Figeac Aéro : un surcroît de croissance malgré les défis

Malgré des vents contraires, Figeac Aéro a réussi à dépasser son objectif de chiffre d'affaires annuel. Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro, a annoncé dans les colonnes de La Tribune que le groupe lotois a atteint un chiffre d'affaires de 119 millions d'euros pour le quatrième trimestre de l'exercice 2023/2024, soit une croissance organique de plus de 17%.

Sur l'ensemble de l'année, Figeac Aéro a frôlé les 400 millions d'euros, surpassant ainsi son objectif initial de 375 à 390 millions d'euros. La société, qui emploie 3.000 salariés dont la moitié à l'étranger, prévoit de retrouver son niveau d'avant-crise d'ici mars 2025, avec un chiffre d'affaires attendu entre 420 et 440 millions d'euros, contre 447 millions en mars 2020.

 

Piste explicative

Cette performance impressionnante est principalement due à la hausse des cadences de production d'Airbus sur l'A350. Figeac Aéro occupe une position stratégique sur ce programme, qui devrait retrouver les niveaux de production d'avant-crise, soit entre 9 et 10 A350 par mois d'ici 2026, et 12 par mois en 2028. Actuellement, la production est de 5 à 6 avions par mois. Jean-Claude Maillard précise que l'A350 représente la part la plus importante du chiffre d'affaires de Figeac Aéro, avec une vente de 1,4 million d'euros par avion. Ainsi, si 50 avions supplémentaires sont fabriqués chaque année, cela ajouterait 70 millions d'euros au chiffre d'affaires du groupe. Le programme A350 pourrait ainsi peser 30% du chiffre d'affaires total de Figeac Aéro.

 

Cependant, cette croissance n'a pas été sans défis. Le PDG souligne que l'inflation, qui affecte les salaires, l'énergie et les matières premières, n'a pas été entièrement répercutée sur les clients. Selon lui, sans l'inflation, les résultats auraient été encore plus satisfaisants. De plus, les montées en cadence sur certains programmes n'ont pas été aussi rapides que prévu.

Jean-Claude Maillard mentionne notamment les difficultés rencontrées par l'avionneur européen avec l'A320, dont la supply chain a du mal à livrer les pièces nécessaires. Heureusement, l'impact sur Figeac Aéro est limité car l'activité sur l'A320 représente une faible part de son chiffre d'affaires (130.000 euros par avion). Les déboires de Boeing, qui ne pèse que 15% de l'activité de Figeac Aéro, ont également eu un impact limité sur le groupe lotois.

Le Plan Stratégique Pilot 28 : vers une expansion mondiale

En parallèle de ses performances financières, Figeac Aéro poursuit le déploiement de son nouveau plan stratégique, nommé Pilot 28. Annoncé en début d'année, ce plan vise à atteindre entre 550 et 600 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2028, soit une augmentation de 30% par rapport à avant la crise du Covid-19.

L'objectif est également de réduire considérablement la dette du groupe, qui s'élève actuellement à 287 millions d'euros. Pour ce faire, Figeac Aéro prévoit des investissements supplémentaires dans l'automatisation de ses usines en France et aux États-Unis, ainsi que dans une production accrue dans les pays best-cost.

Les défis et opportunités du marché Aéronautique

Le marché aéronautique mondial présente à la fois des défis et des opportunités pour Figeac Aéro. L'inflation reste un obstacle majeur, impactant les coûts de production et de main-d'œuvre. Jean-Claude Maillard a souligné que le groupe n'a pas pu répercuter entièrement ces coûts supplémentaires sur ses clients, ce qui a affecté ses marges bénéficiaires.

Avion stationné près de la voie des passagers

Néanmoins, la reprise des cadences de production d'Airbus, notamment sur l'A350, offre des perspectives de croissance significatives. Avec une production prévue de 10 appareils par mois en 2026, puis 12 par mois en 2028, Figeac Aéro se positionne pour tirer parti de cette augmentation de la demande.

Par ailleurs, les difficultés rencontrées par Boeing, particulièrement avec le 737 MAX, ont eu un impact mesuré sur Figeac Aéro. Le constructeur américain ne représente que 15% de l'activité du groupe, principalement à travers la fourniture de pièces pour les moteurs Leap-1B équipant les 737 MAX. La baisse de cadence pourrait représenter une perte de quatre millions d'euros en 2025. Toutefois, cette situation est compensée par la diversification géographique et sectorielle de Figeac Aéro.

En plus de ses activités dans l'aviation commerciale, Figeac Aéro explore également des opportunités dans l'aviation militaire et l'aérospatiale. Le plan stratégique Pilot 28 prévoit des investissements dans ces secteurs, en réponse à une demande croissante pour des technologies avancées et des capacités de production accrues.

L'automatisation des usines et l'expansion dans les pays à faibles coûts de production font partie intégrante de cette stratégie, visant à renforcer la position de Figeac Aéro sur le marché global.

Le groupe lotois mise également sur l'innovation pour rester compétitif. Des projets de recherche et développement sont en cours pour améliorer l'efficacité des processus de fabrication et développer de nouvelles technologies. Ces initiatives devraient permettre à Figeac Aéro de répondre aux attentes des donneurs d'ordre tout en optimisant ses coûts. Les efforts du groupe pour se désendetter et accroître sa rentabilité sont soutenus par une gestion rigoureuse et une vision stratégique claire, visant à garantir une croissance durable et profitable à long terme.

Implications pour l'industrie aéronautique

Les performances et la stratégie de Figeac Aéro ont des implications significatives pour l'industrie aéronautique. Le groupe joue un rôle crucial dans la chaîne d'approvisionnement d'Airbus, particulièrement pour l'A350, qui représente une part substantielle de son chiffre d'affaires. La montée en cadence de ce programme est une bonne nouvelle pour l'ensemble de la filière aéronautique, offrant des perspectives de croissance aux sous-traitants et aux fournisseurs de services associés.

L'accent mis par Figeac Aéro sur l'automatisation et la délocalisation répond aux défis économiques et technologiques actuels. En investissant dans des technologies avancées et en optimisant ses opérations, le groupe se prépare à faire face aux exigences futures du marché. Cette approche pourrait servir de modèle à d'autres entreprises du secteur, cherchant à maintenir leur compétitivité tout en gérant les coûts de production.

avion noir et blanc dans un bâtiment

Toutefois, les critiques des syndicats concernant les délocalisations et l'externalisation montrent que la transition ne se fait pas sans tensions. Les enjeux sociaux et économiques liés à la réorganisation industrielle doivent être pris en compte pour garantir une croissance équilibrée et durable. Les efforts de Figeac Aéro pour rassurer ses employés et maintenir l'activité sur le site de Figeac sont essentiels pour préserver la cohésion et la motivation au sein du groupe.

Enfin, la stratégie de désendettement agressif de Figeac Aéro est un signal positif pour les investisseurs et les partenaires financiers. En réduisant sa dette, le groupe renforce sa stabilité financière et sa capacité à investir dans de nouveaux projets. Cette approche proactive devrait permettre à Figeac Aéro de saisir les opportunités de croissance sur le marché mondial de l'aéronautique, tout en assurant une gestion saine et équilibrée de ses ressources.