Le consortium Archipels a récemment annoncé l'entrée d'IN Groupe à son capital. Cette nouvelle levée de fonds, dont le montant n'a pas été communiqué, vise à renforcer l'ambition d'Archipels de devenir le leader de l'identité numérique et de la vérification des données décentralisées. IN Groupe, anciennement connu sous le nom d'Imprimerie Nationale, est une entité entièrement détenue par l'État français. Sa participation au consortium lui permet de rejoindre la Caisse des Dépôts et La Poste, contribuant également à cette levée de fonds, en tant qu'actionnaires majoritaires. 

IN Groupe se reconvertit dans l’identification numérique

Pour IN Groupe, l'identité numérique représente une extension naturelle de son marché historique axé sur les documents officiels d'identité, tels que les cartes d'identité, les passeports, les visas, les titres de séjour et les cartes d'électeur. Actuellement, le groupe propose des solutions d'identité numérique pour le grand public, les objets connectés et les professionnels. Avec ses 1900 collaborateurs, il a réalisé un chiffre d'affaires de 516 millions d'euros en 2021.

Le plan stratégique d'IN Groupe pour l'horizon 2025 vise à devenir un acteur de confiance dans la migration des identités professionnelles et régaliennes vers l'identité numérique. En septembre 2022, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a souligné lors d'une audition devant la Cour des Comptes l'importance pour IN Groupe de créer une entité d'une taille critique pour faire face à la concurrence croissante à l'étranger dans le domaine de l'identité numérique.

Didier Trutt, PDG d'IN Groupe, a déclaré : « Cet investissement constitue une étape clé dans le déploiement de solutions d’identités décentralisées à même de garantir aux États leur souveraineté et aux utilisateurs la sécurité de leurs données ». De son côté, Olivier Sichel, DG délégué de la Caisse des Dépôts, a qualifié cette collaboration « d’atout majeur pour développer une solution web 3 qui pourrait devenir un standard souverain de l’identité numérique décentralisée. »

Homme s'authentifiant à l'aide de son téléphone portable

Se faire une place dans le marché européen

Le projet d'IN Groupe et d'Archipels s'inscrit dans le contexte européen de préparation du règlement eIDAS 2, qui vise à définir les contours de l'identité numérique européenne. Ce règlement comprendra la création d'un « wallet » permettant aux utilisateurs d'identifier et d'échanger des données personnelles avec les autorités publiques grâce à leur téléphone portable. Archipels participe déjà à des pilotes en collaboration avec le ministère de l'Intérieur et Docaposte, avec lesquels il est également partenaire pour un service de certification des fiches de paie. 

Les besoins en matière d'identification, que ce soit pour les services grand public (paiement, vérification de l'âge, etc.) ou professionnels, sont de plus en plus importants. À titre d'exemple, Sam Altman, cofondateur d'OpenAI (ChatGPT), vient de lever 115 millions de dollars pour son projet Worldcoin, basé sur la blockchain, qui vise à permettre l'identification en ligne et les paiements via la numérisation de la rétine.

Ne pas se limiter à une seule filière industrielle

Hervé Bonazzi a déclaré que le consortium envisageait de déployer ses services d'identité numérique dans d'autres secteurs industriels afin de simplifier l'identification et de sécuriser les échanges. Par exemple, Orange fait appel à Archipels pour une expérimentation de preuve d'intervention des techniciens, et il suffit de 300 millisecondes pour vérifier l'authenticité d'un document sur la blockchain d'Archipels.

Le consortium prévoit également d'élargir son infrastructure en permettant à d'autres acteurs, non-actionnaires, de rejoindre sa gouvernance. Actuellement, l'infrastructure d'Archipels repose sur 24 « nœuds » soutenus par les différents actionnaires. Avec ses plans de croissance, Archipels prévoit de doubler ses effectifs d'ici à 2024 et d'augmenter le nombre de ses clients en 2023.