Arverne lance une augmentation de capital pour Lithium de France
Arverne injecte 40 millions € dans Lithium de France pour transformer la géothermie et l'extraction de lithium en Alsace.

À Pau, Arverne muscle son dispositif industriel. Le 22 septembre 2025, le groupe a validé une augmentation de capital de 40 millions d’euros au profit de sa filiale Lithium de France, pivot de sa stratégie géothermie plus lithium en Alsace. Avec environ 200 salariés et 14 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’entreprise franchit un cap décisif vers la phase préindustrielle de ses projets.
Alsace : 40 M€ pour basculer de la R&D à la préindustrialisation
Le financement de 40 millions d’euros, finalisé en septembre 2025, est présenté comme une série B2 et s’accompagne d’une recomposition mesurée du capital de Lithium de France. Selon les éléments communiqués, Arverne Group porterait sa participation à 64,58 %, tandis que Equinor Ventures est annoncé au capital à hauteur de 24,40 %. L’opération cible des jalons opérationnels précis : premiers forages, démonstrateur DLE et montée en cadence des études d’ingénierie.
Arverne inscrit cette levée dans une trajectoire claire. L’entreprise veut sécuriser une filière géothermie plus extraction de lithium sur saumures, avec un démarrage visé de la chaleur géothermique en 2027 et des premières tonnes de lithium à partir de 2028.
Le programme de forages en Alsace est évalué à 370 millions d’euros, un ticket d’investissement conséquent pour un projet industriel de long terme. L’entreprise résume l’enjeu en interne par une formule limpide : « le projet de Lithium de France est entré en phase préindustrielle ».
Répartition du capital et gouvernance financière
L’équilibre actionnarial post-opération se veut lisible et orienté exécution. La montée d’Arverne au capital de Lithium de France traduit une volonté de pilotage direct des étapes critiques, notamment la sécurisation du foncier, l’ingénierie détaillée et la préparation des contrats de fourniture.
La présence d’Equinor via Equinor Ventures renforce la crédibilité technique du volet géothermique et la maîtrise des procédés en contexte industriel. Les autres actionnaires ne sont pas détaillés à ce stade.
Série B2 : allocation des fonds et jalons opérationnels
L’enveloppe B2 est destinée à franchir des barrières techniques et réglementaires avant l’investissement final. Au programme :
- accélération des forages exploratoires et de confirmation en Alsace,
- financement d’un démonstrateur DLE dédié aux saumures géothermales,
- approfondissement des études d’ingénierie APD de l’usine d’extraction et de raffinage,
- travaux préparatoires pour la commercialisation de chaleur attendue en 2027.
Cette trajectoire vise à réduire le risque technologique et à valider les paramètres de qualité de saumure, de rendement d’extraction et de coût unitaire, déterminants pour l’équation économique du projet.
Chiffres clés validés
- Montant levé : 40 millions d’euros.
- Série : B2.
- Participation Arverne Group : 64,58 %.
- Participation Equinor Ventures : 24,40 %.
- Budget forages en Alsace : 370 millions d’euros.
- Cap industriel visé : chaleur en 2027, lithium en 2028.
Géothermie et lithium : un modèle industriel intégré
Le cœur du modèle Arverne réside dans la combinaison de la géothermie et de l’extraction de lithium sur saumures, deux métiers qui se renforcent mutuellement. La chaleur issue des forages alimente des usages locaux et industriels, tandis que les saumures chaudes, riches en minéraux, sont traitées via DLE pour en extraire le lithium sans évaporation en bassins.
Ce couplage crée une double source de revenus et mutualise une partie des coûts d’infrastructure. Il est particulièrement adapté à l’Alsace, où l’expérience de la géothermie profonde est antérieure et où l’acceptabilité dépend d’une démonstration rigoureuse des bénéfices énergétiques et des garanties environnementales. Arverne revendique une approche d’extraction sélective et de réinjection des saumures traitées, conforme aux standards attendus pour limiter l’empreinte au sol et les émissions liées au procédé.
Lithium de France : calendrier industriel en Alsace
La filiale basée à Haguenau porte le projet d’usine d’extraction et de raffinage. Les séquences annoncées sont claires :
- 2025 : série B2 et lancement des étapes préindustrielles,
- 2026 : montée en puissance des essais DLE et verrous d’ingénierie,
- 2027 : premières ventes de chaleur géothermique,
- 2028 : début attendu de la production de lithium.
Le passage à l’échelle dépendra de la performance du démonstrateur, du profil de reservoir confirmé par les forages et des autorisations administratives qui jalonneront l’industrialisation.
DLE2 et performance environnementale
Arverne indique travailler sur un démonstrateur DLE2 destiné à valider des procédés d’adsorption et d’ion-exchange adaptés à la composition des saumures locales. L’objectif : optimiser les rendements tout en maîtrisant la consommation d’eau et d’énergie. La mesure de l’empreinte carbone, la gestion des rejets et la durabilité des résines font partie des points d’attention suivis.
