Quand deux directions financières se marient après une acquisition, l’équation dépasse l’alignement des reportings et des ERP. Il faut sécuriser la continuité opérationnelle tout en gagnant en performance, sans perdre les femmes et les hommes qui font tourner la machine. Ce que l’on néglige dans les trois premiers mois se paye cash au bout d’un an.

Rapprocher deux directions financières sans casser la mécanique

Un rapprochement d’entreprises déclenche des chantiers techniques lourds: calendriers de clôture à harmoniser, normes de reporting à unifier, outils de consolidation à interfacer, contrôles internes à renforcer. Mais la priorité n’est pas uniquement d’ordre comptable.

Le dosage entre centralisation et autonomie détermine le niveau d’intégration. Comme le rappelle un spécialiste du management de transition, certains groupes maintiennent des filiales à forte autonomie pour préserver la connaissance client et la vitesse d’exécution locale, quand d’autres optent pour un pilotage très centralisé pour optimiser coûts et cash. Il n’y a pas de schéma universel: on choisit le niveau d’intégration en cohérence avec la stratégie de création de valeur sur 18 à 36 mois.

À l’inverse, croire qu’un modèle unique s’impose partout est risqué. Acculturer sans écraser exige une posture d’écoute active: comprendre ce qui marche, détecter les spécificités utiles, identifier les bonnes pratiques à conserver, parfois à déployer à l’échelle du groupe. Cet effort de discernement évite de « casser » des boucles de décision courtes ou des routines de qualité déjà efficaces.

Chez Thuasne, acteur français des dispositifs médicaux, son directeur financier Cyril Lahaussois défend cette approche de curiosité professionnelle et de réciprocité. Le groupe, qui compte environ 2 400 salariés pour un chiffre d’affaires 2024 d’environ 290 millions d’euros, illustre l’importance d’une intégration progressive, attentive aux personnes autant qu’aux process. Ce pragmatisme évite l’écueil du « grand soir » financier qui déstabilise sans produire de gains durables.

Ce que la loi française impose pendant une intégration financière

CSE et information-consultation : toute modification importante de l’organisation ou des conditions de travail doit faire l’objet d’une information-consultation du CSE, avec un calendrier réaliste au regard des jalons d’intégration (Code du travail, art. L. 2312-8).

Transfert des contrats : si le périmètre racheté constitue une entité économique autonome, les contrats de travail sont transférés de plein droit (art. L. 1224-1 du Code du travail). Anticiper les impacts sur les équipes finance.

FEC et contrôle fiscal : le Fichier des écritures comptables doit être produit en cas de contrôle. Harmoniser les plans de comptes et s’assurer de la conformité des exports dès les premières clôtures post-acquisition.

Commissariat aux comptes : post-Pacte, la nomination d’un commissaire aux comptes est obligatoire au-delà de certains seuils ou en cas d’appartenance à un groupe. Cartographier ces obligations dès le « jour 1 » pour éviter toute non-conformité.

Liasse fiscale : pour un exercice clos au 31 décembre, le dépôt de la liasse intervient généralement début mai via TDFC. Anticiper l’alignement des plans d’amortissement, délais et justifications de clôture.

Aligner la gouvernance financière et cadrer le degré d’intégration

Le premier jalon est la clarification de la gouvernance. Qui pilote quoi entre groupe et filiale, et avec quel horizon de résultat. Sans cette boussole, l’intégration devient une accumulation d’initiatives non coordonnées.

Trois décisions structurent la trajectoire:

  • Le mandat d’intégration : définir les résultats attendus à 100 jours et 12 mois, avec des indicateurs simples: délai de clôture, qualité des comptes, génération de cash, niveau d’automatisation, maîtrise des risques.
  • Le degré de centralisation : décider des domaines à standardiser vite (contrôle interne, politique de trésorerie, cut-offs, arrêtés) et des zones de souplesse transitoire (outils de gestion commerciale, spécificités de facturation, langues, comptabilité de gestion).
  • Le sponsoring exécutif : le tandem directeur financier groupe et directeur général doit porter une communication transparente sur le cap, le calendrier et les impacts. L’absence de discours unifié nourrit l’anxiété et ralentit la bascule.

