Avantages et inconvénients de la semaine de 4 jours
Voici 7 avantages de la semaine de 4 jours en entreprise, un modèle qui a fait ses preuves et qui séduit aujourd'hui de plus en plus d'employeurs.
Bien-être des salariés, réduction du stress, meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle… Si les avantages de la semaine de 4 jours en entreprise semblent évidents pour les employés, il n’en est pas de même pour les employeurs. Et pourtant, plusieurs centaines d’entreprises françaises ont décidé de laisser un jour de repos hebdomadaire supplémentaire à leurs salariés, sans baisser leur rémunération pour autant.
Alors, qu’apporte cette nouvelle organisation du temps de travail, adoptée par plusieurs pays, aux employeurs ? Les entreprises y trouvent-elles réellement leur compte ? Voici une liste des avantages et des inconvénients du dispositif. Cette liste permettra aux entrepreneurs d'y voir plus clair avant de se décider sur la mise en place de la semaine de 4 jours dans leur entreprise.
Attention, tout de même, à ne pas confondre « semaine de 4 jours » avec la « semaine en 4 jours » comme proposé par le Premier ministre, Gabriel Attal dans la fonction publique lors de son discours de politique générale ce 30 janvier 2024 !
Qu’est-ce que la semaine de 4 jours en entreprise ?
La semaine de 4 jours consiste à accorder un jour de repos supplémentaire par semaine à ses employés, sans baisse de rémunération. Certaines entreprises choisissent simplement de diminuer le nombre d’heures travaillées par semaine, en passant de 35 à 28 heures hebdomadaires. D’autres préfèrent allonger les journées de travail en proposant à leurs collaborateurs de travailler 8 à 9 heures par jour. D’autres encore décident d’étaler le volume horaire de travail sur l’année. Elles optent par exemple pour 6 mois à 39 heures et 6 mois à 31 heures.
Quelle que soit l’option choisie, le principe de la semaine de 4 jours est de donner un jour off à ses collaborateurs, sans diminuer leur salaire. Ce modèle intéresse de plus en plus les employeurs et les acteurs des politiques publiques. Rien qu’en France, les entreprises sont chaque fois plus nombreuses à parier sur cette nouvelle répartition du temps de travail. Quant aux responsables politiques, plusieurs ont pris le parti de l’expérimenter. En Suède, par exemple, la ville de Göteborg a fait l’expérience de la journée de 6 heures pour les salariés d’une maison de retraite municipale. Chez nos voisins espagnols, le gouvernement a donné son feu vert pour tester la répartition de 32 heures de travail hebdomadaires sur 4 jours.
Quelle différence entre la semaine de 4 jours et la semaine en 4 jours ?
La principale différence entre la semaine en 4 jours et la semaine de 4 jours réside dans la manière dont le temps de travail est organisé.
Semaine en 4 jours :
Cette approche consiste à condenser la durée de travail hebdomadaire standard (par exemple, 35 heures) sur quatre jours au lieu de cinq :
- Les journées de travail sont donc plus longues pour permettre d'avoir un jour de repos supplémentaire chaque semaine ;
- La durée hebdomadaire totale de travail reste la même, mais elle est répartie sur un nombre réduit de jours ;
- Cette méthode peut augmenter l'intensité des journées de travail restantes, car les employés doivent accomplir la même quantité de travail en moins de jours.
Semaine de 4 jours :
Cette approche implique une réduction réelle de la durée hebdomadaire de travail, par exemple, passer de 35 heures à 32 heures sur quatre jours :
- Les journées de travail restent relativement standard en termes de durée, mais le temps global de travail est réduit ;
- Cette méthode est généralement plus populaire auprès des employés, car elle offre une réduction du temps de travail global sans augmenter l'intensité des journées restantes.
Actualité
Le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé, lors de son discours de politique générale le 30 janvier 2024, l'introduction d'une semaine de travail de quatre jours dans la fonction publique 30 janvier, « non pas de la semaine de 4 jours, mais la semaine en 4 jours ». Cette mesure, qui vise à rendre le secteur plus attractif face à un déficit croissant d'attractivité, ne réduit pas le volume horaire hebdomadaire de travail mais réorganise sa répartition sur quatre jours au lieu de cinq, maintenant ainsi le total à 35 heures.
