Le président français Emmanuel Macron a invité les grandes entreprises françaises à une réunion pour les encourager à accélérer la réduction de leur empreinte carbone. Cette initiative intervient alors que Greenpeace accuse la compagnie pétrolière et gazière française TotalEnergies de sous-déclarer ses propres émissions.
 
M. Macron a invité les représentants d'une cinquantaine d'entreprises industrielles parmi les plus grandes - et les plus polluantes - de France à une réunion au palais de l'Élysée afin de discuter de la réduction de leurs émissions, tout en les encourageant à maintenir leurs activités en France.
 
Selon la radio France Info, M. Macron a l'intention de rassurer des entreprises comme TotalEnergies, Lafarge et Saint Gobain sur le fait que l'État les soutiendra face à la hausse des coûts énergétiques, tout en les incitant à développer rapidement des énergies plus vertes, comme l'hydrogène vert.
 
L'objectif est d'encourager ces entreprises à poursuivre leurs activités en France plutôt que de partir dans d'autres pays où les réglementations environnementales sont moins strictes.
 

Des émissions sous-déclarées

Pendant ce temps, Greenpeace France a déclaré mercredi que TotalEnergies, l'un des plus grands producteurs de pétrole et de gaz au monde, a considérablement sous-déclaré ses émissions de carbone en 2019.

L'organisation de défense de l'environnement a déclaré qu'en utilisant les données de production et d'échange disponibles au public, elle a constaté que les émissions de carbone de TotalEnergie en 2019 étaient près de quatre fois supérieures à ce qu'elle avait déclaré.
 
Greenpeace France a déclaré que les activités principales de TotalEnergies avaient généré environ 1,64 milliard de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone en 2019, alors que l'entreprise a déclaré 455 millions de tonnes dans son propre bilan carbone.
 
« S'il est impossible de savoir quels sont les volumes que TotalEnergies minimise ou exclut de son reporting, il est clair que le groupe sous-déclare massivement le scope 3 », a déclaré Greenpeace France, faisant référence aux émissions indirectes à travers la chaîne de valeur.
 
TotalEnergies a contesté les chiffres de Greenpeace, qualifiant sa méthodologie de « douteuse ».
 
« Greenpeace effectue des calculs qui ne tiennent pas compte de l'intégration de TotalEnergies tout au long de la chaîne de valeur du pétrole et du gaz », a déclaré l'entreprise dans un communiqué.
 
Le groupe de campagne « compte donc plusieurs fois les émissions liées à la combustion des produits sur chaque chaîne de valeur ».
 

Accusations de greenwashing

TotalEnergies a essayé de redorer son blason en se lançant dans les énergies renouvelables et en mettant l'accent sur l'abandon des activités centrées sur le carbone, ce qui lui a valu d'être accusé de blanchiment écologique par Greenpeace et d'autres organisations.
 
TotalEnergies s'est engagé à atteindre des émissions de carbone « nettes » d'ici 2050, ce qui, selon François Chartier, responsable de la campagne pétrolière de Greenpeace France, est « carrément irréaliste » au vu des nouvelles estimations.
 
Les défenseurs du climat et certains investisseurs ont reproché à la compagnie de continuer à investir dans des projets pétroliers et gaziers, comme son oléoduc d'Afrique de l'Est et son projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique.
 
Greenpeace France a déposé une plainte auprès d'un tribunal français accusant TotalEnergies de publicité mensongère en affirmant ses ambitions climatiques tout en investissant dans de nouveaux projets de combustibles fossiles.
 
Elle a déclaré avoir signalé ses conclusions sur la déclaration de ses émissions de carbone à l'AMF, l'autorité française de régulation des marchés.