Alors que l’intelligence artificielle bouleverse les chaînes de valeur, une école indépendante entend marier expertise technique, sens des affaires et responsabilités sociétales. Aivancity accélère. Implantée à Nice depuis septembre 2024, l’école fondée par Tawhid Chtioui en 2020 consolide un modèle singulier qui vise à rapprocher formation, innovation utile et besoins concrets des entreprises françaises.

Un établissement hybride qui assume le croisement ia, data et responsabilités

Aivancity s’est imposée en quelques années comme une école à part, ni grande école de commerce, ni école d’ingénieurs classique. Installée d’abord à Cachan sur le site historique de l’ancienne École normale supérieure Paris-Saclay, elle a été pensée dès l’origine pour former des profils capables de dialoguer avec les métiers, de concevoir des systèmes d’IA robustes et de piloter des projets respectant les cadres juridiques et éthiques.

La promesse est claire et assumée : délivrer des compétences techniques solides en data mining, machine learning, deep learning et cloud computing, tout en donnant des repères en gouvernance des données, conformité et sobriété. L’école met en avant une pédagogie par projets, une culture de la responsabilité et une proximité avec l’écosystème économique.

Ce positionnement s’inscrit dans une dynamique française où la transformation numérique n’est plus optionnelle. Les dirigeants recherchent des talents capables d’industrialiser l’IA sans sacrifier la fiabilité, la sécurité et l’acceptabilité sociale. En ce sens, le parti pris d’Aivancity, qui valorise la technique au service de l’impact, trouve un écho immédiat dans les PME, ETI et collectivités qui veulent avancer sans se perdre dans le buzz.

Entreprise à mission : ce que cela change pour une école

Le statut d’entreprise à mission impose de définir une raison d’être et des objectifs sociaux et environnementaux, contrôlés par un organisme tiers indépendant.

Pour une école spécialisée en IA, cela se traduit par :

  • des engagements tangibles sur l’accessibilité et l’inclusion des étudiants,
  • des dispositifs qui limitent les barrières à l’entrée financées par des fonds dédiés,
  • un suivi des impacts concrets dans les territoires,
  • une vigilance éthique intégrée aux programmes et aux projets appliqués.

Nice prend le relai en région et villejuif devient le nouveau socle francilien

Automne 2024 a marqué une étape stratégique : première rentrée à Nice. Ce campus, piloté par Jordan Tournois, est présenté comme la seule antenne régionale de l’école.

Sa mission est claire : retenir les talents azuréens, fournir des compétences immédiatement mobilisables par les entreprises locales et multiplier les projets qui répondent à des besoins précis. Comme le résume le directeur du développement à Nice : « Pourquoi se former ailleurs alors qu’il y a la compétence ici et que les entreprises en ont besoin ? »

Cette première promotion regroupe plus de 40 étudiants sélectionnés. Le format s’appuie sur le socle académique d’Aivancity, mais s’organise au plus près des acteurs économiques du territoire.

Les enseignements mêlent algorithmes, gestion de la donnée, mise à l’échelle des solutions et sensibilisation à l’éthique de l’IA. Le choix est assumé : capter l’énergie entrepreneuriale et R&D de la French Riviera et la faire se traduire en cas concrets.

Sur le plan immobilier, Aivancity confirme une phase transitoire dans les locaux de l’IPAG Business School, au centre de Nice. Un site dédié de 2 500 à 3 000 m² est annoncé à horizon 2029-2030, pensé comme un espace connecté et plus sobre en ressources. En parallèle, l’école reste fidèle à son ancrage val-de-marnais en préparant son installation à Villejuif en 2025, avec des locaux de 4 000 m² qui renforceront sa présence dans un pôle sciences-santé de premier plan en Île-de-France (Le Parisien, 18 mars 2025).

Trois critères reviennent pour expliquer l’atterrissage niçois : la présence d’un tissu dense d’entreprises technologiques entre Nice et Sophia Antipolis, une demande d’upskilling et de reskilling détectée dans les PME locales, et la capacité d’accéder rapidement à des cas d’usage sectoriels variés, notamment en santé et en services.

Le terrain donne ainsi aux étudiants des situations réelles, tandis que les entreprises y gagnent des prototypes actionnables et un accès facilité à de futurs alternants.

Calendrier condensé des jalons annoncés

  • Rentrée niçoise : septembre 2024.
  • Campus de Villejuif : 2025, avec 4 000 m² dans le Val-de-Marne.
  • Site dédié à Nice : 2029-2030 visé, 2 500 à 3 000 m² prévus.

Ce phasage combine montée en puissance académique et consolidation d’un réseau de partenaires locaux.