7 avantages de la semaine de 4 jours pour l’entreprise
En plus d’augmenter sa productivité, d’agir sur l’environnement et de réduire ses dépenses, force est de constater qu’une entreprise qui passe à la semaine de 4 jours voit la motivation de ses employés s’accroître, tout comme la qualité de leur travail. Voici donc 7 avantages à instaurer la semaine de 4 jours en entreprise.
1. L’augmentation de la productivité, l’atout phare
Selon les études, les entreprises qui ont mis en place la semaine de 4 jours sont plus productives. L’exemple le plus frappant est sans doute le cas de Microsoft qui a constaté une hausse de productivité de près de 40 % en adoptant ce modèle au Japon.
D’autres entreprises ont observé des retombées similaires. Ainsi, l’entreprise néo-zélandaise Perpetual Guardian a vu sa productivité grimper de 24 % en à peine un an en passant à la semaine de 4 jours. « Nous ressentons la même tendance sans l’avoir encore mesurée », affirme pour sa part Frank Surena, le directeur général France de l’entreprise Awin. Il a instauré la semaine de 4 jours pour l’ensemble de ses 1000 salariés en janvier dernier.
Cette augmentation de la productivité s’explique par la mise en place d’une nouvelle façon de s’organiser au travail. « En supprimant un jour, vous reportez ce travail sur les autres jours. Les salariés sont plus autonomes et développent donc une meilleure organisation », explique le fondateur de l’entreprise Love Radius, Olivier Sâles. Il a, lui aussi, mis en place la semaine de 4 jours sans que cela n’empêche son entreprise de continuer son expansion.
Parmi les changements les plus communs qui permettent le passage à une semaine de 4 jours, on peut citer :
- L’automatisation de tâches à faible valeur ajoutée,
- L’adoption d’outils collaboratifs,
- La réduction du nombre de réunions…
Ce modèle audacieux ne s’applique pas qu’aux employés de bureaux. Avec des plages horaires de travail modifiées, il est effectivement possible de faire tourner les machines des usines plus longtemps. C’est du moins l’expérience qu’a faite la société Yprema, pionnière dans le domaine. Ses salariés bénéficient d’un jour off par semaine depuis 1997.
Avec cette formule et une nouvelle organisation par roulement, les machines de la société fonctionnent à présent 44 heures par semaine, contre 39 auparavant. La productivité a dès lors naturellement augmenté de 12 %.
2. Des collaborateurs plus engagés et une marque employeur consolidée, autres avantages de la semaine de 4 jours
Grâce à la semaine de 4 jours, les salariés trouvent un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle. Certains peuvent passer plus de temps avec leurs enfants le mercredi, tandis que d’autres profitent de week-ends prolongés. Selon Camille Fauran, directrice générale de Welcome to the Jungle qui a mis en pratique ce modèle dans son entreprise, cela a pour conséquence directe d’améliorer la qualité de vie au travail (QVT).
Considérés et respectés, les salariés sont alors plus enclins à rester travailler pour l’entreprise, ce qui évite les départs volontaires. Camille Fauran déclare à ce propos avoir gagné un « engagement maximal de [ses] collaborateurs, qui peuvent se projeter avec [son entreprise] dans la durée ». Elle précise qu’« ils travaillent beaucoup, mais savent que leur employeur se soucie concrètement de leur bien-être ».
La semaine de 4 jours est également un bon argument pour attirer de nouveaux talents. « Les gens se montrent intéressés », signale le directeur général France d’Awin.
3. La lutte contre l’absentéisme, un intérêt à prendre en considération
On sait que le stress est l’un des principaux facteurs d’absentéisme au travail. Or, ces nouvelles conditions de travail ont tendance à réduire le stress. Avec plus de flexibilité pour organiser leur semaine et moins de temps passé dans les transports, les salariés sont plus détendus et tombent moins malades. Chez les employés qui travaillaient moins, la maison de retraite de Göteborg a, par exemple, enregistré une baisse des arrêts maladie de 15 %.
