Safran rehausse ses objectifs 2025 suite à des performances solides
Découvrez comment Safran a enregistré une croissance de 18,3 % au T3 2025, ajustant ses objectifs financiers pour l'année.
+18,3 % au troisième trimestre 2025 : Safran relève ses ambitions. Le groupe aéronautique français a publié des indicateurs supérieurs aux attentes, propulsés par l’après-vente des moteurs civils et une accélération des livraisons de moteurs Leap. Au passage, la direction ajuste ses objectifs 2025 à la hausse et détaille un impact douanier désormais mieux contenu.
T3 2025 au-dessus du consensus, Safran rehausse son cap annuel
Safran a enregistré au troisième trimestre 2025 un chiffre d’affaires ajusté de 7,85 milliards d’euros, en hausse de 18,3 % par rapport à la même période de 2024. La progression ressort à +18,5 % en organique, témoignant d’une dynamique généralisée une fois neutralisés l’effet périmètre et les devises.
Cette publication dépasse un consensus de marché centré autour de 7,6 milliards d’euros, confirmant l’élan opérationnel observé depuis le début de l’année. La surperformance est attribuée, selon la société, à la vitalité des services pour moteurs civils et au rattrapage des cadences de production sur les programmes de propulsion les plus récents.
Chiffre d’affaires ajusté et croissance organique : lecture des indicateurs
La croissance en données ajustées reflète l’activité opérationnelle telle que mesurée par le groupe, tandis que l’agrégat organique retranche explicitement les impacts de périmètre et de change. Dans ce cadre, +18,5 % en organique révèle que la progression n’est pas seulement nominale mais bien corrélée à des volumes, à des mix de ventes et à une demande sous-jacente robuste.
La différence entre les deux mesures reste limitée, ce qui suggère que l’effet de change et l’intégration de nouvelles activités n’ont pas masqué la tendance de fond. Cette cohérence renforce la crédibilité du relèvement d’objectifs annoncé pour l’ensemble de l’exercice 2025.
Consensus dépassé : une surprise positive lisible
Le consensus compilé auprès des analystes ressortait légèrement inférieur à la réalisation, et certaines estimations pointaient 7,557 milliards d’euros, d’où une surprise positive claire au T3 (Option Finance, 24 octobre 2025). Pour un groupe de la taille de Safran, un tel écart traduit à la fois une tenue meilleure qu’attendu des services et une montée en cadence plus rapide sur les livraisons de moteurs neufs.
Ajusté, organique, périmètre : bien lire les agrégats
Safran publie des données ajustées et organiques pour isoler sa performance industrielle :
- Données ajustées : agrégats retraités pour refléter la performance opérationnelle.
- Croissance organique : hors effets de change et de périmètre, utile pour juger la dynamique réelle.
- Périmètre : intègre ou exclut les activités acquises, selon la communication financière.
Le consensus agrège les estimations financières des analystes sell-side. Il n’est ni un engagement de l’entreprise, ni un objectif officiel. Un dépassement traduit souvent une meilleure demande, des prix plus fermes, un mix favorable ou un contrôle accru des coûts. Ici, Safran indique une traction forte de l’après-vente et des livraisons en hausse.
Services pour moteurs civils : l’après-vente en surperformance
Mesuré en dollars, le chiffre d’affaires des services pour moteurs civils a progressé de 24 % au troisième trimestre 2025 par rapport à l’an dernier. La mécanique est bien connue dans l’aéronautique : une flotte en service qui vole davantage génère des heures de vol, donc des visites en atelier et des remplacements de pièces, ce qui active les contrats de maintenance et améliore la visibilité des revenus.
La reprise du trafic aérien mondial post-pandémie continue de nourrir cette courbe. Le segment après-vente demeure un pilier de la marge pour la propulsion civile, grâce à des contrats pluriannuels et un besoin de maintenance incompressible sur la durée de vie des moteurs.
Dynamique commerciale et monétisation de la flotte en service
La progression de +24 % en dollars met en lumière la capacité de Safran à monétiser l’accroissement d’utilisation des moteurs en service. L’entreprise bénéficie d’une base installée importante, notamment sur les familles d’avions monocouloirs, où l’intensité d’utilisation est élevée et la cadence d’exploitation soutenue. L’élasticité des revenus de services à l’usage de la flotte renforce la résilience du modèle économique.
