Bonduelle en phase de redressement : résultats et ambitions 2025
Découvrez les résultats de Bonduelle pour 2024-2025 et les objectifs de croissance prévus pour 2026.

À Villeneuve-d’Ascq, Bonduelle boucle son exercice clos au 30 juin 2025 sur un redressement tangible. Le spécialiste des légumes transformés améliore sa performance opérationnelle, stabilise ses ventes et réduit fortement ses pertes, première étape concrète du plan « Transform to Win ». Le groupe nordiste, présent en Europe et en Amérique du Nord, revendique un recentrage assumé sur ses cœurs de métier et ses marques historiques.
Résultats 2024-2025 : chiffre d’affaires stabilisé et perte nette quasi effacée
Bonduelle affiche un chiffre d’affaires de 2,203 milliards d’euros, légèrement supérieur à l’an dernier, porté par des hausses tarifaires et la résilience des catégories phares. Le résultat opérationnel courant ressort à 83,8 millions d’euros, soit une marge de 3,8 %, en hausse de 0,1 point. Surtout, la perte nette est ramenée à 11,5 millions d’euros, contre 119,8 millions un an plus tôt, grâce à une meilleure maîtrise des éléments non courants et à la progression du cœur d’activité (BFM Bourse, Boursorama, MarketScreener).
Ce trio d’indicateurs qualifie une trajectoire de redressement encore en construction mais déjà lisible. La marge opérationnelle se raffermit, signe que la discipline de coûts et la rationalisation des portefeuilles segmentent la performance avec davantage d’efficacité. L’amélioration du résultat net confirme, quant à elle, la décrue des charges exceptionnelles et la pertinence des arbitrages.
Chiffres clés 2024-2025 à retenir
Les données financières annuelles mettent en évidence les points suivants :
- CA 2024-2025 : 2,203 Md€, progression légère.
- ROC : 83,8 M€, marge 3,8 %, +0,1 point.
- Perte nette : -11,5 M€ contre -119,8 M€ un an plus tôt.
- Mix produit porteur sur le frais traiteur, le surgelé et la conserve.
- Cap 2025-2026 : objectif de ROC à 90 M€ annoncé.
Le résultat opérationnel courant agrège la performance récurrente des activités, hors éléments non courants et cessions. En normes IFRS, il reflète la profitabilité des opérations avant charges exceptionnelles. Son amélioration traduit une exécution opérationnelle plus robuste et des effets positifs des plans d’efficacité.
Dynamiques géographiques contrastées : Amérique du Nord en avance, Europe à l’équilibre
Le profil de croissance 2024-2025 révèle des disparités par zones. L’Amérique du Nord constitue le moteur du millésime. L’Europe, plus mature, maintient un socle de revenus stable mais chahuté sur certaines catégories sensibles.
Amérique du Nord : accélération confirmée sur les surgelés et conserves
Les ventes affichent +4,8 % en données comparables et +4,9 % en données publiées. La demande soutenue pour les légumes surgelés et en conserve, combinée à des efforts d’innovation et d’efficacité industrielle, favorise une expansion de qualité. Cette croissance organique est cohérente avec la stratégie d’optimisation engagée au sein des usines et l’amélioration de l’exécution commerciale.
Europe : consolidation des volumes et pression sur les salades prêtes à l’emploi
Sur le Vieux Continent, les revenus sont globalement stables. Les segments historiques, comme la conserve à marque et les solutions traiteur frais, tiennent la ligne.
À l’inverse, les salades en sachet éprouvent davantage de contraintes, entre exigences de fraîcheur, sensibilité aux coûts logistiques et arbitrages de consommation. Le recentrage stratégique sur des catégories à plus forte valeur ajoutée vise à reconstituer durablement la marge européenne.
Le mix produit combinant surgelé, conserve et frais traiteur permet de répartir l’exposition aux coûts agricoles et énergétiques. Les hausses de prix répercutées en 2024-2025 traduisent un pricing power mesuré, davantage soutenable sur les produits différenciés et les marques fortes. L’enjeu 2025-2026 consiste à maintenir cet équilibre sans freiner l’élasticité de la demande.
