Levée de fonds de 5 millions d’euros pour Cycloid : conquérir l’international
Découvrez comment Cycloid, spécialiste français du platform engineering, lève 5 M€ et étend sa solution DevOps, FinOps et Green IT à l’international.

Une ambition assumée, un positionnement technologique affirmé et une volonté d’étendre son empreinte au-delà de l’Hexagone : c’est ce que révèle l’annonce publiée par Cycloid. Dans ce communiqué, l’éditeur français détaille une nouvelle levée de fonds qui renforce son statut de spécialiste du platform engineering et confirme son avancée sur le terrain des DevOps, du FinOps et du Green IT.
Une croissance accélérée pour Cycloid : détail de la nouvelle levée de fonds
Cycloid, fondé en 2015, vient de franchir un nouveau palier financier en annonçant une levée de 5 millions d’euros. Ce tour est mené par Réflexion Capital, un fonds d’investissement français, soutenu par cinq business angels tricolores. La société avait déjà sécurisé 3 millions d’euros en 2019, ce qui l’avait aidée à affermir son offre centrée sur l’automatisation des infrastructures et l’optimisation des ressources cloud. Aujourd’hui, le résultat se mesure à ses références clients : plus de 150 grandes entreprises et groupes internationaux lui font confiance, parmi lesquels Siemens, Pernod Ricard, Warner Bros. ou encore CMA CGM.
Pour le PDG et fondateur de Cycloid, Benjamin Brial, la volonté de garder un actionnariat à dominance européenne est manifeste, surtout quand de plus en plus d’institutions publiques de la zone euro manifestent un intérêt prononcé pour les plateformes d’ingénierie « made in France ». Comme l’explique le dirigeant, accueillir aujourd’hui un investisseur américain serait « se tirer une balle dans le pied », car la question de la souveraineté technologique devient cruciale sur le Vieux Continent.
Le socle de la solution : DevOps et portail self-service
Cycloid propose un portail pour les développeurs qui mise sur un agencement « self-service » des projets, tout en simplifiant la gestion des infrastructures, la mise en place de pipelines CI/CD et les déploiements applicatifs. La plateforme se base en grande partie sur des briques open source (dont Terraform pour l’infrastructure-as-code, Kubernetes pour l’orchestration de conteneurs, etc.). L’objectif consiste à automatiser, autant que possible, les opérations DevOps et à fournir un ensemble d’outils pratiques pour rendre les équipes plus autonomes.
Les fonctionnalités principales incluent :
- Déploiement rapide d’instances pour diverses configurations (cloud public, privé ou hybride) ;
- Gestion centralisée des pipelines CI/CD, avec possibilité de construire des workflows sur mesure ;
- Modèles de service réutilisables, pour industrialiser le lancement de nouveaux projets ;
- Inventaire complet des environnements et des ressources disponibles (fichiers Terraform, conteneurs, etc.) ;
- Approche GitOps intégrée, facilitant la traçabilité et la cohérence des déploiements.
Cette solution s’adresse d’abord aux grandes organisations, confrontées à des défis complexes de modernisation IT, de migration vers le multicloud et d’optimisation des coûts. Cependant, les intégrateurs et fournisseurs de services managés constituent également une clientèle prioritaire pour l’entreprise française.
Le platform engineering est la démarche qui consiste à construire et à optimiser une « plateforme » pour standardiser et automatiser les processus de développement, de déploiement et de maintenance logicielle. L’idée : fournir un environnement unifié aux équipes DevOps, au service des objectifs métiers et des exigences de performance.
FinOps et Green IT : des leviers cruciaux de différenciation
L’un des points forts de Cycloid réside dans la combinaison judicieuse de DevOps, de FinOps et de Green IT. Outre la gestion et l’automatisation des ressources, la jeune pousse met en avant des outils dédiés à la maîtrise des dépenses cloud. Concrètement, des modules permettent de visualiser et de comparer les coûts, tout en prévoyant ceux liés aux augmentations de capacité (scaling), qu’il s’agisse de calcul, de stockage ou de bande passante.
En parallèle, Cycloid développe une approche « GreenOps » dont la mission est de réduire l’empreinte carbone des applications. Reconnu par Gartner en septembre 2024, ce module Cloud Carbon Footprint s’efforce de faire converger l’information financière et les données d’impact environnemental. Cette stratégie ne repose pas uniquement sur un argument marketing : la société ambitionne, à terme, de décrocher le statut d’entreprise à mission via la certification B Corp.
