Le CargoPort de Lyon s'impose comme leader logistique en 2025
Découvrez comment le CargoPort de Lyon attire les investissements et crée des emplois malgré le recul du marché logistique français.

Autour des pistes de Lyon Saint-Exupéry, le CargoPort change d’échelle. En quelques mois, l’enchaînement de chantiers signés Amazon, DHL, Prologis et Panattoni a replacé la zone au rang des pôles logistiques à suivre en Europe. Le contraste est saisissant avec un marché hexagonal de l’immobilier logistique moins alerte en 2024, tandis que l’écosystème lyonnais, lui, accélère ses investissements et son recrutement.
Un marché logistique qui ralentit, un cargoport qui accélère
À l’est de Lyon, l’aéroport Saint-Exupéry se forge un rôle d’exception. Alors que les volumes placés ont reculé de 17 % en 2024 selon une étude sectorielle, la zone CargoPort enregistre des décisions d’investissement lourdes, des livraisons d’actifs et des démarrages de chantiers.
Ce décalage s’explique par des fondamentaux solides. La réserve foncière maîtrisée, la proximité immédiate des pistes, l’accès aux autoroutes A43, A432 et A42, ainsi que la capacité de connexion rapide aux bassins industriels d’Auvergne-Rhône-Alpes, créent un avantage compétitif rare pour les opérateurs du fret et de la logistique de distribution.
Le site capte des flux complémentaires. Le fret avionné tire la demande de plateformes connectées airside, tandis que l’essor de la logistique e-commerce et B2B renforce le besoin d’unités de messagerie, de cross-dock et d’entrepôts multietages. Cette complémentarité structure une chaîne opérationnelle complète, du « dernier kilomètre » aux expéditions internationales.
Enfin, la massification des investissements sur un périmètre restreint crée des effets d’entraînement. Les infrastructures réalisées par un acteur profitent rapidement aux autres, qu’il s’agisse d’accès routiers, d’équipements techniques ou de services aux salariés. Le CargoPort profite ainsi d’une dynamique de cluster.
Pourquoi le CargoPort attire en 2025
Plusieurs facteurs, combinés, expliquent la traction de la zone de Lyon Saint-Exupéry malgré le repli du marché français en 2024.
- Connectivité multimodale : accès direct aux pistes et aux grands axes autoroutiers.
- Réserves foncières disponibles et planification urbaine compatibles avec des projets de grande taille.
- Écosystème industriel régional dense, demande soutenue en flux express et pièces critiques.
- Calendrier d’investissements alignés entre logisticiens, développeurs et gestionnaire aéroportuaire.
Investissements privés et emplois : un changement d’échelle budgétaire
Les montants annoncés dessinent une trajectoire claire. Amazon engage 200 millions d’euros sur l’immobilier pour son futur centre de distribution XXL. DHL Express a injecté 121 millions d’euros dans sa nouvelle plateforme connectée aux pistes.
Ces enveloppes s’ajoutent aux projets portés par Prologis avec le groupe em2c, Worldwide Flight Services et Aéroports de Lyon, ainsi qu’à l’unité de messagerie développée par Panattoni. L’addition fait bouger les lignes : selon la direction d’Aéroports de Lyon, près d’un demi-milliard d’euros a été engagé en cinquante ans sur la zone et ce total doit doubler d’ici deux ans pour frôler un milliard (Les Echos, 3 juillet 2025).
Sur l’emploi, la montée en puissance est tout aussi notable. Le CargoPort revendique environ 6 000 salariés aujourd’hui. À l’horizon de la pleine charge des sites, 10 000 emplois sont envisagés, dont jusqu’à 3 000 postes attribués au site d’Amazon. Cette perspective implique un chantier de formation, de mobilité et de logement, avec un retentissement direct sur le marché du travail local.
L’effet macroéconomique dépasse la seule plateforme logistique. Les sous-traitants, les prestataires de maintenance, les services de sécurité, la restauration et les services de mobilité bénéficient d’un courant d’affaires récurrent. La visibilité pluriannuelle des chantiers permet aussi d’ancrer des investissements immatériels, comme l’automatisation des flux, la traçabilité et le pilotage de la performance.
Chiffres clés 2024-2026 au CargoPort
- 200 millions d’euros investis par Amazon pour l’immobilier de son centre.
- 121 millions d’euros investis par DHL Express pour sa plateforme.
- Près d’un milliard d’euros attendus d’ici deux ans, en cumul d’investissements privés et d’aménagements (Les Echos, 3 juillet 2025).
- 6 000 emplois actuels, 10 000 visés à terme sur la zone.
- 54 000 tonnes de fret avionné traitées en 2024, soit +8 % sur un an.