Sur le plan humain, la clarté du cap est décisive. Un manager expérimenté en intégration rappelle: on ne fait pas l’impasse sur la communication. Expliquer les raisons des choix, admettre les difficultés, partager les jalons: c’est ce qui autorise l’adhésion, y compris quand des départs s’annoncent. Dans une croissance externe, on ne gagne pas seulement par la technique, on gagne par la confiance.

Le « jour 1 » n’est pas la fusion de tout. C’est l’assurance d’une continuité sans surprise: accès aux comptes bancaires, pouvoirs bancaires mis à jour, sécurisation des paiements fournisseurs et salaires, maintien des cut-offs, inventaires, règles de signature, sauvegardes des systèmes, rapprochements bancaires, ports de collecte des factures, conformité RGPD des transferts de données, communication claire des interlocuteurs clés.

Objectif unique: aucune rupture de flux et un premier arrêté sans dérive majeure.

Cartographier outils, cycles et clôtures pour verrouiller le premier arrêté

La plupart des incidents post-acquisition se nichent dans les détails: cohérence des référentiels, versions d’ERP, fichiers d’interface, paramétrages TVA, découpages analytiques, procédures d’inventaire. D’où l’intérêt d’une cartographie des process et systèmes dans les quatre premières semaines.

Points de contrôle prioritaires:

  • Cycle ventes : règles d’encaissement, remises, cut-offs, intercos, facturation électronique, e-reporting et e-invoicing anticipés dans le cadre de la réforme française de la facturation électronique.
  • Cycle achats : seuils de validation, fournisseurs critiques, conformité à la LME sur les délais de paiement, paramétrage de la TVA, risques de dépendance économique.
  • Stocks et production : méthodes d’évaluation, obsolescences, inventaires tournants, lien ERP – compta, traçabilité.
  • Trésorerie : cash pooling, pouvoirs, KYC bancaire, garanties, instruments, covenants bancaires et limites internes.
  • Clôtures : calendrier, checklists, rôles et responsabilités, jalons J-5 à J+6, remontées consolidation, retraitements IFRS si applicable, purchase price allocation.

Cette cartographie nourrit le plan de sécurisation du premier arrêté post-deal et la feuille de route d’harmonisation à 6-12 mois. Les entreprises qui réussissent fixent un cadre méthodologique léger et capitalisent sur les compétences internes, plutôt que d’imposer une norme sans pédagogie.

La première consolidation après acquisition déclenche le traitement IFRS 3: allocation du prix d’acquisition aux actifs et passifs identifiables, reconnaissance des incorporels (marques, relations clients, technologies), calcul du goodwill. Conséquences concrètes: amortissements d’incorporels qui pèsent sur l’EBIT, ajustements d’évaluation de stock, reconstitution des écritures d’ouverture. Cela affecte la lisibilité des KPI opérationnels si l’on n’isole pas ces effets dans le pilotage.

Gérer le facteur humain dans la filière finance

La technique ne suffit pas. La dynamique d’équipe est l’élément différenciant entre une intégration qui accélère et une intégration qui freine. Trois leviers font la différence.

1. Identifier les relais internes. Dans les équipes reprises, certains profils peuvent jouer un rôle de pivot.

Le directeur financier cible en fait souvent partie, même si le modèle cible ne prévoit pas un DAF local à terme. Des cabinets de transaction rappellent qu’il est judicieux de confier la direction de l’intégration à ce DAF, avec un dispositif d’intérêt clair et une temporalité définie. C’est un signal de respect, et une garantie d’exécution.

2. Donner de la visibilité. Publier une trajectoire de postes, clarifier les métiers recherchés dans le nouvel ensemble, mentionner les passerelles possibles vers le groupe. Expliquer pourquoi certaines fonctions seront doublées puis mutualisées. La transparence évite les départs non souhaités et facilite le recrutement de talents pénuriques.

3. Capitaliser sur les experts. On repère parfois dans la cible des spécialistes outils, des comptables multi-normes, des contrôleurs à l’aise avec la data. Les propulser au niveau groupe comme référents ou product owners renforce l’adhésion et accélère les déploiements. Les retours d’expérience de cabinets de conseil montrent que ces mobilités internes produisent des effets durables sur la qualité et l’efficacité.

