Retards de paiement en France : une menace croissante pour les entreprises
Les retards de paiement en France augmentent, affectant la trésorerie des entreprises et menaçant leur survie, surtout pour les TPE et PME.
Des retards de paiement en hausse en France
Les entreprises françaises peinent à respecter les délais de paiement, une tendance qui s’aggrave tant dans le secteur privé que public.
Selon une étude récente du groupe Altares, les retards de paiement ont atteint une moyenne de 12,9 jours, soit une augmentation de près de 24 heures par rapport à l'année précédente.
Cette situation soulève des inquiétudes quant à la santé financière des fournisseurs et des sous-traitants, souvent dépendants d'une trésorerie saine pour leur fonctionnement.
Un constat alarmant
Moins de la moitié des entreprises françaises (48,7 %) parviennent à honorer leurs factures dans les délais impartis.
Malgré les efforts de la DGCCRF qui a engagé 138 procédures de sanction contre les mauvais payeurs, les comportements de paiement continuent de se détériorer.
Thierry Millon, directeur des études chez Altares, souligne que "les comportements de paiement se dégradent plus vite en France qu’en Europe". En effet, au premier semestre 2024, les retards en France ont augmenté de 0,6 jour, contre 0,2 jour pour l’ensemble de l’Europe.
« Cette situation prive fournisseurs ou sous-traitants de l’indispensable cash pour investir et parfois pour simplement tenir. »
Les entrepreneurs individuels en difficulté
Dans le secteur privé, où la moyenne des retards est de 12,5 jours, les entrepreneurs individuels se distinguent par leur mauvaise performance. Ils sont passés d’un retard de 8,5 jours l’année dernière à 13,4 jours cette année, un dérapage de près de cinq jours en un an. Les sociétés commerciales, bien qu'elles restent sous la moyenne nationale, affichent également des retards préoccupants.
En revanche, les sociétés civiles professionnelles respectent mieux leurs délais, avec un retard moyen de moins de 10 jours.
Le secteur de la promotion immobilière est particulièrement touché, avec des retards approchant les 27 jours.
À l'opposé, les secteurs manufacturiers, tels que la réparation industrielle et la métallurgie, affichent des performances plus vertueuses, avec des retards inférieurs à 10 jours.
Des disparités dans le secteur public
La situation dans le secteur public est contrastée. Les communes respectent légèrement la moyenne nationale avec des retards de 12,7 jours, tandis que les départements et les régions affichent des retards bien plus importants, respectivement de 19,7 jours et 23 jours.
Les métropoles ne sont pas en reste, avec des délais de paiement atteignant 20 jours.
En revanche, les collèges et lycées se montrent plus raisonnables, avec un retard stabilisé sous les 12 jours.
Dans le secteur de la santé, la situation est préoccupante, notamment pour les hôpitaux qui affichent un retard moyen de 20,6 jours.
À l'inverse, les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) parviennent à contenir leurs retards à 12,2 jours.
Les TPE en première ligne
Les très petites entreprises (TPE) de moins de 3 salariés sont particulièrement touchées par ces retards, avec un délai de règlement qui s’allonge pour atteindre 14 jours à la fin du premier semestre 2024.
Les petites et moyennes entreprises (PME) s'en sortent mieux, mais celles comptant entre 200 et 999 employés affichent encore des retards supérieurs à la moyenne, avec 14,5 jours. Les grandes entreprises, bien qu'elles fassent des progrès, mettent en moyenne 17,8 jours pour honorer leurs dettes.
Le rapport 2023 de l’Observatoire des délais de paiement estime que les retards de paiement pourraient entraîner un manque à gagner de 15 milliards d’euros pour les TPE et PME. Ce manque à gagner pourrait être crucial pour leur développement et leur survie, en particulier dans un contexte économique difficile.
Un classement européen peu flatteur
À l’échelle européenne, la France se situe dans le ventre mou du classement en matière de délais de paiement.
Les pays les plus performants, comme les Pays-Bas et l'Allemagne, affichent des délais de paiement de 3,3 jours et 6,6 jours respectivement.
Cette situation soulève des questions sur l'efficacité des politiques de paiement et la nécessité d'une réforme en profondeur pour améliorer la situation des entreprises françaises.
Vers une prise de conscience nécessaire
Les retards de paiement en France, qui continuent de s'allonger, mettent en lumière une problématique cruciale pour la santé économique des entreprises, en particulier des plus petites.
Alors que les sanctions existent, leur application semble insuffisante pour changer les comportements.
Une prise de conscience collective est nécessaire pour favoriser un environnement commercial plus sain, où le respect des délais de paiement devient la norme plutôt que l'exception.
Les entreprises doivent également être encouragées à adopter des pratiques de paiement responsables, afin de garantir leur propre pérennité ainsi que celle de leurs partenaires commerciaux.
Bon à savoir
Les retards de paiement peuvent avoir des conséquences graves sur la trésorerie des entreprises, entraînant des difficultés à investir, à payer les salaires et à maintenir les opérations quotidiennes.