Inflation en décembre 2024 : chiffres clés et implications pour les entreprises
Les données de l’Insee révèlent une hausse modérée en décembre 2024. Entre énergie, services et alimentation, découvrez les impacts pour les entreprises.

Au fil des dernières semaines, les données définitives de l’Insee confirment une évolution intéressante des prix à la consommation en France.
Les entreprises, qu’elles soient de taille modeste ou d’envergure internationale, doivent composer avec un marché en mutation. Les chiffres pour décembre 2024 démontrent une variation des prix plutôt modérée, mais non dénuée de conséquences stratégiques.
Un aperçu général des chiffres clés
Au mois de décembre 2024, l’Insee fait état d’une hausse de 0,2 % de l’indice des prix à la consommation (IPC) sur un mois, après une légère baisse de 0,1 % en novembre. Sur un an, la variation demeure à +1,3 %, ce qui illustre une forme de stabilité de l’inflation globale.
Cette évolution mensuelle de +0,2 % résulte notamment de la remontée des tarifs des transports aériens (+16,7 % après -11,4 %), qui a contribué à la hausse générale des services (+0,5 % après -0,3 %). Parallèlement, les prix de l’énergie ont modérément progressé (+0,7 % après +0,2 %), soutenus par la hausse du gaz (+1,5 % après -0,5 %) et des produits pétroliers (+1,0 % après +0,5 %).
D’autres postes ont toutefois enregistré des diminutions : les produits manufacturés se sont repliés de -0,5 %, après une stabilité le mois précédent, et l’alimentation s’est légèrement contractée de -0,1 %, après être restée inchangée en novembre.
L’Indice des prix à la consommation (IPC) mesure, chaque mois, l’évolution moyenne des prix des biens et services consommés par les ménages. Il est utilisé comme indicateur principal de l’inflation en France et permet d’évaluer le pouvoir d’achat.
Concernant l’inflation annuelle (à +1,3 %), la hausse des prix de l’énergie (+1,2 % après -0,7 %) a compensé d’autres ralentissements, notamment celui des services et la faiblesse relative des prix alimentaires. Le maintien d’une dynamique positive pour l’énergie a ainsi neutralisé la baisse de régime constatée dans le secteur des services.
Baisse mesurée de l’inflation sous-jacente
Un point notable ressort : l’inflation sous-jacente, c’est-à-dire hors variations de taxes, de prix volatils et de tarifs publics, recule légèrement en décembre avec +1,3 % sur un an, contre +1,5 % précédemment. Il s’agit d’un indicateur précieux pour anticiper les tendances économiques à plus long terme, car il “lisse” les phénomènes saisonniers ou exceptionnels.
Bon à savoir : l’inflation sous-jacente
On parle d’inflation sous-jacente lorsqu’on exclut les prix les plus volatils (comme l’énergie ou les produits alimentaires frais) et ceux influencés par des facteurs externes (comme la fiscalité). Cette mesure permet d’obtenir une vision plus “structurelle” de l’évolution des prix.
Par ailleurs, l’Indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), servant de base de comparaison à l’échelle européenne, a progressé de 1,8 % sur un an, confirmant une trajectoire légèrement plus élevée que l’IPC national (+1,3 %). Cette différence provient notamment du mode de calcul de l’IPCH, qui prend en compte des prix nets de remboursements de la Sécurité sociale pour certaines dépenses de santé.
Le rebond de l’énergie : impacts notables
Après avoir contribué à freiner l’inflation plus tôt dans l’année, les tarifs de l’énergie se sont quelque peu redressés en décembre, passant de -0,7 % à +1,2 % sur un an. Cette inflexion est liée à la diminution moins marquée des produits pétroliers, lesquels ont reculé de -4,8 %, contre -9,0 % le mois précédent. L’augmentation du prix du gaz a également joué un rôle, quoique plus modéré qu’en novembre.