La clinique de l’ia : un pro bono appliqué qui convertit les besoins en projets

Pièce maîtresse de la proposition de valeur d’Aivancity, la Clinique de l’IA transpose au champ technologique un modèle inspiré des cliniques juridiques pro bono. Les entreprises soumettent une problématique, l’école évalue la faisabilité, puis constitue une équipe étudiante encadrée par des enseignants-chercheurs. Le cadre est balisé, les attentes sont claires et le calendrier est borné.

La mécanique des projets se déroule sur six mois. Des points d’étape permettent d’ajuster la feuille de route et de lever les obstacles techniques ou réglementaires. La restitution prend la forme d’un POC ou d’une solution plus aboutie. En retour, la structure accompagnée s’engage à proposer un stage ou une alternance, ce qui alimente un cercle vertueux entre compétences et besoins.

Le campus francilien a déjà dépassé la barre des 110 projets traités depuis le lancement de la Clinique. À Nice et dans la technopole voisine de Sophia Antipolis, près de 25 sujets ont été identifiés dès 2024, couvrant des cas d’usage concrets en santé, commerce et industrie. L’objectif est double : dérisquer l’IA pour les entreprises locales et accélérer l’employabilité des étudiants en les confrontant très tôt à des données réelles et à des enjeux métiers.

Exemple avec un acteur médical local

Un établissement souhaite fluidifier le parcours patient et réduire les congestions aux urgences. Le chantier, mené dans le cadre de la Clinique, consiste à analyser l’historique des flux, à catégoriser les motifs d’admission et à calibrer un modèle de prévision de charge. Les étudiants travaillent à la construction d’un algorithme qui propose des créneaux dynamiques et optimise les ressources critiques, dans le respect des contraintes de confidentialité.

Au-delà de l’exploit technique, l’enjeu est de rendre le modèle auditables et d’en sécuriser le déploiement. Des garde-fous sont posés pour prévenir les biais, et une démarche d’évaluation clinique est envisagée avant tout passage en production.

Chatbot de nouvelle génération pour les services

Une entreprise de services explore un assistant conversationnel destiné à réduire la charge des centres de contact. Le projet mobilise des briques NLP, un cadrage sur la gouvernance des données et des tests utilisateurs itératifs. Le livrable est un prototype de chatbot capable de gérer les requêtes courantes, d’aiguiller vers un humain au bon moment et de journaliser les interactions pour assurer une traçabilité utile à la conformité.

Au passage, la question de la sécurité des données est adressée avec une politique stricte d’anonymisation et la mise en place de logs consultables pour auditer les décisions prises par l’agent conversationnel.

Une pme textile face à l’équation stock et design

Un acteur textile local souhaite rapprocher ses cycles de création de la demande réelle en magasin et en e-commerce. L’équipe étudiante construit un modèle de prévision des ventes couplé à une optimisation des réassorts. En parallèle, un outil de recommandation propose des micro-collections, testées sur des segments de clientèle restreints.

Ce cas illustre comment l’IA de la demande transforme les arbitrages de production et permet de réduire les invendus, avec des gains environnementaux à la clé.

Trois points structurants sont généralement intégrés aux conventions :

  • Propriété intellectuelle et droit d’usage. Par défaut, les livrables pédagogiques sont remis avec un périmètre d’utilisation convenu, modulable selon le degré de maturité du projet.
  • Confidentialité. Les données sensibles font l’objet de clauses dédiées et d’un dispositif de pseudonymisation ou d’anonymisation.
  • Continuité. L’engagement de proposer un stage ou une alternance donne aux entreprises un canal de recrutement et aux étudiants un tremplin vers l’emploi.

Ces garde-fous facilitent la collaboration des PME avec un environnement académique en garantissant la sécurité juridique du projet.

Alternance responsable et mise à jour du diplôme : des amortisseurs sociaux inédits

Au-delà de la technicité, Aivancity met en avant des dispositifs sociaux singuliers. Le premier, qualifié d’alternance responsable, repose sur une promesse ferme : si un étudiant ne trouve pas d’entreprise pour sa première année d’alternance, ses frais de scolarité sont pris en charge par le fonds de dotation de l’école. La mesure vise à préserver l’égalité d’accès à la formation et à éviter que le hasard du marché freine les parcours.

Le second dispositif répond à un risque structurel de l’IA : l’obsolescence rapide des compétences. La garantie de mise à jour du diplôme autorise les diplômés à revenir se former gratuitement sur des modules actualisés lorsque des technologies ou cadres réglementaires évoluent. Une manière d’ancrer l’apprentissage tout au long de la vie dans la fabrique même du diplôme.

