+13 % de ROTE en 2028 et un bénéfice net visé au-delà de 12,2 milliards d’euros en 2025 : BNP Paribas met ses jalons. Le groupe emmené par Jean-Laurent Bonnafé consolide son cap et dessine déjà la séquence postérieure à 2026, donnant un cadre lisible aux investisseurs alors que la croissance française ralentit et que les contraintes prudentielles montent en puissance.

Objectifs chiffrés 2025-2028 : cap réaffirmé et horizon étendu

BNP Paribas confirme un résultat net supérieur à 12,2 milliards d’euros pour 2025, assorti d’un ROTE à 11,5 % en 2025 et 12 % en 2026. La banque ajoute une cible à plus long cours avec 13 % de ROTE en 2028, indicateur clé de création de valeur pour l’actionnaire. Ces repères complètent son plan 2022-2026 et projettent déjà la phase suivante.

Le groupe indique qu’un nouveau plan stratégique 2027-2030 sera présenté au début de 2027. Cette articulation temporelle, rare à ce niveau de précision hors période de publication annuelle, vise à réduire l’incertitude sur la génération de capital et l’allocation des ressources entre métiers. Elle constitue un signal adressé au marché : la trajectoire de rentabilité est balisée par des jalons mesurables, à court et moyen termes.

Ce cadrage est d’autant plus notable que l’environnement demeure évolutif. Les banques européennes arbitrent entre des marges d’intérêt normalisées, des volumes de crédit plus sélectifs et des exigences prudentielles plus lourdes. En ce sens, l’affichage simultané d’objectifs de résultat et de rentabilité est un élément de confiance pour les investisseurs institutionnels, qui lisent la soutenabilité d’un bilan à l’aune de ces deux axes.

Les jalons à retenir chez BNP Paribas

Quatre points synthétiques structurent la feuille de route communiquée :

  1. Résultat net visé au-dessus de 12,2 milliards d’euros en 2025.
  2. ROTE attendu à 11,5 % en 2025 puis 12 % en 2026.
  3. Ambition 2028 portée à 13 % de ROTE (Boursorama).
  4. Nouveau plan 2027-2030 à présenter au début de 2027.

Le ROTE, pour Return on Tangible Equity, rapporte le résultat net aux fonds propres tangibles. Il exclut notamment les actifs incorporels, afin de mieux mesurer la rentabilité du capital réellement mobilisé. Pour un investisseur, un ROTE durablement au-dessus du coût du capital signale une création de valeur. À l’inverse, un ROTE inférieur interroge la pertinence de l’allocation de capital ou la qualité du mix d’activités.

Métriques Valeur Évolution
Résultat net 2025 > 12,2 Md€ Objectif confirmé
ROTE 2025 11,5 % Niveau attendu
ROTE 2026 12 % Cible maintenue
ROTE 2028 13 % Ambition ajoutée
Ratio CET1 fin 2027 (phased-in) 12,5 % Après mise en œuvre FRTB
Réaction de l’action (matinée) 80,1 € -0,2 %

Capitaux, risques et supervision : un ratio cet1 visé à 12,5 % après frtb

La banque affine également sa trajectoire prudentielle. Elle cible un ratio CET1 phased-in de 12,5 % d’ici fin 2027, après la mise en œuvre de la revue fondamentale du trading book (FRTB). Ce ratio, au cœur du pilier de solvabilité, mesure la solidité des fonds propres de base par rapport aux actifs pondérés des risques.

Cette ambition reflète l’équation désormais centrale pour les grands groupes bancaires européens : absorber des charges en capital plus élevées sur les activités de marché, sans pénaliser la rentabilité. Pour BNP Paribas, l’enjeu est double.

D’une part, intégrer la hausse potentielle des RWA de marché sous FRTB. D’autre part, préserver une flexibilité en capital pour financer la croissance organique, des investissements ciblés et, le cas échéant, des opérations de portefeuille.

La surveillance reste soutenue par les autorités, en particulier l’ACPR pour le volet français, dans l’optique d’un système bancaire résilient et d’une exécution conforme aux standards prudentiels. Une trajectoire CET1 lisible est, à ce titre, perçue comme un facteur de réduction de risque pour les actionnaires minoritaires et les investisseurs de dette réglementaire.

La FRTB redéfinit le calcul des RWA de marché via des modèles révisés et une distinction renforcée entre trading book et banking book. Impacts clés :

  • Des modèles internes plus exigeants, avec des backtests renforcés.
  • Une sensibilité au risque mieux captée, y compris pour les risques de liquidité.
  • Un possible alourdissement des RWA sur certaines expositions, d’où la nécessité d’optimiser la structure des portefeuilles et la tarification.

Pour les groupes universels, l’arbitrage capital-rentabilité nécessite souvent des réallocations fines entre produits, clientèle et zones géographiques.