Positionner le DAF cible comme chef de projet d’intégration

Contrat et incitation : formaliser la mission dans un avenant avec objectifs, bonus de projet et horizon. Clarifier la non-cumulativité avec un éventuel earn-out pour éviter les conflits d’intérêt.

Périmètre : lui confier la coordination des chantiers finance, IT métier, contrôle interne, avec un PMO léger. Exiger un reporting bimensuel au CFO groupe.

Transfert de savoir : organiser un passage de relais vers les équipes qui prendront le poste cible. Documenter, enregistrer, standardiser.

Thuasne : culture d’écoute au service de l’intégration

Le fabricant de dispositifs médicaux Thuasne illustre une intégration guidée par l’écoute active. Son directeur financier Cyril Lahaussois plaide pour une humilité méthodique: comprendre les routines, distinguer l’indispensable de l’accessoire, conserver les méthodes qui créent de la valeur, y compris quand elles diffèrent du standard groupe. Dans des organisations industrielles ou de santé, cette prudence évite d’augmenter le risque qualité et de fragiliser la supply chain, tout en préparant l’alignement sur les cycles financiers groupe à un rythme acceptable pour les opérations.

Outils et données: converger sans précipiter

Unifier ERP, outils de consolidation et chaînes de facturation est un passage obligé. Mais la mise en œuvre trop rapide multiplie les régressions, surtout quand les équipes ne maîtrisent pas encore la nouvelle culture de clôture. La bonne pratique consiste à séparer stabilisation et transformation.

Étapes conseillées:

  1. Stabiliser les interfaces essentielles pour sécuriser facturation, encaissements, achats, stocks et paie. Fiabiliser les exports FEC et liasse fiscale. Figer le plan de comptes et les règles de cut-off sur deux clôtures consécutives.
  2. Expérimenter des pilotes sur un périmètre restreint: par exemple, un site ou une BU, avec un « template » ERP du groupe. Mesurer la qualité des données, tester la montée en charge, corriger.
  3. Déployer par lots compacts, avec un change management consistant: formations, supports, permanences. Nommer des « champions » locaux et des référents groupe.

Deux sujets transverses montent en puissance: cybersécurité et données personnelles. Les migrations et interfaces doivent être auditées. Les informations RH et clients traitées par la finance impliquent le DPO et nécessitent une cartographie RGPD claire, en particulier en cas d’hébergement hors UE.

Un ERP n’est pas qu’un logiciel comptable. C’est le cœur des processus métier. En fusionner deux sans stabilisation préalable, c’est risquer une dégradation du taux de service, des erreurs de facturation, des ruptures d’approvisionnement. La valeur d’un deal peut s’éroder en quelques semaines si l’on confond vitesse et précipitation. Mieux vaut accepter une phase d’« interopérabilité » bien maîtrisée avant de basculer vers le « core model » groupe.

Métriques Valeur Évolution
Délai cible de clôture mensuelle J + 6 ouvrés - 4 jours vs cible initiale J + 10
Automatisation des écritures récurrentes 85 % + 25 points
Réduction OPEX back-office finance - 12 % Sur 12 mois
Turnover non souhaité des équipes finance < 10 % Stabilisé
Part des paiements fournisseurs en mode démat 95 % + 15 points

Ces repères, couramment adoptés dans les groupes français de taille intermédiaire, fournissent un cadre d’ambition pragmatique. Ils se traduisent par des bénéfices tangibles: clôtures plus fiables, cash prévisible, réduction des tâches manuelles, meilleure rétention des talents. Les écarts s’évaluent chaque mois avec un comité d’intégration finance qui arbitre les priorités.

Communication, rituels et pédagogie de la performance

Pour embarquer les équipes, la pédagogie compte autant que la planification. Les dirigeants interrogés convergent: dire où l’on va, pourquoi et avec quelle temporalité, puis tenir parole. Trois pierres angulaires sont efficaces:

  • Rituels de pilotage courts : réunions hebdomadaires de 30 minutes, ordres du jour constants, décisions tracées, actions claires. Cela rassure et accélère.
  • Transparence sur les difficultés : présenter un problème à résoudre ne décrédibilise pas l’intégration. L’équilibre franchit un cap quand on admet les compromis nécessaires et qu’on assume des renoncements.
  • Moments collectifs : séminaires, ateliers mixtes, célébration des jalons. La fête n’est pas un gadget: elle cristallise l’appartenance et clôt une phase, avant d’en ouvrir une autre.

