À l’heure où de plus en plus d’analystes se penchent sur la vitalité de l’entrepreneuriat en France, un indicateur retient particulièrement l’attention : la hausse, estimée à 38 %, du nombre d’entreprises en forte croissance entre 2019 et 2023.

Pour en savoir davantage, on peut consulter l’étude officielle diffusée sur le site de l’Insee.

 

Un panorama global de l'expansion en France

Le nombre d’entreprises de dix salariés ou plus atteignant un niveau qualifié de « forte croissance » s’élève, en 2023, à près de 16 700, marquant ainsi une progression fulgurante par rapport à 2019. Ces sociétés ont vu leurs effectifs augmenter de plus d’un tiers entre 2020 et 2023, contre seulement 6,9 % d’entre elles à afficher un tel rythme de croissance lors de l’évaluation réalisée en 2019, trois ans après leur point de départ de 2016.

Alors que les analyses du marché du travail français se focalisent souvent sur les tendances générales de l’emploi, le concept d’« entreprise en forte croissance » renvoie à un critère spécifique : une croissance annuelle moyenne de l’effectif salarié supérieure à 10 % sur trois ans, selon la définition d’Eurostat et de l’OCDE. Cette définition exclut de fait les TPE (Très Petites Entreprises) comptant moins de dix collaborateurs, de sorte que la dynamique mesurée concerne des acteurs déjà établis, principalement dans les secteurs industriels, de la construction, du commerce et de la prestation de services.

En toile de fond, le rôle joué par la reprise économique post-crise COVID-19 se révèle décisif. Au sortir de 2020, année marquée par un net repli de l’activité et de l’emploi dans les services de restauration, de l’hébergement ou encore dans les arts et spectacles, la montée en puissance des contrats d’apprentissage et la reconstitution progressive des effectifs ont créé des conditions très favorables à la progression de ces sociétés en 2021 et 2022, jusqu’à culminer en 2023.

Une entreprise se voit qualifiée de « forte croissance » en emploi si, sur trois années de suite, son nombre de salariés augmente annuellement de plus de 10 %. Ce seuil, retenu par l’OCDE et Eurostat, repose donc sur une mesure agrégée de la hausse de l’effectif global et exclut les structures de moins de dix collaborateurs.

Avant d’approfondir les ressorts de cette tendance, il est essentiel de souligner certaines spécificités françaises. En 2022, par exemple, la France recensait 8 % d’entreprises en forte croissance parmi celles de dix salariés ou plus trois ans auparavant ; elle se situait donc légèrement en dessous de la moyenne européenne établie à 9 %. En 2023, l’Hexagone en rattrape une partie en atteignant une proportion avoisinant 9 %. Comparativement, la Suède se positionne comme un champion européen de la forte croissance avec une part de 20 %, tandis que Chypre ferme la marche (2 %). Cette diversité nationale reflète l’hétérogénéité des structures économiques, des politiques publiques, mais aussi des modèles de financement de ces entreprises.

Regards croisés sur plusieurs secteurs clés

Certains segments d’activité se distinguent par leur forte contribution à l’augmentation des effectifs. Le secteur de l’information et la communication tient une place particulière : déjà dynamique en 2019, il n’a cessé de conforter sa performance, portée notamment par l’essor de la numérisation et de la transition digitale des entreprises. Selon les chiffres disponibles, un quart à un tiers des entreprises de ce secteur peuvent afficher des croissances supérieures à 10 % chaque année, ce qui est significatif par rapport à la moyenne.

Paradoxalement, malgré une conjoncture en dents de scie, l’hébergement et la restauration, tout comme les arts, spectacles et activités récréatives, ont connu un rebond spectaculaire dès l’allègement des restrictions sanitaires. Alors que 2020 avait fait chuter drastiquement leur nombre de personnels, l’effet de base a propulsé en 2023 un grand nombre de ces entreprises dans la catégorie « forte croissance ». Ce résultat est cependant à pondérer : pour 40 % d’entre elles, il s’agit d’un rattrapage après les suppressions d’emplois de 2020, un phénomène qui contraste avec d’autres secteurs où l’accroissement de la masse salariale s’est appuyé sur des marchés en expansion continue.

