Connektica : une levée de fonds qui transforme l’avenir industriel
De Toulouse à Montréal, Connektica accélère la production industrielle. 3 M€ pour automatiser, sécuriser et repenser l’avenir du secteur.

Sur le communiqué de Connektica, on découvre qu’une levée de fonds de 3 millions d’euros vient d’être bouclée pour renforcer la digitalisation des processus industriels au sein de la filière aérospatiale et, plus largement, dans l’aéronautique et la défense. Mais derrière cette annonce, se cache aussi l’émergence d’une nouvelle façon de gérer la production de bout en bout : standardisation, automatisation et coordination des chaînes logistiques à grande échelle. Cet article décrypte en profondeur la stratégie de Connektica, ses perspectives de croissance et les enjeux qui entourent cette transformation industrielle dans un environnement en mutation constante.
Un paysage industriel en quête de standardisation
L’actualité industrielle en France et au Canada est marquée depuis quelques années par une volonté d’améliorer la compétitivité et de raccourcir les cycles de production pour répondre à une demande grandissante, particulièrement dans le spatial et la défense. Les entreprises, aussi bien les grands groupes que les PME, cherchent à développer des modèles de production capables de monter rapidement en puissance.
Cette évolution s’observe notamment dans le secteur spatial, où la course à l’innovation a longtemps été dominée par des programmes gouvernementaux et de grands industriels. Les pratiques étaient alors très manuelles et soumises à un contrôle qualité extrêmement poussé. Aujourd’hui, l’enjeu se déplace vers la production en plus grande série et la réduction des coûts, à l’image de la tendance « NewSpace », qui prône la conception de satellites standardisés, produits à un rythme intensif, avec une chaîne d’assemblage optimisée.
Dans la foulée, on observe des stratégies similaires dans la défense, un secteur qui fait face à un renforcement des capacités militaires en Europe et au Canada, en raison des impératifs de sécurité et de souveraineté. La multiplication des programmes de drones, de missiles et de dispositifs satellitaires nécessite ainsi un outil industriel mieux préparé, apte à fournir des équipements complexes en plus grand volume. La volonté de standardiser les processus est donc partagée par plusieurs branches de l’industrie.
Or, cette dynamique n’est pas triviale. Pour une PME, parvenir à industrialiser rapidement ses lignes de production revient à concilier deux horizons : la customisation (liée à l’expertise, aux certifications, etc.) et la standardisation (qui rend possible une production à grande échelle). C’est précisément dans ce contexte que Connektica intervient, avec un positionnement offrant un MES (Manufacturing Execution System) complet, une automatisation poussée et un pilotage en temps réel sur la totalité de la chaîne de valeur.
Dans l’industrie, la standardisation vise à définir des processus reproductibles pour que chaque étape de production reste constante en termes de qualité et de performance. Elle favorise la réduction des coûts, la diminution des délais et une simplification de la formation des équipes, tout en maintenant un niveau de qualité élevé.
La pérennité de la standardisation réside donc dans sa capacité à concilier rigueur technique et souplesse logistique. Les entreprises en quête d’expansion y voient un levier essentiel pour pouvoir rivaliser avec les grands acteurs mondiaux du secteur. Dès lors, l’objectif ne se limite plus à produire plus, mais à produire mieux et plus vite, avec une fiabilité accrue sur l’ensemble des composants et des sous-ensembles indispensables aux secteurs sensibles comme l’espace, l’aéronautique et la défense.
L’ambition de Connektica : accompagner la nouvelle ère de la fabrication
Connektica est née en 2019 d’un double ancrage : Montréal, pour son dynamisme technologique et sa proximité avec l’écosystème canadien de l’aérospatiale, et Toulouse, symbole de l’excellence aéronautique et spatiale en France. Cette jeune pousse franco-canadienne a rapidement misé sur une approche intégrée : délivrer un ensemble d’outils numériques permettant aux fabricants de gérer leurs lignes de production, d’automatiser les tests et d’unifier leurs flux de données.
