Quelle est la stratégie de Daniel Baal à la FBF ?
Découvrez la stratégie de Daniel Baal à la FBF, ses défis et priorités lors de son mandat qui commence en septembre 2025.

Changement de visage au sommet du lobbying bancaire français. À compter du 1 septembre 2025, Daniel Baal prend la présidence tournante de la Fédération bancaire française.
Ce dirigeant aguerri du mutualisme s’installe à un poste stratégique, à l’heure où s’aiguisent les débats sur la régulation, la compétitivité des établissements et la protection des clients. Les banques, colonne vertébrale du financement de l’économie, seront observées de près.
Gouvernance: daniel baal prend la présidence tournante de la fbf le 1 septembre 2025
La prise de fonction de Daniel Baal s’inscrit dans un format connu des acteurs de la place: la présidence de la FBF est assurée pour un an, de manière tournante. Il succède à Slawomir Krupa, directeur général de Société Générale, et disposera d’un mandat court mais dense, centré sur l’agenda réglementaire européen et la défense du modèle bancaire français.
L’annonce a été faite à l’été 2025 et confirme une orientation claire: porter la voix d’une banque universelle, à la fois de détail, d’investissement et d’assurance. Daniel Baal a posé le cadre dès le départ en déclarant: Je veillerai à assurer au mieux la promotion du modèle français de banque universelle au service des clients et de l’économie (Boursorama, 23 juillet 2025).
Cette visibilité institutionnelle est essentielle. La FBF fédère un large spectre d’établissements et organise un dialogue permanent avec les autorités nationales et européennes. Dans un paysage financier en recomposition, la capacité à argumenter techniquement sur des sujets complexes devient un avantage compétitif en soi.
Le tempo est serré. L’agenda 2025-2026 comprend la mise en application de textes structurants, la poursuite des discussions sur les paiements et l’open finance, l’adaptation aux standards numériques et la consolidation des dispositifs de sécurité face aux cybermenaces. Autant de chantiers qui conditionnent coûts, investissements et, in fine, rentabilité.
Calendrier et gouvernance FBF: points clés à retenir
La FBF regroupe plus de 320 banques opérant en France. Sa présidence est annuelle et tournante. Le bureau et les commissions thématiques alimentent la position commune de la profession, en lien avec les régulateurs et les décideurs publics.
- Début de mandat: 1 septembre 2025.
- Format: mandat d’un an, présidence tournante.
- Priorités: régulation, compétitivité, innovation, sécurité, financement de l’économie.
La présidence tournante permet à de grandes banques de piloter, tour à tour, la représentation de la profession. Ce mécanisme évite la captation par un acteur unique et favorise un équilibre entre modèles d’affaires (banques universelles, groupes mutualistes, filiales de groupes étrangers). Le président s’appuie sur des services permanents qui assurent la continuité des positions techniques.
Un dirigeant forgé par le mutualisme bancaire
Le parcours de Daniel Baal s’est construit au sein du groupe Crédit Mutuel, où il occupe depuis des années des responsabilités exécutives majeures. Son profil est celui d’un manager ancré dans la gouvernance mutualiste, habitué à faire converger performance économique et ancrage territorial.
En avril 2025, il a été reconduit à la présidence de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, consolidation qui souligne sa légitimité interne et son expérience des dossiers de transformation industrielle et digitale (L’Alsace, 25 avril 2025). Cette reconduction, survenant un an après avoir succédé à Nicolas Théry, conforte un leadership jugé à la fois stable et opérationnel.
Dans cet écosystème, la précision des arbitrages entre réseau, technologie, assurance et investissement est décisive. Le mutualisme impose une vision de long terme et une répartition fine des ressources. C’est un atout, dans la mesure où la robustesse du bilan et la qualité du service à la clientèle priment sur la volatilité du court terme.
Crédit mutuel alliance fédérale: stratégie et résultats
Crédit Mutuel Alliance Fédérale est l’un des acteurs les plus importants du marché français. Le groupe revendique environ 77 000 collaborateurs et a réalisé un produit net bancaire de 16,6 milliards d’euros en 2024. Il opère sur l’ensemble de la chaîne de valeur: banque de détail, assurance, services technologiques, et solutions pour les entreprises et collectivités.