« Transform to Win » : discipline opérationnelle et montée en gamme
L’exercice 2024-2025 correspond à la première étape d’implémentation du plan « Transform to Win ». Le programme cible un triptyque clair : optimiser les opérations, consolider les marques et renforcer la rentabilité. Il s’appuie sur la digitalisation, la durabilité et l’innovation pour soutenir la compétitivité à moyen terme.
- Digitalisation des processus industriels et commerciaux pour mieux piloter les coûts et le service client.
- Durabilité sur l’amont agricole et la transformation, avec une logique d’efficience des ressources.
- Innovation orientée valeur, notamment sur des gammes bio et végétariennes à marge supérieure.
Traiteur frais : gains logistiques et fiabilisation de la chaîne d’approvisionnement
Le segment du traiteur frais a bénéficié d’une optimisation de la supply chain et d’une meilleure allocation de capacités. Les gains d’efficacité soutiennent l’absorption des coûts variables et facilitent la stabilité des approvisionnements, un enjeu central pour des catégories sensibles au D+1 et aux standards qualité.
La progression du ROC tient autant à la maîtrise des achats et de l’énergie qu’au calibrage des assortiments. La rationalisation des références, la réduction des ruptures et la meilleure cadence industrielle augmentent le taux d’utilisation des sites et réduisent les coûts unitaires.
Portefeuille recentré : cessions des salades en sachet et valorisation des marques
Bonduelle a finalisé la cession des activités déficitaires de salades en sachet en France et en Allemagne. Cette décision libère du capital et du management time au profit des catégories historiques et des marques à forte notoriété. L’entreprise met en avant une amélioration du profil de risque et une réduction des pertes liées à ces activités non rentables.
Le recentrage s’accompagne d’investissements ciblés, en particulier en Amérique du Nord, ainsi que d’initiatives en R&D pour renforcer la différenciation sur les segments prioritaires. L’objectif est d’asseoir un portefeuille plus robuste face aux cycles agricoles et aux pressions inflationnistes.
Bonduelle et Cassegrain : capital-marques et montée en valeur
Les marques Bonduelle et Cassegrain sont au cœur du plan. Elles concentrent l’effort d’innovation, la politique de prix et la visibilité en rayon.
La montée en gamme sur ces plateformes doit soutenir la marge, en particulier sur les références où la qualité perçue et l’utilité d’usage justifient des prix premium. C’est un relais de valeur plus défensif que des segments commoditisés et plus lisible pour les distributeurs comme pour les consommateurs.
Qui est Bonduelle : histoire et périmètre
Groupe agroalimentaire fondé et ancré dans le Nord de la France, Bonduelle opère à l’international, notamment en Europe et en Amérique du Nord, avec un savoir-faire centré sur les légumes transformés sous toutes leurs formes. Son modèle s’articule autour d’un amont agricole partenaire, d’outils industriels multi-pays et de marques à forte notoriété en grande distribution et en restauration hors foyer.
IFRS et obligations de marché : cadre de référence
Les opérations annoncées sont conformes aux normes IFRS et au régime d’information propre aux émetteurs français. Les transactions significatives suivent les exigences de transparence et de communication financière supervisées par l’AMF. Ce cadre vise à assurer la comparabilité des comptes et la protection des investisseurs.
Cap financier 2025-2026 et repères fiscaux : un pilotage prudent de la marge
Pour 2025-2026, la direction vise un ROC de 90 millions d’euros. Ce jalon suppose la poursuite de la dynamique en Amérique du Nord et une consolidation en Europe, avec un socle d’efficacité industrielle et une sélection stricte des relais de croissance. Sur le plan réglementaire, la loi de finances adoptée en février 2025 intègre des mesures générales pour les entreprises, dont des ajustements de l’impôt sur les bénéfices, sans position officielle spécifique à Bonduelle à ce stade (sources ministérielles publiques).
Le pilotage financier s’articulera autour de quatre axes :
- Allocation du capital en priorité sur les activités à marge supérieure et les zones à traction prouvée.
- Maîtrise des coûts en production et en logistique pour compenser l’inflation résiduelle des intrants.
- Gestion du prix et du mix afin de soutenir la valeur sans détériorer l’élasticité de la demande.
- Rigueur comptable sur le traitement des éléments non courants afin d’éviter la volatilité du résultat net.
