Lettre ouverte, ton ferme et chiffres à l’appui : près de 300 dirigeants d’ETI demandent aux députés de sécuriser la dynamique économique. Leur message est net. Sans visibilité politique et fiscale, l’investissement ralentit et l’emploi finira par suivre. Ils réclament moins de bureaucratie, un cap fiscal stable et une priorité claire à la compétitivité.

Une mobilisation des eti pour remettre l’activité au centre du jeu

Portée par le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire et ses clubs régionaux, la lettre ouverte signée par près de 300 dirigeants vise explicitement les parlementaires. Objectif : replacer l’activité des entreprises au premier rang des décisions, alors que la scène politique multiplie les signaux contradictoires.

Parmi les figures qui soutiennent la démarche, Vincent Martin, président du Club ETI Bourgogne Franche-Comté, insiste sur l’urgence de réaffirmer la compétitivité comme boussole. Pierre-Olivier Brial, directeur général de Manutan et vice-président du Meti, décrit un climat paradoxal. Les entreprises embauchent, exportent, investissent, mais se heurtent à des incertitudes politiques, réglementaires et fiscales qui perturbent leurs plans.

Le courrier se veut une interpellation constructive. Il ne s’agit pas d’une confrontation, mais d’un rappel : la France n’évolue pas en vase clos.

Les ETI, par nature, opèrent sur des marchés ouverts. Elles sont exposées aux coûts, aux délais et aux arbitrages de leurs concurrents allemands, italiens, britanniques ou américains. Chaque revirement politique a un coût mesurable en prise de commandes, en parts de marché et en cadences d’investissement.

Comment la lettre s’inscrit dans le paysage patronal

Le texte émane du Meti et de ses clubs régionaux. Il ne porte pas un programme partisan, mais propose un socle commun : sécuriser les investissements, réduire la lourdeur administrative et stabiliser la fiscalité. L’enjeu est d’éviter une spirale attentiste au moment où les carnets de commandes se jouent à l’international.

Une entreprise de taille intermédiaire regroupe typiquement entre 250 et 4 999 salariés, avec un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 milliard d’euros ou un total de bilan inférieur à 2 milliards. Cette catégorie d’entreprises se situe entre les PME et les grands groupes et joue un rôle d’entraînement sur les filières, l’export et l’innovation.

Des fondamentaux solides, mais une sensibilité aiguë à la visibilité

Les ETI ont renforcé leur poids économique au cours des trois dernières décennies. Leur nombre a progressé, tout comme leur contribution à l’emploi et aux exportations. Elles restent cependant moins nombreuses en France qu’en Allemagne, ce qui renvoie à une fragilité structurelle : la taille critique et la capacité à franchir sereinement les seuils sociaux et fiscaux.

Les dirigeants signataires s’appuient sur un constat partagé. La politique de l’offre des dernières années a soutenu l’activité et la baisse du chômage.

Les ETI ont pu investir et recruter, notamment dans l’industrie et les services à valeur ajoutée. La mécanique reste toutefois dépendante d’un cadre prévisible. Une sortie de route sur la fiscalité, les normes ou le droit du travail se traduit immédiatement par des décisions de gel d’usines, des reports de recrutement ou des arbitrages de production vers d’autres pays.

L’écosystème est interconnecté. Quand une ETI se développe, elle tire avec elle un tissu de TPE et PME sous-traitantes.

L’inverse est également vrai : un ralentissement chez les donneurs d’ordre peut mettre à l’arrêt toute une chaîne de valeur. C’est cette réalité qui motive la lettre, loin des slogans. Les signataires rappellent que l’économie française repose sur des relations d’achats, de co-développement et de services qui relient grands groupes, ETI et PME.

La politique de l’offre regroupe des mesures qui ciblent les coûts, l’investissement, l’innovation et la productivité. Elle inclut allègements de charges, amortissements accélérés, simplification procédurale et incitations à l’embauche. Son efficacité tient à la cohérence d’ensemble et à la durée d’application. Les retours sur l’emploi ou l’export se mesurent sur plusieurs années, pas en trimestres.

Au-delà des moyennes nationales, le thermomètre est régional. Les clubs d’ETI, comme celui de Bourgogne Franche-Comté, voient directement l’impact des marchés publics locaux, des délais d’instruction administratifs ou des tensions sur certaines filières industrielles. Un marché public reporté, une autorisation environnementale retardée ou un crédit d’impôt discuté au Parlement se répercutent sur les plans d’embauche et le pilotage de trésorerie.

