À Tournefeuille, le groupe Carré appuie sur l’accélérateur. Avec un carnet de commandes de 44 millions d’euros et la mise en service d’un équipement de découpe de haute précision prévue en novembre 2025, le spécialiste de la métallerie et de la serrurerie se projette au-delà du ralentissement du BTP. En ligne de mire : la ligne C du métro toulousain et une trajectoire de croissance posée sur deux ans.

Tournefeuille : un site consolidé et un ancrage industriel confirmé

Basé au boulevard de l’Industrie, dans la zone de Pahin à Tournefeuille, le groupe Carré a organisé depuis plus d’une décennie sa chaîne de valeur autour d’un site unique, au service des marchés du bâtiment et des infrastructures. Ce positionnement local, couplé à une présence commerciale entre Toulouse et Bordeaux, constitue l’ossature de sa stratégie opérationnelle.

Le regroupement opéré en 2013 a été une étape structurante. L’entreprise a alors rassemblé ses activités liées au bâtiment, à l’aluminium, aux clôtures et aux multiservices sous la société de tête, renforçant sa densité industrielle dans l’agglomération toulousaine (La Dépêche du Midi, février 2013).

Cinq filiales entre Toulouse et Bordeaux : couverture terrain

Le groupe, qui compte environ 150 salariés, s’appuie sur cinq filiales pour adresser les besoins de ses clients sur les bassins économiques toulousain et bordelais. Ce maillage renforce sa capacité à piloter des chantiers pluriels et à absorber des pics de charge, une configuration pertinente dans un cycle où la visibilité est un facteur de résilience.

Frédéric Carré : un cap entrepreneurial depuis 2004

À la direction depuis 2004, Frédéric Carré a orchestré la consolidation industrielle de l’entreprise et sa spécialisation dans des métiers techniques à forte compétence locale. Cette ligne directrice s’illustre dans la montée en gamme des moyens de production et dans l’orientation des activités vers des projets complexes, où la maîtrise des délais et des tolérances est décisive.

Repères d’entreprise

Siège : Tournefeuille, boulevard de l’Industrie, zone de Pahin.
Effectif : environ 150 salariés.
Métiers : métallerie, serrurerie, aluminium, clôtures, multiservices.
Implantations : cinq filiales avec des implantations à Toulouse et à Bordeaux.

Carnet de commandes à 44 M€ : visibilité budgétaire sur plus de 24 mois

En octobre 2025, le groupe Carré affiche un carnet de commandes record de 44 millions d’euros, équivalent à plus de 24 mois de chiffre d’affaires au rythme actuel de production (données communiquées par l’entreprise, octobre 2025). Cette profondeur d’ordre de marche confère une visibilité rare dans le BTP et sécurise l’utilisation des capacités pour les deux prochaines années.

Concrètement, ce niveau de commandes implique :

  • Planification renforcée des études et de la fabrication pour lisser les charges par atelier.
  • Maîtrise des approvisionnements sur les aciers, aluminiums et quincailleries techniques, afin de limiter l’exposition aux à-coups de la chaîne d’appro.
  • Pilotage fin des délais d’exécution, en particulier pour les jalons d’un chantier de transport urbain.
  • Arbitrages de prix au cas par cas pour préserver les marges dans un environnement de coûts mouvants.

Cette visibilité intervient alors que le secteur français du bâtiment traverse plusieurs vents contraires. Malgré ces signaux, l’entreprise maintient sa trajectoire et s’appuie sur un portefeuille de projets qualifiés.

Un carnet de commandes agrège les contrats signés non encore réalisés. Trois points clés pour l’analyser :

  • Couverture en mois de production : un ratio supérieur à 12 mois est rare et traduit une forte visibilité sur le plan de charge.
  • Qualité des marchés : multi-lots et chantiers complexes (métro, hôpitaux, tertiaire) offrent des jalons clairs mais exigent une rigueur contractuelle accrue.
  • Capacité d’exécution : l’équilibre entre études, atelier et pose conditionne la conversion du carnet en chiffre d’affaires sans dérive de délais ni de coûts.

2025-2026 : trajectoire de chiffre d’affaires et moteurs identifiés

Le groupe Carré anticipe un chiffre d’affaires 2025 de 21,60 millions d’euros, puis une progression à 24 millions d’euros en 2026. Ces prévisions reposent sur la dynamique interne et l’avancement des marchés en cours, en dépit d’un climat moins porteur sur l’immobilier et la construction.

Au-delà des montants, la répartition dans le temps des livraisons et la coordination inter-filiales seront déterminantes pour convertir la profondeur du carnet en revenus sans pression excessive sur les coûts fixes. La séquence industrielle 2025-2026 devra également capturer les gains du nouvel outil de production pour amortir les cycles de montage et d’ajustage sur site.

Carré Métallerie et Artel : levier principal sur la ligne C

La croissance prévue en 2026 sera en grande partie portée par Carré Métallerie et Artel, engagées sur le marché de la nouvelle ligne C du métro toulousain. Ce type de projet favorise les acteurs capables d’intégrer études, fabrication et pose, avec des exigences élevées en matière de conformité, de sécurité et de tenue dans le temps.

Métallerie et serrurerie : périmètre métiers dans un chantier de métro

Dans un environnement ferroviaire urbain, la métallerie-serrurerie recouvre généralement :

  • Ouvrages métalliques intérieurs et extérieurs : garde-corps, escaliers, passerelles, caillebotis.
  • Menuiseries techniques : portes métalliques, châssis, blocs-portes spécifiques, trappes d’accès.
  • Équipements de protection et de guidage : grilles, clôtures, mains courantes, dispositifs anti-chute.
  • Habillages et finitions : parements métalliques, profils, lisses et pièces de jonction.