Moteurs opérationnels : cib en dynamique, apport accru des activités retail et de personal finance

La banque d’investissement et de financement (CIB) maintient une trajectoire favorable, avec des gains de parts de marché dans un paysage concurrentiel où figurent des acteurs globaux comme JPMorgan ou Deutsche Bank. Ces gains participent à la montée du ROTE au niveau du groupe, en combinant métiers de marchés, financement d’entreprises et banque de flux.

BNP Paribas anticipe en parallèle un renforcement de l’apport de la banque commerciale en France et de Personal Finance à la rentabilité consolidée. Selon les indications communiquées, ces pôles devraient contribuer à hauteur de 0,5 point de ROTE d’ici 2026, et jusqu’à 1 point d’ici 2028. La progression s’appuierait sur l’amélioration de la qualité des actifs, la transformation des réseaux, l’optimisation des coûts de risque et la monétisation des services.

Pour un acteur universel, l’addition de ces drivers est essentielle. Le levier de diversification amortit les phases de volatilité sur un segment en particulier, tout en permettant des synergies commerciales par la distribution de produits d’épargne, de crédit et d’assurance via des canaux multiples.

Contribution au ROTE : ce que la banque vise

Les lignes de force communiquées sur l’apport des métiers opérationnels au ROTE :

  • CIB : poursuite des gains de parts de marché, moteur de la rentabilité consolidée.
  • Banque commerciale en France : contribution ciblée via la transformation opérationnelle et l’équipement des clients.
  • Personal Finance : montée en puissance grâce à la sélectivité du risque et à la distribution.
  • Impact chiffré : 0,5 point de ROTE à l’horizon 2026, jusqu’à 1 point en 2028.

Ips en accélération et projet autour d’axa im : diversification patrimoniale sous surveillance

Le pôle Investment & Protection Services (IPS)</strong) regroupe assurance, gestion d’actifs et gestion de patrimoine. Il renforce sa dynamique, portée par une croissance organique dans les trois métiers et des initiatives de croissance externe. Dans ce cadre, BNP Paribas fait état d’une opération envisagée concernant Axa Investment Managers (Axa IM).

La banque indique qu’elle fournira des informations complémentaires sur ce sujet lors de la publication de ses résultats trimestriels, le 28 octobre 2025. À ce stade, le groupe n’a pas communiqué de détails définitifs accessibles sur les paramètres de l’opération ni sur son calendrier d’exécution. La prudence s’impose donc dans l’interprétation, en l’absence de modalités officielles.

Si cette démarche se concrétisait, elle pourrait renforcer la présence de BNP Paribas dans la gestion d’actifs, un secteur où la taille critique, la plateformisation et l’expertise ESG constituent des facteurs déterminants. L’articulation potentielle avec l’assurance et le wealth management ouvrirait des options de cross-selling et d’optimisation de la chaîne de valeur, du conseil patrimonial à la gestion multi-actifs.

Ips : stratégie et points d’appui

Qu’il s’agisse d’assurance, d’asset management ou de gestion de patrimoine, la trajectoire d’IPS repose sur trois leviers : la croissance organique, la rationalisation des processus et la sélectivité des relais externes. L’accélération de la collecte en épargne et assurance vie, la montée des solutions durables et l’industrialisation de la gestion sont autant d’éléments susceptibles de soutenir la rentabilité des capitaux propres du pôle à moyen terme.

Un rapprochement dans la gestion d’actifs produit généralement des effets sur :

  • La distribution : élargissement de l’offre et des canaux, y compris via la banque privée.
  • Les opérations : rationalisation des plateformes, des systèmes et des middle offices.
  • Le produit : enrichissement en stratégies ESG, alternatives et solutions multi-actifs.

Attention toutefois à l’exécution : culture d’investissement, alignement des politiques de risque et convergence des modèles de gouvernance sont déterminants. À ce stade, aucun détail contractualisé n’est communiqué par la banque.

Des fondamentaux macro en france plus contraints et une réaction boursière mesurée

Le cadre économique en France reste résilient, mais moins porteur. La croissance du PIB a ralenti, avec une estimation à 1,2 % en 2024 selon l’Insee, ce qui signale une dynamique d’activité plus modeste. Parallèlement, le déficit public 2023 a été révisé à -5,5 % du PIB par la Direction générale du Trésor, sur fond d’élasticité faible des prélèvements obligatoires à l’activité, ce qui complique l’ajustement budgétaire.

Dans ce contexte, la réaction de marché à l’annonce de BNP Paribas est restée contenue. Mardi matin, l’action cédait 0,2 % à 80,1 euros, une évolution marginale qui traduit plutôt un maintien de la confiance qu’un pari spéculatif de court terme. Pour les gérants, le point d’attention porte davantage sur la visibilité 2026-2028 offerte par l’émetteur, que sur le bruit quotidien des cours.

