Le géant français du ciment serait mêlé à Daesh
La procédure judiciaire concernant le lien présumé entre le géant français du ciment Lafarge et Daesh/ISIS n'est toujours pas claire.
Cela fait maintenant cinq ans que l'affaire du financement du terrorisme par Lafarge a été soumise à la justice.
Procès Lafarge, une date non précisée
La date d'ouverture du procès concernant l'affaire du lien présumé entre le géant français du ciment Lafarge et le groupe terroriste Daesh/ISIS n'a toujours pas été précisée.
Malgré la décision d'un tribunal français, en septembre 2021, d'ouvrir une enquête sur l'entreprise pour complicité de crimes contre l'humanité - suivie de la mise en examen par la Cour de cassation en mai dernier - aucune date n'a encore été annoncée pour le procès.
Cela fait cinq ans que la justice a été saisie de l'affaire selon laquelle Lafarge a fourni un financement au terrorisme pour poursuivre ses activités en Syrie.
De même, aucune déclaration officielle n'a été faite sur le transfert du dossier d'enquête à de nouveaux juges, malgré la demande de l'accusé et la décision du tribunal.
Aucune preuve évidente ?
Cannelle Lavite, avocate de l'une des parties civiles dans l'affaire - le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'homme - a déclaré à l'agence Anadolu que l'on ne sait pas où a été dépensé l'argent provenant du lien présumé entre Lafarge et le groupe terroriste.
"Le problème Lafarge n'est pas rare en France". Elle a souligné qu'il n'existe aucune preuve montrant que les attaques terroristes de Daesh/ISIS en France n'ont pas été menées avec l'argent que Lafarge aurait donné au groupe terroriste.
Les activités commerciales des entreprises ne les exonéreront pas de leurs responsabilités et Lafarge doit être considéré comme "un partenaire du crime contre l'humanité", a ajouté Mme Lavite. La divulgation des documents dans les médias permettra de faire la lumière sur cette affaire, a-t-elle souligné, affirmant que le problème de Lafarge n'est pas rare en France.
Les procédures judiciaires non concluantes contre des entreprises impliquées dans des crimes n'ont pas d'effet dissuasif, a noté Mme Lavite, ajoutant que Lafarge utilise toutes les possibilités pour ralentir et reporter l'audience.
"À ce stade, nous ne savons même pas si Lafarge sera poursuivi pour ces accusations", a-t-elle déclaré, faisant référence à la situation actuelle où aucune date n'a encore été annoncée pour le procès.
Payer des groupes étrangers
Lafarge est une entreprise industrielle française spécialisée dans le ciment, le béton et les granulats de construction. L'entreprise a été accusée d'avoir versé près de 13 millions d'euros (13,68 millions de dollars) à des groupes étrangers, dont l'organisation terroriste Daesh/ISIS, pour maintenir leur présence en usine dans la ville de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, pendant la guerre civile.
Le PDG Bruno Lafont et huit cadres de Lafarge ont également été accusés de financement d'un groupe terroriste et de mise en danger de la vie d'autrui.
En 2019, la Cour d'appel de Paris a rejeté les accusations de crimes contre l'humanité, acceptant la défense selon laquelle les paiements effectués par Lafarge n'ont pas été utilisés pour aider ou encourager l'effort de guerre. Les autres charges ont été maintenues, y compris celle de violation d'un embargo de l'UE.
Lafarge a nié toute malversation dans les allégations selon lesquelles il aurait négocié avec des organisations terroristes, et a continué à combattre toutes les accusations.
Des documents obtenus et publiés par l'agence Anadolu avaient précédemment révélé que Lafarge informait constamment les services de renseignement français de ses liens avec le groupe terroriste Daesh/ISIS.
Les documents ont révélé que Lafarge entretenait des relations avec le groupe et que les services de renseignement français étaient au courant. Ils montrent que les services de renseignement français ont utilisé le réseau de relations de Lafarge, sa coopération avec les groupes terroristes en Syrie et les réunions pour maintenir ses opérations sur place pour obtenir des informations sur la région. Ils ont également révélé que les services de renseignement français n'ont pas averti l'entreprise qu'elle commettait un crime.