Quelle est l'issue pour l'imprimerie Valmy en liquidation ?
Découvrez les impacts de la liquidation judiciaire de Valmy, ses enjeux pour les employés et l'écosystème local autour de Roanne.

L’enseigne roannaise Valmy s’éteint après un dernier sursis. Spécialisée dans l’impression et le façonnage de packaging, la PME du Coteau n’a pas survécu à une trésorerie fragilisée. Le tribunal de commerce de Roanne a prononcé sa liquidation judiciaire le 29 août 2025, mettant un terme à une trajectoire déjà chahutée depuis 2015. Vingt-deux emplois sont directement touchés, et une partie du savoir-faire local disparaît.
Liquidation prononcée à roanne le 29 août 2025 : fin d’activité pour l’imprimerie valmy
L’arrêt de l’imprimerie Valmy a été acté par jugement, dans le ressort du tribunal de commerce de Roanne. La société, constituée sous forme de SAS, opérait au Coteau, en périphérie de Roanne, sur un segment à forte intensité capitalistique : impression offset et façonnage de packaging pour l’industrie.
La décision entraîne la rupture des contrats de travail dans les prochaines semaines pour 22 salariés. Les licenciements économiques interviendront dans le cadre d’une liquidation, avec les garanties légales mobilisées, dont l’intervention de l’AGS. Les commandes en cours ne devraient pas être honorées, sauf autorisation ponctuelle de poursuite d’activité, peu probable au vu de la situation de trésorerie décrite.
Le jugement intervient deux ans après la reprise par la holding Picourt, établie dans la Somme, qui visait à relancer l’activité. Ce pari n’a pas trouvé son modèle économique dans un secteur sous pression et à marges réduites.
Ce que révèle la procédure : trésorerie exsangue et plan de redressement caduc
Début août 2025, Olivier Picourt, président de la holding repreneuse, a déclaré l’état de cessation des paiements et déposé une requête en liquidation auprès du tribunal. Cette étape confirme que l’entreprise n’était plus en mesure de faire face à son passif exigible avec son actif disponible.
Selon les éléments publiés par la presse locale, la trésorerie ne permettait plus de couvrir les charges courantes ni de satisfaire aux engagements du plan de redressement antérieur. La résolution du plan a ainsi ouvert la voie à une liquidation, faute d’alternative crédible de poursuite.
Dans ces circonstances, la liquidation judiciaire apparaît comme une procédure de clôture ordonnée par le tribunal, destinée à protéger les créanciers et à organiser la sortie de l’entreprise, tout en préservant les droits des salariés. La mission du liquidateur consistera à réaliser les actifs, traiter les passifs et, le cas échéant, instruire d’éventuelles offres partielles de reprise d’outils ou de clientèle.
Calendrier procédural après le jugement de liquidation
Une liquidation judiciaire suit un enchaînement standardisé, sous la supervision du tribunal et du liquidateur :
- Nomination du liquidateur et inventaire des actifs et passifs.
- Notification aux salariés et ouverture des garanties AGS pour salaires et indemnités.
- Publications légales et période d’observation limitée aux besoins de cession éventuelle.
- Appels d’offres sur les actifs corporels et incorporels (fonds, marque, fichiers clients).
- Vérification des créances et admission par le mandataire.
- Réalisation des actifs et répartition selon l’ordre de paiement légal.
Chronologie d’une entreprise sous tension depuis 2015
L’histoire récente de Valmy est marquée par des procédures collectives successives. Placée en redressement judiciaire en 2015, l’entreprise basée à l’époque à Mably comptait une trentaine de salariés et cherchait déjà un point d’équilibre entre volumes, prix et coûts fixes.
En 2017, la presse locale mentionnait un portefeuille d’activités comprenant, outre l’imprimerie traditionnelle, la fabrication de masques médicaux, signe d’une diversification opportuniste. Cette capillarité industrielle, si elle peut élargir les débouchés, exige des investissements et une maîtrise des normes qui pèsent sur les flux de trésorerie.
La reprise en 2023 par la holding Picourt, société domiciliée en Hauts-de-France, avait nourri l’espoir d’une stabilisation industrielle. Deux ans plus tard, l’échec de la restructuration atteste que les leviers de compétitivité n’ont pas suffi à absorber l’environnement économique défavorable et une structure de coûts probablement trop rigide pour un marché volatil.
