Levée de fonds ou emprunt bancaire ? Un bon nombre de start-up pense souvent devoir choisir uniquement entre ces deux modes de financement, mais une troisième alternative peut s’envisager : le financement en royalties. Ce mode de financement fait partie des financements participatifs qui se développent depuis quelques années dans l’Hexagone. En voici un petit tour d’horizon.

Le financement en royalties, une alternative anglo-saxonne de plus en plus développée

Une méthode de financement non dilutive

Le financement en royalties est appelé également royalty crowdfunding ou revenue-based finance. Mode de financement encore peu connu, il consiste à verser des fonds à un projet ou une société en échange d’un pourcentage du chiffre d’affaires futur. D’origine anglo-saxonne, cette pratique qui se présente comme une nouvelle solution de financement arrive depuis peu en France. 

Le principe s’appuie donc sur le versement de royalties. Autrement dit, cela consiste à verser une redevance à un propriétaire de brevet, un auteur ou un détenteur de marque. Sauf qu’ici, l’investisseur n’a pas de titres de propriété, mais un contrat de cession

La royalty crowdfunding permet de mobiliser des investisseurs et de reverser les montants investis proportionnellement au chiffre d’affaires de la société. Cela s’applique pour réunir des fonds, mais aussi bien pour trouver un équilibre entre les recettes et les dépenses. 

Cette méthode vient pallier des inconvénients comme les échéances fixes des prêts ou la dilution du capital social. En effet, il a un avantage non négligeable par rapport à un prêt, où les échéances se fixent avant et ne peuvent pas vraiment se modifier. Le financement en royalties verse les redevances en fonction du chiffre d’affaires et seulement une fois que ce dernier est réalisé.

La pratique permet également d’intégrer des investisseurs au projet sans diluer le capital, l’inconvénient majeur des levées de fonds. Concrètement, l’investisseur soutient un projet par son apport et perçoit ensuite des royalties : un retour financier progressif. Les fonds ne sont pas bloqués dans un capital, mais remboursés avec intérêt au fur et à mesure. 

Pour ce faire, il suffit de signer un contrat de cession de revenus futur entre l’investisseur et l’entreprise avec les modalités de versement et le pourcentage de chiffre d’affaires à verser. Finalement, l’investisseur a un accès plus facile à de la liquidité. 

Le financement en royalties accessible à un large public et une grande variété de projets 

La royalty crowdfunding peut donc venir financer différents besoins. Il est possible de financer des campagnes marketing pour les e-commerçants ou d’avancer les revenus d’indépendants. Le profil type d’entreprises ayant recours à ce mode de financement n’a pas de critères très arrêtés. En réalité, il s’adapte à tous les modèles, et plus particulièrement aux entreprises en phase d’amorçage. La barrière de posséder des actifs pour financer son projet peut ainsi se lever avec cette méthode. En effet, les fonds perçus deviendront des fonds propres. 

De plus, beaucoup d’entrepreneurs n’ont pas forcément vocation à lever des fonds ou à augmenter leurs capitaux par un prêt. « Ce sont des acteurs qui ont peu d’actifs et sont donc mal servis par les acteurs bancaires. Et ils n’ont pas vocation à lever des fonds », constate le CEO et cofondateur de Silvr, spécialiste dans l’avance de revenus.  

De plus en plus d’acteurs se penchent sur ce mode de financement. Par exemple, depuis quelques années, il existe des plateformes pour mettre en contact les investisseurs et les porteurs de projet. L’une d’elles propose d’investir un minimum de 10 € sur un projet comme un placement. L’investisseur percevra progressivement sa plus-value en fonction du chiffre d’affaires réalisé.

La facilité de cette solution permet aussi d’élargir le public d’investisseurs. En effet, un billet d’entrée à 10 € offre la possibilité d’impliquer l’entourage familial, les partenaires ou même toute personne intéressée. L’investissement ne se calcule pas sur un bilan comptable, mais sur les revenus actuels ou futurs de la société. Un autre avantage s’ajoute : l’investisseur étant directement impacté par le développement du chiffre d’affaires, il devient vite un ambassadeur du projet. 

réunion de travail

Le financement en royalties, un nouvel investissement pour les banques ? 

Le retard de l’Europe et de la France plus particulièrement s’explique par la réglementation en place. En effet, pour proposer du financement en royalties, il faut soit obtenir un agrément pour devenir établissement de crédit, soit lever de la dette auprès d’investisseurs pour ensuite proposer cette liquidité en royalties. 

Malgré ces freins, le marché européen pourrait s’ouvrir. Certains acteurs offrent déjà des solutions de financement en royalties, comme PayPal dans quelques pays européens. Ces acteurs proposent principalement des offres pour l’e-commerce et souhaitent se développer sur le marché de l’UE. 