Hormis ces « stars » conjoncturelles, les activités financières et les services administratifs de soutien affichent également des progressions notables. Les services financiers bénéficient de la digitalisation des offres bancaires et de la montée en puissance de la fintech, tandis que les entreprises de soutien (sécurité, nettoyage, intérim, etc.) accompagnent la reprise générale de l’économie. Notons cependant que l’industrie et le commerce, malgré leur poids traditionnel, présentent un taux de croissance un peu plus modeste. Les ajustements de long terme liés à la concurrence internationale ou à la modernisation des chaînes logistiques expliquent en partie la trajectoire plus tempérée de l’industriel ou du commerce de gros.

Bon à savoir : dynamique dans l'enseignement

Moins souvent mis à l’honneur, le secteur de l’enseignement, notamment la formation continue et les cours en alternance, révèle une étonnante vigueur. Entre 2019 et 2023, le nombre d’établissements atteignant une croissance annuelle supérieure à 10 % fait plus que doubler. Cette tendance recouvre la généralisation de la « formation tout au long de la vie », qui suscite un engouement des salariés et des demandeurs d’emploi pour doper leurs compétences.

Décryptage historique de l’évolution (2019-2023)

Observer cette période de 2019 à 2023 exige de décomposer chaque année pour comprendre la progression. En 2019, avant même la crise, le mouvement haussier s’établissait déjà à un niveau intéressant : 12 073 entreprises répondaient aux critères de forte croissance, soit 6,9 % de celles dont l’effectif avait au moins 10 salariés en 2016.

L’année 2020 a perturbé ponctuellement cette trajectoire : si le nombre d’entreprises en forte expansion a tout de même légèrement progressé (12 346), l’impact du Covid a freiné certaines sociétés et provoqué des chutes importantes dans les domaines du tourisme et de la culture. Pour autant, la majorité des entreprises parvenant à se classer dans la catégorie « forte croissance » cette année-là y figuraient déjà sur la base d’une progression enregistrée entre 2017 et 2019. Ainsi, l’effet d’acquis de la croissance antérieure a contribué à maintenir le nombre global pratiquement stable, voire en légère hausse.

Les effets reports se sont pleinement exprimés en 2021 et 2022 : la reprise économique, couplée à des politiques publiques destinées à soutenir l’emploi, ont permis d’absorber une grande part du choc de 2020. Le nombre d’entreprises en forte croissance bondit ainsi de 12 % en 2021 (13 782 entités) et de 7 % en 2022 (14 725 entités). Les aides, notamment pour l’embauche en alternance, se sont révélées décisives pour soutenir la création de postes. Finalement, 2023 marque un nouveau palier avec 16 654 entreprises fortement croissantes, soit 9,3 % de la cohorte étudiée (entreprises totalisant 10 salariés ou plus en 2020).

On parle ici d’« effet de base » pour évoquer la situation où, après une forte baisse des effectifs, la moindre hausse apparait en pourcentage comme très importante. Les entreprises des secteurs ayant subi de lourdes pertes d’emploi en 2020 peuvent ainsi devenir « à forte croissance » en 2023, même si l’activité se contente de revenir à son niveau d’avant-crise.

Cette montée de 38 % sur l’intervalle 2019-2023 ne repose donc pas seulement sur un dynamisme régulier, mais également sur plusieurs facteurs conjoncturels. Il s’agit notamment des rebonds sectoriels dans des domaines durement touchés par la crise sanitaire (hébergement-restauration, arts et spectacles) et de l’essor constant des technologies de l’information et de la communication, dont le marché ne cesse de se développer.

Un argument souvent avancé pour analyser la vigueur de cette progression concerne le financement des entreprises, notamment celui qu’on qualifie de « capitaux-risqueurs » (venture capital). Les facilités de trésorerie accordées par l’État sous forme de Prêt Garanti par l’État (PGE), jointes à un marché bancaire accommodant, ont créé un environnement propice à l’investissement. Certains auteurs mentionnent aussi la montée du télétravail et la digitalisation, qui ont ouvert de nouvelles opportunités pour les entreprises capables de s’adapter rapidement. Dans ce contexte, beaucoup ont recruté pour développer des services en ligne, optimiser leurs outils internes ou personnaliser la relation client à distance.

Zoom sur l’europe et place de la france

Si la France enregistre une poussée significative, elle n’est pas seule à connaître un tel renouveau entrepreneurial. L’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie ont également vu croître le nombre d’entreprises au développement rapide, quoique à des rythmes différents. Selon Eurostat, la moyenne des pays de l’UE se situe à environ 9 % d’entreprises à forte croissance, la France ayant rejoint ce chiffre en 2023. Par comparaison, la Suède se démarque avec un taux proche de 20 %. Derrière ces écarts se cachent des dynamiques culturelles et politiques, la Suède encourageant fortement les start-up avec des aides à l’innovation et une fiscalité qui favorise souvent l’amorçage.