Holding picourt : stratégie et limites du plan de reprise
La stratégie d’un repreneur sur une entreprise en redressement repose souvent sur trois axes : investissements ciblés sur l’outil de production, redéploiement commercial auprès d’une clientèle à plus forte marge et réduction des charges fixes. Dans l’imprimerie, ces leviers doivent s’articuler avec des cycles d’investissement lourds, des délais de prospection longs et une concurrence internationale agressive.
Dans le cas Valmy, la tension de trésorerie a semblé s’imposer trop vite. La remontée des prix de l’énergie, la hausse des papiers et cartons, et l’allongement des délais de paiement clients ont pu agir comme effets ciseaux, comprimant les marges. En l’absence de fonds de roulement suffisant, l’équation de la relance a échoué.
La sauvegarde s’adresse aux entreprises qui ne sont pas encore en cessation des paiements mais anticipent des difficultés majeures. Le redressement judiciaire vise la poursuite d’activité et l’apurement du passif sous contrôle du tribunal lorsque la cessation des paiements est avérée. La liquidation judiciaire met fin, sauf exception, à l’activité et organise la cession des actifs au profit des créanciers, avec un traitement protégé des salariés.
Emploi local et filière graphique : répercussions à court et moyen terme
La fermeture prive le bassin roannais d’une PME industrielle ancrée dans la Loire, où l’industrie occupe une place structurante dans l’emploi privé. La perte de 22 postes est significative à l’échelle d’un territoire où les compétences graphiques, le pilotage de machines d’impression et le façonnage sont des métiers spécialisés.
Dans l’immédiat, l’AGS doit sécuriser le paiement des salaires, préavis et indemnités, tandis que Pôle emploi et les réseaux d’entreprises locales exploreront des solutions de reclassement. Le réemploi peut viser des secteurs connexes, notamment le carton ondulé, l’emballage et la logistique, qui recherchent parfois des profils capables de travailler en flux tendu sur machine.
Salariés de valmy : quelles étapes d’indemnisation et de reclassement
La procédure enclenche un scénario codifié : le liquidateur procède aux licenciements économiques, déclenche la garantie AGS et coordonne la remise des documents sociaux. Les salariés peuvent bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle le cas échéant, avec un accompagnement renforcé vers l’emploi.
Sur le bassin roannais, les pistes de reclassement peuvent inclure des entreprises de conditionnement, des ateliers de finition, ou des industriels cherchant des opérateurs de ligne qualifiés. Des passerelles existent aussi vers la maintenance et la conduite de machines, moyennant une courte montée en compétences.
L’Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS) avance, dans des plafonds définis par la loi, salaires impayés, indemnités compensatrices de congés payés et de préavis, ainsi que les indemnités légales ou conventionnelles de licenciement. Le remboursement intervient ensuite auprès de la procédure. Ce filet de sécurité limite les ruptures de trésorerie pour les ménages.
Impacts immédiats sur l’écosystème local
Au-delà des emplois directs, la liquidation pèse sur plusieurs cercles :
- Fournisseurs de papier, cartons et encres : exposition au risque d’impayés.
- Prestataires logistiques : perte d’un client et d’un volume régulier.
- Clients industriels : nécessité de redéployer des commandes vers d’autres imprimeurs.
- Collectivités : perte d’un contributeur au tissu productif et fiscal local.
Positionnement industriel de valmy : du packaging aux masques, une diversification inachevée
Imprimerie de packaging, Valmy occupait une niche où les volumes peuvent être récurrents mais soumis à une forte pression sur les prix. Dans ce contexte, la rentabilité tient à l’optimisation des séries, à la réduction des temps de calage et à la capacité à proposer des services à valeur ajoutée comme le design, le prototypage rapide ou l’éco-conception.
La diversification vers des produits sanitaires, évoquée dans les années précédentes, illustre un réflexe fréquent dans l’industrie graphique : réaffecter des chaînes et des compétences vers des segments porteurs. Mais cette stratégie suppose des certifications, des achats spécifiques et des contrats stables, autant de paramètres exigeants pour une PME en tension financière.
Tribunal de commerce de roanne : le cadre juridique en pratique
Le tribunal roannais intervient depuis plusieurs années sur le dossier Valmy, ce qui a permis une connaissance fine de l’entreprise et des enjeux du bassin. Le passage du redressement à la liquidation s’accompagne d’un contrôle judiciaire renforcé sur la cession d’actifs, l’ordre de paiement des créanciers et la protection des salariés.