La DLE remplace l’évaporation en bassins par des procédés en colonne ou en lit qui captent le lithium sur des matériaux sélectifs. Cette approche permet des temps de cycle plus courts, une meilleure traçabilité des flux et une ré-injection de la saumure traitée dans le réservoir. Elle est adaptée aux saumures géothermales européennes, généralement plus diluées que dans les salars, mais nécessite un design précis des séquences de régénération et des consommations chimiques.
Partenaires techniques et investisseurs : architecture d’un projet capitalistique
La série B2 ne se résume pas à un apport de liquidités. Elle s’accompagne d’une structuration partenariale tournée vers l’exécution industrielle et l’atténuation des risques techniques. Deux volets se distinguent : l’ingénierie de l’usine et la consolidation actionnariale.
Sedgman : APD pour l’usine d’Haguenau
Le 4 septembre 2025, Arverne a annoncé la sélection de Sedgman pour réaliser l’Avant-Projet Détaillé de l’usine dédiée à Lithium de France. L’objectif est d’optimiser le schéma de prétraitement, le cœur DLE et les étapes de raffinage, en intégrant les contraintes de composition de la saumure alsacienne et les exigences de qualité des produits finaux. Le choix d’un partenaire disposant de références en procédés extractifs est cohérent avec la phase préindustrielle.
Equinor Ventures : capital et expertise géothermique
La présence d’Equinor Ventures au capital s’inscrit dans une logique d’apport double. Côté financement, elle élargit le socle d’investisseurs de long terme.
Côté technique, elle conforte la crédibilité du volet géothermique et la gestion des opérations en sous-sol, clé pour la stabilité du projet. La participation affichée à 24,40 % est un signal d’engagement sur les étapes préindustrielles à venir.
Norsk Hydro et la précédente série B
En mars 2023, Lithium de France a bouclé une première série B de 44 millions d’euros avec l’entrée d’Equinor et de Norsk Hydro. Cette étape a structuré un premier socle industriel et ouvert la voie aux séquences d’essais avancés. La série B2 2025 prolonge cet effort et fait basculer le projet sur la préindustrialisation.
Publication boursière et transparence actionnariale
Arverne Group a communiqué le 15 septembre 2025 une actualisation du nombre total d’actions et de droits de vote au 31 août 2025 sur un canal d’information financière reconnu. Cette pratique récurrente participe de la transparence attendue d’un émetteur coté et facilite le suivi par les investisseurs institutionnels.
Capacités industrielles et ancrage régional en Alsace
La localisation en Alsace répond à deux logiques. D’une part, l’existence d’un potentiel géothermique documenté. D’autre part, la possibilité de construire une filière stratégique qui combine chaleur bas-carbone et matériaux critiques. La promesse est simple : énergie locale pour les territoires et lithium pour soutenir la chaîne de valeur des batteries en Europe.
Les retombées économiques attendues portent sur l’activité de forage, les services industriels et les emplois qualifiés autour de l’usine d’extraction et de raffinage. Sans avancer de chiffres non communiqués, il s’agit d’un investissement structurant qui peut irriguer un tissu de PME régionales et contribuer à l’attractivité industrielle de l’Alsace à moyen terme.
Ce territoire dispose d’atouts connus pour la géothermie profonde, d’un tissu industriel réceptif et d’infrastructures facilitant les essais et la montée à l’échelle. Le couplage chaleur et extraction de lithium nécessite une traçabilité rigoureuse des flux de saumure, une maîtrise des réinjections et un suivi géoscientifique continu, conditions réunies pour un pilote industriel crédible.
Usages de la chaleur géothermique et contrats potentiels
La commercialisation de la chaleur dès 2027 ouvre des perspectives avec des réseaux de chaleur et des industriels locaux intéressés par la décarbonation de procédés à basse et moyenne température. Le succès commercial passera par des accords d’achat long terme, des garanties de performance et une intégration fine aux plans locaux énergie-climat.
Qualité produit et exigences client
Sur le lithium raffiné, la demande en qualité batterie impose une pureté chimique élevée et une stabilité des spécifications. Le design industriel devra intégrer des boucles de contrôle qualité et des voies de contingence pour sécuriser les flux. La capacité à démontrer une empreinte environnementale mesurée sera un facteur différenciant dans l’accès aux marchés européens.
Souveraineté industrielle et signaux macro favorables
La montée en puissance de Lithium de France s’inscrit dans l’effort français de sécurisation des chaînes de valeur stratégiques. La filière batterie impose une production locale de matériaux critiques et un approvisionnement bas-carbone. Les dispositifs publics et les engagements d’investisseurs illustrent cette dynamique.
Le Sommet Choose France 2025 a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements étrangers pour 53 projets, un signal d’attractivité utile aux projets industriels verts en France (DGE). Sans lien direct de financement, l’environnement macro contribue néanmoins à fluidifier les décisions d’implantation et la mobilisation d’écosystèmes régionaux.
Demande européenne et positionnement d’Arverne
Les analyses sectorielles évoquent une hausse soutenue de la demande de lithium en Europe à l’horizon 2030, possiblement un doublement des besoins, à mesure que les capacités de batteries et véhicules électriques se déploient. Dans ce contexte, un projet alsacien couplant énergie et matière première peut jouer un rôle d’amortisseur face à la volatilité des importations et contribuer à une trajectoire bas-carbone de la filière.