Compétitivité sous tension : fiscalité, seuils et bureaucratie dans le viseur

Le coeur de la demande des signataires tient en trois mots : simplifier, stabiliser, réduire. Simplifier les procédures pour redonner du temps à l’ingénierie, à la vente et à la production. Stabiliser le cadre juridique et fiscal afin d’éviter les stop and go coûteux. Réduire les prélèvements qui placent la France au-dessus de la moyenne européenne et pèsent sur le coût du travail.

La question des seuils concentre les inquiétudes. Dès qu’une ETI franchit un palier, elle change de régime social, de représentation du personnel, de conformité réglementaire ou de taille minimale de comité. Le passage n’est pas linéaire : il entraîne des paliers de coûts. Cet effet marche d’escalier est incompatible avec un environnement concurrentiel où le principal rival n’endure pas les mêmes pénalités sur sa zone d’implantation.

Les dirigeants demandent un alignement graduel sur les standards européens et une réduction des charges pour ramener le coût du travail à un niveau comparable. Ils saluent aussi les annonces de simplification qui visent une baisse mesurée de la paperasse administrative, à condition qu’elles se traduisent vite dans les outils et les contrôles. L’écart entre la loi et la pratique au guichet reste un sujet récurrent dans l’industrie.

  • Seuils sociaux et fiscaux : lisser les paliers de coûts pour éviter les effets de rupture à l’embauche et à la croissance.
  • Stabilité des dispositifs : sécuriser dans la durée les amortissements, crédits d’impôt et régimes sectoriels.
  • Procédures : réduire les délais d’instruction des dossiers d’autorisation industrielle, d’urbanisme ou environnementale.
  • Coût du travail : éloigner la France du haut du tableau européen sur les prélèvements liés à l’emploi qualifié.

Seuils et effets de palier : comment ils freinent le passage à l’échelle

Les transitions de 49 à 50 salariés ou au-delà de 250 salariés entraînent des obligations supplémentaires en représentation du personnel, négociations obligatoires, conformité sécurité et reporting. La question n’est pas leur légitimité, mais le rythme et le coût d’entrée. Un lissage des obligations éviterait une cassure d’investissement au moment le plus délicat de la croissance.

Sur la fiscalité, la vigilance porte sur la charge totale. Au-delà du taux d’impôt sur les sociétés, c’est l’empilement qui compte. Contribution sociale, impôts de production, taxes locales et charges sociales forment un cumul qui, selon les signataires, reste plus lourd que chez les voisins européens. La lettre appelle à une convergence progressive et prévisible afin d’ancrer les décisions d’investissement en France.

Instabilité politique : choc de confiance et arbitrages d’investissement

L’instabilité politique récente a renversé un atout historique de la France. Le pays, souvent jugé plus coûteux que certains voisins, compensait par la solidité de ses institutions et la prévisibilité de sa trajectoire budgétaire. Ce filet de sécurité a été partiellement entamé. Les entreprises le ressentent d’abord via la commande publique et les comportements de consommation.

Les sociétés exposées aux marchés publics observent des reports de décision. Les restaurateurs, distributeurs et acteurs du commerce perçoivent des signaux prudents du consommateur.

Pour l’instant, les flux d’IDE ne montrent pas d’hémorragie généralisée. Le risque se situe ailleurs : dans le ralentissement diffus des comités d’engagement, l’allongement des due diligences et des boucles juridiques, et le renchérissement du coût du capital pour les projets les plus risqués.

Au-delà du court terme, les dirigeants insistent sur l’effet cliquet. Une décision d’usine décalée d’un an ne se rattrape pas facilement. Les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, les sites industriels se négocient avec des subventions à l’installation dans plusieurs pays, et la relocalisation des compétences est lente. Quand un site part, il ne revient pas sans conditions très favorables.

Les comités réévaluent trois variables : le cadre fiscal sur cinq à sept ans, la visibilité réglementaire sectorielle et le coût du capital. Une inflexion négative sur l’un de ces axes suffit à faire passer un projet en statut stand-by. Les arbitrages se font alors en faveur d’un autre pays ou d’un site existant qui absorbe la charge.

Les dirigeants d’ETI soulignent que la politique de l’offre, en réduisant le chômage et en soutenant l’investissement, a produit des résultats tangibles. Ils redoutent un retour à une logique de surtaxation des créateurs de valeur. Le signal prix est déterminant. Élever le coût relatif du travail qualifié, des équipements ou de l’énergie en France déclenche des réallocations d’actifs en quelques trimestres.

