pour maximiser la valeur des données.

Cap sur 2026 : vers une infrastructure européenne du crédit court terme

La trajectoire annoncée par DeFacto repose sur des choix clairs : distribution embarquée, IA opérationnelle auditable, titrisation pour étendre les capacités, et licence de financement pour encadrer la croissance. Si la rentabilité en 2026 est atteinte, la fintech pourrait consolider son rôle d’acteur d’infrastructure auprès des banques, factors et assureurs-crédit, tout en ouvrant sa plateforme à d’autres distributeurs.

D’ici là, deux variables seront déterminantes : l’exécution sur les marchés paneuropéens et la capacité à documenter l’IA au niveau attendu par les régulateurs. Les réformes à venir sur la facturation électronique et l’appropriation de DSP2 pourraient fournir un effet de levier supplémentaire à ce modèle en cours d’industrialisation.

Reste à convertir l’avance technologique en standard sectoriel, sans perdre l’exigence de transparence qui conditionne la confiance des PME et des régulateurs.