État du capital-risque en Italie et perspectives 2025
Découvrez l'évolution du capital-risque en Italie, les montants investis et les opportunités pour les investisseurs français en 2025.

L’écosystème italien du capital-risque a longtemps été jugé périphérique. Il affiche désormais une trajectoire plus lisible, plus ouverte, et surtout plus sélective. Sans mégatours flamboyants, l’Italie installe une dynamique soutenue portée par des verticales technologiques clés et un soutien public assumé. Pour les fonds français, la fenêtre d’entrée s’élargit, avec des signaux chiffrés qui méritent attention.
Capitaux 2025 en italie : une stabilité sans mégatours qui masque une montée en gamme
Le premier semestre 2025 s’achève sur 545 millions d’euros injectés en capital-risque en Italie. Ces montants correspondent à 210 opérations. La photographie ne montre pas de méga-tours, mais un marché structuré autour des phases précoces, et une augmentation de la taille moyenne des tours qui traduit une montée en maturité de l’early stage.
Fait saillant : les pré-seed, seed et bridge concentrent environ 60 % des capitaux levés. En parallèle, les séries A gagnent du poids avec 29 levées totalisant 222 millions d’euros, soit un peu plus de 40 % des investissements. Autrement dit, le marché italien se consolide là où se fabrique la performance long terme.
Au deuxième trimestre 2025, les investisseurs bouclent 104 tours pour 227 millions d’euros. Le volume de deals reste en ligne avec le premier trimestre, même si les montants montrent une légère contraction. L’image d’ensemble est celle d’un déploiement régulier malgré la fragilité européenne, sans excès, mais avec de meilleurs signaux micro sur les tailles de tickets et l’appétit pour des séries A mieux capitalisées.
Cette normalisation sans mégatours suggère un pipeline plus sain, moins dépendant d’opérations exceptionnelles. Elle reflète aussi une discipline de marché qui s’ancre dans la qualité des dossiers et la calibration progressive des séries A italiennes. Les investisseurs paneuropéens y trouvent un terrain propice à des thèses industrielles à horizon 5 à 7 ans. (Italian Tech Alliance, S1 2025)
Un marché sans méga-tours n’est pas un marché faible, surtout si la taille moyenne des tours progresse et si des séries A s’installent. Cela réduit la volatilité, augmente la prédictibilité des besoins futurs, et facilite la construction de portefeuilles pan-européens équilibrés.
Repères sur les stades de financement
Pré-seed et seed financent le développement initial, produit et premiers clients. Bridge prépare une série suivante en renforçant la traction. Série A cherche une accélération commerciale avec un modèle validé. Le poids relatif des séries A en Italie en 2025 signale un passage de cap.
Lecture opérationnelle pour les fonds français
L’absence de mégatours et la densité early stage favorisent une stratégie d’entrées progressives. Pour capter du dealflow italien pertinent, les GP français peuvent :
- Structurer des co-investissements de séries A avec des équipes locales adossées à CDP Venture Capital.
- Construire un pipeline sectoriel Smart City, FinTech et Life Sciences en partenariat avec des incubateurs industriels.
- Amorcer des ponts commerciaux vers des clients français pour accélérer l’ARR post-investissement.
Spécialisation sectorielle : smart city, fintech et sciences de la vie mènent la danse
L’Italie ne joue pas la carte du volume. Elle privilégie des verticales à forte intensité technologique alignées avec les priorités européennes 2025-2030
. Au deuxième trimestre 2025, Smart City apparaît comme le pôle le plus financé, devant FinTech et Life Sciences. Les tickets restent souvent modestes, mais l’assise industrielle et le contenu technologique des dossiers compensent l’absence de projets géants.
Cette stratégie présente un atout majeur pour des investisseurs français à la recherche de relais de croissance. Les chaînes de valeur et les cycles d’adoption correspondent aux trajectoires européennes. La capacité des projets italiens à se brancher sur des infrastructures urbaines, des systèmes de santé et des rails de paiement communs ouvre des synergies concrètes.