Indicateurs à surveiller à l’automne 2025

  1. Calendrier budgétaire : clarté sur trajectoire de déficit et mesures fiscales applicables dès 2026.
  2. Crédits d’impôt : stabilité des régimes R&D, Industrie verte et amortissements.
  3. Délais administratifs : évolution mesurable des procédures d’autorisation en préfecture et DREAL.
  4. Commande publique : visibilité des collectivités et de l’Etat sur les appels d’offres structurants.

Le message des dirigeants : priorité à la compétitivité, pas aux postures

La lettre ouverte exprime un double sentiment. D’un côté, un attachement à l’intérêt collectif, incluant des mécanismes de redistribution et de solidarité. De l’autre, une incompréhension face à des propositions jugées anti-économiques, qui déconnectent l’impératif d’emploi et le besoin d’investir de façon soutenue.

Le terme employé par Pierre-Olivier Brial, le déni de réalité, vise la tentation de taxer plus sans considérer la compétitivité internationale. Il renvoie à trente années de chômage élevé.

Lorsque la création de valeur est pénalisée, les résultats sur l’emploi se détériorent mécaniquement. Les dirigeants n’ignorent pas les contraintes budgétaires publiques. Ils demandent toutefois une hiérarchisation limpide : d’abord l’activité, ensuite la répartition.

La lettre appelle à voter la confiance dans l’activité économique. Le message se veut pragmatique. Les ETI sont les premiers employeurs dans de nombreuses régions, exportent, innovent et forment.

Les remettre au centre, ce n’est pas défendre un intérêt corporatiste. C’est assurer l’ossature de la croissance et des recettes fiscales futures. Une économie plus dynamique facilite la réduction des déficits publics par la base plutôt que par la hausse des taux.

Manutan : cap stratégique et rôle d’entraînement

Manutan, environ 2 500 salariés, illustre le profil d’ETI présent dans toute l’Europe avec un rôle de plate-forme logistique et de distribution pour les professionnels. Sa gouvernance a maintenu une logique d’investissement et d’innovation sur des métiers à marges sous tension, ce qui suppose un cadre stable pour amortir et planifier. Le message porté par son dirigeant vise donc à sécuriser des décisions pluriannuelles qui dépassent les cycles politiques courts.

Au niveau filière, ce type d’acteur tire des centaines de PME. Les volumes d’achats, la mutualisation logistique, les catalogues multi-fournisseurs et l’intégration numérique des approvisionnements irriguent l’emploi local. La sensibilité aux délais douaniers, à la fiscalité sur les stocks ou à la réglementation produits est particulièrement élevée.

Club eti bourgogne franche-comté : l’observatoire du terrain

Le Club ETI régional, présidé par Vincent Martin, mesure un effet de ciseaux : inflation normative et tensions sur les recrutements d’un côté, besoin d’investir vite dans la transition écologique et l’automatisation de l’autre. Les décalages d’appels d’offres ou d’autorisations pèsent directement sur les plannings d’embauche. Anticiper ces goulots est devenu un sport de pilotage pour les directions générales.

La sous-traitance française repose sur des relations de long terme. Les ETI assurent la continuité des commandes, l’accompagnement qualité et la montée en compétence des PME. A l’inverse, elles dépendent de grands donneurs d’ordre dans l’aéronautique, l’automobile ou l’énergie. Toute rupture sur l’un des maillons fait dérailler les plans d’investissement de la chaîne entière.

Données clés pour mesurer l’enjeu eti et vérifications utiles

Les statistiques disponibles documentent l’essor des ETI et leur rôle d’entrainement. Sur la période récente, leur nombre a augmenté et leur contribution aux exportations reste élevée. Elles emploient plusieurs millions de salariés, notamment dans l’industrie où elles conservent une fonction d’ancrage territorial. Ce point est essentiel face à la volatilité de certains services.

Le recul du chômage observé avant 2025 a conforté l’idée que l’offre produit des résultats à condition de cohérence et de durée. Le rappel fait par les dirigeants est simple.

Un modèle qui fonctionne doit être consolidé, non mis en suspens. À cet égard, les données ministérielles actualisées fin août 2025 soulignent la pression concurrentielle accrue sur les entreprises françaises, qui exige de la visibilité sur les charges et les règles applicables.

La croissance du deuxième trimestre 2025, positive mais modeste, ne dissipe pas l’incertitude. Elle souligne au contraire la nécessité de sécuriser la trajectoire.