Un phénomène que l’on constate aussi de l’autre côté de la planète. En Nouvelle-Zélande, l’entreprise Perpetual Guardian a vu le taux de stress de ses collaborateurs baisser de 45 % à 38 % au moment où elle expérimentait la semaine de 4 jours. Ces résultats l’ont d’ailleurs convaincue d’adopter définitivement le système.
4. Un travail de meilleure qualité, le bonus du système
Grâce à la semaine de 4 jours, les salariés se montrent plus heureux et donc plus motivés. Cela influerait sur la qualité de leur travail.
En effet, un chercheur de l’Université d’Oxford a mené une étude sur des téléopérateurs. Les résultats ont montré qu’avec un jour libre supplémentaire par semaine, les appels étaient plus qualitatifs. Par conséquent, le taux de satisfaction client s’est, lui aussi, accru.
5. La réduction de son empreinte carbone, conséquence naturelle de ce mode de travail
Mettre en place la semaine de 4 jours permet aussi de réduire son empreinte carbone. Selon une étude suédoise, diminuer son activité professionnelle de 20 % contribuerait à baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 16 %.
Cela vient notamment du fait que les salariés qui se rendent moins souvent sur leur lieu de travail participent à réduire les émissions de CO2 dues aux transports. Ce facteur écologique est loin d’être négligeable lorsqu’une entreprise s’engage dans une démarche RSE.
6. Des salariés plus polyvalents, une valeur ajoutée pour l’entreprise
Beaucoup de salariés profitent de leur temps libre pour s’investir dans des projets personnels et acquérir de nouvelles compétences. Qu’il s’agisse de la gestion administrative d’une association, de la création de programmes informatiques ou même d’une implication dans un jardin coopératif, un jour off supplémentaire leur laisse plus de temps pour développer des compétences techniques ou interpersonnelles hors du travail. Ce sont autant de nouvelles capacités qu’ils pourront naturellement mettre à profit de leur entreprise.
C’est en tout cas l’opinion de Camille Fauran de Welcome to the Jungle. « Nous avons par exemple beaucoup de créatifs et de développeurs qui ont tout intérêt, pour être meilleurs dans leur travail, à pouvoir passer du temps sur d’autres projets que ceux qu’ils mènent chez nous », confie-t-elle.
7. La baisse des coûts, dernier avantage de cette nouvelle répartition du temps de travail
Moins de salariés au bureau signifie également moins de dépenses sur des coûts fixes pour l’entreprise. Et lorsqu’on parle de coûts fixes, on pense bien sûr d’abord à l’électricité. Ainsi, quand Microsoft a instauré la semaine de 4 jours dans son entreprise au Japon, la multinationale a constaté une baisse de 23,1 % sur sa consommation électrique.
Ces économies concernent aussi le matériel. Par exemple, Microsoft a annoncé avoir réduit son nombre d’impressions de 58,7 % par rapport à la période de travail où ses employés étaient présents sur le site 5 jours par semaine.
Enfin, si une entreprise n’accueille plus autant de salariés 5 jours sur 5, elle peut envisager de passer au flex office. Cette nouvelle organisation des bureaux permet, là-encore, de réduire les frais en termes de loyer.
La semaine de 4 jours en entreprise, un modèle encore marginal et des limites mises en avant
Malgré les avantages de la semaine de 4 jours, les entreprises qui l’ont instaurée restent encore marginales. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet état de fait. Par exemple, le passage à la semaine de 4 jours peut engendrer des difficultés d’organisation. De même, on constate en France un blocage culturel à ce sujet. La faible proportion d’entreprises ayant opté pour la semaine de 4 jours peut également s’expliquer par le fait que certains employeurs préfèrent peut-être rester dans leur zone de confort, préférant implémenter un dispositif de télétravail. D’autres considèrent sûrement le passage à la semaine de 4 jours comme un défi impossible à relever. Voici un tour d’horizon des limites de la semaine de 4 jours.
L’épineuse question de la répartition du temps de travail et des salaires
La première limite mise en avant dans les débats relatifs à la semaine de 4 jours porte sur la répartition des horaires. En effet, deux questions semblent s’imposer :
- Faut-il réduire le temps de travail ?