Smart city : mobilité, énergie et capteurs au cœur de la traction
La vague Smart City italienne cible la mobilité décarbonée, la gestion énergétique et la donnée urbaine. Les solutions IoT pour l’éclairage intelligent, les plateformes de recharge et les systèmes d’analyse de flux se déploient sur des municipalités pilotes.
Les bénéfices sont mesurables : réduction des coûts énergétiques pour les villes, amélioration des temps de trajet et meilleure gestion de la sécurité urbaine. Côté investisseurs, la voie de monétisation passe par des contrats publics et des partenariats industriels, avec des cycles longs mais une récurrence de revenus significative une fois les solutions intégrées.
Fintech : paiements, conformité et inclusion
Le volet FinTech se renforce sur les paiements numériques, les outils de compliance et l’inclusion financière. L’Italie affiche une profondeur d’usage en B2B2C, utile pour transposer des solutions vers l’Hexagone.
Les zones d’intérêt comprennent la tokenisation des paiements marchands, la lutte contre la fraude et des solutions d’orchestration multi-rails. Le marché est fragmenté, mais la demande est claire côté PME et commerce de détail pour des outils qui simplifient le rapprochement paiement-facture.
Deeptech et sciences de la vie : ia industrielle et santé durable
Sur le Deeptech, l’accent italien se lit dans les matériaux avancés et l’IA appliquée à la maintenance prédictive. Les projets privilégient l’industrialisation plutôt que la recherche pure, ce qui réduit le temps de mise sur le marché.
Les Life Sciences restent un pilier avec des startups en biotechnologie et dispositifs médicaux. Le positionnement se concentre sur la santé durable et l’optimisation des parcours de soins. Les équipes combinent souvent expertise clinique et capacité d’ingénierie, une composition intéressante pour des partenariats européens de recherche.
Smart City et énergie s’alignent avec les plans d’investissement municipaux en France. FinTech répond aux besoins de conformité des banques françaises. Life Sciences donne accès à des plateformes de recherche binationales. Deeptech industriel est compatible avec les feuilles de route d’équipementiers et d’ETI sur l’automatisation.
À surveiller côté investisseurs
Tickets souvent inférieurs aux standards parisiens, d’où l’intérêt des co-investissements. Diligence technologique à renforcer sur les couches logicielles d’IA et la cybersécurité. Ventes publiques nécessitent un calendrier réaliste et des relais locaux.
Architecture publique italienne : cdp venture capital met de l’ordre et appelle l’europe
Une part significative de la transformation italienne vient du soutien institutionnel. CDP Venture Capital, comparable à Bpifrance par ses missions, organise le marché via des fonds régionaux, thématiques et des véhicules d’ouverture internationale. Résultat : plus de visibilité, une meilleure liquidité des tours, et une capacité à attirer des GPs européens sur des thèses locales.
Le FoF Internazionale illustre ce virage. Il propose des conditions de co-investissement conçues pour accompagner les scale-ups italiennes et abaisser le risque d’exécution transfrontalier. De nombreux investisseurs, dont des français, s’en saisissent. Le dispositif a contribué à la hausse des deals impliquant des fonds étrangers au premier semestre 2025.
Dans le même mouvement, CDP Venture Capital indique avoir investi dans plus de 100 startups sur la période 2024-2025. Au-delà du signal financier, la portée est systémique. Les standards d’analyse, la gouvernance et les reporting se rapprochent des pratiques européennes, ce qui facilite l’entrée de capitaux extérieurs.
Cdp venture capital : leviers et effets d’entraînement
CDP agit comme un stabilisateur de marché. Ses fonds appuient les tours précoces, accélèrent les séries A et stabilisent les ponts vers des fonds growth. L’effet d’entraînement est double : plus de dossiers prêts pour les co-investisseurs européens, et une baisse du coût du capital grâce à une concurrence accrue entre équipes locales et étrangères.
- Structuration de tours hybrides combinant investisseurs publics et privés.
- Fonds thématiques sur les priorités industrielles, utiles à la lisibilité des thèses.
- Rôle d’architecte sur la gouvernance et la conformité, facilitant les audits de LPs étrangers.