Dans un cycle où les tensions géopolitiques, l’IA, la transition énergétique et les chaînes d’approvisionnement se recomposent, l’avantage comparatif ne se gagne pas en quelques annonces, mais en alignant fiscalité, simplification et rapidité d’exécution. C’est précisément ce que demandent les signataires.

Le débat public gagnerait à replacer la métrique au coeur de l’échange. Combien de jours pour obtenir une autorisation environnementale sur un site industriel type ?

Quel coût complet de conformité par tranche de 100 salariés supplémentaires ? Combien d’écart entre promesses de simplification et charge réelle observée dans les audits internes ? En rendant ces chiffres publics, l’Etat et les entreprises pourront piloter sur des faits plutôt que des perceptions.

Enfin, la commande publique, relais clé dans les transitions énergétiques et numériques, mérite une attention particulière. Donner de la visibilité budgétaire aux collectivités et clarifier les priorités d’achat influencent directement les carnets de commandes des ETI. Un calendrier lisible stabilise l’emploi et l’investissement dans les territoires.

Chiffres de référence à garder en tête

Le rapport du Haut-commissariat à la stratégie et au plan situe le nombre d’ETI en France dans une dynamique de hausse sur la longue période, avec une contribution significative à l’emploi privé et aux exportations (Haut-commissariat à la stratégie et au plan, 22 avril 2025). Du côté conjoncturel, la progression de 0,3 % au deuxième trimestre 2025 a dépassé les attentes, mais n’efface pas la nécessité de visibilité politique (Le Figaro, 15 août 2025).

Que changer concrètement dès maintenant pour relancer l’élan d’investissement

Les dirigeants d’ETI ne réclament pas de chèque en blanc. Ils demandent des décisions calibrées et mesurables qui améliorent la productivité du capital et la vitesse d’exécution. Voici les chantiers les plus immédiats à portée de main, sans réécrire l’ordre juridique, mais en améliorant son efficacité opérationnelle.

Cadre budgétaire et fiscal : sécurité de trajectoire

Le besoin numéro un est la stabilité. Les lois de finances doivent cesser d’introduire des modifications fréquentes sur les dispositifs clés pour l’investissement, comme les amortissements, la fiscalité des actions gratuites pour attirer les talents, ou les crédits d’impôt. Une clause de stabilité pluriannuelle pour certains dispositifs sensibles serait un marqueur fort de confiance pour les investisseurs et les ETI familiales.

Sur le coût du travail, la priorité est aux profils qualifiés et aux métiers en tension. Une baisse ciblée des charges sur ces segments produit un effet multiplicateur sur l’innovation, l’automatisation et l’export. Le calibrage peut être dynamique : l’allègement décroît à mesure que l’entreprise franchit certains seuils de productivité, afin d’éviter les effets d’aubaine et de préserver les finances publiques.

Simplification et délais : du texte à la pratique

Les annonces de simplification doivent intégrer un suivi de performance. Mesurer, site par site, la réduction des délais d’instruction et des demandes de pièces complémentaires éclairera le débat. Publier un tableau de bord trimestriel de la simplification, avec engagement de rattrapage en cas de dérapage, instaurerait une culture nouvelle d’exécution.

Sur l’environnement, la France peut accélérer sans abaisser son ambition. La clé est d’anticiper les pièces manquantes d’un dossier, d’autoriser l’instruction en parallèle de certains volets, et d’harmoniser les pratiques entre régions. Une ingénierie administrative orientée résultats ramène plusieurs mois gagnés dans la mise en service des capacités.

Compétences et formation : accélérer l’adéquation

Les projets industriels butent encore trop souvent sur la disponibilité des compétences. Une voie d’amélioration rapide consiste à étendre les passerelles de reconversion rapide vers les métiers industriels numériques, la maintenance et la robotique. L’articulation entre apprentissage, opérateurs privés de formation et branches doit être resserrée pour répondre à la montée en gamme des lignes de production.

Les ETI, parce qu’elles sont au contact des besoins concrets, peuvent co-concevoir des modules courts certifiants avec les régions et les branches. Le suivi d’insertion à six et douze mois permettra d’optimiser le calibrage et d’orienter les budgets vers ce qui fonctionne.

Transition écologique et ia : traiter les projets comme des investissements de productivité

Les investissements de décarbonation et d’automatisation gagnent à être considérés comme des projets de productivité. Chaque euro investi réduit la facture énergétique, augmente la disponibilité machine et améliore la qualité. Un régime d’amortissement renforcé et stable sur ces équipements, adossé à un reporting simplifié, encouragera les ETI à enclencher des programmes pluriannuels au lieu de gestes ponctuels.