La suède en tête

En Suède, une forte tradition d’innovation, des dispositifs de soutiens publics et le recours massif au numérique permettent à nombre d’entreprises de croître rapidement. Par ailleurs, l’internationalisation des acteurs suédois (notamment dans les technologies vertes) constitue une passerelle pour capter de nouveaux marchés.

À l’opposé, Chypre figure parmi les États membres à la part la plus faible, à hauteur de 2 %. Cela s’explique par une économie plus petite et moins diversifiée, dépendant largement du secteur financier ou du tourisme, et peu tournée vers l’exportation. La France, de son côté, se situe désormais à un rang intermédiaire, ayant gommé en partie son retard grâce à différents leviers (incitations fiscales pour les PME, plan France Relance, simplifications administratives, etc.).

Explication des critères de croissance et diversification qui en découle

Dans l’observation statistique européenne, plusieurs angles existent pour identifier des entreprises au développement rapide. Outre l’accès à un contrat de travail, on peut se projeter sur la hausse du chiffre d’affaires ou le budget alloué à la recherche et développement (R&D). L’avantage du critère de croissance en emploi réside dans sa dimension sociale, car il signale que les besoins de main-d’œuvre augmentent. Toutefois, certaines sociétés adoptent des stratégies basées sur la robotisation ou l’automatisation : elles peuvent générer plus de chiffre d’affaires sans pour autant gonfler leur personnel.

Scale-up : entreprise ayant déjà validé son modèle économique et en phase d’accélération de croissance, souvent grâce à des levées de fonds conséquentes, pour s’étendre à l’international.
Start-up : jeune pousse innovante, encore en recherche d’un marché et d’un modèle d’affaires pérenne. Toutes les start-up ne deviennent pas nécessairement des scale-up.

Par ailleurs, il convient de mentionner les segments d’activité à forte intensité technologique, comme la biotechnologie, l’intelligence artificielle, ou encore la cybersécurité. Ces segments, bien qu’en forte expansion (parfois portée par la commande publique ou le sponsoring institutionnel), peuvent ne pas embaucher massivement. À l’inverse, des activités de soutien administratif qui répondent à de vastes marchés du travail peuvent générer des hausses plus rapides de leurs effectifs.

En France, selon la même source statistique, parmi les entreprises de dix salariés ou plus considérées en 2019, près de la moitié de celles qui connaissaient alors une forte croissance présentaient toujours un niveau d’embauches supérieur à la moyenne en 2020. Leur modèle d’affaires solide, conjugué à une gestion proactive des difficultés, leur a permis de rebondir après la crise ou de poursuivre leur trend ascendant.

Analyse de l’influence de la crise sanitaire

La période 2020-2021 reste marquée par l’épidémie de COVID-19. Les premières phases de confinement ont mis à mal des pans entiers de l’économie – l’hôtellerie-restauration, le secteur aérien et la culture. Nombre de très petites structures ou de projets émergents ont ainsi disparu. Pourtant, aux côtés des aides gouvernementales (chômage partiel, reports de charges sociales, PGE), on a pu observer un soutien massif à l’apprentissage et à la formation des jeunes. Cela a créé un effet de relance à partir du second semestre 2021, perceptible dans nombre de statistiques sur l’emploi.

Le pic de croissance le plus significatif est intervenu en 2023 : le nombre d’entreprises déjà installées a gonflé dans des proportions hors normes pour certaines activités en raison de l’effet de base (faible niveau d’effectifs en 2020) et du retour soudain de la consommation. Sur cette lancée, l’hébergement-restauration enregistre une hausse de plus de 159 % du nombre d’entreprises en forte croissance depuis 2019. Pour un certain nombre d’entre elles, il s’agit cependant d’un simple retour à la normale. Seuls 60 % des établissements concernés ont véritablement dépassé leur effectif d’avant-crise pour inscrire une progression soutenue.