- Demande soutenue pour maintenance et réparations.
- Contrats d’après-vente à forte durée de vie économique.
- Mix favorable avec une part grandissante d’interventions sur moteurs de nouvelle génération.
Le cycle de vie d’un moteur civil s’étend sur des décennies. Les visites en atelier, pièces de rechange et upgrades logiciels créent des revenus récurrents. La valeur s’accroît avec l’âge de la flotte, lorsque les opérations lourdes se multiplient et que le prix unitaire des kits de maintenance progresse.
Moteurs Leap : 511 livraisons au T3, un record trimestriel
Au troisième trimestre 2025, Safran a livré 511 moteurs Leap, soit une hausse de 40 % comparée aux 365 unités livrées au T3 2024. Par rapport au T2 2025, la progression est de +25 %. Le groupe y voit un rattrapage significatif après un premier semestre plus modéré et un signal fort de normalisation des cadences.
Le moteur Leap, développé via CFM International avec General Electric, équipe des best-sellers du marché court et moyen-courrier, notamment l’Airbus A320neo et le Boeing 737 MAX. La montée en puissance de ces plateformes tire les livraisons et crée un socle pour l’après-vente future.
CFM International et plateformes A320neo et 737 MAX
CFM International est la coentreprise qui porte les programmes de moteurs CFM56 et Leap. La génération Leap, plus efficiente et plus sobre, accompagne le renouvellement de flotte des compagnies. La diffusion sur les monocouloirs les plus vendus du marché amplifie l’effet volume. À terme, chaque moteur livré nourrit le pipeline de services et d’interventions.
Pourquoi la cadence Leap pèse sur les cash-flows
Plus les livraisons de moteurs neufs augmentent, plus la base installée grossit et plus l’après-vente future est substantielle :
- Installation de moteurs sur des plateformes à fort trafic.
- Accumulation d’heures de vol qui déclenchent des visites en atelier.
- Revenus de maintenance qui montent en puissance avec l’âge de la flotte.
Droits de douane, UE et USMCA : exposition réduite selon Safran
Safran indique que l’impact des droits de douane s’avère plus limité qu’anticipé. Des accords bilatéraux ont été négociés, en particulier entre l’Union européenne et les États-Unis, tandis que l’éligibilité de certains produits à l’USMCA allège la facture. Résultat, le groupe cadre un effet négatif désormais mieux estimé et intégré à son objectif de résultat opérationnel 2025.
Ces ajustements s’inscrivent dans un environnement commercial toujours mouvant, mais dont les récentes avancées atténuent les risques sur les exportations aéronautiques françaises. La société précise que l’ensemble a été pris en compte dans sa nouvelle guidance.
Impact chiffré retenu dans la guidance 2025
- Effet négatif des droits de douane désormais estimé à 100 à 150 millions d’euros sur le ROC 2025.
- Allégement lié à des accords UE–États-Unis et à l’USMCA, réduisant le montant total en jeu.
- Le management relève ses objectifs 2025 en intégrant ce nouvel impact.
Les droits de douane peuvent affecter des composants expédiés entre zones économiques et des produits finis. Leur intensité dépend du code douanier, de l’origine des pièces et des accords commerciaux. Les exemptions ou réductions s’appliquent selon les règles d’origine et les fiches produits éligibles à des régimes préférentiels.
Nouvelle trajectoire 2025 : croissance, ROC et FCF revus en hausse
À périmètre comparable, hors activités acquises en juillet, Safran vise désormais une croissance du chiffre d’affaires 2025 comprise entre +11 % et +13 %, au lieu de +10 % à +12 %. Le groupe ajuste aussi sa cible de résultat opérationnel courant à 5,1 à 5,2 milliards d’euros, contre 5,0 à 5,1 milliards précédemment, en tenant compte du coût douanier estimé de 100 à 150 millions d’euros.
Quant au cash-flow libre, l’objectif est rehaussé à 3,5 à 3,7 milliards d’euros, contre une ambition antérieure de 3,4 à 3,6 milliards. Ce cadrage met en évidence la capacité du groupe à convertir son résultat en cash, portée par l’aftermarket et les volumes de livraisons.
