La société française Sista annonce la première clôture d'un fonds de capital-risque
L’entreprise Sista vient de lever un fonds de capital-risque, destiné aux start-up, soutenu par de nombreux entrepreneurs français.
Sista, l'organisation basée à Paris à l'origine de campagnes importantes visant à obtenir davantage de fonds pour les femmes fondatrices, lève aujourd'hui un fonds de capital-risque. Un nombre impressionnant d'entrepreneurs français soutiennent le fonds et offrent leur expertise au portefeuille.
Une clôture réussie pour Sista
Le collectif Sista annonce aujourd'hui une première clôture de 30 millions d'euros, soutenue par plusieurs des fondateurs français les plus connus.
On retrouve ainsi Céline Lazorthes de Leetchi, Steve Anavi de Qonto, Nathalie Balla de La Redoute, Adrien Nussenbaum de Mirakl ou encore Nicolas Hernandez de 360Learning.
Elle investira l'argent dans des start-up en phase de démarrage ayant au moins une femme cofondatrice.
« Accélérer un mouvement qui est déjà là »
Depuis son lancement en 2018, Sista défend l'idée que les équipes équilibrées entre les sexes obtiennent de meilleurs résultats que les entreprises dont la diversité de gestion est moindre.
Parmi les nombreuses initiatives qu'elle a lancées, la plus importante est sans doute d'amener 350 sociétés de capital-risque, sociétés de capital-risque d'entreprise et accélérateurs à signer une promesse dans laquelle ils s'engagent à ce qu'au moins 25 % des start-up qu'ils soutiennent d'ici 2025 aient au moins une femme cofondatrice.
Nous avons passé tellement de temps à travailler sur l'écosystème et le manque de financement que nous nous sommes dit :
« Nous aimerions participer aussi. Nous pourrions aussi bien financer toutes ces personnes », déclare Tatiana Jama, cofondatrice de Sista.
« Nous voulons accélérer un mouvement qui est déjà là. »
L'objectif de Sista Fund
Le fonds Sista va investir 250 à 3 millions d'euros dans une trentaine de start-up en phase de pré-revenu, et va poursuivre son action. Ses domaines d'intérêt sont vastes : fintech, healthtech, SaaS et consumer.
Le fonds Sista ne se concentre pas uniquement sur les start-up ou les fondateurs français - « il n'y a pas de critère de nationalité », déclare Mme Jama - bien qu'il ait promis à ses investisseurs que 60% du portefeuille sera composé de start-up françaises.
L'équipe peut diriger des tours de table, mais co-investira volontiers. « Nous sommes comme le compagnon égalitaire sur la table de capitalisation », explique la cofondatrice. « Nous voulons simplement être utiles ».
Les investisseurs du fonds
Les entrepreneurs qui ont investi dans le fonds (chacun ayant contribué entre 250 000 et 1 million d'euros) partageront leur expertise avec les start-up du portefeuille.
« Nous croyons vraiment que si vous investissez, vous êtes plus investi », explique la cofondatrice. « L'accord entre nous était le suivant : nous avons besoin de votre argent et de votre cerveau. »
De grandes entreprises françaises comme BNP Paribas, le groupe FDJ et L'Oréal ont également soutenu Sista.
Par ailleurs, l’équipe est en pourparlers avec le Fonds européen d'investissement et la banque publique française Bpifrance pour investir, et espère clôturer le fonds dans les 12 à 18 prochains mois.
Les succès de Sista
Certaines des demandes de Sista ont été intégrées dans la législation française. En 2021, une loi a été adoptée qui oblige la banque publique française Bpifrance à s'assurer qu'au moins 30 % des membres de ses comités de sélection sont des femmes - et qu'au moins 30 % des comités d'investissement des sociétés de capital-risque qu'elle soutient sont des femmes.
Elle doit aussi désormais publier chaque année des données sexuées sur les aides et l'accès aux prêts. « C'était énorme », déclare Mme Jama. « Avant, nous n'avions pas du tout de chiffres. »
Sista a publié trois rapports en partenariat avec le Boston Consulting Group sur la répartition par sexe des start-up françaises.
Le plus récent, publié en mars de cette année, a révélé que 16 % des start-up françaises fondées en 2021 avaient des équipes fondatrices mixtes, et que 8 % avaient des équipes fondatrices entièrement féminines. Il s'agit d'une amélioration de 9 % par rapport à la période 2008-2018, soit l'ère pré-Sista.
L'étude a également révélé que les équipes fondatrices mixtes ont plus de chances d'être financées.
Sista a aussi lancé des groupes de pairs pour les femmes dans le domaine de l'investissement - où elles peuvent, par exemple, discuter du montant du portage qu'elles devraient généralement demander, explique Mme Jama - afin d'apporter plus d'égalité aux équipes d'investissement en augmentant la transparence.