Pour répondre aux exigences de secteurs où la fiabilité prime, Connektica propose une plateforme en mode SaaS (hébergée dans le cloud) qui centralise toutes les procédures d’assemblage, les séquences de test automatisées, et offre un pilotage qualité fondé sur des datas consolidées. L’idée maîtresse est de garantir à la fois la traçabilité complète et la capacité de déploiement rapide sur plusieurs sites. Cet atout se montre particulièrement décisif dans le spatial, là où un seul dysfonctionnement peut coûter des dizaines de millions d’euros, voire compromettre le succès d’une mission.
En pratique, les industriels qui adoptent Connektica gagnent en flexibilité et en vitesse de déploiement. Plus besoin d’ajuster manuellement chaque étape de test ni de compiler de multiples feuilles de calcul : tout se fait de manière intégrée, avec des rapports instantanés qui révèlent l’état de chaque poste de production. Mieux encore, la startup met l’accent sur la capacité à contrôler ses fournisseurs en temps réel. Dans un secteur où la moindre pièce défectueuse peut causer un retard colossal, disposer d’une visibilité sur l’amont de la chaîne constitue un avantage concurrentiel considérable.
Selon Jérémy Perrin, directeur général et cofondateur de Connektica, cette solution a déjà séduit plusieurs acteurs majeurs, notamment en France, au Canada et aux Pays-Bas, parmi lesquels on retrouve Anywaves et U-Space. Ces références démontrent la solidité de l’approche et la volonté des PME spatiales d’investir dans des dispositifs éprouvés pour accroître leur productivité. Dans un marché désormais poussé par la montée en cadence, cette plateforme veut s’imposer comme le pilier incontournable pour passer de la production à petite échelle à un rythme beaucoup plus soutenu.
Avec l’essor du « NewSpace » et les nouvelles exigences de défense, c’est bien le moment pour une telle plateforme de capitaliser sur son avance technologique. De nombreuses entreprises se trouvent en quête d’une solution unifiée capable de regrouper des briques logicielles souvent éparpillées (supervision, test, planification, supply chain management, etc.). En ce sens, Connektica se positionne comme un guichet unique spécialisé dans la coordination d’assemblage et le pilotage qualité en temps réel.
Bon à savoir : la notion de verticalisation de la supply chain
Le concept de verticalisation consiste à internaliser des pans entiers de la chaîne d’approvisionnement afin de gagner en autonomie, en réactivité et en maîtrise des coûts. Il implique de contrôler non seulement la production, mais aussi la logistique et, parfois, la R&D. Pour les PME, c’est un moyen d’éviter les dépendances critiques, à condition de disposer des bons outils de gestion et de suivi.
Cette approche fonctionne chez les géants de l’industrie, mais les petites structures peinent souvent à l’instaurer de manière rentable. C’est ici que Connektica entend jouer un rôle clé, en fournissant la brique numérique et l’expertise pour que les PME puissent verticaliser leur chaîne d’approvisionnement sans pour autant supporter les coûts d’un développement interne massif.
Un logiciel tout-en-un : de la supervision au test automatisé
Si l’on veut comprendre la valeur ajoutée de Connektica, il faut d’abord saisir l’étendue de son offre. La plateforme entend couvrir toutes les étapes d’un processus de production industriel :
- La planification et l’ordonnancement : permettre aux opérateurs de savoir, à chaque instant, quelles tâches doivent être exécutées et dans quel ordre.
- L’exécution et l’automatisation des tests : vérifier en continu la qualité des assemblages et effectuer des contrôles en simultané sur plusieurs chaînes.
- La gestion de la qualité et la traçabilité : identifier rapidement l’origine d’un défaut et conserver une historique complète de chaque pièce.
- Le reporting en temps réel : générer des tableaux de bord facilitant la prise de décision sur l’ensemble des lignes de production.
- L’interfaçage avec les fournisseurs : suivre, chez les sous-traitants, la progression de leur propre production et anticiper les éventuels retards ou aléas.