Loi de finances 2025 : à quoi s’attendre pour les entreprises
À retenir pour les sociétés opérant en France :
- Des ajustements de l’impôt sur les bénéfices sont actés par la loi de finances 2025.
- À ce jour, aucune mesure ciblée publique ne vise spécifiquement Bonduelle.
- Les entreprises doivent continuer à sécuriser leur conformité comptable et fiscale et à anticiper les effets sur leurs cash-flows.
Énergie, intrants agricoles et supply chain : la sensibilité des marges reste élevée
Si la trajectoire s’améliore, plusieurs paramètres demeurent volatils. Les coûts énergétiques peuvent encore fluctuer et peser sur le coût complet de production. Les intrants agricoles sont, par nature, soumis aux aléas climatiques et à la disponibilité des récoltes. À cela s’ajoute un environnement géopolitique qui peut affecter le transport maritime, les délais de transit et la sécurité d’approvisionnement.
Le groupe surveille de près ces variables pour préserver la marge opérationnelle, en particulier sur les lignes produits où l’intensité énergétique et la saisonnalité de l’amont pèsent davantage. Une allocation flexible des volumes entre conserve, surgelé et frais traiteur constitue un amortisseur utile pour lisser les cycles.
Scénarios opérationnels pour 2025-2026
- Scénario central : progression de la profitabilité en ligne avec l’objectif de ROC, tirée par l’Amérique du Nord et la montée en valeur des marques.
- Scénario défensif : tension sur les coûts d’énergie et effets météo défavorables, compensés par le mix et la discipline de coûts, au prix d’une croissance plus mesurée en Europe.
- Scénario d’accélération : normalisation des intrants et exécution commerciale solide, permettant une amélioration plus rapide de la marge.
La capacité à répercuter les hausses de coûts dépend de la différenciation produit, de la puissance de la marque et du positionnement prix. Dans l’univers des légumes transformés, le levier fonctionne mieux sur des gammes à valeur perçue élevée, là où la qualité, la praticité et l’innovation créent un consentement à payer supérieur.
Amérique du Nord en soutien, Europe à rééquilibrer : lecture stratégique des zones
La performance nord-américaine incarne l’alignement entre stratégie et exécution industrielle. Les investissements dans des sites plus efficients et les partenariats locaux ont soutenu la croissance organique. En parallèle, le travail de fond sur les réseaux de distribution et la lisibilité des assortiments sécurise des gains récurrents.
En Europe, l’agenda est celui de la consolidation. Les lignes d’activité à forte rotation, pilotées par des marques reconnues, offrent une visibilité commerciale, tandis que l’exposition aux salades prêtes à l’emploi a été réduite. Les arbitrages réalisés durant l’exercice favorisent une meilleure qualité de résultat et un profil de risque abaissé.
Investissements et R&D : cap sur la valeur
L’effort d’investissement accompagne le repositionnement vers des segments plus résilients. Les projets de R&D soutiennent des innovations de recettes et d’emballages, avec un prisme durabilité. L’objectif est double : protéger la marge par l’innovation et renforcer l’attractivité des marques en rayon.
La zone nord-américaine bénéficie d’un marché large pour les surgelés et les conserves, d’enseignes puissantes et d’une appétence pour des formats pratiques. L’industrialisation efficiente et des chaînes d’approvisionnement maillées localement permettent de mieux absorber les chocs de coûts.
Cap 2026 pour Bonduelle : itinéraire d’un rebond à confirmer
La réduction nette des pertes, l’amélioration du ROC et la mise en œuvre de « Transform to Win » attestent d’un repositionnement plus robuste. Les analystes cités par MarketScreener envisagent un retour à une profitabilité nette positive d’ici 2026, si le groupe maintient son cap sur la discipline opérationnelle et la montée en valeur du portefeuille.
Le chemin reste exigeant, mais la feuille de route est claire : sélectionner les relais de croissance, consolider la marge, investir là où le rendement est prouvé et sécuriser la conformité financière. Les prochains trimestres diront si la trajectoire 2025-2026 valide l’objectif d’un ROC à 90 M€ dans un environnement encore volatile.
À ce stade, Bonduelle transforme l’essai sans triomphalisme, avec une équation simple : moins de dispersion, plus de valeur.