- Ou faut-il répartir les 35h hebdomadaires sur 4 jours au lieu de 5 ?
Dans le premier cas, la réduction du nombre d’heures pourrait entraîner, en conséquence, la baisse du salaire des salariés concernés. Ainsi, certaines entreprises pourraient, pour palier la baisse du nombre d’heures travaillées, procéder à une hausse de leurs grilles de salaire. Cette pratique induit un coût supplémentaire. La semaine de 4 jours ne saurait, qui plus est, être considérée comme un emploi à temps partiel, son objectif étant de concentrer une semaine de travail complète. Cet état de fait pose donc également la question de l’adaptation des contrats de travail des salariés.
La seconde option, celle de la répartition des heures de travail, soulève la question du rythme de travail sur les 4 jours en activité. Premièrement, il conviendra, pour l’entreprise, de veiller à ce que le nombre d’heures travaillées par jour ne dépasse pas le maximum légal prévu par le Code du travail. De plus, certains professionnels avancent que la concentration d’activités auparavant réalisées en cinq jours constitue une source de stress, ainsi qu’une potentielle surcharge de travail.
Baisse de la compétitivité
Au-delà des questions que soulève la répartition des heures d’activité, se pose celle de la compétitivité des entreprises qui adoptent ce mode d’organisation. En effet, certains professionnels suggèrent que les entreprises adoptant la semaine de 4 jours sont moins compétitives que leurs concurrentes.
En effet, certains secteurs d’activité ne semblent pas se prêter à l’adaptation de leur temps de travail. Il peut s’agir, par exemple, des emplois liés à l’agriculture, la restauration ou, par exemple, les services à la clientèle.
Réorganisation de l’entreprise
Afin de véritablement bénéficier des avantages de la semaine de 4 jours, une entreprise devra effectivement prendre le temps de réviser complètement ses méthodes de travail et son organisation. Il faudra, entre autres, qu’elle trouve des outils et qu’elle élabore des procédures efficaces pour planifier les absences en amont.
En termes de ressources humaines, elle sera également contrainte de revoir les emplois du temps. De même, il faudra repenser les contrats de travail des employés et, éventuellement, revoir la politique salariale de l’entreprise.
Surtout, il sera nécessaire qu’elle accompagne ses salariés dans ce changement, de manière à leur donner les clés pour être tout aussi productifs. « Certains salariés, notamment ceux en contact avec les clients, craignaient de ne pas avoir le temps de tout faire. Il a fallu les rassurer et surtout leur faire comprendre qu’il fallait repenser la relation au travail et se focaliser davantage sur la performance », raconte le directeur général France d’Awin.
Un blocage culturel français
Toutefois, d’après Isabelle Rey-Millet, professeure de management à l’Essec, ce qui freine réellement l’instauration de la semaine de 4 jours en France, c’est l’état d’esprit français. Pour elle, on souffre en effet d’un blocage culturel.
« Le principal blocage vient de notre culture du présentéisme : un quart des salariés déclarent rester tard le soir pour se faire bien voir de leurs managers », indique-t-elle. « Il faut arrêter de mal travailler, de multiplier les réunions, de zapper sans arrêt et réfléchir de façon systémique. Réduire le temps de travail est bénéfique pour la performance, le bien-être, les finances publiques, l’attractivité et l’écologie », poursuit-elle.
Semaine de 4 jours pour les entreprises : un tour d’horizon
En résumé, les entreprises auraient donc probablement beaucoup à gagner à mettre en place le système de la semaine de 4 jours. Néanmoins, avant que cette nouvelle répartition du travail ne devienne la norme, un changement de mentalités semble inévitable. De nombreuses limites sont en effet mises en lumière par les professionnels. En effet, il n’est pas toujours aisé de prendre du recul sur les pratiques actuelles. Cela est dû au statut du dispositif, en phase d'expérimentation. Il faudra aussi convaincre les employeurs comme les salariés, dans chaque entreprise, de conduire une véritable réflexion, de manière à réviser en profondeur leur mode d’organisation du travail. Un tour d’horizon des pour et des contre s’imposent.
Arguments en faveur de la semaine de 4 jours | Arguments en défaveur de la semaine de 4 jours |
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