Cette combinaison de fonctionnalités cherche à répondre à deux grandes problématiques : comment maintenir la rigueur indispensable à des secteurs exigeants comme l’aérospatiale, tout en gagnant la souplesse nécessaire pour produire davantage et plus vite ? Les méthodes de production artisanales étaient difficilement transposables à une échelle plus large sans générer d’innombrables goulots d’étranglement. En automatisant les contrôles et en centralisant les données, Connektica offre un gain de temps et de sérénité pour les équipes de production.
Dans l’industrie spatiale, chaque composant doit être certifié et les processus de tests doivent être documentés pour assurer la fiabilité. La traçabilité intégrale permet de relier chaque pièce à un lot, une date et un opérateur spécifique. En cas d’incident, l’entreprise peut remonter la chaîne rapidement, identifier la cause et prendre les mesures correctives appropriées.
Du point de vue financier, cette automatisation réduit non seulement les coûts de non-qualité, mais aussi les pertes de temps liées à la reprise de pièces défaillantes. Au niveau légal, la conformité aux normes strictes (que ce soit l’ISO 27001 pour la sécurité de l’information, ou d’autres standards de l’aéronautique et de la défense) devient plus aisée à démontrer. Chaque test et chaque étape d’assemblage est documenté et horodaté, ce qui facilite la constitution de dossiers de certification.
Pour la cybersécurité, Connektica anticipe déjà la montée en puissance des exigences réglementaires : le renforcement des protocoles (cryptage des données, authentification multi-facteurs) et la validation par des audits sont en cours de préparation. Cette démarche s’inscrit dans un mouvement d’ensemble où l’intégrité des données industrielles devient un facteur stratégique. Les retombées peuvent être décisives dans les discussions commerciales : les donneurs d’ordre préfèrent souvent choisir un fournisseur disposant de solutions qualifiées et conformes aux référentiels internationaux de sécurité.
3 millions d’euros : un levier pour élargir les horizons
Le nouvel investissement de 3 millions d’euros obtenu par Connektica a pour objectif de doubler la mise sur son développement commercial et technologique. Avec des références solides dans le spatial, la startup compte élargir son marché cible vers l’aéronautique et la défense. Au-delà de ces deux domaines, l’entreprise n’exclut pas d’explorer d’autres segments où la traçabilité et la production en série sont tout aussi critiques.
La stratégie repose sur un triple axe :
- Renforcer les fonctionnalités du produit pour répondre aux besoins spécifiques de nouveaux secteurs, par exemple en intégrant des protocoles ou des normes propres à l’aéronautique.
- Muscler l’équipe de R&D pour maintenir une avance technologique, notamment sur la partie test automatisé et l’analyse de données.
- Accélérer la prospection commerciale, en France et à l’international, pour atteindre l’objectif de 100 clients PME d’ici à l’horizon 2028.
La France encourage l’innovation dans l’industrie grâce à plusieurs dispositifs de financement (BPI, prêts, subventions, etc.). Les secteurs stratégique comme l’aéronautique et la défense bénéficient également de soutiens spécifiques pour soutenir la souveraineté technologique et sécuriser les chaînes d’approvisionnement nationales.
Derrière ces axes, on discerne un vrai potentiel de croissance : la montée en charge rapide permet aux PME d’être plus réactives face aux commandes publiques ou privées. Au niveau macro-économique, l’enjeu est de taille : pour diminuer leur dépendance aux fournisseurs étrangers, les pays européens et le Canada souhaitent consolider des écosystèmes industriels robustes et capables de produire de grandes quantités de matériel tout en respectant des exigences drastiques (qualité, sécurité, respect environnemental, etc.).
Sur le plan juridique, les industries sensibles (défense, spatial) doivent se conformer à un cadre réglementaire strict, où la traçabilité et la sécurité des données sont placées au premier plan. Connektica s’engage à certifier sa plateforme afin de répondre aux exigences ISO 27001, une démarche qui rassure les acteurs institutionnels souvent réticents à souscrire à des solutions non certifiées.
