Les lourdes pertes de Dassault Systèmes impactent le CAC 40
Découvrez comment la baisse des prévisions de Dassault Systèmes affecte le marché boursier en octobre 2025.

-15,97 % en une séance. À Paris, les investisseurs ont sévèrement sanctionné Dassault Systèmes après la publication de résultats trimestriels inférieurs aux attentes et une révision en baisse des objectifs 2025. L’éditeur français de logiciels, valeur phare du CAC 40, a terminé le 23 octobre 2025 à 25,31 euros, son plus bas niveau depuis 2020.
Quoi ? Chute marquée du titre après un T3 2025 jugé décevant et un abaissement des prévisions annuelles.
Qui ? Dassault Systèmes, géant français du logiciel.
Quand/Où ? 23 octobre 2025, Bourse de Paris.
3 signaux à suivre
Chiffre d'affaires T3 2025 : 1,46 Md€, soit +5 % hors effets de change, inférieur d’environ 3 % au consensus autour de 1,51 Md€. Ventes de licences en repli de 13 %, alors que le groupe visait une croissance comprise entre +7 % et +14 % (Boursorama, 23 octobre 2025).
Révision 2025 : revenus désormais attendus entre 6,255 et 6,375 Md€, contre 6,41 à 6,51 Md€ initialement. Croissance hors change ramenée à 4-6 % au lieu de 6-8 %.
Licences désormais anticipées entre -8 % et 0 % contre +4 % à +7 % auparavant. Pour le quatrième trimestre : chiffre d’affaires entre -3 % et +4 %, licences entre -13 % et +9 %.
Séance du 23 octobre : la sanction boursière
L’écart à la prévision et la révision des objectifs ont déclenché un mouvement vendeur massif. Le titre a décroché de 15,97 % à 25,31 euros, signant sa plus forte baisse du jour au sein du CAC 40.
Cette chute prolonge une contre-performance déjà marquée sur l’année, supérieure à 25 % par rapport à l’indice de référence. La séance a entériné une remise en question des anticipations de croissance qui soutenaient historiquement la valorisation du groupe.
Concrètement, les investisseurs ont sanctionné deux signaux simultanés. D’un côté, un trimestre ressorti sous les attentes. De l’autre, une trajectoire annuelle revisitée à la baisse qui alimente l’idée d’un ralentissement plus durable. Sur le terrain, la perception de risque s’est déplacée du court terme vers le modèle d’affaires lui-même, en particulier sur la visibilité des ventes de licences et le tempo de migration vers l’abonnement.
Pour les gérants français exposés aux valeurs de croissance, la séance a joué comme un test de résilience. La faiblesse prolongée du titre, à ce stade, pose la question de la place de Dassault Systèmes dans des portefeuilles équilibrés entre croissance et qualité, alors que la dynamique du secteur logiciel demeure exigeante en matière d’exécution.
T3 2025 en chiffres : croissance organique mais sous le consensus
Le troisième trimestre 2025 a affiché un chiffre d’affaires de 1,46 Md€, en progression de 5 % à taux de change constants. Côté calendrier, il s’agissait d’un jalon attendu, au cœur d’une année déjà marquée par des arbitrages forts de la part des investisseurs.
Le verdict : un retard d’environ 3 % sur le consensus des analystes qui visait 1,51 Md€. Le décalage avec les attentes s’est concentré sur les ventes de licences, ressorties en recul de 13 %.
En pratique, deux éléments se lisent derrière ces chiffres. D’abord, l’effet mécanique d’une comparaison exigeante, dans un environnement où les budgets logiciels restent sélectifs.
Ensuite, la sensibilité accrue du modèle au mix produits, les licences ne bénéficiant pas des mêmes ressorts de récurrence que l’abonnement. Ce point est clé, car l’entreprise visait initialement une progression de +7 % à +14 % des ventes de licences sur l’exercice. L’écart traduit une réalité opérationnelle plus contraignante que prévu.
La mention d’une croissance hors devises souligne un sujet technique important. Mesurer l’activité à taux de change constants permet d’isoler le cœur économique de la performance, sans bruit monétaire. À ce jeu, le trimestre n’est pas négatif, mais il est insuffisant pour compenser le manque à gagner sur les licences. Pour un éditeur français coté au CAC 40, c’est un signal que le marché lit immédiatement.
Plusieurs maisons s’interrogent sur la migration vers l’abonnement, jugée lente et peu prévisible. La croissance organique est perçue comme moins robuste qu’attendu au regard du statut de valeur de croissance. La direction évoque, de son côté, un marché instable et difficile, ce qui nourrit l’idée d’une demande plus heurtée que prévu. Ces lectures convergent vers un besoin de preuves d’exécution plus tangibles au quatrième trimestre.
Segments sous pression : Medidata et Centric PLM
La lecture fine des moteurs d’activité montre des lignes de fragilité. Medidata, spécialisée dans les logiciels pour essais cliniques, fait face à des vents contraires liés à une baisse des lancements d’études.
Des messages publiés sur X le 23 octobre soulignent que cette filiale pèse sur la dynamique d’ensemble, avec une croissance jugée décevante. Cela ne constitue pas une anomalie de court terme uniquement. Le recul des nouveaux essais affecte la génération d’affaires, avec un impact direct sur les signatures et la vitesse d’adoption des solutions.
Centric PLM, qui cible la mode et la distribution et représente environ 5 % des revenus, cristallise aussi des inquiétudes. En cause : la transition vers un modèle software as a service et des changements de direction commentés sur les réseaux sociaux et dans la presse financière.