Quatre chantiers structurants, des usages complémentaires
Depuis l’automne 2024, la zone CargoPort a engrangé des projets d’envergure. Leurs vocations sont différentes mais s’emboîtent, créant un continuum opérationnel qui renforce l’attractivité de l’aéroport et réduit les frictions dans les chaînes logistiques.
Amazon : stratégie et résultats
Le futur centre de distribution d’Amazon s’élève sur 60 000 m² d’emprise au sol et trois niveaux pour une surface totale d’environ 180 000 m². Le chantier a démarré en octobre 2024. La mise en service est attendue en 2026, avec une montée en cadence jusqu’à 3 000 emplois.
Le cœur de la proposition d’Amazon repose sur la connectivité routière de l’aéroport. Les liaisons vers les grands axes autoroutiers et la desserte régionale facilitent la consolidation des flux et la livraison rapide vers les métropoles de la région et au-delà. L’investissement immobilier se chiffre à 200 millions d’euros, selon les informations de presse publiées mi-juillet 2025 (Les Echos, 17 juillet 2025).
Stratégiquement, l’équipement vient compléter la géographie des sites d’Amazon en France, en offrant un point d’appui à la fois proche des pistes et des axes majeurs de transit. Cette insertion dans un hub aéroportuaire est rare à cette échelle dans l’Hexagone, et confirme le rôle de Lyon comme tête de pont logistique au sud-est.
Dhl express : montée en puissance du fret express
En juin 2025, DHL Express a inauguré sa nouvelle plateforme de 50 000 m², dont 24 300 m² dédiés aux bureaux et aux opérations. 121 millions d’euros ont été investis pour un site raccordé directement à l’infrastructure aéroportuaire, renforçant la vitesse de traitement des colis et la fiabilité des départs.
Pour le fret express, le différentiel de performance se joue sur les minutes gagnées à la rupture de charge. L’accès airside et la rationalisation des flux arrivent/sorties optimisent le tri, le chargement et la remise en vol des envois. À l’échelle régionale, cette montée en capacité réduit les délais d’acheminement pour les secteurs exigeants, comme la santé et les pièces détachées.
Prologis, em2c, wfs et aéroports de lyon : chaîne du froid et accès piste
Un immeuble de 25 300 m² dédié au traitement de fret aérien est en construction à proximité immédiate des pistes. Développé par Prologis avec le groupe em2c, Worldwide Flight Services et Aéroports de Lyon, il prévoit un accès direct aux taxiways et 400 m² de chambres froides pour la chaîne du froid. La livraison est ciblée pour l’été 2026.
Ce module répond à la demande croissante de transport sous température dirigée, pour les produits périssables et certaines filières sensibles comme la santé. Il renforce la capacité de traitement local, évitant des acheminements intermédiaires et réduisant l’empreinte logistique liée aux trajets complémentaires.
Panattoni : messagerie et maillage régional
Panattoni livre une messagerie de 7 300 m² dotée de 66 quais et d’une aire pour poids lourds. La fin de chantier est programmée pour fin 2025. Ce type d’actif est le maillon clé des réseaux régionaux de distribution, avec des cadences élevées sur des fenêtres horaires courtes.
Concrètement, l’ouvrage s’adresse à des opérations de cross-dock où les flux entrants et sortants se succèdent rapidement. Cette granularité des mouvements, orchestrée en multi-arrivées et multi-départs, complète les fonctions des grands entrepôts et des plateformes connectées aux pistes.
Un hub performant aligne trois fonctions : l’entrepôt pour le stockage et la préparation, la messagerie pour les flux quotidiens à cadence élevée, et la zone fret avionné pour les expéditions internationales sensibles au temps. L’avantage concurrentiel vient de l’orchestration entre ces briques, plus que de la taille d’une seule d’entre elles.
Trafic fret et métriques opérationnelles : la montée en charge chiffrée
En 2024, l’aéroport Lyon Saint-Exupéry a traité 54 000 tonnes de fret avionné, soit une progression de 8 % sur un an. Le site se positionne comme la deuxième plateforme fret de France hors Île-de-France, grâce à la combinaison du fret express et des flux cargo traditionnels.
Cette progression s’inscrit dans une tendance plus large de redressement du transport aérien en France, documentée par les analyses nationales. Elle s’explique aussi par la mise à l’échelle rapide d’acteurs privés sur le CargoPort, qui a déjà commencé à capter des flux détournés d’autres places.
La disponibilité d’informations publiques en temps réel sur les vols à l’arrivée apporte un levier de pilotage opérationnel. Le suivi fin des atterrissages, des terminaux et des retards permet d’optimiser le dimensionnement des équipes et d’ajuster les créneaux critiques. L’intégration de ces données dans les outils de planification devient un facteur différenciant pour les opérateurs.