En pratique, les offres de reprise d’actifs peuvent se présenter rapidement après le jugement. L’objectif n’est pas la survie de la personne morale, mais la préservation de la valeur économique résiduelle, y compris par cession de lots, machines à l’unité ou fichiers clients.
Le droit français organise les paiements selon des privilèges : d’abord les créances de superprivilège des salariés, puis certains frais de procédure, les créances privilégiées (Trésor, URSSAF, sûretés publiées), et enfin les créanciers chirographaires. Les détenteurs de sûretés réelles peuvent être désintéressés par la réalisation des actifs grevés.
Repères économiques sectoriels : pourquoi l’imprimerie souffre encore
La filière graphique, en particulier l’impression de packaging, traverse des mutations structurelles. La demande s’oriente vers des tirages plus courts, des délais plus serrés et une variabilité accrue, ce qui favorise les acteurs dotés d’équipements récents, de solutions numériques et d’une base clients diversifiée.
Trois chocs ont coïncidé ces dernières années : coûts des intrants en hausse, décalage de facturation plus long du côté des donneurs d’ordre, et tension sur le recrutement de profils techniques. Pour une PME déjà fragilisée par un passif ancien, l’ajustement requiert un capital et une discipline financière rarement compatibles avec une trésorerie insuffisante.
À cela s’ajoute la concurrence d’unités de production offshore sur les grandes séries, ainsi que la montée en puissance d’ateliers intégrés chez certains industriels, visant à internaliser une partie des besoins récurrents. L’équation concurrentielle durcit alors chaque appel d’offres, pesant sur les prix de vente et la capacité d’autofinancement.
Facteurs clés de résistance pour les imprimeurs de packaging
Les PME qui tirent leur épingle du jeu combinent souvent :
- Parc machines modernisé pour réduire les temps morts et les gâches.
- Service design et prototypes rapides, créateurs de marges additionnelles.
- Contrats-cadres avec indexation matière et énergie.
- Gestion de trésorerie stricte et affacturage maîtrisé.
- Diversification sur des niches à barrière à l’entrée plus élevée.
Lecture financière : quand la trésorerie dicte l’issue
Le cœur du dossier Valmy tient à la tension de trésorerie. Dans des métiers à cycles de facturation parfois longs, un différentiel de 30 jours entre achats et encaissements peut suffire à consommer le fonds de roulement. Les hausses de prix de cartons et d’encres ont dû être répercutées partiellement seulement, compressant la marge brute.
Or, le plan de redressement suppose le respect d’échéances d’apurement du passif. Si les flux opérationnels ne couvrent pas à la fois les charges courantes et les remboursement planifiés, la viabilité est compromise. La holding Picourt a sollicité le tribunal, constatant l’impasse financière. Les articles de presse évoquent ce déficit de liquidité comme la cause directe de la liquidation (presse locale).
Côté bilan, un parc machines spécifique à l’emballage peut conserver une valeur de revente, surtout si l’état et l’âge des équipements sont favorables. Toutefois, la valeur nette recouvrable dépend de la conjoncture et du nombre d’acheteurs potentiels. En deçà d’un volume critique d’offres, les prix de cession se contractent, resserrant encore la couverture du passif.
Comment une cessation des paiements se matérialise au quotidien
Concrètement, les tensions apparaissent d’abord par des retards fournisseurs, une impossibilité d’acheter la matière, puis des difficultés à financer les petits travaux de maintenance privant l’outil de production de sa pleine performance. Ensuite, l’entreprise arbitre entre salaires, impôts, cotisations et commandes urgentes. La déclaration formelle au tribunal vient souvent quand ces arbitrages ne suffisent plus.
En liquidation, un plan de cession peut sauver des éléments d’actifs et parfois des emplois, via la reprise d’un périmètre défini. La priorité donnée à la pérennité d’unités économiques autonomes se heurte toutefois à la faiblesse des trésoreries et à l’absence de visibilité commerciale. Sans preneur crédible, le tribunal privilégie la réalisation d’actifs en lots séparés.