Les produits pétroliers connaissent une évolution moins négative, car la base de comparaison de décembre 2023 incluait un net recul (-3,4 %). Logiquement, lorsque cette référence moins élevée sort du calcul, les baisses s’atténuent mécaniquement. Sur le plan microéconomique, les entreprises du secteur industriel ou de la logistique, qui sont très consommatrices de carburants et d’énergie, ressentent directement ces fluctuations, ce qui peut influer sur leurs prévisions de coûts et leurs décisions d’investissement.
Industries lourdes telles que la sidérurgie, la chimie, la métallurgie, mais aussi les acteurs du transport routier ou aérien, voient leurs marges directement affectées par les variations de tarifs énergétiques. Dans le secteur tertiaire, la dépendance est parfois moins forte, mais l’effet psychologique du coût de l’énergie peut aussi influer sur la confiance des consommateurs.
Les entreprises françaises, tous secteurs confondus, guettent ces signes de reprise du coût de l’énergie afin d’anticiper leurs charges. L’électricité, après plusieurs mois de forte hausse, se stabilise autour de +9,8 % sur un an, tandis que le gaz croît encore à +5,3 %. Même si ces niveaux restent élevés, ils marquent un léger ralentissement par rapport à la hausse précédente (gazole, essence…).
Services : une inflation légèrement en retrait
Le secteur des services enregistre une inflation annuelle de 2,2 %, en repli par rapport aux 2,3 % de novembre. Cette modération s’explique entre autres par la baisse plus marquée des services de communication (téléphonie, Internet, etc.), dont les prix ont chuté de -14,7 % sur un an.
Les services liés au tourisme (transports aériens, hébergements) connaissent, eux, des trajectoires diverses. Les transports aériens ont bondi de 16,7 % sur un mois, mais leur hausse sur un an ralentit tout de même à +6,2 % (contre +9,8 % précédemment). Les tarifs des services d’hébergement, en revanche, continuent de progresser fortement, à +6,0 %. Le transport ferroviaire (+4,8 %) accélère également, de même que les assurances (+9,5 %).
Bon à savoir : services de communication
La concurrence accrue dans le marché français des opérateurs télécoms stimule des offres à prix réduits. Les services de communication figurent ainsi régulièrement parmi les postes dont les tarifs évoluent à la baisse. Cette tendance profite aux consommateurs, mais invite aussi les entreprises du secteur à innover pour préserver leurs marges.
Pour les entreprises de services, la mesure de l’évolution des prix revêt une importance cruciale afin de piloter la rémunération de leurs collaborateurs et d’ajuster leurs tarifs. Une moindre inflation dans certains segments peut soulager les budgets des ménages, favorisant ainsi la relance de la demande pour les prestations de services.
Regroupements conjoncturels | Pondérations | Indices | Variations (en %) au cours | |
---|---|---|---|---|
2024 | décembre 2024 | du dernier mois (1) | des 12 derniers mois (2) | |
a) Ensemble des ménages | ||||
Ensemble | 10 000 | 119,95 | 0,2 | 1,3 |
Ensemble CVS | 10 000 | 120,52 | 0,4 | 1,3 |
Alimentation | 1 507 | 131,54 | -0,1 | 0,0 |
Produits frais | 185 | 154,20 | -1,1 | -0,1 |
Autre alimentation | 1 322 | 128,00 | 0,0 | 0,0 |
Tabac | 177 | 186,12 | 0,0 | 8,7 |
Produits manufacturés | 2 324 | 104,72 | -0,5 | -0,4 |
Habillement et chaussures | 347 | 107,77 | -0,7 | -0,4 |
Produits de santé | 398 | 84,01 | -0,1 | -1,5 |
Autres produits manufacturés | 1 579 | 109,53 | -0,5 | -0,2 |
Énergie | 832 | 158,60 | 0,7 | 1,2 |
dont Produits pétroliers | 430 | 141,08 | 1,0 | -4,8 |
Services | 5 160 | 116,31 | 0,5 | 2,2 |
Loyers, eau et enlèvement des ordures ménagères | 796 | 112,02 | 0,1 | 2,8 |
Services de santé | 617 | 102,07 | 0,4 | -1,1 |
Transports | 293 | 128,43 | 6,8 | 5,3 |
Communications | 204 | 81,98 | -1,1 | -14,7 |
Autres services | 3 250 | 122,64 | 0,1 | 3,5 |
Ensemble hors loyers et hors tabac | 9 181 | 119,68 | 0,2 | 1,1 |
Ensemble hors tabac | 9 823 | 118,88 | 0,2 | 1,2 |
b) Ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé | ||||
Ensemble hors tabac | 9 731 | 118,00 | 0,1 | 1,0 |
c) Ménages du 1er quintile de la distribution des niveaux de vie | ||||
Ensemble hors tabac | 9 712 | 118,82 | 0,2 | 1,0 |
Une alimentation globalement stable
Le secteur alimentaire est généralement sensible aux aléas climatiques et aux variations des coûts de production. En décembre 2024, la progression des prix sur un an s’établit à 0 %, après +0,2 % en novembre. Derrière cette stagnation, on observe toutefois des divergences : les produits frais, en particulier les légumes, affichent des baisses plus marquées, tandis que certaines catégories de produits augmentent légèrement.