Fof internazionale : mécanique de co-investissement
Le FoF Internazionale a vocation à catalyser l’arrivée de GPs européens sur le marché italien, avec des mécanismes qui réduisent le ticket d’entrée et améliorent la visibilité du pipeline. Les critères privilégient des équipes capables d’accompagner l’internationalisation rapide des scale-ups.
Pour les acteurs français, ce cadre offre une rampe d’accès particulièrement utile en séries A et B, en partageant les risques sur l’exécution commerciale et la conformité locale. La hausse de 15 % des deals avec participation étrangère au S1 2025 montre que le dispositif joue son rôle d’aimant.
Liquidité : faible d’exits court terme, mais pipeline de M&A corporate solide. Risque réglementaire : stable, harmonisé avec l’UE. Qualité dealflow : en hausse, portée par des accélérateurs industriels. Co-investissements : facilités via CDP et fonds thématiques.
Sentiment de marché : vc index en repli, délais de levée plus longs, mais fondamentaux solides
Le VC Index, baromètre du marché, ressort à 4,8 en juin 2025, après 5,6 en décembre 2024. Le ressenti s’érode. Les valorisations subissent une tension, les délais de levée s’allongent, et la probabilité d’exits rapides demeure faible. L’Italie n’échappe pas aux courants dominants du continent.
Ce recul ne signifie pas contraction du marché. Les indicateurs quantitatifs restent positifs sur la taille des tours, l’ouverture aux capitaux étrangers et le pipeline sectoriel. Cette dissonance entre sentiment et granularité des deals est typique d’un cycle de normalisation post-pics pandémiques.
Dans la pratique, les entrepreneurs anticipent des levées plus séquencées, avec des ponts plus fréquents et une rigueur accrue sur la rentabilité unitaire. Les investisseurs, eux, arbitrent en faveur d’équipes qui documentent mieux leurs coûts d’acquisition, leurs contributions marginales et la récurrence d’usage.
Lire correctement un repli d’indice
Un index en baisse n’invalide pas une thèse d’investissement. Il rehausse l’exigence de sélection et décale le timing de sortie. Dans ces phases, le différentiel se fait par le pricing des tours, l’accès à des co-investisseurs publics, et la capacité à créer des synergies commerciales transfrontalières.
- Implication tactique pour les GPs : privilégier des tours à étapes avec milestones opérationnels clairs.
- Implication pour les LPs : monitoring fin des métriques CAC, churn, NRR et unités économiques par segment client.
- Implication pour les fondateurs : calibrer la durée de piste et anticiper des term sheets plus sélectives.
Angle franco-italien : commerce dense, co-investissements et mobilité d’affaires sous vigilance
Les relations économiques franco-italiennes restent un pilier majeur pour l’intégration de l’Italie au capital-risque européen. La Direction générale du Trésor a rappelé, en mars 2025, la solidité des échanges bilatéraux et la place structurante de la France dans l’économie italienne. Ce socle facilite les flux de co-investissements, en particulier entre les hubs de Milan et Paris.
En FinTech, un corridor d’intégration des rails de paiement, de l’acquisition marchande à la conformité, peut se construire avec des acteurs français déjà présents à l’international. Dans les Life Sciences, l’amplification de projets binatiaux, des essais cliniques aux plateformes de data santé, accélère la capacité à franchir les évaluations réglementaires multiples et à mutualiser les réseaux hospitaliers.
Milan-paris : un axe pour accélérer la fintech
La proximité sectorielle et la complémentarité des marchés mettent en avant trois leviers :
- Interopérabilité entre solutions d’acceptation et rails de paiement.
- Compliance et KYC partagés, avec des modules gouvernance exportables.
- Distribution B2B via des partenariats grands comptes et réseaux bancaires.
Les FinTech italiennes documentent bien l’usage B2B2C. Les FinTech françaises apportent une profondeur produit et une expérience de déploiement multi-pays. L’équation est cohérente pour co-investir dès la série A.
Santé et biotechnologies : plateformes de recherche à l’échelle européenne
Sur la santé, l’accent mis en Italie sur la biotech appliquée et les dispositifs intelligents se marie avec les réseaux hospitaliers et académiques français. Les partenariats permettent de mutualiser les bases patients, les biobanques et les capacités de fabrication pilote.