Dans le logiciel, ces phases de bascule transforment la courbe de revenus. L’abonnement lisse le chiffre d’affaires dans le temps, améliore la récurrence, mais ralentit la reconnaissance immédiate des ventes. À ce stade, l’écart entre ambitions et réalisation a ravivé les doutes.
Au passage, l’image de valeur de croissance attribuée au groupe suppose une exécution sans faux pas sur les divisions phares. Lorsque deux segments stratégiques montrent simultanément des signes de faiblesse, le marché revalorise mécaniquement le profil de risque. C’est ce que reflète la session du 23 octobre. Les interrogations portent moins sur la pertinence des produits que sur la traction commerciale dans un cycle d’achat plus prudent.
Nouvelle trajectoire 2025 : fourchettes abaissées
Dassault Systèmes a revu ses objectifs annuels. Le groupe anticipe désormais 6,255 à 6,375 Md€ de chiffre d’affaires, contre une fourchette initiale de 6,41 à 6,51 Md€.
La croissance hors effets de change est ramenée à 4-6 %, au lieu de 6-8 %. Le pivot le plus commenté concerne les ventes de licences, attendues désormais entre -8 % et 0 %, contre +4 % à +7 % précédemment. Pour le quatrième trimestre, la société communique une plage large, de -3 % à +4 % pour le chiffre d’affaires et de -13 % à +9 % pour les licences (Zonebourse et Boursier.com, 23 octobre 2025).
Ce guidage élargi reflète une visibilité dégradée. Côté calendrier, l’intervalle proposé pour le T4 traduit la volonté de ne pas surpromettre, tout en laissant ouverte l’hypothèse d’un atterrissage meilleur si la demande se normalise. Concrètement, le débat se déplace vers la saisonnalité de fin d’exercice et la capacité des équipes à sécuriser des signatures dans un environnement que la direction qualifie d’instable et difficile.
À l’échelle du marché français, le message est clair. La trajectoire 2025, telle qu’actualisée, appelle à un recalibrage des attentes. La valeur sensible au momentum de croissance et aux flux de nouvelles commandes entre en zone de prudence tant que la preuve d’une stabilisation n’est pas fournie par les prochains prints d’activité.
Pour les investisseurs français : ce qui change
Les porteurs de titres et les analystes sell-side réévaluent le couple croissance/prévisibilité. L’abaissement des objectifs bride la revalorisation à court terme. Sur le terrain, trois implications dominent : la prime de croissance est sous pression, la visibilité des licences est entamée, et la migration vers l’abonnement apparaît plus lente que souhaité par le marché.
Il n’en demeure pas moins que la récurrence liée aux abonnements peut, à moyen terme, stabiliser le profil de revenus. Le sujet est de timing et d’exécution.
Les chiffres du T4 serviront de test, en particulier sur les commandes nouvelles dans les activités sensibles au cycle sectoriel. À ce stade, le plancher boursier du titre ne se déduit pas mécaniquement des seules données trimestrielles. Il dépendra de la capacité du groupe à prouver un redressement de la trajectoire commerciale dans ses segments exposés.
- Mix produits à surveiller : l’évolution du poids relatif des licences face aux abonnements, et l’effet mécanique sur la croissance publiée.
- Segments clés sous la loupe : performance trimestrielle de Medidata et traction commerciale de Centric PLM pendant la bascule vers le SaaS.
- Cadence des signatures en fin d’année : la largeur de la fourchette T4 traduit l’incertitude, la matérialisation de deals sera déterminante.
- Message de la direction dans les prochaines communications : degré de confiance, précisions sur la pipeline et la demande sectorielle.
- Écart à l’indice et flux techniques sur le CAC 40 : la sous-performance annuelle au-delà de 25 % crée un risque de flux additionnels, à double sens.
Avec les licences, le revenu est reconnu plus rapidement, mais il est moins récurrent. L’abonnement, lui, lisse le chiffre d’affaires et renforce la visibilité, au prix d’une transition souvent dilutive à court terme sur la croissance publiée. Lorsque la bascule traîne et que la demande des grands clients est hésitante, la double contrainte pèse sur la lecture des comptes. C’est précisément ce que le marché arbitre en ce moment.
Sur le plan de la gouvernance financière, la communication d’une fourchette aussi large sur le T4 invite à la prudence. Les investisseurs regardent souvent ce type d’indication comme un signal de pilotage conservateur. En pratique, il faudra distinguer ce qui relève de la demande finale, de l’exécution commerciale et d’éventuels décalages de signatures d’un trimestre à l’autre.
Et maintenant pour Dassault Systèmes ?
À court terme, le dossier se rejoue autour des preuves. Une amélioration tangible du rythme des commandes et un apaisement des signaux faibles sur les deux divisions sensibles constituent les catalyseurs identifiés. Le signal boursier du 23 octobre rappelle que la prime historique attachée à une valeur de croissance se mérite trimestre après trimestre, particulièrement lorsque la trajectoire est recalibrée.
À moyen terme, l’enjeu est d’installer une récurrence plus robuste dans un cycle d’investissement clients plus sélectif. Si la démonstration est faite, la visibilité pourrait se redresser. Dans le cas contraire, la valorisation restera plus corrélée à la preuve d’exécution qu’aux promesses de pipeline. La suite se jouera dès le quatrième trimestre, où la fenêtre de confirmation est étroite et l’attention maximale.