Activités d’actionnement et de commandes de vol : apport 2025 précisé
Les activités d’actionnement et de commandes de vol, acquises en juillet 2025, devraient contribuer environ 650 millions d’euros au chiffre d’affaires de l’exercice. Pour ce périmètre, la marge opérationnelle courante est attendue entre 4 % et 6 % avant coûts de séparation et d’intégration. Safran souligne la bonne progression de l’intégration, articulée avec ses lignes métiers historiques.
Qui est Safran ? empreinte industrielle et périmètre
Safran est un groupe aéronautique français dont la propulsion civile constitue un socle majeur. Son partenariat via CFM International avec General Electric porte le moteur Leap qui équipe notamment l’Airbus A320neo et le Boeing 737 MAX. Le modèle conjugue ventes de moteurs neufs et services sur la durée, structurellement créateurs de marges et de cash-flows.
Repères macro : l’aéronautique, atout commercial français
Selon des données publiques 2025, le secteur aéronautique et spatial a généré un excédent de 28,7 milliards d’euros en 2024, soulignant le rôle de la filière dans la balance commerciale. Ce socle exportateur bénéficie à l’écosystème fournisseurs et aux grands donneurs d’ordres.
Lecture financière des chiffres : ce que retient le marché
Les investisseurs scrutent quatre signaux principaux. D’abord, la croissance organique à deux chiffres et le dépassement du consensus attestent d’un environnement porteur pour la propulsion civile et l’après-vente. Ensuite, la montée en cadence Leap accélère la constitution de la base installée dont les effets s’étalent sur le temps long.
Troisièmement, l’impact douanier calibré entre 100 et 150 millions d’euros, conjugué aux accords transatlantiques et à l’USMCA, clarifie un risque exogène qui pesait sur les marges. Enfin, le relèvement de la guidance sur le chiffre d’affaires, le ROC et le cash-flow libre ancre des anticipations mieux orientées. La communication a été accueillie positivement, malgré un léger reflux de l’action attribué à des prises de bénéfices ponctuelles (Boursorama, 24 octobre 2025).
Après-vente en dollars et effet devises
Le suivi en dollars de l’après-vente moteurs civils tient au fait que les contrats et les prestations sont souvent libellés dans cette devise. Ce cadrage aide à isoler la dynamique opérationnelle de l’effet change sur l’euro. La progression de +24 % illustre la normalisation des opérations aériennes et l’intensification des cycles de maintenance.
Équation d’ensemble : volumes, mix et cash
Le triptyque volumes de moteurs neufs + mix favorable après-vente + disciplines de conversion cash soutient mécaniquement la trajectoire 2025. La visibilité à court terme demeure toutefois liée aux cadences avionneurs et aux conditions d’approvisionnement sur les composants critiques. La société signale qu’elle maintient ses points d’attention sur ces variables.
Le résultat opérationnel courant isole la performance récurrente du groupe. Il exclut les éléments non courants. En intégrant un impact douanier estimé, la nouvelle fourchette 5,1 à 5,2 milliards d’euros sert de repère pour apprécier la profitabilité du cœur d’activité.
Le commentaire du directeur général, Olivier Andriès, souligne deux axes : la vigueur de l’après-vente moteurs civils au T3 et un nombre record de moteurs Leap livrés. La direction indique par ailleurs l’intégration en cours des activités d’actionnement et commandes de vol acquises en juillet 2025, et ajuste ses ambitions en conséquence, en intégrant l’effet estimé des droits de douane.
Points de vigilance d’ici la clôture 2025
Quelques facteurs resteront sous surveillance d’ici la fin d’exercice. Les difficultés d’approvisionnement demeurent un sujet pour l’aéronautique, même si les objectifs de certains acteurs du secteur ont été maintenus fin août 2025 selon la Direction générale du Trésor. Le bon passage des cadences sur l’ensemble de la chaîne de valeur reste déterminant pour éviter un effet ciseaux entre livraisons et coûts.
S’ajoute l’environnement commercial international, où les droits de douane constituent un risque moins saillant qu’auparavant mais toujours à encadrer. À court terme, la qualité d’exécution sur la montée en cadence Leap et la solidité de l’après-vente seront les deux ressorts clés de la trajectoire annoncée.
Dans un marché aéronautique en reprise, Safran valide un trimestre solide et une hausse mesurée de ses ambitions 2025, en s’appuyant sur l’aftermarket et un carnet de livraisons qui retrouve de l’allant.