L’objectif chiffré visé est d’atteindre 3 millions d’euros de revenu récurrent d’ici 2028, signe d’une ambition assumée de se positionner comme un acteur incontournable dans la numérisation des processus industriels. Pour y parvenir, la startup mise sur un argument fort : ses clients auront la capacité d’industrialiser leurs processus sans renoncer à leur flexibilité. C’est ce qui séduit déjà plusieurs entreprises : accroître la cadence de production, certes, mais sans perdre en rigueur ni en traçabilité.
Bon à savoir : pourquoi lever 3 millions d’euros ?
Une levée de 3 millions d’euros peut sembler modeste comparée à d’autres deals supérieurs à 10 ou 50 millions, mais dans le contexte d’une jeune entreprise B2B en phase d’expansion, c’est un montant ciblé pour financer le déploiement commercial, le recrutement et l’adaptation technologique à de nouveaux marchés. C’est aussi un signe de crédibilité qui facilite les discussions avec des partenaires stratégiques.
Enfin, Connektica prévoit de doubler ses effectifs dans les trois prochaines années. Ce renforcement des équipes va de pair avec l’élargissement de son offre sur d’autres marchés, sans perdre de vue son ADN : apporter une plateforme user-friendly et adaptée aux critères exigeants de l’industrie spatiale, aéronautique et défense.
Du spatial à la défense : un marché ouvert aux solutions novatrices
L’industrie de la défense est en pleine mutation. Les décisions récentes de plusieurs gouvernements européens montrent une volonté d’accélérer les programmes d’armement, qu’il s’agisse de drones, de missiles ou de véhicules aériens sans pilote. Cet afflux d’investissements publics ouvre des perspectives considérables pour les fournisseurs de technologies liées à l’automatisation, au suivi qualité et à la traçabilité. Connektica s’inscrit donc dans une niche hautement stratégique.
La particularité de la défense, c’est que les cahiers des charges sont très rigides. Chaque pièce, chaque composant doit être traçable, testé et validé selon des protocoles parfois complexes. Or, passer d’une production limitée à une production de masse implique d’industrialiser l’ensemble de la chaîne, depuis la conception jusqu’aux tests finaux. Pour les PME qui fournissent des composants sensibles, l’enjeu est d’éviter toute rupture ou malfaçon qui pourrait compromettre la fiabilité des équipements militaires.
Dans ce cadre, la plateforme développée par Connektica permettrait de :
- Centraliser et automatiser les vérifications (température, pression, résistance, etc.).
- Alerter en temps réel sur tout écart ou dérive de performance.
- Attester de la conformité aux normes imposées par les autorités de défense.
- Gérer une cybersécurité accrue, pour éviter tout sabotage ou fuite de données sensibles.
Avec la volonté de déployer ces solutions au sein d’un écosystème plus vaste, Connektica souhaite profiter de la dynamique de relocalisation et de consolidation des filières industrielles européennes. Autrement dit, elle joue sur deux tableaux : capitaliser sur son succès dans le spatial (un marché qui connaît lui aussi une explosion de la demande) et élargir son périmètre à la défense, un secteur dont les budgets ne cessent de croître, et qui exige des garanties de fiabilité à chaque maillon de la chaîne.
La logique d’expansion géographique n’est pas en reste. Dès lors qu’une entreprise parvient à s’implanter sur des marchés comme la France, le Canada ou les Pays-Bas, elle peut prétendre toucher de nouveaux pays où l’investissement dans l’aéronautique et la défense est aussi soutenu (Allemagne, Italie, Royaume-Uni, etc.). Les débouchés potentiels sont multiples, tant pour l’innovation que pour la réalisation de partenariats avec des géants du secteur.
S’ajoute à cela la tendance à la collaboration internationale : de plus en plus de projets sont menés conjointement par plusieurs nations (ex. satellites d’observation, fusées réutilisables). La compatibilité des systèmes de production et la possibilité de s’interfacer avec différentes briques logicielles deviennent un atout précieux. C’est ici que l’architecture ouverte de Connektica, qui facilite l’intégration de modules externes, apparaît comme un avantage concurrentiel important.