La communication externe n’est pas un détail. Clients, fournisseurs, banques doivent être informés des changements utiles: nouveaux interlocuteurs, IBAN, procédures de signature, règles de facturation. À l’interne, la newsletter d’intégration et un espace de ressources simple facilitent la bonne appropriation des nouveaux standards et fournissent un centre de gravité à l’effort collectif.

Indicateurs de pilotage à suivre en intégration

Qualité des comptes : nombre de corrections post-clôture, écarts d’inventaire, ageing clients et fournisseurs.

Fiabilité des délais : taux de respect des jalons J-5, J, J+6, publication consolidation et liasse dans les temps.

Data et process : pourcentage d’écritures automatiques, couverture des contrôles, stabilité des référentiels.

Humain : taux d’absentéisme, sorties non désirées, participation aux formations, satisfaction des équipes.

Risques à surveiller et arbitrages économiques

L’intégration financière porte des risques opérationnels, juridiques et réputationnels. Les arbitrages à réaliser doivent être économiquement fondés et documentés.

Principaux risques:

  • Délais de paiement : la Loi LME encadre les délais fournisseurs. Toute réorganisation des flux doit respecter ces limites sous peine de sanctions. Une bascule informatique mal préparée peut provoquer des retards.
  • Contrôle fiscal : FEC incohérents, plans de comptes hétérogènes, documentation prix de transfert incomplète. Les cibles à l’international exigent une vigilance prix de transfert renouvelée.
  • Qualité de service : litiges clients en hausse si la facturation bascule mal. La réputation est un actif fragile dans les mois qui suivent l’acquisition.
  • Cybersécurité : exposition accrue pendant les migrations. Doubler la surveillance, segmenter les accès, auditer les interfaces.

Côté arbitrages, tout ne peut pas être fait en même temps. On hiérarchise en fonction du retour sur risque et du retour sur valeur. Par exemple, déployer le core model ERP trop tôt peut coûter plus cher qu’un maintien temporaire de deux systèmes interfacés. À l’inverse, retarder la centralisation de la trésorerie menace la liquidité et la discipline cash.

J + 30 : cartographie des risques, check des pouvoirs bancaires, sécurité des flux, calendrier de clôture stabilisé, premières quick wins sur l’automatisation, comités de pilotage installés.

J + 100 : clôture mensuelle au standard groupe, plan d’harmonisation des référentiels, pilotes ERP lancés, design cible du contrôle interne, trajectoire RH clarifiée, décisions prises sur les chantiers à fort impact économique.

Transformer les talents en leviers de performance groupe

Au-delà des process, la réussite tient à la gestion des compétences. Savoir intégrer des équipes qui ont parfois grandi dans un autre cadre culturel oblige à articuler trois dynamiques.

1. Professionnaliser les filières. Définir des fiches métiers groupe, des niveaux attendus, des parcours de progression, des critères de mobilité. Cela uniformise les attentes tout en créant des perspectives crédibles. Les équipes se projettent mieux si elles lisent leur avenir dans un référentiel commun.

2. Former aux nouveaux standards. Consolidation, IFRS, cash management, data, outils d’automatisation. Une montée en compétence visible rassure et rend les changements légitimes. Elle peut passer par un mix internalisation – externe, certifications ciblées et tutorat par les référents nouvellement nommés.

3. Récompenser l’effort d’intégration. Valoriser les réussites par des primes spécifiques, des promotions rapides, des mobilités transverses. Les entreprises qui assument cette politique retiennent mieux les profils rares et évitent le scénario du « délitement silencieux » des équipes clés.

Valtus : le rôle du management de transition

Les opérations de M and A sollicitent parfois des managers de transition pour piloter temporairement la fonction finance, épauler un DAF cible, ou conduire un chantier spécifique. Le recours à un acteur spécialisé permet de sécuriser les jalons quand l’organisation interne est absorbée par l’activité courante et l’acculturation. L’apport recherché n’est pas seulement technique: ces dirigeants apportent des méthodes d’exécution éprouvées et une capacité à trancher rapidement en période de transformation.