Place dans la chaîne de valeur européenne
Arverne cible une brique intermédiaire stratégique : extraction et raffinage en amont des producteurs de matériaux cathodiques et des assembleurs de cellules. La crédibilité reposera sur des spécifications produit stables, la continuité logistique et une capacité contractuelle à accompagner les ramp-up des gigafactories européennes.
De l’amont au raffinage, la valeur se concentre sur les étapes de séparation et de purification. Pour un acteur intégré comme Arverne, la chaleur géothermique peut aussi stabiliser les recettes et améliorer le profil de risque du projet. La compétitivité finale dépendra du coût par tonne et des critères ESG reconnus par les clients batterie.
Réglementation, acceptabilité et maîtrise des risques
L’ambition industrielle s’accompagne d’exigences fortes en sécurité, environnement et concertation. Les étapes de forage et de réinjection, la gestion des saumures et la construction de l’usine sont soumises à des autorisations administratives successives. La clarté des études d’impact et la qualité des dialogues territoriaux feront partie des facteurs de réussite.
La traçabilité des flux, la sécurité des opérations en sous-sol et le suivi sismique sont des sujets de vigilance. Les standards industriels attendus impliquent des protocoles de monitoring, une maintenance préventive et des plans de réponse proportionnés aux risques identifiés.
Acceptabilité locale et bénéfices partagés
Les effets positifs de la chaleur géothermique pour les collectivités et l’empreinte réduite de la DLE, comparée à l’évaporation en bassins, sont des arguments régulièrement mis en avant. La robustesse des engagements en matière de biodiversité, d’eau et de bruit sera toutefois déterminante pour ancrer le projet dans la durée.
Standard de qualité et vérifiabilité
Les clients batteries européens exigent des audits et des certifications alignés avec les pratiques du secteur. La montée en puissance de Lithium de France devra intégrer des référentiels de qualité, de sécurité et de reporting ESG, afin de sécuriser les contrats long terme.
Calendrier annoncé par Arverne
- 2025 : bouclage B2 et lancement des opérations préindustrielles.
- 2027 : démarrage de la chaleur géothermique.
- 2028 : premières productions de lithium.
Repères corporate et informations financières utiles
Arverne Group, coté sur un marché réglementé, publie régulièrement des informations actionnariales. Le 15 septembre 2025, l’émetteur a relayé une actualisation du nombre total d’actions et des droits de vote au 31 août 2025, confirmant une gouvernance attentive à la transparence envers le marché. Cette discipline d’information est un élément clé pour les investisseurs suivant les jalons du projet alsacien.
Sur le plan opérationnel, Arverne compte environ 200 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros, témoignant d’un modèle déjà actif dans les ressources souterraines. La diversification vers le lithium crée une option de croissance majeure, fondée sur des synergies techniques et commerciales entre chaleur et matériaux.
Lecture sectorielle et concurrence
La presse économique régionale a rappelé, au printemps 2025, que les initiatives lithium en Alsace s’inscrivent dans un environnement concurrentiel où d’autres acteurs énergétiques structurent des projets. Ce contexte incite à une exécution irréprochable et à la construction de partenariats industriels solides. La série B2 d’Arverne vise précisément cet équilibre, en gagnant du temps sur l’apprentissage industriel et la fiabilisation du procédé.
Ingénierie financière et impératifs de long terme
Pour un actif géothermal-lithium, la valeur se créée dans la visibilité contractuelle, la fiabilité technique et la tenue des coûts en CAPEX et OPEX. La présence d’investisseurs spécialisés comme Equinor Ventures et le mandat confié à Sedgman pour l’APD sont cohérents avec la réduction du risque de mise à l’échelle, préalable à toute décision d’investissement définitive.
Les points d’inflexion de valeur sont la confirmation des réservoirs via forages, la validation DLE à l’échelle pilote, puis la signature des contrats pour la chaleur et le lithium raffiné. Chaque jalon réduit l’incertitude et peut modifier la prime de risque exigée par les investisseurs. La série B2 vise à franchir les deux premiers paliers.
Cap industriel 2027-2028 : ce que les entreprises peuvent anticiper
La trajectoire présentée par Arverne ouvre une fenêtre de visibilité pragmatique. À court terme, l’enjeu est de déminer les verrous techniques et d’installer des contrats d’usage de chaleur avec les acteurs locaux. À moyen terme, la qualité batterie du lithium et la robustesse de l’outil industriel conditionneront l’accès aux chaînes de valeur européennes.
Pour les clients et partenaires, le projet alsacien porte une promesse de sécurité d’approvisionnement et de réduction d’empreinte carbone. Le succès reposera sur la capacité d’Arverne à tenir ses jalons 2027-2028 et à démontrer, preuves à l’appui, l’efficacité de son modèle couplé géothermie plus lithium.
Un cap est posé. La suite se jouera à la rigueur d’exécution et aux preuves industrielles.