Cette pluralité d’activités constitue un socle stratégique. La diversification des revenus protège partiellement contre les cycles sectoriels, tout en exigeant une discipline industrielle sur les coûts, la cybersécurité et l’intégration des systèmes. La gouvernance multitutelle de l’Alliance Fédérale confère une densité d’arbitrage dont l’utilité se mesure autant dans la gestion des risques que dans l’innovation.
Le produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires d’une banque, agrège la marge d’intérêt (différence entre intérêts reçus et versés) et les commissions nettes, ainsi que certains résultats sur opérations de marché. Il mesure l’activité commerciale et la contribution des métiers. Sa dynamique dépend du volume de crédits et dépôts, de la tarification, des taux d’intérêt et de l’appétit pour le risque.
Repères biographiques essentiels de Daniel Baal
Cadre dirigeant du Crédit Mutuel, Daniel Baal a assumé diverses responsabilités au sein du groupe avant de prendre la tête de Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Son expertise couvre la banque de détail, la supervision d’entités multi-métiers et la transformation numérique des réseaux. Sa trajectoire illustre un leadership de terrain, connecté aux enjeux du financement local et des PME.
Fbf: missions, poids de représentation et chantiers prioritaires
La Fédération bancaire française rassemble plus de 320 établissements actifs en France, qu’ils soient français ou filiales de groupes internationaux. Sa vocation consiste à élaborer des positions communes sur les textes de place, à porter la voix du secteur auprès des pouvoirs publics, et à partager avec ses membres des analyses économiques, prudentielles et opérationnelles.
Parmi les dossiers techniques de premier plan en 2025-2026 se trouvent la mise en application de DORA sur la résilience opérationnelle numérique, le calendrier d’instant payments sur le marché européen, la finalisation des paquets prudentiels et la refonte des règles de paiement avec les textes PSD3 et PSR. Ces chantiers combinent exigences IT, protection du consommateur et soutenabilité économique.
L’implication de la FBF est double. D’une part, elle contribue à rendre les normes applicables sans fragiliser la rentabilité des établissements. D’autre part, elle veille à ce que les délais et modalités de déploiement tiennent compte des réalités industrielles, des coûts d’adaptation et de la sécurité. La crédibilité technique demeure la clé du dialogue avec le régulateur.
Dialoguer avec les pouvoirs publics: méthodes et influence
Les positions de la profession sont construites au sein de groupes de travail thématiques, nourries par des données et des retours d’expérience. Les arbitrages reposent sur une logique de filière: plus d’efficacité dans les paiements, plus de sécurité dans les architectures IT, plus de clarté pour le consommateur. La FBF agrège ces contributions avant de les porter dans le débat public.
La méthode privilégie les faits. Simulations d’impact, options techniques et comparaisons européennes alimentent les échanges. L’objectif est constant: garantir l’accès au crédit, stabiliser le coût du service bancaire et préserver l’investissement dans les infrastructures financières. Cette approche vise une compétitivité durable, plutôt que des gains ponctuels.
La banque universelle regroupe sous un même toit la banque de détail, l’assurance et, selon les acteurs, la banque de financement et d’investissement. Avantage: une base de revenus plus diversifiée et des synergies commerciales. Risque: complexité accrue, qui exige des contrôles robustes et une gouvernance claire. En France, ce modèle s’est imposé comme un standard, soutenu par une large part des grands groupes.
Macroéconomie: dettes publiques, marché du crédit et équation de rentabilité
La trajectoire des finances publiques est redevenue un sujet de place. Les échanges nourris autour de la dette et des arbitrages budgétaires, à travers des formats de sensibilisation dédiés, rappellent que le secteur bancaire participe aux chaînes de financement de l’État et de l’économie réelle. L’initiative de débat public portée par François Bayrou durant l’été 2025 illustre ce besoin de pédagogie macroéconomique.
Pour les banques, l’environnement de taux et la dynamique des dépôts pèsent directement sur la marge d’intérêt. Le pic des taux a soutenu les revenus en 2023, mais la reprise de la rémunération des dépôts et la concurrence sur l’épargne ont entamé une partie des gains. En parallèle, les besoins d’investissement IT et le coût du capital restent élevés, d’où une vigilance accrue sur les projets.
