Record de créations d'entreprises en France en août 2025
Découvrez la dynamique entrepreneuriale en France avec plus de 102 000 créations d'entreprises en août 2025 malgré un contexte incertain.

+2,6 % en août 2025 et un nouveau passage au-dessus des 100 000 créations en un mois : la dynamique entrepreneuriale accélère en France. L’Insee acte un palier inédit, déjà franchi en juillet, confirmant la vigueur des immatriculations malgré une confiance dégradée et des incertitudes budgétaires.
Record chiffré : deux mois au-dessus de 100 000 créations
L’Insee a comptabilisé 102 961 créations d’entreprises en août 2025, après 100 330 en juillet, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. Le rythme s’accélère à +2,6 % en août, contre +0,8 % un mois plus tôt. Fait historique, la barre symbolique des 100 000 créations mensuelles est franchie pour la deuxième fois consécutive depuis le début de la série statistique en 2000 (Insee, 18 septembre 2025).
La statistique ne doit rien à un simple effet calendaire. L’institut souligne explicitement que les séries sont corrigées des variations saisonnières et des effets de jours ouvrables, critère clé pour juger d’une tendance avérée et non d’un accident conjoncturel.
« En août 2025, le nombre total de créations d’entreprises […] augmente, plus rapidement qu’au mois précédent (+2,6 % après +0,8 %). Il dépasse le seuil des 100 000 créations mensuelles pour la première fois depuis le début de la série (2000). » Cette précision du communiqué du 18 septembre 2025 souligne l’ampleur du phénomène.
Chiffres clés d’août 2025
- 102 961 créations en août, après 100 330 en juillet.
- Variation mensuelle totale : +2,6 % (après +0,8 % en juillet).
- Micro-entrepreneurs : +3,6 % en août (après +1,4 %).
- Sociétés : +1,9 % (après +0,2 %).
- Entreprises individuelles classiques : -0,3 %.
- Glissement annuel 12 mois (septembre 2024-août 2025) : +0,6 % au total.
- Cumul janvier-août 2025 : 757 000 créations, contre 743 000 sur la même période en 2024.
Les corrections dites CVS-CJO neutralisent les effets de calendrier (jours fériés, profil des jours de la semaine, saisonnalité récurrente) afin de rendre les mois comparables entre eux. Cette méthode évite de surinterpréter un pic ou un creux liés à des congés ou à un calendrier atypique, et permet d’isoler l’évolution sous-jacente de la création d’entreprises.
Micro-entrepreneurs et sociétés : les deux moteurs de la hausse
Micro-entrepreneurs en surmultipliée
Les immatriculations de micro-entrepreneurs bondissent de +3,6 % en août, après +1,4 % en juillet. Ce régime continue d’agir comme un amortisseur et un accélérateur à la fois. Amortisseur, car il permet d’entrer rapidement sur le marché avec une charge administrative réduite. Accélérateur, car il soutient des activités orientées services et B2B où le ticket d’entrée est faible.
Sur douze mois glissants, les créations au régime micro progressent de +1,9 %. Cette traction explique une partie substantielle du dépassement du seuil des 100 000. En toile de fond, la montée des activités de prestations et le recours aux statuts agiles en période d’incertitude renforcent ce choix.
Sociétés : une progression qui se confirme
Les créations de sociétés accélèrent à +1,9 % en août, après une quasi-stagnation à +0,2 % en juillet. La hausse demeure plus modérée que celle des micro-entrepreneurs, mais elle s’inscrit dans une trajectoire +1,8 % sur douze mois glissants. L’épisode valide une forme d’arbitrage: des projets avec besoin de capital, de gouvernance et de crédibilité commerciale optent pour une société malgré l’environnement de taux et les signaux mitigés de la demande.
Entreprises individuelles classiques : un reflux persistant
Le segment des entreprises individuelles hors micro recule de -0,3 % en août, confirmant une tendance baissière marquée sur un an (-10,8 %). L’écosystème français bascule vers des formes plus flexibles et lisibles fiscalement, qui permettent de tester des marchés ou de diversifier une activité salariée sans immobiliser trop de ressources au démarrage.
Le régime micro séduit par sa simplicité. En 2025, les seuils de chiffre d’affaires sont de 77 700 euros pour les prestations de services et de 188 700 euros pour les activités de vente.
Les cotisations sociales sont calculées sur le chiffre d’affaires réellement encaissé, sans comptabilité complexe. Ce cadre réduit le risque au démarrage, favorise la reconversion et facilite l’entrée de prestataires autonomes sur des marchés B2B en croissance.
Secteurs : rebonds et replis contrastés
Industrie et services aux entreprises en tête
L’industrie enregistre une nette reprise avec +5,7 % en août, effaçant la chute de -9,7 % du mois précédent. Cette correction s’accompagne d’un regain marqué dans les activités de soutien aux entreprises, en hausse de +4,5 % (après +1,8 %). Signal important pour les investisseurs: le tissu productif et les services B2B absorbent les incertitudes plus efficacement que prévu, probablement grâce à des projets différés réactivés et à des besoins d’externalisation.