Focus sur l'hôtellerie-restauration

La pandémie a été un véritable cauchemar pour ces professionnels : fermetures obligatoires, restrictions de déplacement, annulations massives. Pourtant, dès le déconfinement, il y a eu un engouement pour rattraper les sorties et les voyages manqués, d’où ce mouvement de recrutement massif et rapide. On assiste à la fois à un rattrapage et à une réelle croissance portée par l’enthousiasme des consommateurs.

S’agissant des arts, spectacles et activités récréatives, l’effet est comparable. La fréquentation des salles de concert ou des musées ayant été suspendue, les embauches se sont effondrées en 2020. À partir de la fin 2021, le rebond a propulsé un nombre croissant d’entreprises dans la catégorie forte croissance, dopées par une demande pressante du public et la volonté des acteurs culturels de reprendre ou d’innover (spectacles interactifs, festivals en plein air, etc.).

Les divers ajustements économiques entreprises par les gouvernements successifs ont également joué un rôle. Au-delà des mesures d’urgence, des dispositifs structurants (tels que France Relance) ont stimulé l’investissement et l’emploi dans différents secteurs. Cela permet d’expliquer pourquoi, en 2023, on observe une hausse globale de 14 % du nombre d’entreprises fortement croissantes par rapport à 2022, menant au total de 16 654 entités.

Quelle intensité de progression en 2023 ?

Les statistiques récentes pointent une augmentation de 400 000 salariés dans les entreprises en forte croissance entre 2020 et 2023, pour atteindre un effectif cumulé de 949 000 collaborateurs. Ce chiffre souligne combien la dimension « croissance en emploi » a un impact social et économique majeur. Dans ce groupe très spécifique, 43 % des entreprises ont vu leur effectif croître entre 1,3 et 1,5 fois en trois ans, et 18 % affichent une multiplication par deux ou davantage de leur personnel.

Fait saillant : le secteur de l’information et de la communication est celui où l’on compte la plus forte proportion de structures ayant doublé leur masse salariale. L’édition de logiciels, la conception de solutions informatiques ou l’e-commerce sont profondément propices à la croissance rapide, faute de contraintes physiques majeures. À l’inverse, l’industrie et la construction voient près de la moitié de leurs entreprises en fort développement enregistrer une montée plus mesurée (entre 30 % et 50 % seulement, ce qui reste néanmoins considérable).

Lors de l’examen statistique, il convient de repérer si la société augmente son nombre de salariés pour conquérir de nouveaux marchés ou si elle compense des baisses antérieures. Faire cette distinction permet de cerner la stabilité de la croissance et son potentiel futur.

Ces disparités se constatent également au niveau des TPE qui, même si elles ne sont pas incluses dans le périmètre de l’étude de l’Insee (car étant sous la barre des 10 salariés), respirent l’état général du marché. Quelques-unes deviennent des PME, ce qui constitue déjà un premier palier avant d’intégrer la catégorie « plus de 10 salariés ». Cela montre comment, étape par étape, les plus petites entités peuvent accéder au rang d’acteurs économiques significatifs, convergeant graduellement vers la définition d’une entreprise en forte croissance.

Ancrage légal et financier : la stratégie d’accompagnement des entreprises

L’écosystème entrepreneurial français dispose de divers outils permettant de soutenir la croissance en emploi. Par exemple, la loi PACTE adoptée en 2019 a facilité certaines formalités pour développer la taille des entreprises (assouplissement des seuils sociaux, possibilités de regroupement d’entreprises, etc.). Le recours au capital-risque et les dispositifs de soutiens régionaux ont joué également un rôle essentiel. Bien qu’il ne s’agisse pas de la solution unique au développement rapide, on remarque qu’un environnement institutionnel stable et des aides à l’innovation ou à la transformation numérique peuvent accélérer la montée en charge des effectifs.

D’un point de vue plus technique, il existe des programmes nationaux (Bpifrance, subventions, etc.) qui favorisent la croissance des jeunes pousses à fort potentiel, tout en encourageant l’exportation. La possibilité d’étendre les canaux commerciaux à l’international stimule les recrutements, que ce soit pour les ingénieurs, la prospection commerciale ou le marketing spécialisé. D’autres pièces législatives, comme les exonérations partielles de cotisations sociales, ont pu peser dans le recrutement intensif de personnels en alternance, participant au succès d’une expansion rapide.