Le fret avionné regroupe les marchandises transportées par avion dans les soutes des appareils passagers ou des avions tout cargo. Les volumes sont comptés en tonnes et s’analysent avec des indicateurs de ponctualité, de temps de rupture de charge et de performance au tri. L’agrégation par origine-destination permet d’identifier les corridors stratégiques et leurs saisons hautes.
Les flux en temps réel sur les vols à l’arrivée facilitent la synchronisation entre équipes piste, douane, manutention et transport routier. En anticipant les variations de trafic de J-3 à J+1, les opérateurs ajustent leurs plannings, améliorent le taux d’utilisation des quais et réduisent les goulets d’étranglement au magasinage.
Transports et voirie : le nerf de la guerre pour absorber les pics
La montée en capacité des sites logistiques met la pression sur la voirie locale et les transports en commun. Les rythmes d’exploitation impliquent des shifts de jour et de nuit, avec un pic de besoins aux heures de bascule d’équipes. Les opérateurs ne peuvent soutenir la performance qu’en sécurisant des dessertes fiables, y compris en heures creuses.
À l’inauguration de la plateforme DHL, un arrêt de bus à proximité a été validé suite à des échanges avec le Sytral. Du côté d’Amazon, des discussions équivalentes sont en cours pour adapter la desserte au profil d’emplois attendu, très intensif en main-d’œuvre au démarrage.
Sur la route, le gestionnaire aéroportuaire prépare des travaux d’amélioration de la circulation : deux nouveaux giratoires et un renforcement des voiries doivent être engagés avec un démarrage de travaux annoncé dès octobre 2025. Objectif : éviter les congestions aux heures de pointe et fluidifier les accès aux zones de chargement.
Ces ajustements relèvent d’un pilotage fin entre préfecture, collectivités, Sytral et Aéroports de Lyon. Le tempo des chantiers logistiques oblige à phaser des mesures transitoires, comme l’ajout de feux intelligents, des redirections ponctuelles et l’optimisation des plans de circulation internes aux sites.
Calendrier mobilité et voirie à surveiller
- Dès 2025 : coordination avec le Sytral pour les dessertes dédiées à DHL et Amazon.
- Octobre 2025 : lancement des travaux routiers pilotés par l’aéroport, dont deux giratoires.
- Fin 2025 : mise en service de la messagerie Panattoni, premiers effets sur les flux routiers locaux.
- 2026 : montée en charge de la plateforme de traitement fret Prologis-WFS, mise en service du site Amazon.
Rôle des acteurs et articulation public-privé : une gouvernance sous tension constructive
La force du modèle lyonnais tient à la co-construction public-privé. Aéroports de Lyon coordonne, arbitre et investit sur les infrastructures communes. Les développeurs privés, de leur côté, livrent des actifs adaptés aux besoins d’exploitation, en contractualisant avec des exploitants logistiques internationaux.
Ce dialogue se traduit par des solutions pragmatiques : accès piste pour le fret, mutualisation de certaines aires de circulation, gestion de la chaîne du froid, dispositifs de sécurité et procédures douanières. L’écosystème intègre aussi l’aval routier, nécessaire pour absorber les volumes hors avion.
Sur le plan réglementaire, les projets s’inscrivent dans un cadre français exigeant. Les autorisations d’urbanisme et les procédures environnementales encadrent les émissions, le bruit et la gestion des nuisances. Les investissements récents illustrent la capacité des opérateurs à satisfaire à ces critères tout en respectant les jalons de livraison.
Reste la question des compétences. Les volumes d’emplois visés impliquent de renforcer la formation initiale et continue sur les métiers de l’exploitation aéroportuaire, de la logistique et de la maintenance. Le couple performance-sécurité exige des profils qualifiés, avec une montée en gamme des compétences numériques.
Les « emplois créés » à pleine capacité correspondent à une cible à horizon 12 à 24 mois après ouverture, sous réserve du ramp-up opérationnel. Le décompte peut varier selon qu’il s’agit de postes en équivalents temps plein (ETP), de saisonniers ou de prestataires. Comparer les annonces suppose d’identifier le périmètre retenu par chaque acteur.
Lecture économique : quelles retombées pour auvergne-rhône-alpes
L’impact régional se mesure sur trois plans. D’abord, l’attraction d’investissements internationaux renforce la position d’Auvergne-Rhône-Alpes comme plateforme industrielle et commerciale de premier plan. Les chaînes d’approvisionnement gagnent en réactivité, ce qui bénéficie aux filières mécaniques, électriques, santé et agroalimentaire.
Ensuite, l’effet multiplicateur local s’observe via les achats de services, la sous-traitance et l’emploi indirect. Le déploiement d’un site logistique majeur implique des contrats d’énergie, de sécurité, d’entretien, de transport, de nettoyage et de restauration. Ces dépenses irriguent le tissu des PME régionales.