Bon à savoir : la philosophie Green IT
Le Green IT privilégie la sobriété numérique : moins d’applications superflues, moins de serveurs sous-exploités, et une consommation énergétique adaptée. Au-delà des objectifs purement financiers, cette démarche encourage une utilisation plus respectueuse des ressources naturelles.
Un intérêt grandissant de la part des entreprises et des institutions publiques
Pour Cycloid, cette orientation résolument écologique et durable renforce son attractivité auprès d’entités publiques et gouvernementales. De fait, ces dernières sont de plus en plus sensibles à la question de la neutralité carbone et aux solutions permettant de répondre simultanément aux impératifs de modernisation et de sobriété. Cela explique la réticence du fondateur à faire entrer des capitaux américains, souvent regardés avec méfiance par les organismes qui exigent une certaine indépendance technologique.
Autre argument : la mise en place d’un portail unifié où les développeurs, les ingénieurs systèmes et les non-spécialistes peuvent collaborer ensemble. L’idée est de proposer une expérience homogène, quel que soit l’outil ou l’environnement utilisé, qu’il s’agisse de VMware, de Kubernetes, ou d’un service cloud particulier. Une telle approche fait écho aux besoins de nombre de DSI qui souhaitent rationaliser la gestion multicloud et se libérer d’une dépendance trop forte envers un seul fournisseur ou un seul éditeur.
Depuis le rachat de VMware par Broadcom, plusieurs hausses de tarifs ont été constatées, créant une incertitude pour les entreprises fortement dépendantes de ces solutions. Certaines cherchent ainsi à gérer plus intelligemment leurs infrastructures en explorant des solutions alternatives ou plus hybrides, d’où l’intérêt de plateformes comme celle de Cycloid qui consolident différents services sous un seul portail.
L’histoire de Cycloid : de la rentabilité à l’ambition globale
En seulement quelques années, Cycloid s’est forgé une place de choix dans le paysage français du platform engineering. Fondée en 2015, la startup affichait déjà une solide progression en 2019 lorsqu’elle annonça sa première levée de 3 millions d’euros. Son modèle a convaincu les premiers investisseurs grâce à la mise en avant d’une synergie complète autour des sujets DevOps et des infrastructures as code.
Au fil du temps, elle a su séduire de grands acteurs industriels (Siemens) ainsi que des multinationales de la distribution et du divertissement (Pernod Ricard, Warner Bros.), jusqu’à atteindre la barre des 100 clients en 2022. Aujourd’hui, la société revendique plus de 150 clients, preuve d’un décollage commercial accéléré.
Mais ce n’est pas tout : la firme explique avoir atteint la rentabilité avant même la seconde levée de fonds. Cet équilibre économique, couplé à la volonté de conserver une croissance maîtrisée, illustre la philosophie prudente du management, moins enclin à suivre la course effrénée des « licornes » californiennes.
Une stratégie en deux volets : Europe et États-Unis
Pour renforcer cette dynamique, Cycloid mise sur une stratégie duale. D’un côté, l’entreprise intensifie ses efforts en Europe, en particulier au nord et au sud du continent. L’objectif est de recruter des équipes commerciales dédiées et de consolider un réseau de partenaires intégrateurs (Accenture, Capgemini, Orange Business, Sopra Steria, Arrow, etc.) afin de répondre aux demandes locales.
Parallèlement, Cycloid ambitionne de pénétrer le marché américain sur un mode progressif. L’équipe dirigeante se refuse à un déploiement massif de commerciaux, préférant un accompagnement qualitatif des clients déjà présents sur place. Selon les estimations de la société, 60 % de ses clients et contacts prospects viennent d’outre-Atlantique, et l’éditeur souhaite passer d’environ 70 clients aux États-Unis à plus de 300 dans les prochaines années. Pour y parvenir, une petite dizaine de collaborateurs pourraient être recrutés sur le sol américain, tandis que des efforts de marketing ciblé sont déjà prévus.
Bon à savoir : le label B Corp
Le label B Corp est attribué aux entreprises qui répondent à des exigences sociales et environnementales strictes, tout en maintenant des standards élevés de transparence et de responsabilité. Obtenir ce certificat signifie que la société ne se contente pas de poursuivre des bénéfices financiers, mais s’engage également à créer un impact positif pour ses employés, la communauté et l’environnement.