Côté crédit, plusieurs dossiers concentrent l’attention. Le logement incarne une priorité sociale et économique. La production de prêts immobiliers s’est contractée, avant de chercher un plancher. La capacité de rebond dépendra du pouvoir d’achat des ménages, des règles prudentielles et de la trajectoire des taux. À court terme, l’essentiel est de stabiliser les volumes sans dégrader la qualité du risque.
Crédit immobilier: signaux de reprise attendus et contraintes persistantes
Une remontée progressive de l’activité est espérée avec l’ajustement des conditions financières et l’adaptation commerciale des établissements. Mais la prudence reste de mise. Les banques doivent concilier accès au crédit et maîtrise des risques, notamment sur la durée des prêts, l’endettement des ménages et la valorisation des biens.
Les réseaux adaptent leur offre, en renforçant l’accompagnement des primo-accédants et des ménages fragiles. La stabilité réglementaire sera déterminante pour reconstituer un pipeline de dossiers viables, limiter les reports et sécuriser la transition énergétique du parc résidentiel, qui mobilisera des financements considérables dans les années à venir.
Ce qui va peser sur les marges bancaires en 2025
La rentabilité agrégée dépendra de quatre facteurs clés.
- Repricing des dépôts: hausse de la rémunération de l’épargne et arbitrages des clients vers des supports mieux rémunérés.
- Coûts d’adaptation réglementaire: paiements instantanés, sécurité IT, conformité aux nouvelles normes européennes.
- Qualité du risque: vigilance sur l’immobilier résidentiel et commercial, et sur les TPE-PME en contexte de trésorerie tendue.
- Investissements digitaux: priorités à arbitrer entre cybersécurité, modernisation des systèmes et développement de nouveaux services.
Au plan macro, la coordination entre les objectifs de soutenabilité des finances publiques et le financement de la transition doit rester lisible. Une trajectoire claire améliore la confiance et réduit l’incertitude, ce qui soutient l’investissement privé. La FBF aura un rôle d’interface pour faire remonter les impacts terrain, notamment sur la liquidité des PME et l’accès au crédit.
Innovation, cybersécurité et open finance: la feuille de route annoncée
La présidence de Daniel Baal a placé l’innovation et la résilience numérique parmi les priorités. Le secteur a basculé dans une ère où la sécurité informatique est une condition préalable à tout lancement de produit. Les obligations de DORA, de plus en plus concrètes, imposent une rigueur accrue dans la gestion des risques, la surveillance des prestataires et la reprise d’activité.
Au-delà de la sécurité, l’avenir des paiements et de l’open finance se joue sur les chantiers PSD3 et PSR, avec des exigences de transparence et d’authentification qui doivent préserver l’expérience client. La montée en puissance des fintech et des big tech dans les paiements impose de garantir un cadre concurrentiel équitable, y compris sur les interfaces et la portabilité des données.
Les établissements, désormais, ne distinguent plus transformation digitale et stratégie commerciale. Plateformes, API, IA générative et automatisation des contrôles KYC se combinent pour fluidifier l’onboarding, réduire les coûts de conformité et personnaliser les offres. Mais l’industrialisation doit se faire sans fragiliser la protection des données et la qualité du conseil.
Crédit mutuel: initiatives durables et orientation 2025
Le mutualisme pousse à mesurer les externalités et à structurer des produits utiles aux territoires. Le groupe Crédit Mutuel renforce ses dispositifs d’accompagnement des transitions énergétique et numérique des particuliers, entreprises et collectivités. L’approche s’articule autour de trois axes: financement de l’efficacité énergétique, sécurisation des systèmes d’information et services à valeur ajoutée pour les PME.
Cette trajectoire est cohérente avec la ligne annoncée par Daniel Baal à la FBF. Porter l’innovation ne revient pas à courir après chaque technologie émergente, mais à sélectionner des sujets à fort impact économique et social. Le déploiement de l’instant payment ou l’extension des parcours 100 pour cent numériques devra s’accompagner d’un support client clarifié et d’une pédagogie renforcée.
DORA impose une gestion fine des risques IT: inventaire des actifs, scénarios de crise, tests de résilience, surveillance des prestataires tiers et reporting harmonisé. Pour les banques françaises, l’effort porte sur la cartographie des dépendances critiques, l’alignement des plans de reprise d’activité et la contractualisation avec les fournisseurs cloud. L’enjeu est de gagner en sécurité sans créer des coûts superflus.