Plonger dans l’histoire de Connektica : des racines franco-canadiennes
La création de Connektica remonte à 2019, lorsque plusieurs ingénieurs et spécialistes du secteur aérospatial ont décidé de se réunir autour d’une conviction commune : il manque aux PME une solution complète pour gérer l’ensemble du processus de fabrication, de l’assemblage au test final. La « success story » commence alors à Montréal, un hub reconnu pour l’aérospatiale, tout en profitant d’un lien étroit avec Toulouse, autre capitale de l’industrie aéronautique et spatiale.
L’essor de la startup est porté par la volonté de disrupter les pratiques établies. Plutôt que de forcer les clients à adopter de multiples logiciels ou à s’imposer une avalanche de feuilles Excel, Connektica mise sur un modèle de plateforme unifiée. L’équipe fondatrice comprend des profils variés : ingénieurs en électronique, spécialistes des procédés industriels, experts en data et anciens cadres de la supply chain spatiale. Cette diversité de compétences a façonné une proposition de valeur résolument tournée vers les enjeux concrets des fabricants.
Rapidement, les premiers succès clients confirment la pertinence de l’offre. Les PME du NewSpace, notamment en France, y voient une occasion de sortir du pilotage « artisanal » pour adopter une approche professionnelle et scalable. Au fil du temps, la startup garnit son portefeuille de contrats, qu’il s’agisse d’entreprises spécialisées dans la construction de nanosatellites ou de sous-traitants fournissant des composants critiques.
Sur le plan du modèle économique, Connektica fonctionne selon un schéma d’abonnement (SaaS) qui varie selon la taille du client et la complexité de ses processus. Cela lui permet d’assurer une récurrence de revenus tout en ajustant son offre en fonction des nouvelles fonctionnalités à ajouter ou des nouveaux secteurs à cibler. Cette flexibilité budgétaire séduit également les entreprises, car elles peuvent dimensionner la solution en fonction de la croissance de leurs lignes de production.
Outre sa volonté d’accompagner les PME, Connektica a pour projet d’adapter progressivement son produit à d’autres domaines industriels. L’objectif est de préserver l’ADN d’exigence hérité du spatial (qualité, précision, traçabilité) tout en ouvrant la voie à des segments où l’automatisation et la standardisation sont recherchées, comme l’automobile, la logistique avancée ou le ferroviaire. Bien que l’espace, l’aéronautique et la défense demeurent son cœur de marché, cette vision plus large illustre la confiance placée dans une plateforme capable de répondre à des enjeux industriels transversaux.
Les mutations à venir : opportunité ou défi pour l’écosystème ?
À l’heure où les industriels français et européens cherchent à sécuriser leurs approvisionnements, l’approche proposée par Connektica s’apparente à un tremplin vers la nouvelle génération de chaînes de production. La startup bénéficie d’un contexte porteur, mais doit également composer avec la rapidité des évolutions technologiques et la concurrence d’autres solutions d’automatisation et de suivi industriel.
On peut distinguer plusieurs tendances majeures :
- La poursuite de l’externalisation en Asie de certaines pièces complexes, couplée à un impératif de « re-shoring » partiel pour des raisons stratégiques (défense, sécurité des données). Les PME doivent donc naviguer entre ces deux injonctions contradictoires et trouver le bon équilibre.
- L’émergence de solutions d’intelligence artificielle pour prévoir les pannes, optimiser les flux et adapter en temps réel la planification. Pour rester compétitives, les plateformes comme Connektica vont devoir s’intégrer ou développer des modules d’IA avancés, tout en garantissant la fiabilité et la sécurité.
- Une pression toujours plus forte sur la traçabilité, en raison des exigences croissantes des donneurs d’ordre et des régulateurs. Le moindre écart dans la chaîne de production peut engendrer des pénalités lourdes et ternir la réputation d’un fournisseur.