L’IA, notamment générative, accélère la reconfiguration des processus administratifs, achats et maintenance. Les ETI qui l’implantent constatent des gains de productivité sur l’arrière-guichet. Le cadre de confiance doit inclure des standards de sécurité et de gouvernance des données clairs pour éviter les blocages juridiques à l’échelle des filières.

Nombre d’ETI françaises sont familiales ou à actionnariat stable. Elles privilégient la pérennité et la régularité des dividendes, parfois au détriment de la prise de risque agressive. Un contexte politique stable abaisse la prime de risque perçue et libère des projets marginaux. A l’inverse, l’incertitude renforce le biais conservateur et retarde les arbitrages d’investissement.

Pourquoi l’appel tombe maintenant : un point d’inflexion économique

Les mois qui s’ouvrent cumulent révision budgétaire, décisions sur des dispositifs fiscaux clés et réévaluation des carnets de commandes. Les ETI savent que les marchés ne les attendront pas. Les positions gagnées à l’export, parfois au prix d’efforts sur plusieurs cycles, peuvent se perdre rapidement si la France renchérit son cadre ou diffuse des signaux contraires à l’investissement.

La lettre des dirigeants n’est pas isolée. Elle résonne avec des alertes d’experts qui, dès la fin de l’été, évoquent l’impact du flou fiscal et du risque de blocage parlementaire sur l’activité. L’enjeu pour les parlementaires est de transformer l’inquiétude en agenda clair : résoudre ce qui freine, prolonger ce qui fonctionne, mesurer le reste. Les entreprises, elles, feront le reste si la règle du jeu est stable.

Quant aux réseaux sociaux, ils amplifient un sentiment diffus de fébrilité. Ils ne suffisent pas à établir une tendance macroéconomique, mais ils indiquent une sensibilité accrue des entrepreneurs aux signaux politiques.

Les dirigeants d’ETI savent que l’économie de 2025 n’est plus celle de 2010. Tout se joue plus vite. Les décisions d’investissement, de déploiement et d’embauche se prennent dans des fenêtres plus courtes et avec des comparaisons internationales instantanées.

Ce que les décideurs publics peuvent activer sans délai

Un faisceau d’actions immédiates permettrait de recadrer la confiance. D’abord, publier un calendrier budgétaire lisible et s’y tenir. Ensuite, sanctuariser pour plusieurs années les régimes fiscaux pro-investissement les plus sensibles. Enfin, traduire dans les administrations déconcentrées les objectifs de simplification affichés au niveau national, avec un pilotage par les délais réels et non les textes.

  • Lisibilité budgétaire : projection à trois ans, avec garde-fous clairs.
  • Dispositifs stables : moratoire sur les modifications de régimes clés et clause de revoyure à horizon fixe.
  • Exécution territoriale : indicateurs publics sur délais d’instruction et dispersion régionale, avec objectifs de convergence.
  • Commande publique : programmation pluriannuelle visible pour l’énergie, le transport et la rénovation industrielle.

La marge de manoeuvre budgétaire est contrainte. C’est précisément pourquoi l’efficacité doit primer. L’alignement entre administration centrale, services déconcentrés et collectivités peut créer de la capacité sans dépenses additionnelles massives, simplement en réduisant les frictions. Ce bénéfice d’organisation est souvent sous-estimé, alors qu’il se traduit rapidement en jours gagnés et en euros économisés.

Trois signaux pro-compétitivité qui coûteraient peu et compteraient beaucoup

  1. Clause de non-rétroactivité fiscale sur les investissements productifs engagés en 2025 et 2026.
  2. Service 48 h pour vérifier la complétude administrative des dossiers industriels, avant instruction de fond.
  3. Tableau de bord public des délais d’autorisations par région, mis à jour mensuellement.

Un choix de confiance économique à opérer

Au terme de leur lettre, les dirigeants d’ETI ne demandent ni passe-droit ni régime d’exception. Ils demandent une priorité assumée à l’activité qui crée emplois, exportations et recettes fiscales. Stabiliser, simplifier, alléger là où cela compte. Il s’agit moins d’annoncer que de tenir, moins de promettre que d’exécuter.

Voter la confiance dans l’activité, c’est accepter une logique d’efficacité : quand les règles deviennent prévisibles et mesurables, les ETI investissent, embauchent et entraînent tout l’écosystème vers le haut.