Qui est valmy et quel était son savoir-faire technique
Valmy a développé un métier d’impression et de façonnage orienté vers le packaging. Cela inclut la pré-presse, la gestion des couleurs, l’offset et des opérations de finition comme le vernissage, la découpe et le pliage-collage. À l’échelle d’une PME, ce positionnement suppose un haut niveau de qualité et de fiabilité des séries pour se différencier.
La capacité à suivre des standards industriels précis, notamment pour des secteurs réglementés, constitue un actif immatériel fort. Elle nécessite traçabilité, procédures qualité et contrôle des non-conformités. Le moindre aléa sur la chaîne d’approvisionnement peut déstabiliser ces équilibres et peser sur les délais, dans un environnement où la pénalité client coûte vite cher.
Au-delà de l’imprimerie, la mention historique de produits sanitaires, comme les masques, témoigne d’une volonté de capter des marchés de niche quand l’opportunité se présente. Mais ces segments appellent des investissements spécifiques, souvent non réutilisables hors du périmètre sanitaire, ce qui ajoute de la rigidité financière.
Clients industriels et matrice de marges : où se crée la valeur
Dans le packaging, la valeur se crée à trois niveaux : conception en amont, efficience de production sur les séries et services aval de logistique et conditionnement. Un portefeuille équilibré mixe petits lots à haute valeur et grandes séries à prix serrés. La difficulté récurrente des PME tient à la volatilité des volumes et à l’asymétrie de pouvoir de négociation avec de grands donneurs d’ordre.
Valmy opérait vraisemblablement avec un noyau de clients récurrents. Mais sans capacité d’investissement pour accélérer la modernisation ou sécuriser des contrats indexés matière, l’entreprise est restée dépendante de coûts fluctuants, au moment même où ses engagements d’apurement issus du redressement pesaient déjà sur le compte de résultat.
Ce que les repreneurs doivent retenir : financement, gouvernance et exécution
Le dossier Valmy rappelle trois exigences incontournables pour un repreneur d’entreprise en difficulté. D’abord, un plan de financement dimensionné pour absorber non seulement la relance opérationnelle, mais aussi les aléas de cycle sur 18 à 24 mois.
Ensuite, une gouvernance resserrée avec des indicateurs de marge par commande en temps réel. Enfin, une exécution commerciale visant les contrats à plus forte valeur et une diversification maîtrisée.
Le fonds de roulement est le nerf de la guerre. Un plan de reprise résiste rarement sans ligne de trésorerie, sans affacturage bien négocié et sans clauses d’indexation matières. La mise en place de comptes d’exploitation mensuels par métier et par client permet de piloter finement les arbitrages et de réallouer les capacités vers les marges les plus soutenables.
Trois garde-fous financiers pour un plan de reprise crédible
- Stress tests matières et énergie avec scénarios de +10 à +30 pour cent des intrants.
- Back-up de trésorerie couvrant au moins deux cycles d’exploitation complets.
- Contrats commerciaux avec indexation et clauses de révision de prix.
Gouvernance : rôle de l’organe de contrôle et discipline d’investissement
Pour les holdings industrielles, la réussite passe par un comité d’investissement exigeant et une cartographie claire des risques. La tentation du tout-outil doit être contenue par l’analyse du coût total de possession des machines, l’évaluation de la valeur de revente et l’étude de sensibilité de la marge. Une reprise ne peut être un pari technique sans bouclage financier robuste.
Une gouvernance rapprochée, avec des revues hebdomadaires de cash, d’encours client et d’achats matières, peut éviter la bascule tardive vers la liquidation. Encore faut-il que le plan initial d’investissements et le pacte d’actionnaires prévoient des mécanismes d’alerte et des financements relais si les hypothèses de départ se dégradent.
Après valmy, les équilibres à reconstruire dans la loire
La disparition de Valmy est un couperet pour ses salariés et un signal d’alarme pour la filière graphique locale. Elle plaide en faveur d’un accompagnement plus serré des PME industrielles en transition de modèle, en particulier sur l’accès à la liquidité, l’investissement productif et la montée en gamme commerciale.
Les prochaines semaines permettront de mesurer si des actifs trouvent preneur et si des emplois peuvent être reclassés rapidement. Le dossier rappelle une évidence économique : dans les métiers d’équipement, la trésorerie ne suit pas la stratégie, elle la précède. Une entreprise peut maîtriser son savoir-faire et son marché, mais sans oxygène financier, l’atelier finit par s’éteindre.