Après le succès de plusieurs start-up canadiennes, américaines ou encore allemandes, le marché européen commence à se structurer et des acteurs viennent proposer des solutions. Comme mentionné plus haut, on remarque l’apparition de plateformes pour mettre en relation des investisseurs et des projets, par exemple.

Dorénavant, les banques s’intéressent de plus en plus à ce système de financement. Pour l’instant, il leur manque un élément essentiel qui est la capacité de projection pour créer un nouveau “score de crédit”. Autrement dit, il faut qu’elles puissent avoir accès à des données comme les outils Google Analytics, Facebook Ads ou Shopify pour les croiser avec le revenu actuel de la société et en sortir une prévision. Mais une fois obtenues, elles viendront concurrencer les acteurs en place en baissant surement les commissions et frais de gestion. 

Finalement, le financement en royalties veut fonctionner comme un cercle vertueux où tout le monde y gagne. Le porteur de projet n’a pas à sortir de la trésorerie ou diluer son capital et l’investisseur tire parti de profits tout en gardant un accès à sa liquidité. Par ailleurs, il existe d’autres moyens participatifs qui permettent, eux aussi, d’éviter la fameuse levée de fonds ou l’emprunt. En voici un aperçu… 

Le financement participatif sous toutes ses formes 

À la recherche Google “financement participatif” ou “crowdfunding”, on peut voir un bon nombre de propositions. Souvent, le financement participatif vient en complément d’un autre moyen de financement ou pour pouvoir accéder justement à un autre outil. Finalement, il existe plusieurs possibilités pour les start-up ou PME en manque de financement. Voici quelques alternatives à découvrir ! 

Le crowdfunding, la star des financements participatifs  

Parmi les financements participatifs, le plus connu depuis quelques décennies est le crowdfunding, à traduire par “financement participatif”. Au travers d’une campagne de crowdfunding, la start-up ou le projet doit convaincre des contributeurs d’investir dans le projet. À la différence du financement par royalties, la structure n’a pas d’obligation de verser une contrepartie, c’est pour cette raison que l’on parle de contributeurs et non d’investisseurs. Généralement, les contributeurs se voient remercier de leur participation par une contrepartie en nature ou il se peut qu’ils reçoivent tout de même des intérêts financiers. 

Dans la même lignée du crowdfunding, l’entrepreneur peut aussi avoir recours au financement du love money. Concrètement, il fait appel à ses proches et à son cercle personnel pour réunir la somme nécessaire. Cependant, il existe un montant maximum de 31 865 € pour un don. Tous les dons inférieurs permettent au contributeur de bénéficier d’exonération fiscale.  

Ces types de financement permettent de tester le marché et la cible visée par le projet. Ils restent basés sur le principe du don et peuvent s’avérer limités en termes de montant. Alors, deux autres financements participatifs se sont développés : le crowdlending et le crowdinvesting.

groupe de travailleurs

Le crowdlending et crowdinvesting, deux leviers pour engager sa communauté

Le financement participatif offre la possibilité à un large public d’investir dans les projets auxquels il croit. En plus de soutenir un projet, cela peut devenir l’occasion de faire fructifier son épargne. Il prend alors la forme soit du crowlending, soit du crowdinvesting. 

Le crowlending correspond à des prêts, avec ou sans intérêts, ou des minibons (reconnaissance de dette). La structure faisant appel à ce type de financement doit cependant avoir une certaine lisibilité pour pouvoir convaincre d’investir : un historique, un chiffre d’affaires, du cash flow ou même une capacité d’endettement. Pour l’investisseur, le taux de rémunération correspond au rendement maximum espéré, il ne pourra pas avoir une plus-value supérieure à ce rendement dans tous les cas. Aussi, il doit avoir à l’esprit que le taux n’est pas garanti et donc bien prendre en compte le niveau de risque. 

Enfin, le crowdinvesting ou l’equity crowdfunding commence à prendre une position de plus en plus plébiscitée auprès des particuliers qui souhaitent investir. Ce mode de financement propose d’investir contre des actions, cette fois. Le particulier reçoit un retour sur investissement en capital ou en obligation. Plusieurs avantages se dessinent par cet outil, notamment une défiscalisation d’une partie des investissements et un niveau d’engagement de la communauté qui est invitée à investir. 

Le financement participatif a donc permis une avancée considérable, d’une part pour les structures qui ne pouvaient pas accéder aux moyens de financement classiques par manque de capital de départ. Et d’autre part, il a permis d’ouvrir aux particuliers l’investissement dans des projets innovants et engagés. Ces types de financement ont de beaux jours devant eux, il suffit de parier dessus !