Sur le plan financier, l’abondance relative de liquidités suite à la politique monétaire accommodante menée dans la zone euro ces dernières années a permis aux acteurs bancaires d’être plus enclins à prêter. Par conséquent, de nombreuses entreprises en quête de moyens pour recruter ou innover ont pu obtenir des prêts à des taux historiquement bas. Cette manne a toutefois été partiellement remise en cause depuis 2022, avec une politique de resserrement progressif des taux directeurs. Les effets sur la croissance future restent à évaluer : on peut s’attendre à ce que certaines entreprises réduisent leur vitesse d’expansion face à l’augmentation du coût de l’emprunt.

Débats et perspectives d'avenir

Au-delà du simple constat chiffré, on peut se demander de quelle manière le marché français parviendra à maintenir ce rythme d’expansion. Plusieurs facteurs entrent en jeu : l’inflation, l’évolution des salaires, les tensions sur le recrutement, la transition écologique ou encore la situation géopolitique mondiale. L’automatisation croissante, la robotique et l’intelligence artificielle pourraient affecter la croissance en emploi dans certains secteurs, tout en en favorisant de nouveaux, plus qualifiés.

La montée en puissance du télétravail et du e-commerce pourrait continuer à booster les métiers du numérique et de la logistique, tandis que la restauration et l’hôtellerie pourraient retrouver un équilibre moins soutenu que ce qu’a produit le rebond post-pandémie. Les politiques publiques incitant au verdissement de l’économie (dans la construction, le transport, l’énergie) constitueront des sources potentielles d’emplois supplémentaires. Les acteurs institutionnels, de leur côté, cherchent à soutenir une croissance pérenne, c’est-à-dire inscrite dans une stratégie de long terme plutôt que dans l’opportunisme d’après-crise.

En somme, l’augmentation de 38 % du nombre d’entreprises en forte croissance entre 2019 et 2023 en France s’explique par le croisement de facteurs structurels (transition numérique, renforcement des dispositifs financiers, évolution réglementaire) et conjoncturels (rebond post-crise, effet de base, volonté publique de soutenir l’emploi). S’il est évident que certains secteurs bénéficient inégalement de ce contexte, il reste à confirmer si cette dynamique saura se prolonger durablement.

L'histoire de l'étude et son auteur

Ce bilan s’appuie, entre autres, sur les travaux d’Emmanuel Morello (DSE), qui a participé aux analyses détaillées pour l’Insee et coordonné la mise à disposition des données. Le Focus No 355 de l’Insee, daté du 10 juillet 2025, fournit la synthèse chiffrée la plus récente sur le sujet.

Il est important de souligner que cet enthousiasme général ne doit pas masquer des fragilités latentes : certaines entreprises encore endettées ou trop dépendantes d’un seul marché pourraient faire face à des turbulences en cas de retournement de la conjoncture. Le rêve de la « croissance à deux chiffres » peut en effet rapidement s’évanouir si la consommation ralentit ou si la compétitivité décline. D’autres défis, comme la reconversion écologique, vont peser sur les arbitrages budgétaires et humains. Toutefois, l’essor des structures agiles et innovantes semble se confirmer, et il constitue un signe positif pour l’ensemble du tissu économique français.

Un horizon aussi exigeant que stimulant

Les entrepreneurs et observateurs du marché pourront se réjouir de cette vitalité retrouvée et renforcée. Le millésime 2023 fera date dans l’histoire du monde des affaires en France, soulignant qu’après une crise d’envergure, on assiste souvent à de nouvelles dynamiques porteuses d’emplois et de transformations. Les secteurs tels que l’information-communication, l’hébergement-restauration, les activités créatives, ainsi que la formation continue, ont été les catalyseurs de cette croissance d’ampleur.

Aujourd’hui, le paysage français se caractérise donc par des profils variés : les entreprises qui ont surfé sur l’effet de base post-pandémie, et celles – plus structurelles – dont la croissance indique un fort potentiel sur le long terme. Les prochaines réformes économiques, la situation internationale et les évolutions de la demande intérieure vont conditionner les trajectoires de ces acteurs. Quoi qu’il en soit, la France dispose de nombreux atouts pour transformer cet élan en performance pérenne. C’est d’autant plus vrai que la volonté politique, y compris à travers de nouveaux dispositifs d’incitation et d’exonération, semble orientée vers la préservation de ce vivier entrepreneurial dynamique.

Notre tour d’horizon révèle la formidable capacité de résilience et d’adaptation de l’économie française, dans un climat où la forte croissance de nombreuses entreprises témoigne à la fois d’une vitalité notable et d’un contexte conjoncturel favorable.