Harmoniser la performance sans étouffer les spécificités

Un reproche récurrent aux intégrations trop mécaniques est d’écraser la singularité qui faisait la force de la cible. La finance peut au contraire jouer un rôle d’amplificateur de ces différenciants en adaptant le pilotage.

Quelques mécanismes utiles:

  • KPI à deux étages : un socle groupe transverse et des KPI locaux spécifiques aux modèles économiques, reliés à la performance globale par des passerelles explicites.
  • Budget modulaire : un budget groupe standard, enrichi de modules locaux qui traduisent les leviers propres aux marchés de la cible. Les écarts sont lus à la lumière de ces modules.
  • Revues de performance mixtes : associer dirigeants historiques de la cible et cadres groupe dans les revues mensuelles. On limite les angles morts et on crée de l’apprentissage croisé.

Cette architecture évite d’importer des indicateurs qui ne font pas sens et crée au contraire un langage commun. Quand la finance parle la langue du business local, la transformation s’accélère.

L’après-clôture: réussir les convergences techniques sensibles

Une fois le premier cycle de clôtures stabilisé, les chantiers lourds reprennent: core model ERP, facturation électronique, dématérialisation achats, robotisation des écritures, data quality. Chacun mérite un cadrage clair, un sponsor et des objectifs mesurables.

Bonnes pratiques de déploiement:

  • Core model ERP : formaliser les écarts acceptés, qualifier ce qui relève du standard, de l’option ou de la dérogation temporaire. Planifier par vagues courtes avec critères de sortie objectifs.
  • Facturation électronique : anticiper la réforme française et ses paliers. S’assurer de la conformité des formats, du e-reporting et des interconnexions avec les PDP et PPF envisagés.
  • Automatisation : prioriser les écritures volumétriques et répétitives ou les rapprochements bancaires. Mesurer le gain temps et le taux d’exception résiduel.
  • Qualité de données : instituer un propriétaire des référentiels et une boucle d’amélioration continue avec des contrôles de cohérence simples, mais systématiques.

La discipline d’exécution, la sobriété des outils et la clarté des responsabilités font la différence entre un programme qui délivre et une succession d’annonces sans effet.

Donner du sens: raconter l’histoire économique de l’intégration

Au-delà de la technique, une intégration réussie raconte une histoire économique compréhensible par les équipes: quel marché on veut gagner, quelle proposition de valeur on renforce, quelles synergies sont recherchées, quels moyens sont engagés.

Le comité de direction gagnera à rendre visibles les résultats financiers et non financiers, en expliquant ce qui crée la valeur dans le nouvel ensemble et ce qui tient de l’effet mécanique de consolidation. En consolidé, les effets IFRS 3 peuvent brouiller les signaux. D’où l’intérêt de tableaux de bord qui isolent ces effets et rendent lisible la performance intrinsèque.

Enfin, la dimension symbolique compte. Les événements conviviaux organisés une fois l’effervescence passée ne sont pas superflus: ils matérialisent l’entrée dans une nouvelle phase. On ne bâtit pas une culture commune uniquement avec des modes opératoires. On la construit en partageant des moments qui deviennent des repères.

Après l’intégration financière, cap sur la création de valeur humaine

La réussite d’un rapprochement ne se mesure pas seulement à des délais de clôture raccourcis ou à des OPEX en baisse. Elle se constate dans la fluidité des décisions, le maintien de la confiance et la capacité de l’organisation à apprendre. La finance y contribue quand elle allie rigueur, lisibilité et pédagogie, et quand elle assume son rôle d’intégrateur.

Au fond, acculturer sans dénaturer, harmoniser sans écraser, transformer sans perdre: voilà l’équation. À ce prix, les synergies promises cessent d’être un mot dans une présentation et deviennent une trajectoire tangible, trimestre après trimestre, au service de la stratégie.

Intégrer deux directions financières, c’est mettre d’accord process, outils et personnes: on gagne durablement lorsque l’exigence technique s’appuie sur une gouvernance claire, une communication honnête et une attention constante portée aux talents.