La course aux talents et la culture DevOps
Si Cycloid ambitionne d’avoir entre 150 et 200 employés d’ici trois ans, le recrutement se fera au diapason de la culture DevOps que promeut la plateforme. Trouver des profils capables de manier l’infrastructure as code, l’automatisation des déploiements et la gestion multicloud requiert une expertise de plus en plus rare sur le marché. Le dirigeant de l’entreprise, quant à lui, insiste sur l’aspect culturel de la démarche : fusionner des équipes historiquement opposées (développeurs et opérationnels) peut représenter un défi majeur si les responsables ne s’appuient pas sur une plateforme unifiée et des processus bien établis.
Les entreprises qui se sont lancées seules dans le développement d’un portail de platform engineering rencontrent parfois des difficultés à maintenir le projet sur le long terme. D’après le State of DevOps Report 2024 publié par Google Cloud, le retour sur investissement devient incertain au-delà de trois ans, si un trop grand nombre de personnes restent mobilisées sur un unique projet interne. C’est précisément ce que veut éviter Cycloid : fournir une solution prête à l’emploi, laquelle résout la plupart des problématiques courantes, tout en demeurant ouverte aux personnalisations spécifiques.
DevOps : Méthodologie qui rapproche les équipes de développement (Dev) et les équipes opérationnelles (Ops) afin d’accélérer et de fiabiliser le cycle de vie applicatif.
FinOps : Approche visant à mieux contrôler les coûts liés à l’informatique et au cloud, par une analyse fine de la consommation et des ressources.
GreenOps : Extension du FinOps intégrant la dimension écologique, en cherchant à réduire l’empreinte carbone et à promouvoir la sobriété numérique.
Des développements techniques en perspective
L’horizon immédiat de Cycloid s’articule autour de l’intégration plus poussée de systèmes tiers, afin de s’adapter à la multiplicité des back-ends existants et des systèmes d’information spécifiques. Concrètement, l’éditeur veut mettre en place des plugins dédiés, qui faciliteront la remontée d’information depuis les services d’infrastructure ou les outils internes développés par certains grands comptes.
À plus long terme, l’intelligence artificielle pourrait devenir un pilier supplémentaire de la plateforme, notamment via l’intégration de modèles spécialisés pour les métiers de l’IT. Toutefois, la jeune pousse fait preuve de prudence à ce sujet : selon son fondateur, les grands modèles de langage existants sont trop gourmands en ressources et ne sont pas compatibles, en l’état, avec un impératif de sobriété. Cycloid entend donc attendre la maturité de solutions plus légères et ciblées avant de les adopter.
Un marché DevOps sous contrainte économique
Il est indéniable que le marché du DevOps subit les contrecoups d’un contexte économique tendu, avec une pression accrue sur les budgets et un besoin urgent de rationaliser les dépenses. Les entreprises, surtout les plus grandes, cherchent des moyens concrets de réduire leurs coûts d’infrastructure sans compromettre leur transformation digitale ni leur compétitivité.
Cycloid, en mêlant FinOps et GreenOps, répond à cette préoccupation. Son portail unifié permet d’identifier rapidement les postes de dépenses superflues, tout en offrant la possibilité de prioriser l’efficacité énergétique. Cette double approche séduit aussi bien les groupes industriels que les institutions publiques, soumises elles aussi à des impératifs de budget et de responsabilité sociétale.
D’aucuns évoquent un recul général des investissements dans la tech à l’échelle internationale. Cependant, si l’on en croit l’expérience de Cycloid, les entreprises ne renoncent pas à investir dans la modernisation de leur SI : elles cherchent plutôt des solutions qui cochent plusieurs cases (agilité, réduction de l’empreinte environnementale, rationalisation financière, etc.). Ainsi, le positionnement de platform engineering semble s’inscrire dans une tendance de fond et pourrait connaître un essor soutenu dans les années à venir.
Les partenaires : un levier de croissance stratégique
Au-delà de sa base de clients finaux, Cycloid s’appuie sur un écosystème de partenaires intégrateurs et de fournisseurs de services managés qui facilitent la mise en œuvre de la plateforme chez des clients aux problématiques spécifiques. Ce choix s’avère pertinent, dans la mesure où de grandes entreprises privilégient souvent un accompagnement complet lors de projets de transformation numérique (de l’étude préalable jusqu’à la conduite du changement).