Enfin, la montée en gamme des infrastructures augmente la valeur d’usage de la zone aéroportuaire : plus de résilience des flux, meilleure capacité à absorber des pics, réduction des ruptures intempestives. À terme, cela pèse favorablement sur l’attractivité des implantations industrielles, qui tiennent compte de l’efficacité logistique dans leurs décisions d’investissement.
La contrepartie est claire : la réussite repose sur la gestion fine des externalités. Le trafic routier induit, l’occupation foncière, la qualité de l’air et le bruit doivent être contenus par des règles et des équipements adaptés. C’est un arbitrage permanent, rendu plus robuste par la visibilité donnée sur les calendriers de chantier.
Trois points d’attention pour les décideurs
- Coordination des pics : aligner les horaires de pointe des vols, des quais et des navettes.
- Qualité des dessertes : garantir la fiabilité en nocturne, clé pour les shifts et l’express.
- Compétences : sécuriser un vivier formé sur la manutention, la sûreté et la maintenance.
Ce que ces chantiers changent pour l’équation opérationnelle du cargoport
La mise en service successive des projets va modifier la manière dont le CargoPort absorbe la demande. Côté airside, la plateforme Prologis-WFS augmentera la capacité à traiter des produits sensibles, tandis que la base DHL réduira les délais de coupure pour l’express, un avantage décisif sur les marchés premium.
Côté landside, l’entrepôt multietages d’Amazon et la messagerie de Panattoni densifieront les flux routiers. L’enjeu ne sera pas seulement d’ajouter des capacités, mais de garder la fluidité qui fait la force de l’écosystème lyonnais. Le pilotage des accès, le séquencement des créneaux de livraison et l’interopérabilité des systèmes d’information seront déterminants.
Les acteurs publics ajustent la voirie et les transports en parallèle. La coordination devra rester étroite pour éviter des goulets d’étranglement aux points d’entrée, surtout à mesure que l’emploi grimpera et que la sous-traitance s’organisera. La réussite se jouera dans la granularité des réglages, plus que dans les grandes déclarations d’intention.
Enfin, la transparence des données et leur partage maîtrisé constituent un levier discret mais puissant. Les opérateurs capables de croiser l’information de trafic, de manutention et de transport routier réduiront les pertes de charge. À l’échelle d’un hub, ces gains s’additionnent et se traduisent directement en performance client.
Un cadre national propice à une relance raisonnée du fret
La reprise du trafic aérien observée en France se reflète dans les volumes traités à Lyon. Les notes et analyses nationales ont mis en évidence une amélioration conjoncturelle, dopée par des ajustements de capacités et un retour des flux cargo. L’enjeu est désormais d’inscrire cette dynamique dans la durée, sans perdre de vue les impératifs environnementaux.
Sur ce volet, la chaîne du froid, la réduction des parcours routiers redondants et l’optimisation des ruptures de charge contribuent à limiter l’empreinte globale. Le repositionnement de capacités directement connectées aux pistes participe à cette optimisation, en évitant des détours logistiques coûteux en temps et en émissions.
À l’avenir, la performance s’appréciera aussi au prisme de l’innovation. La traçabilité numérique, le pilotage en temps réel, l’amélioration de la productivité des quais et l’efficacité énergétique des bâtiments orienteront les gains à venir. C’est un terrain sur lequel les grands opérateurs disposent de marges de manœuvre.
Investissements consolidés et emplois : un cap clair à l’horizon 2026
À court terme, la visibilité s’améliore. L’empilement des projets confirme une bascule vers un cap d’investissement cumulé proche d’un milliard d’euros d’ici deux ans, sur fond de montée en puissance des effectifs. Les annonces d’emplois d’Amazon, combinées à celles induites par DHL, Prologis-WFS et Panattoni, structurent un cycle de recrutement soutenu (Les Echos, 17 juillet 2025).
Cette trajectoire n’efface pas les points de vigilance. La synchronisation des livraisons de chantiers, la capacité de la voirie à absorber les pics et la fidélisation des compétences seront les trois tests majeurs. À la clé, la consolidation de Lyon Saint-Exupéry comme hub logistique européen à part entière.
Ce que lyon saint-exupéry va tester d’ici 2026
La zone CargoPort entre dans une phase de vérité. Si les travaux routiers, les dessertes en bus et la coordination des équipes suivent le rythme des mises en service, l’écosystème pourra convertir ses investissements en avantage opérationnel durable.
Dans le cas contraire, les congestions et les tensions RH pourraient amputer une partie des gains. Le signal est cependant favorable, avec des acteurs alignés et un pilotage fin des chantiers. À suivre, la montée en charge des nouveaux sites et la qualité des raccordements aux pistes et aux autoroutes.
En résumé, l’aéroport Lyon Saint-Exupéry capitalise sur un alignement rare entre capitaux privés, foncier prêt à l’emploi et gouvernance opérationnelle, pour transformer un ralentissement sectoriel en accélérateur régional.