Transition et régulation: balises pour 2025
Quelques repères utiles pour suivre l’actualité réglementaire et durable.
- Open finance: vers une gouvernance plus robuste des accès aux données et des obligations d’interface.
- Paiements instantanés: généralisation progressive, avec contraintes d’AML, de sécurité et d’information client.
- CSRD: standardisation de l’extra-financier, impactant la collecte de données et la gestion des risques climatiques.
- Cybersécurité: convergence des exigences DORA et des contrôles prudentiels, pilotée par les risques opérationnels.
Sur le terrain, une logique d’alliance s’impose. Les banques intensifient leurs partenariats technologiques, soit via des co-entreprises, soit via des contrats modulaires. Le pilotage des coûts devient un critère plus déterminant que jamais. Les arbitrages budgétaires devront protéger les chantiers cœur, notamment la résilience et l’expérience client.
Financement de l’économie réelle: emplois, territoires et levier d’influence
Le secteur bancaire pèse plus de 350 000 emplois en France. Cet ancrage social et territorial confère à la profession un rôle d’entraînement. À travers la distribution de crédit, la gestion des dépôts et l’allocation de l’épargne, les banques irriguent les territoires et stabilisent le tissu productif. La période qui s’ouvre exige une vigilance renforcée sur les populations fragiles et les PME.
La FBF, sous la présidence Baal, pourrait pousser trois leviers. D’abord, une pédagogie renouvelée envers les ménages sur le coût du crédit et l’épargne de précaution.
Ensuite, une coopération plus étroite avec les acteurs publics pour accélérer la rénovation énergétique et l’investissement productif. Enfin, une transparence accrue sur l’origine des frais, la performance des produits et la qualité du conseil.
La capacité du secteur à absorber les chocs, qu’ils soient macroéconomiques, réglementaires ou cyber, conditionne la stabilité de l’offre de crédit. Dans ce contexte, la voix de la FBF sert aussi à rappeler que la compétitivité des banques n’est pas un objectif en soi, mais un moyen d’assurer le financement durable de l’économie et la protection des clients.
Pourquoi la nomination de Daniel Baal compte pour les entreprises
Pour les dirigeants d’entreprises, trois implications sont immédiates.
- Crédit et trésorerie: priorité donnée à la fluidité des financements, avec un accent sur les TPE-PME et les transitions.
- Paiements: déploiement des paiements instantanés et renforcement de la sécurité, facteurs de performance pour la facturation et le cash management.
- Cyber et conformité: hausse du niveau d’exigence dans la chaîne de valeur, y compris pour les prestataires des entreprises clientes des banques.
Au-delà des dossiers de place, le leadership de Daniel Baal peut favoriser un rapprochement encore plus opérationnel entre grands groupes et écosystème entrepreneurial. À l’échelle des territoires, cela peut se traduire par un accompagnement renforcé sur le conseil, l’ingénierie financière et l’accès aux dispositifs publics de soutien à l’investissement.
Ce que la présidence baal peut changer dès 2025
Le mandat qui s’ouvre est court, mais les résultats peuvent être tangibles. En portant un discours clair sur la banque universelle et la qualité de service, Daniel Baal peut accélérer la coordination de la place sur les paiements, consolider les standards de cybersécurité et promouvoir des solutions concrètes de financement de la transition. L’enjeu est d’aligner, rapidement, intention stratégique et exécution opérationnelle.
La crédibilité de la feuille de route passera par des avancées mesurables: frictions en paiement réduites, pédagogie client renforcée, indicateurs de qualité de service partagés, et articulation lisible entre régulation et soutien à l’investissement. Dans un contexte économique exigeant, une présidence tournée vers l’efficacité et l’explicabilité peut offrir aux banques françaises un surcroît de confiance et de lisibilité, au bénéfice des ménages et des entreprises.
La nomination de Daniel Baal à la FBF cristallise un moment de vérité pour les banques françaises: transformer sans fragiliser, investir tout en expliquant, et faire de la régulation un moteur d’efficacité au service de l’économie réelle et des clients.