Services aux ménages : un rebond à confirmer
Les services aux ménages progressent de +4,1 % en août, après une contraction de -1,7 %. Le profil évoque un rattrapage technique plus qu’un changement de régime durable. Dans un contexte de pouvoir d’achat contraint, la trajectoire à l’automne sera déterminante pour juger de la solidité de la demande domestique.
Finance, assurance, santé-éducation : des freinages sensibles
Des replis sont observés dans les activités financières et d’assurance (-2,3 % après +2,3 %) et dans l’enseignement, la santé et l’action sociale (-5,1 % après +2,9 %). Ces branches réagissent plus fortement aux changements réglementaires et à la visibilité budgétaire. Elles peuvent aussi refléter des effets de seuils professionnels et de certification, qui ralentissent les projets d’installation.
Un mois peut refléter un effet de rattrapage ou un ajustement après un choc. Pour juger de la tendance, confrontez l’évolution de chaque branche à son mois précédent et à son profil sur 12 mois. L’industrie, par exemple, alterne des épisodes plus volatils, tandis que les services B2B s’ajustent rapidement à la demande des entreprises, d’où des amplitudes parfois supérieures aux services aux ménages.
Indicateurs sur douze mois et cumul annuel
Une progression modeste mais positive sur un an
De septembre 2024 à août 2025, le nombre total de créations progresse de +0,6 %. Derrière ce chiffre modéré se cache un double mouvement: la montée des micro-entrepreneurs (+1,9 %) et des sociétés (+1,8 %), contrebalancée par le recul marqué des entreprises individuelles classiques (-10,8 %). La structure des créations se transforme, avec une préférence affirmée pour les formats agiles.
Huit premiers mois 2025 au-dessus de 2024
Sur la période janvier-août, la France compte 757 000 nouvelles entreprises, contre 743 000 un an plus tôt. La hausse globale de +1,9 % sur le cumul confirme que la dynamique ne se résume pas à un feu de paille estival. À ce stade, la barre des 100 000, franchie deux fois, agit comme un seuil psychologique qui peut entretenir la dynamique d’entrée sur le marché.
À signaler enfin un fait structurel rappelé par les données: les micro-entrepreneurs représenteraient environ 60 % des créations en 2025. Cette part souligne un arbitrage persistant en faveur de la simplicité administrative et de la capacité d’itérer rapidement un modèle d’affaires.
Cadre public et financement : leviers et limites
Prévisibilité administrative et charges sociales allégées
Du côté des dispositifs, l’ACRE - exonération partielle de charges sociales à l’entrée - a été prolongée jusqu’en 2026 par un décret publié le 15 juillet 2025. Ce maintien conforte l’attractivité du passage à l’acte entrepreneurial, en particulier pour les primo-créateurs et les reconversions. Par ailleurs, la loi PACTE de 2019 continue de simplifier les démarches, notamment via le guichet unique de l’INPI pour les formalités.
Financement des jeunes pousses et signal french tech
Sur le front du capital, la French Tech fait état d’une hausse de 15 % des levées au premier semestre 2025, selon un communiqué du ministère de l’Économie daté du 10 septembre 2025. Cette vigueur ne signifie pas pour autant un accès fluide pour tous les projets, mais elle indique que les investisseurs demeurent en recherche d’actifs de croissance, notamment sur des verticales technologiques.
Macroéconomie : croissance révisée, confiance fragile
L’Insee a relevé sa prévision de croissance 2025 à 0,8 % (publication du 11 septembre 2025), malgré une confiance atone chez les ménages et les entreprises. Le paradoxe apparent - moral en berne et créations en hausse - s’explique partiellement par une adaptation du marché du travail, un développement de l’auto-entrepreneuriat et la recherche de complément de revenus ou de diversification d’activité.
Pérennité et choix de la forme juridique
Selon une étude de l’Insee sur la cohorte 2018, 69 % des entreprises créées (hors micro-entrepreneurs) sont encore actives cinq ans après leur lancement. Cette donnée plaide pour des structures capitalistiques lorsqu’un projet vise une montée en puissance rapide, des besoins de financement récurrents ou des partenariats B2B exigeants en termes de crédibilité (Insee Première, 3 septembre 2025).
Ce qu’il faut suivre d’ici fin 2025
Deux points d’attention ressortent. D’une part, la tenue des services aux ménages à l’automne, crucial pour mesurer la diffusion de la reprise vers la demande finale.
D’autre part, les arbitrages budgétaires à venir, qui pourraient influencer les créations dans les secteurs régulés et la trajectoire des aides à l’amorçage. La répétition du seuil des 100 000 envoie un signal de résilience, mais sa durabilité dépendra de la visibilité macro et réglementaire.
Un nouvel afflux de créateurs traduit autant une capacité d’adaptation qu’une exigence de résultats: la prochaine photographie de l’Insee dira si le cap reste haussier.