Les légumes frais enregistrent un recul notable de -3,5 % sur un an, alors que le mois précédent marquait encore +2,2 %. En revanche, les poissons frais accélèrent à +4,9 %. Cette hétérogénéité s’explique par des facteurs variés : conditions de production, conjoncture à l’importation, coûts d’emballage, etc.
Les prix alimentaires sont soumis à plusieurs éléments : disponibilité des matières premières (céréales, viandes, fruits, légumes), coûts énergétiques pour le transport et la transformation, marges des distributeurs et fluctuations de la demande. Les épisodes climatiques (sécheresse, inondations) et les réglementations sanitaires jouent également un rôle déterminant dans la variation de ces tarifs.
Pour les entreprises de l’agroalimentaire, cette stabilité générale peut être à double tranchant : si elle offre un répit en termes de coût des intrants, elle limite aussi le levier des hausses de prix. Les exploitations agricoles, quant à elles, doivent composer avec des cours de matières premières souvent volatils. Dans un climat économique plus apaisé, un prix alimentaire stable peut toutefois encourager la consommation des ménages.
Les produits manufacturés : un recul qui se confirme
Sur un an, les prix des produits manufacturés poursuivent leur tendance baissière, à -0,4 % (après -0,3 %). Cette orientation reflète divers facteurs : concurrence internationale, réduction des coûts de production via l’automatisation, et politiques tarifaires agressives en période de faible demande. Les secteurs les plus touchés concernent l’habillement, la chaussure et certains biens d’équipement domestique.
Dans le détail, l’habillement et les chaussures reculent plus fortement (-0,4 %). Les produits de santé subissent une baisse de -1,5 %. Les “autres produits manufacturés” affichent quant à eux -0,2 % après avoir été stables précédemment. Cette tendance tient, entre autres, aux promotions saisonnières et à la concurrence des canaux de vente en ligne, souvent vecteurs de tarifs réduits.
Pour beaucoup d’entreprises industrielles françaises, cette pression sur les prix peut engendrer une contraction des marges, surtout quand l’environnement économique reste incertain. En outre, la montée en gamme peut devenir un positionnement stratégique pour préserver la valeur ajoutée d’une marque, plutôt que de se lancer dans des batailles de prix insoutenables sur le long terme.
Lecture des chiffres : révisions et repères méthodologiques
L’Insee confirme les estimations provisoires annoncées début janvier 2025. Les évolutions mensuelles et annuelles de l’IPC et de l’IPCH demeurent inchangées, soulignant la cohérence des données collectées. Le prochain rendez-vous statistique est fixé au 31 janvier 2025 (estimations provisoires pour janvier), et le rapport définitif paraîtra le 18 février 2025 à 8h45.
