La levée de fonds de la série A est significative pour une entreprise encore très jeune. Corteria Pharmaceuticals, une biotech basée à Paris, a récemment réussi à obtenir un financement de 65 millions d'euros, après avoir déjà recueilli 15 millions d'euros en phase d'amorçage. Cette opération a été dirigée conjointement par le fonds d'investissement américain OrbiMed et le français Jeito Capital, avec la participation de tous les investisseurs déjà présents (Kurma Partners, Fountain Healthcare Partners, V-Bio Ventures, Invivo Capital et Omnes Capital). Cette nouvelle injection de capital permettra à la jeune entreprise de faire progresser son premier programme en direction des essais cliniques.

Une startup provenant de la R&D cardiovasculaire de Sanofi

« La création de l’entreprise fait suite à l’arrêt - uniquement pour des raisons stratégiques - de la R&D cardiovasculaire par Sanofi », explique Philip Janiak, fondateur et président de Corteria, mais aussi ancien directeur de recherche cardiovasculaire chez Sanofi. « Nous avons sélectionné les deux programmes les plus prometteurs pour pouvoir les poursuivre, en prenant ces programmes sous licence », poursuit-il.

En plus de ces deux programmes, la biotech a également lancé un troisième programme, développé en interne. Tous ont le même objectif : traiter les formes graves de l'insuffisance cardiaque, une maladie touchant 60 millions de personnes dans le monde et dont l'incidence ne cesse d'augmenter.

Pour son programme le plus avancé, Corteria a décidé de se concentrer sur une sous-population de patients souffrant d'une forme grave d'insuffisance cardiaque, soit environ 20 % des patients chroniques qui présentent des symptômes particulièrement sévères tels que :

  • La congestion respiratoire ;
  • Une grande difficulté à respirer ;
  • Un gonflement des jambes ;
  • Une forte fatigue.

L'insuffisance cardiaque : une pathologie difficile à traiter

L'insuffisance cardiaque est une complication qui touche le cœur, les poumons et les reins, entraînant souvent des hospitalisations fréquentes et l'affaiblissement du patient. C'est une condition qui détériore la qualité de vie et présente un taux de mortalité similaire à celui observé dans le cancer du poumon.

Corteria développe trois molécules pour agir sur les mécanismes associés à ces formes graves d'insuffisance cardiaque, dont deux sont des agonistes de CRF2 (récepteur de l'hormone corticotrope libératrice 2), un récepteur impliqué dans la régulation des équilibres cardio-rénaux, contribuant ainsi à la réduction de l'œdème et de la congestion.

Philip Janiak explique que « Par rapport à la molécule naturelle, nous l’avons stabilisée et rendue administrable par voie sous-cutanée, avec une très longue durée d’action ». Bien que d'autres laboratoires empruntent cette voie, Corteria précise « qu’à sa connaissance, nous sommes les plus avancés. ». Quant à son troisième programme, il se concentre sur le développement d'un candidat-médicament visant à neutraliser la vasopressine, une hormone impliquée dans de nombreuses complications de l'insuffisance cardiaque, particulièrement liées à l'hyponatrémie (taux sanguin anormalement bas de sodium). Grâce à cette levée de fonds de 65 millions d'euros, Corteria a l'intention de progresser rapidement et de manière proactive vers les essais cliniques.

2025 : une phase II de prévue

« Le premier programme CRF2 dans le traitement de l’aggravation de l’insuffisance cardiaque va rentrer en clinique en début d’année prochaine, suivi, neuf mois plus tard, du deuxième programme dans le traitement de l’insuffisance cardiaque droite. Nous espérons démarrer une phase II pour le premier programme dès 2025 », projette Philip Janiak.

Avec une situation financière solide, Corteria a les moyens de financer les deux premières phases de développement, ainsi que les phases I de ses deux autres programmes. L'intérêt croissant pour Corteria reflète également un regain d'intérêt pour le domaine des maladies cardiovasculaires, avec des synergies émergentes avec des traitements de maladies métaboliques, comme l'antidiabétique sémaglutide de Novo Nordisk, qui a récemment été évalué pour son efficacité dans le traitement de l'insuffisance cardiaque.