La valeur ajoutée réside dans la précision d’usinage, l’anticorrosion, la résistance au trafic et la capacité à intervenir sur des sites contraints.

Ligne C du métro toulousain : positionnement de spécialiste

Le nouveau marché de la ligne C offre un terrain naturel aux savoir-faire de Carré : métallurgie de précision, serrurerie technique et coordination en milieu urbain. En s’appuyant sur son implantation à Tournefeuille et sur un atelier calibré pour des pièces complexes, le groupe est en mesure d’accompagner les phases clés d’un chantier d’infrastructure : prototypage, préfabrication, montage, puis installation sur site.

Cette proximité géographique n’est pas anecdotique. Elle favorise la continuité entre bureau d’études, atelier et pose, réduit les temps logistiques et facilite les ajustements finaux, fréquents dans les ouvrages de transport. La réponse locale, lorsqu’elle est adossée à des capacités industrielles solides, devient un avantage concurrentiel tangible.

Toulouse : effets d’entraînement industriels et urbains

Les projets structurants induisent des retombées sur l’écosystème industriel régional. Pour un acteur de la métallerie-serrurerie, ils se traduisent par des séries de pièces spécifiques, des contrôles qualité renforcés et une montée en compétence des équipes de pose en environnement contraint. Le groupe peut ainsi capitaliser sur son expérience locale tout en consolidant ses standards de sécurité et de conformité.

Capacités industrielles renforcées : un nouvel outil en novembre 2025

Le groupe investit dans son atelier de Tournefeuille avec l’acquisition d’un équipement de découpe de très haute précision, dont la mise en service est attendue en novembre 2025. Ce saut technique doit améliorer la répétabilité des pièces, réduire les opérations de reprise et sécuriser les délais, particulièrement sur les métalleries critiques des infrastructures de transport.

Au plan industriel, trois effets sont visés :

  • Réduction des tolérances à l’usinage pour limiter les ajustements en montage.
  • Amélioration des cadences en atelier pour absorber des lots plus importants sans dégrader la qualité.
  • Traçabilité accrue des pièces, condition sine qua non des marchés à forte exigence documentaire.

Ce renforcement de l’outil de production soutient la conversion du carnet de commandes en chiffre d’affaires et aligne la capacité technique avec les exigences de la ligne C.

Effets attendus sur la qualité et les délais

La valeur d’un équipement de découpe avancé s’observe autant en atelier que sur site. Des pièces plus précises limitent les reprises, réduisent les déchets de matière et fluidifient les jalons de pose. À l’échelle d’un projet multi-stations, les gains cumulatifs se traduisent par des délais plus stables et des écarts de coûts mieux maîtrisés.

La précision en découpe agit sur plusieurs leviers :

  • Qualité géométrique : réduction des jeux et meilleure tenue mécanique de l’assemblage.
  • Moins de reprises : baisse des temps non productifs en soudure et en ajustage.
  • Capabilité de process : stabilité des tolérances sur des séries longues, essentielle pour les chantiers multi-sites.
  • Documentation : marquage et traçabilité intégrés qui simplifient la conformité.

Combinés, ces facteurs aident à sécuriser les jalons contractuels et à limiter les dérives de coûts sur la durée du chantier.

Gouvernance : continuité et partage du capital

La dimension humaine reste un levier clé de la performance. Charley Ferra, directeur général depuis mai 2023, s’apprête à intégrer le capital de la holding.

Cette évolution consolide la gouvernance et envoie un signal de stabilité aux équipes, aux clients et aux partenaires financiers. Elle s’inscrit dans une logique de continuité entrepreneuriale avec Frédéric Carré, tout en préparant un pilotage partagé des priorités opérationnelles.

Dans un contexte de projets longs, l’alignement capitalistique de la direction peut faciliter les arbitrages d’investissement, le recrutement sur des profils pénuriques et la gestion des risques, y compris contractuels. L’entreprise affiche ainsi une colonne vertébrale managériale claire pour encadrer sa progression 2025-2026.

Les données publiées concernent le carnet de commandes, les prévisions de chiffre d’affaires et le calendrier industriel. Ne sont pas communiqués : la ventilation précise par filiale, les marges par segment, les montants exacts des investissements, ni le détail des lots sur la ligne C. Toute interprétation doit donc rester mesurée et s’en tenir aux éléments disponibles.

Cap 2026 : une visibilité rare pour une PME du BTP

Avec un plan de charge supérieur à deux ans et un outil industriel en montée de puissance, le groupe Carré se donne les moyens de consolider sa position sur des marchés techniques, tout en affrontant un cycle sectoriel prudent. La présence locale, le renforcement des capacités et la stabilisation de la gouvernance forment un triptyque cohérent pour convertir la profondeur du carnet en revenus durables.

La trajectoire annoncée jusqu’en 2026 reposera sur la performance de Carré Métallerie et d’Artel sur la ligne C, la maîtrise des jalons industriels et l’exécution contractuelle. Si ces paramètres s’alignent, l’entreprise pourra transformer l’essai et préserver son avantage compétitif dans la métallerie-serrurerie de projets d’infrastructure.

À suivre de près : la mise en service de l’équipement en novembre 2025 et les premiers effets mesurables sur les délais et la qualité d’exécution.