- Un besoin d’interopérabilité : à l’heure du big data, les logiciels industriels doivent interagir avec d’autres systèmes (ERP, CRM, gestion de stocks), sous peine de créer des silos d’information nuisibles à l’efficacité globale.
En complément, la démarche durable prend de l’ampleur. Les industries spatiale et de défense ne sont pas exemptes de la pression sociétale : limitation de l’empreinte carbone, recyclage des matériaux, etc. Bien que Connektica n’ait pas vocation à être un outil de green management, la rationalisation qu’elle apporte indirectement (moins de retouches, moins de gaspillage, meilleure coordination) peut contribuer à réduire l’empreinte écologique de la production.
Pour autant, le succès de la startup n’est pas garanti d’avance. Le défi consiste à rester innovant dans un environnement concurrentiel, où de grands éditeurs de logiciels industriels pourraient se positionner sur la partie test automatisé et traçabilité. Connektica mise sur son agilité et son ADN profondément ancré dans la filière aérospatiale, un secteur réputé pour être exigeant et réfractaire au changement si la fiabilité n’est pas prouvée. En ayant déjà séduit des acteurs reconnus, elle se dote d’une solide caution de sérieux.
Un futur qui se dessine au-delà des frontières
Les 3 millions d’euros de financement viennent à point nommé pour soutenir l’accélération de Connektica, tant sur le plan de la R&D que sur le plan commercial. L’entreprise prévoit de :
- Poursuivre la recherche de partenariats avec des équipementiers, afin d’être présente dès la conception des nouveaux produits.
- Renforcer sa présence internationale : s’implanter dans d’autres bassins industriels majeurs et nouer des relations avec les clusters d’innovation régionaux.
- Obtenir les certifications indispensables (dont ISO 27001) pour se positionner sur des programmes sensibles liés à la défense et à l’espace.
- Former une nouvelle génération de talents : développeurs spécialisés, ingénieurs industriels, experts en cybersécurité, etc.
Si les ambitions sont grandes, elles reposent toutefois sur un socle déjà existant : une vingtaine de collaborateurs, un portefeuille clients en croissance et la volonté de se hisser en tant qu’acteur de référence pour la digitalisation des processus industriels. La clé du succès repose en grande partie sur la capacité à exécuter rapidement la feuille de route, en parallèle de l’évolution des besoins du marché. Les années 2024-2026 s’annoncent cruciales pour concrétiser la promesse d’une plateforme unique et modulable.
D’un point de vue financier, l’équilibre se jouera probablement entre la consolidation du marché spatial et l’ouverture à de nouvelles filières. La défense, en particulier, représente un fort potentiel, mais également un secteur aux cycles d’appels d’offres parfois longs et exigeants. La certification et la sécurisation des données s’avèrent incontournables, mais elles peuvent aussi allonger la durée de validation des contrats.
D’un angle plus large, la France encourage activement la relance industrielle, en soutenant les jeunes pousses via Bpifrance, des fonds d’investissement spécialisés et des mécanismes de cofinancement. À condition de prouver la valeur ajoutée de son produit, Connektica pourrait ainsi bénéficier d’un environnement favorable à sa croissance. De plus, l’expertise franco-canadienne confère à l’entreprise un capital international susceptible d’attirer des clients anglophones et francophones.
Il est indéniable que l’émergence de Connektica reflète une lame de fond : la transition vers un modèle d’usines « 4.0 », automatisées et connectées, où la donnée est au cœur de la performance opérationnelle. Dans cette perspective, la startup n’est pas seulement un acteur parmi d’autres, elle devient un catalyseur de changement pour les PME souhaitant s’aligner sur les standards internationaux les plus exigeants.
Cet article illustre combien la dynamique industrielle actuelle offre d’immenses opportunités à Connektica pour se tailler une place de choix dans la digitalisation et l’automatisation des processus, à la croisée d’enjeux stratégiques et de perspectives économiques majeures.