C’est surtout en Europe que Cycloid souhaite renforcer son réseau. Le continent est propice à l’émergence de nouveaux services, en particulier dans le secteur de l’IT durable. Aux États-Unis, le modèle repose plus largement sur l’intégration interne, d’où l’intérêt de progresser de manière mesurée pour s’adapter aux cultures et standards locaux sans disperser les ressources.
Zoom sur le rôle des MSP (Managed Service Providers)
Les MSP accompagnent les entreprises dans la gestion de leur IT au quotidien. Ils gèrent les opérations de maintenance, de sécurité, d’automatisation, et offrent des services de conseil pour optimiser l’infrastructure. Collaborer avec un MSP permet à des éditeurs comme Cycloid d’accélérer leur pénétration du marché, surtout lorsque les équipes internes du client ne disposent pas d’une expertise DevOps ou FinOps avancée.
Une gouvernance raisonnée pour consolider l’avenir
Loin de l’euphorie typique de certaines startups, Cycloid défend une vision pragmatique de la croissance. Il n’est pas question de recruter à outrance ni de déployer un maillage commercial trop large, sous peine de perdre la qualité de service et l’ADN de la société. Cette rigueur se reflète dans le discours de son fondateur, qui préfère consolider chaque nouvelle étape pour maintenir le cap de la rentabilité.
Par ailleurs, obtenir l’agrément B Corp est une démarche ambitieuse, car elle soumet l’entreprise à un audit exigeant sur ses pratiques environnementales, sociales et économiques. Cycloid y voit un moyen de se démarquer durablement sur un marché concurrentiel, en prouvant que les enjeux de responsabilité sociétale ne sont pas de simples slogans mais un engagement pérenne. Cette cohérence entre la mission affichée et la réalité opérationnelle pourrait inciter d’autres entreprises à franchir le pas.
Des investissements pour l’innovation et la sobriété numérique
Avec les 5 millions d’euros fraîchement obtenus, Cycloid compte accélérer ses travaux de R&D pour proposer davantage de fonctionnalités orientées sobriété numérique. L’équipe technique prévoit notamment de mieux analyser l’empreinte carbone des déploiements, grâce à des métriques encore plus fines. Des tableaux de bord pourraient, à l’avenir, permettre aux DSI et CFO de comparer plusieurs scénarios de déploiement, en intégrant le coût financier et l’impact environnemental de chaque option.
Cette logique de transparence est au cœur de la proposition de valeur de Cycloid. Elle se veut opposée au mode de fonctionnement « boîte noire » de certains fournisseurs cloud, qui facturent un service tout-en-un sans forcément communiquer sur la répartition des coûts ou l’origine des émissions de CO2. En définitive, l’ambition est d’outiller les décideurs pour qu’ils puissent faire des choix éclairés, s’agissant à la fois des dépenses et de la responsabilité environnementale.
Reflets futurs de Cycloid et de l’écosystème DevOps
L’avenir semble prometteur pour Cycloid, qui a su marier l’efficacité opérationnelle (avec sa plateforme DevOps clé en main) et l’aspiration à la sobriété numérique. En restant concentrée sur des marchés stratégiques (Europe et, plus prudemment, États-Unis), la société espère atteindre rapidement un nouvel équilibre financier : rentabilité, progression du chiffre d’affaires et reconnaissance internationale de ses solutions.
Avec ses 150 clients et ses ambitions de recruter de 5 à 10 personnes au sein de son pôle américain, Cycloid prouve qu’il est possible de concilier une croissance réaliste et la volonté de se développer sur un marché ultra-concurrentiel. La plus grande inconnue porte sur la capacité à démocratiser davantage le concept de platform engineering, dont le rôle reste parfois flou pour les entreprises moins technophiles. Toutefois, grâce à la convergence DevOps-FinOps-GreenOps, l’éditeur semble trouver de solides relais de croissance, en particulier dans un monde où la vigilance budgétaire et écologique prime.
En définitive, l’expérience de Cycloid incarne la voie d’un platform engineering responsable, prouvant qu’innovation, performance et sobriété peuvent coexister et ouvrir de nouvelles perspectives dans l’écosystème numérique.