Cette coopération améliore la maturité réglementaire des dossiers et leur capacité à accéder rapidement aux marchés. L’enjeu n’est pas seulement la levée de fonds, mais l’industrialisation des essais et la préparation d’un accès remboursé.
Les autorités françaises signalent des risques de délinquance d’opportunité dans certains centres urbains italiens. Les voyageurs d’affaires ont intérêt à privilégier des itinéraires connus, sécuriser leurs effets et recourir à des transports officiels. Ce point n’affecte pas la qualité des investissements, mais reste utile pour organiser les missions.
En toile de fond, l’Italie enregistre un rattrapage de PIB par habitant avec la France en 2025, soutenu notamment par les effets du Superbonus sur l’activité. Un contexte macro plus ferme crée un environnement plus porteur pour l’innovation, avec des effets d’entraînement sur la demande privée et publique. (Direction générale du Trésor, 6 juin 2025)
Macro, investissements et exécution : ce que doivent retenir les décideurs
La coïncidence entre un cycle macro plus favorable et des mécanismes de soutien public structurants change la donne. Le dealflow s’enrichit, l’early stage devient plus lisible, et les séries A gagnent des tailles et des partenaires. L’augmentation des deals transfrontaliers au S1 2025 valide l’ouverture de l’écosystème.
Pour autant, la prudence s’impose sur l’exécution. La baisse du VC Index rappelle que le chemin vers l’exit reste allongé. Les équipes doivent miser sur la résilience des unités économiques et la construction d’alliances commerciales pour compenser la raréfaction des tours late-stage. Dans cette équation, la présence de CDP Venture Capital joue un rôle de courroie de transmission entre l’Italie et le reste de l’Europe.
- Accès au marché : privilégier les secteurs alignés avec les politiques industrielles européennes.
- Calendrier : prévoir des ponts et milestones clairs entre seed et série A.
- Gouvernance : aligner reporting et normes européennes pour fluidifier les co-investissements.
Indicateurs clés et signaux faibles à suivre en 2025
Au-delà des chiffres bruts, plusieurs indicateurs méritent un suivi rapproché pour les fonds souhaitant intégrer l’Italie dans leur stratégie.
- Convertible notes et bridges : leur fréquence est un proxy de la tension sur les tours principaux.
- Vitesse de closing : si elle s’améliore au S2, cela indiquera une stabilisation du sentiment.
- Part des deals transfrontaliers : un maintien au-dessus de la hausse constatée au S1 2025 serait un signal d’ancrage européen.
- Mix sectoriel : le poids relatif de Smart City et FinTech testera la résistance de la demande publique et B2B.
- Participation de CDP : utile pour lire la profondeur des tours et l’alignement avec les priorités industrielles.
Ces éléments forment une grille de lecture pour les comités d’investissement. Ils orientent la construction de portefeuille et le pacing des déploiements en cohérence avec les horizons de sortie et la conjoncture.
Bon à savoir sur le Superbonus
Le Superbonus a joué un rôle de soutien à l’activité via la rénovation et l’efficacité énergétique. Effet indirect pour le VC : solvabilité accrue de certaines entreprises connexes et renforcement des chaînes industrielles locales, un terreau utile pour des startups Smart City et climat.
Pourquoi l’italie doit entrer dans la feuille de route des fonds français dès 2025
En 2025, l’Italie n’apparaît plus comme un périphérique du capital-risque européen. Sa spécialisation sectorielle, son ancrage industriel, une série A plus étoffée et un support public lisible créent une plateforme d’investissement cohérente et complémentaire à l’offre française. Le temps des tests limités laisse place à des thèses transfrontalières assumées.
Pour les fonds français, la tactique gagnante consiste à combiner co-investissements avec des partenaires italiens, construction de ponts commerciaux vers la France, et appui sur les instruments CDP pour sécuriser la route vers les séries B. Le timing est propice, la fenêtre est ouverte, et les signaux de maturité s’accumulent.
L’Italie 2025 propose un capital-risque sans effets de manche, mais riche de fondamentaux : spécialisation, discipline et ouverture, un triptyque suffisamment solide pour en faire un pilier crédible des stratégies VC paneuropéennes.