Dans un marché tendu, ces outils jouent un rôle d’amortisseur et sécurisent les trajectoires. Ils résonnent avec l’effort public français en faveur de la formation continue et de la diffusion de l’IA dans les secteurs traditionnels. Pour les entreprises, ils créent un vivier de talents exposés aux derniers standards techniques et réglementaires.

La garantie de mise à jour en pratique

  1. Surveillance des évolutions clés : frameworks, architectures, normes et réglementations applicables à l’IA et à la data.
  2. Curseur d’éligibilité défini par l’école, avec accès gratuit à des modules de remise à niveau pour les alumni.
  3. Traçabilité des acquis réactualisés, utile pour l’employabilité et la validation par les RH.

Ce mécanisme transforme l’alumni en apprenant continu et réduit le risque de décalage entre les attentes des employeurs et les compétences disponibles.

De nombreux étudiants peinent à signer une alternance à cause du calendrier, d’un manque de réseau ou d’un décalage de posture entre code et métier. La prise en charge temporaire des frais supprime un frein financier immédiat et donne du temps pour décrocher un contrat. Pour l’entreprise, le dispositif multiplie les opportunités de rencontre avec des candidats déjà acculturés aux enjeux d’IA et prêts à intervenir sur des sujets concrets.

Des politiques publiques alignées avec la montée en puissance d’aivancity

Le contexte français a changé d’échelle. Avec les enveloppes et dispositifs rassemblés sous la bannière France 2030, plusieurs ministères soutiennent l’appropriation de l’IA dans l’économie réelle.

Des appels à projets ciblent les industries culturelles et créatives, l’innovation procédurale ou la montée en compétences. L’école s’inscrit dans ce mouvement, en proposant une ingénierie de projets qui met des solutions IA à portée d’organisations peu armées pour se lancer seules.

Les entreprises peuvent également mobiliser des aides publiques pour structurer leur transformation : accompagnement à l’innovation, diagnostics, formations et parcours d’accélération, en articulation avec des acteurs académiques et technologiques. Sur le terrain, l’approche Aivancity fait le pont entre ces dispositifs et des besoins opérationnels qui ne peuvent pas attendre un cycle budgétaire complet.

Enfin, le Sommet pour l’action sur l’IA tenu à Paris les 10 et 11 février 2025 a confirmé la priorité donnée à une innovation éthique et responsable. L’accent mis sur la transparence, l’auditabilité et la sûreté de l’IA renforce l’intérêt pour les formations qui intègrent ces dimensions au même niveau que l’excellence technique. L’ambition d’Aivancity de former, d’ici 2030, plusieurs centaines de professionnels par an est présentée comme un objectif interne, ajustable à mesure que les sites et les partenariats se consolident.

Les textes publics prévoient des guichets pour :

  • financer des preuves de concept ou des démonstrateurs autour de l’IA,
  • renforcer la formation continue et l’adaptation des compétences,
  • soutenir des projets qui améliorent la productivité ou l’efficacité énergétique,
  • accompagner l’intégration d’outils d’IA dans les processus métiers existants.

Les appels à projets accessibles aux industries culturelles illustrent l’inflexion : la cible n’est plus uniquement l’ultra-tech, mais bien l’appropriation par les filières qui créent de la valeur au quotidien pour l’économie française (Ministère de la Culture, 16 mai 2025).

Mesures d’impact attendues sur la côte d’azur et dans le val-de-marne

Au-delà du volume d’étudiants ou de la taille des campus, c’est la capacité d’entraînement qui sera scrutée. Trois axes peuvent être suivis dans les prochains mois.

D’abord, la conversion des sujets traités par la Clinique de l’IA en prototypes testés et en contrats d’alternance, puis en emplois pérennes. Ensuite, l’extension du panel sectoriel des cas d’usage, avec un équilibre entre santé, services, tourisme, industrie et commerce. Enfin, la diffusion de bonnes pratiques en gouvernance des données, évaluations de biais et sobriété des modèles.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur présente un écosystème technologique de longue date, de Sophia Antipolis aux entreprises du littoral. La présence d’un campus d’IA à proximité immédiate apporte un effet de levier : diagnostic plus rapide des opportunités, réservoir de compétences mobilisable en alternance et co-construction avec les dirigeants locaux. La perspective de Villejuif, au cœur d’un bassin sciences et santé, ouvre un autre volet de collaborations à forte densité clinique et hospitalière.

En mettant l’accent sur des résultats exploitables et une pédagogie qui oblige à produire, l’école pousse à la réalimentation entre projets académiques et usages industriels. Au plan économique, l’effet attendu se mesure aussi par la réduction du coût d’entrée dans l’IA pour les PME et l’accélération du passage de l’idéation à l’industrialisation.