Les méthodologies employées reposent sur une base de 2015 = 100, reflétant la période de référence en vigueur pour la construction de l’IPC. Les pondérations entre différents types de biens et services sont ajustées périodiquement pour garantir une représentativité maximale. Ainsi, le panier de la ménagère évolue constamment, tenant compte des nouvelles habitudes de consommation (équipements électroniques, loisirs numériques, etc.).
Bon à savoir : l’Insee
L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) est chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles en France. Il fournit des indicateurs économiques (PIB, chômage, inflation) permettant à la fois aux pouvoirs publics et aux acteurs privés de disposer de données fiables pour leurs décisions.
Focus sur les implications pour les entreprises françaises
Les variations de prix, même modestes, ont un impact direct sur la trésorerie et les stratégies commerciales des entreprises. Une hausse de 0,2 % en décembre peut sembler modérée, mais elle s’inscrit dans un contexte où le prix des services, de l’énergie et de certaines matières premières fluctuent.
Les sociétés spécialisées dans l’import-export doivent suivre de près l’évolution de l’inflation, car elle influe sur la compétitivité-prix à l’étranger. Les entreprises de la grande distribution, quant à elles, adaptent leurs tarifs en fonction des marges attendues. En fin de chaîne, le consommateur français est sensible au moindre surcoût, surtout en période d’incertitude économique.
Pour les directions financières, prendre en compte l’inflation sous-jacente est essentiel : un ralentissement à +1,3 % indique que la dynamique de fond reste mesurée. Il peut alors être intéressant de prévoir des plans d’investissement plus ambitieux, si les coûts semblent relativement maîtrisés. La préservation ou l’amélioration des marges devient une priorité, notamment dans les secteurs exposés aux variations de l’énergie. Autre aspect : si l’inflation est peu élevée, la Banque centrale européenne pourrait maintenir des taux relativement bas, facilitant le recours au crédit.
Stratégies sectorielles et adaptation
L’industrie lourde investit depuis plusieurs années dans la modernisation et la réduction de sa consommation énergétique afin de limiter sa vulnérabilité face aux fluctuations du pétrole et du gaz. Les entreprises de services, de leur côté, misent sur la diversification de leurs offres pour répondre à des publics diversifiés et limiter l’impact de la concurrence tarifaire (notamment en télécommunications).
Dans le secteur de la construction, les coûts des matériaux et de l’énergie s’avèrent déterminants. Une inflation maîtrisée sur les produits manufacturés peut se répercuter positivement, mais la légère hausse de l’énergie doit être surveillée pour éviter une augmentation trop prononcée des charges. Les responsables d’entreprises ont donc tout intérêt à évaluer leur chaîne d’approvisionnement et à envisager des partenariats ou des achats groupés pour réduire les coûts unitaires.
Par ailleurs, l’inflation sur les services de transport aériens peut avoir un effet dissuasif pour certaines clientèles professionnelles ou touristiques. Les compagnies aériennes doivent donc jongler entre l’ajustement de leurs tarifs et la maîtrise de leurs dépenses, en particulier les carburants, pour maintenir leur rentabilité et rester attractives sur un marché concurrentiel.
Perspectives à venir
Après un mois de décembre 2024 caractérisé par une inflation annuelle de 1,3 %, les entreprises françaises peuvent se préparer à une première partie de 2025 relativement calme en termes de prix. Cependant, cette situation demeure fragile et susceptible de basculer en cas de tensions géopolitiques, de nouvelles politiques publiques ou de variations abruptes du marché de l’énergie.
Les données provisoires de janvier 2025 attendues le 31 janvier seront scrutées afin de confirmer ou non la poursuite de cette tendance modérée. Du côté des prix de l’alimentation, les conjonctures climatiques et les négociations avec les agriculteurs seront déterminantes. Sur l’énergie, la situation dépendra largement des cours du pétrole à l’international, de la fiscalité nationale, ainsi que des conditions hivernales (la demande en chauffage peut grimper en cas de froid intense).
Finalement, cet équilibre délicat entre stabilité de l’inflation, prudence des entreprises et vigilance des ménages façonne l’économie française et prépare le terrain pour des arbitrages subtils au cours des prochains mois.