La combinaison d’un ralentissement modéré de l’activité et d’une discipline en capital constitue un cas d’investissement lisible pour une banque diversifiée. Elle met toutefois en exergue une exigence : préserver les marges dans la banque de détail, maintenir la compétitivité de la CIB et poursuivre l’industrialisation des métiers d’épargne longue afin d’amortir les cycles.

Décryptage macro : trois notions pour suivre le dossier

Pour situer les annonces dans le cadre macro et budgétaire français :

  • PIB 2024 : croissance estimée à 1,2 % selon l’Insee, signal d’une dynamique ralentie mais positive.
  • Déficit public 2023 : -5,5 % du PIB d’après la DG Trésor, impliquant un contexte budgétaire plus tendu.
  • Élasticité des prélèvements obligatoires : sensibilité des recettes publiques à l’activité, jugée faible, ce qui pèse sur le redressement budgétaire.

Qui est bnp paribas et ce qui distingue son modèle d’affaires

BNP Paribas figure parmi les plus grandes banques européennes. Son modèle universel repose sur trois piliers complémentaires : banque de détail, banque de financement et d’investissement, et activités d’épargne et de protection. Ce triptyque a fait ses preuves dans les cycles récents, grâce à sa diversification géographique et métier et à sa capacité de transformation.

La gouvernance, menée par Jean-Laurent Bonnafé, s’est attachée à articuler une discipline de capital, une organisation industrielle et l’orientation de ressources vers les métiers à forte génération de commissions. Cette approche intégrée est cohérente avec les repères de rentabilité annoncés et la cible de solvabilité CET1 affichée, en anticipant les effets de la FRTB.

Face à d’autres grands établissements français, la banque se distingue par son exposition internationale et la puissance de sa CIB. L’architecture multi-métiers permet une circulation plus fluide du capital et la mise à l’échelle de projets structurants, qu’il s’agisse d’innovation technologique, d’offres durables ou de plateformes de distribution en épargne.

Pour apprécier la valorisation d’une banque, trois notions s’imbriquent :

  • ROTE : mesure la rentabilité du capital tangible. Plus il dépasse le coût du capital, plus il y a création de valeur.
  • Coût du capital : reflète le risque perçu par le marché. Il intègre la prime de risque sectorielle et l’environnement de taux.
  • CET1 : traduit la solvabilité et la capacité d’absorption des pertes. Un niveau confortable ouvre des marges de manœuvre sur la distribution et la croissance.

La ligne stratégique consiste à maintenir un équilibre entre rendement pour l’actionnaire, solidité du bilan et investissements de long terme.

Technologie, finance durable et allocation : leviers transverses pour atteindre la cible

Au-delà des indicateurs, la feuille de route repose sur des leviers transverses. La banque met l’accent sur l’innovation technologique et les services numériques pour améliorer l’efficacité opérationnelle, sécuriser les processus et renforcer l’expérience client. Ce chantier soutient la productivité et la qualité de service, deux paramètres clés pour maintenir des ratios de coût sur produit net bancaire compétitifs.

La transition écologique demeure un axe de déploiement, en ligne avec les priorités européennes. La structuration de financements à impact, la distribution de fonds labellisés et l’accompagnement des clients entreprises sur leurs trajectoires de décarbonation nourrissent la dynamique commerciale, tout en s’inscrivant dans une gestion des risques adaptée au changement climatique.

Comparée à ses pairs français, BNP Paribas dispose d’amortisseurs liés à la taille de ses franchises et à la profondeur de ses métiers de marché. Cet atout suppose néanmoins une exécution fine : sélection des projets à meilleur retour, allocation stricte du capital et suivi exigeant des indicateurs de risque, notamment dans les segments cycliques.

Trois priorités d’exécution pour sécuriser la trajectoire

La crédibilité des cibles de rentabilité se jouera sur :

  • La discipline capitalistique au fil de l’implémentation FRTB, pour préserver un CET1 à 12,5 %.
  • Le mix d’activités CIB, retail et IPS, afin d’équilibrer marges, volumes et commissions.
  • L’industrialisation des métiers d’épargne et l’innovation digitale, catalyseurs d’efficacité et de fidélisation.

Ce que les investisseurs guettent d’ici 2026

Les prochains rendez-vous seront scrutés. D’abord, la publication trimestrielle attendue le 28 octobre 2025, annoncée comme l’occasion d’apporter des précisions sur le projet autour d’Axa IM. Ensuite, le suivi des jalons 2025-2026 en termes de ROTE et de génération de résultat, pour valider l’alignement entre commentaires stratégiques et livrables financiers.

À l’orée de 2027, l’équation stratégique sera lisible si trois conditions sont réunies : la résilience opérationnelle sur les franchises cœur, la stabilité de la solvabilité après FRTB et la cohérence entre la feuille de route 2027-2030 et les ambitions dévoilées pour 2028. Les investisseurs auront alors les clés pour arbitrer la dynamique de valorisation du titre au regard des pairs. Cap sur l’exécution, sous l’œil avisé d’un marché attentif à chaque pivot prudentiel et opérationnel.