Grille de lecture pour un dirigeant qui se lance

  1. Choisir un premier cas d’usage à ROI court, aligné avec une douleur métier mesurable.
  2. Ouvertures de données maîtrisées : cadrer le périmètre de confidentialité dès le départ.
  3. Itération rapide avec des points d’étape et des critères de sortie explicites.
  4. Préparer l’atterrissage opérationnel : MLOps, sécurité, monitorings, coûts cloud.
  5. Former les équipes métiers et techniques à la gouvernance et à la sobriété des modèles.

Avec une Clinique de l’IA, ce chemin se fait en binôme, ce qui réduit les frictions de départ et accélère l’apprentissage collectif.

L’école, son récit et sa méthode : ce qui la distingue réellement

Fondée par Tawhid Chtioui en 2020, Aivancity a posé les bases d’un modèle pédagogique où l’IA n’est jamais quitte de ses implications sociétales. Le choix de Cachan a d’emblée placé l’école au contact d’un réseau de recherche et d’innovation francilien, tout en gardant une gouvernance qui revendique la capacité d’itérer vite, à l’image d’une start-up académique.

Le récit fondateur, centré sur l’hybridation, s’est prolongé par une mise à l’échelle des projets étudiants via la Clinique. Cette traduction dans le monde réel a permis de multiplier les retours d’usage et d’affiner les programmes au fil des promotions. Le passage par Nice confirme une stratégie d’implantation minimaliste d’abord, mais résolue à créer de la valeur locale avant la construction d’un grand campus.

Dans la compétition pour attirer les meilleurs profils, l’école mise sur des éléments différenciants : la garantie de mise à jour, l’alternance responsable, et la promesse de ne pas opposer performance technique et responsabilité. Tirer de l’IA un gain opérationnel sans se couper des exigences éthiques et légales est au cœur de son identité.

Au-delà des frameworks, les recruteurs attendent :

  • la capacité de transformer un besoin métier en spécification modélisable,
  • la maîtrise des pipelines de données et des considérations de qualité et de conformité,
  • une culture des coûts d’inférence et de la sobriété des architectures,
  • des réflexes d’audit, de monitoring et de documentation.

Les dispositifs d’Aivancity cherchent à rapprocher cette fiche idéale d’une trajectoire d’apprentissage concrète et itérative.

Gouvernance des données et responsabilité : des lignes rouges assumées

Un fil rouge traverse toutes les activités de l’école : l’exigence de gouvernance des données et de responsabilité des modèles. Les projets encadrés exigent un cadrage préalable sur la nature des données, leur licéité, la présence éventuelle de données personnelles, la gestion des droits d’accès et la traçabilité des traitements. Ces prérequis évitent des impasses juridiques et sécurisent les premiers tests.

Côté modèles, l’évitement des biais et la mesure d’impact sont traités comme des éléments du cahier des charges, pas comme des annexes. Les rubriques d’explicabilité, la robustesse face aux données bruitées, les garde-fous contre la dérive et la gestion des incidents sont discutés dès la conception. Cela favorise des livrables industrialisables et des projets qui ne restent pas au stade de démonstration marketing.

Pour les dirigeants, cette approche rassure et rend l’IA plus prévisible. Elle répond aussi à l’émergence d’un cadre européen plus exigeant, dans lequel la documentation, l’évaluation des risques et la transparence seront des attendus normés. Une formation qui intègre ces éléments au long cours constitue un avantage concurrentiel pour l’employabilité des jeunes diplômés.

Ce que la greffe niçoise peut changer dès 2025

Avec un pied à Nice et un autre bientôt à Villejuif, Aivancity se positionne comme un catalyseur entre terrains industriels, laboratoires d’idées et enjeux de régulation. La demande d’IA n’est plus l’apanage des grands groupes.

Les PME et ETI veulent, elles aussi, convertir leurs données en marges, fiabiliser leurs opérations et mieux prévoir leurs flux. L’école, via sa Clinique et ses dispositifs sociaux, offre un chemin praticable pour apprendre en produisant et produire en apprenant.

La suite dépendra de la capacité à garder le cap de l’utilité mesurable et à faire de chaque territoire un moteur. Si les entreprises azuréennes et val-de-marnaises s’emparent des outils, le pari d’un ancrage territorial de l’IA pourrait s’installer durablement et rejaillir sur l’emploi local comme sur la compétitivité des filières.

Aivancity mise sur l’impact utile et la responsabilité pour ancrer l’IA dans l’économie réelle, et son accélération niçoise comme son ancrage à Villejuif pourraient convertir l’appétit des entreprises en projets concrets et en emplois qualifiés.