Quel impact du choix de Roland-Garros pour la REF 2025 ?
Découvrez comment la REF 2025 à Roland-Garros révolutionne les opportunités pour les entreprises face aux enjeux fiscaux.

Au Medef, le mot d’ordre est clair: gagner le point dès maintenant. En installant la Rencontre des Entrepreneurs de France 2025 à Roland-Garros, l’organisation patronale choisit un terrain symbolique pour un moment politique et économique sous haute tension. Entre vote de confiance annoncé, comptes publics sous pression et débat fiscal, les dirigeants demandent de la lisibilité et des décisions solides.
Roland-garros, un choix opérationnel qui marque un tournant
La REF 2025 se tient pour la première fois dans l’enceinte de Roland-Garros, à Paris. L’option n’est pas que symbolique. Elle répond à un impératif de fiabilité logistique: les infrastructures couvertes du stade réduisent les aléas et fluidifient la tenue des plénières comme des ateliers, y compris en cas de pluie.
Ce déménagement succède à six éditions organisées à l’hippodrome de Longchamp, depuis 2019. En amont, les universités d’été du Medef s’étaient ancrées pendant deux décennies sur le campus d’HEC à Jouy-en-Josas. Un déplacement qui illustre la volonté de moderniser la formule, tout en améliorant la qualité d’accueil.
Pourquoi roland-garros change la donne logistique
Pour les entreprises, l’enjeu n’est pas anecdotique. Un site urbain, mieux desservi, permet de densifier les rendez-vous stratégiques. Temps d’accès optimisé, conditions techniques stables, visibilité accrue: la combinaison renforce l’impact des sessions consacrées à l’investissement, à la transition énergétique ou au financement.
Le thème “Jeu décisif” donne aussi le ton. Dans un cycle où les marges de manœuvre budgétaires se resserrent, l’événement assume l’idée d’un point de bascule. Le choix lexical, emprunté au tennis, parle aux dirigeants: c’est le moment d’engager la balle tôt, pour ne pas subir la suite du set macroéconomique.
Ce qu’implique le changement de site pour les exposants
Roland-Garros permet des configurations hybrides plus robustes: équipements vidéo et son standardisés, sécurisation météo, espaces modulables pour des rendez-vous confidentiels. Les directions communication et les équipes M&A y trouvent un cadre plus fiable pour des annonces ou des signatures en marge de l’événement.
Qui est le medef aujourd’hui
Le Medef revendique 240 000 entreprises adhérentes, représentant près de 12 millions d’emplois. Sa capacité d’interpellation tient autant à son ancrage sectoriel qu’à sa faculté de porter des propositions opérationnelles autour de la fiscalité, des compétences et de la compétitivité.
La REF réunit patrons de groupes, dirigeants de PME, experts et responsables politiques. Les tables rondes croisent conjoncture, innovation et trajectoires de finances publiques. C’est aussi un baromètre de l’humeur des investisseurs: niveau d’appétit pour le risque, signaux de recrutement, priorités d’arbitrage dans les budgets 2026.
Séquence politique du 8 septembre: visibilité ou nouveau brouillard
Au cœur de la REF, un élément domine les conversations: le vote de confiance annoncé le 8 septembre 2025. L’initiative, portée par François Bayrou lors d’une conférence de presse en début de semaine, vise à clarifier l’équation parlementaire avant l’examen budgétaire.
Deux lectures se télescopent. D’un côté, la volonté d’anticiper un moment de vérité qui se serait de toute manière imposé à l’automne lors du budget. De l’autre, le risque d’augmenter le coût d’attente pour les entreprises: décisions d’investissements différées, pricing du risque revu à la hausse par les comités d’audit, et renégociation parfois défavorable des covenants bancaires.
Calendrier politique: ce qui attend les entreprises
L’intervention prévue de François Bayrou à la REF, la tenue de rencontres avec les organisations syndicales, puis la séquence à l’Assemblée nationale, structurent l’agenda de septembre. Les directions générales s’organisent souvent en trois temps:
- Avant le 8 septembre: gel partiel des engagements non critiques, validation des scénarios de trésorerie.
- Entre le 8 et le débat budgétaire: recalage des hypothèses macro et sectorielles, arbitrage des priorités CAPEX.
- Après les premiers votes: ajustement des plans d’embauche et de la politique de dividendes.
Un vote de confiance peut produire un choc de clarté: si la majorité s’affirme, baisse du risque politique perçu par les marchés et accélération des décisions internes. À l’inverse, un échec ouvre plusieurs scénarios: remaniement, coalition, ou dissolution. Chaque option a un profil de risques distinct pour le coût de financement, les calendriers de réforme et la stabilité réglementaire.
Ce que les directions financières doivent anticiper d’ici au 8 septembre
Les meilleurs réflexes observés en entreprise: gels ciblés plutôt que coupes horizontales, simulations de sensibilité sur le coût de la dette, et préparation de plans B fiscaux selon trois hypothèses d’arbitrage. Astuce de pilotage: segmenter le portefeuille d’investissements par intensité capitalistique pour préserver les projets à meilleur retour ajusté du risque.
Le signal de patrick martin: incertitude, fiscalité et compétitivité
Patrick Martin concentre son message: ne pas ajouter de volatilité évitable au choc d’incertitude politique. Le président du Medef avertit sur un point: le durcissement global de la concurrence rend chaque hésitation plus coûteuse. Quand la visibilité est brouillée, le capital s’exporte, les recrutements se ralentissent et l’equity story se fragilise.
Son diagnostic s’articule autour de trois axes. D’abord l’instabilité parlementaire, perçue comme un facteur de prudence pour les comités d’investissement.
Ensuite la question fiscale: surtaxer le capital ou restaurer un impôt sur la fortune, selon lui, découragerait l’ancrage des patrimoines et des talents en France. Enfin la compétitivité: on ne peut pas, dit-il en substance, demander plus de production et alourdir simultanément la fiscalité des actionnaires.
Ce que dit le patronat sur la fiscalité du capital
Les lignes rouges évoquées à la REF sont claires. Pas de retour à l’ISF, maintient Patrick Martin, jugé contre-productif pour l’investissement productif. Les chefs d’entreprise craignent des effets d’éviction: capital moins disponible pour le financement des PME, et complexité accrue pour attirer des profils internationaux.
Un compromis est toutefois envisagé côté patronal: aligner une éventuelle contribution exceptionnelle sur la logique d’incitation, avec un ciblage fin des assiettes et une durée strictement bornée. L’idée: sécuriser la trajectoire des comptes publics sans dégrader l’attractivité du territoire ni l’investissement en R&D.
Fiscalité du capital: points d’attention pour les groupes et ETI
Trois sujets concentrent les échanges techniques: articulation IFI et investissements productifs, traitement des plus-values de cession avec réinvestissement, et prévisibilité des régimes incitatifs (JEI, CIR). La clé recherchée est la stabilité sur un horizon pluriannuel, condition d’un pipeline d’investissements crédible.
Dialogue social: accords possibles et lignes de fracture
Sur la méthode, Patrick Martin plaide pour des discussions interprofessionnelles laissées aux partenaires sociaux. Les accords de branche récents ont montré que le compromis reste atteignable dans plusieurs secteurs, même en contexte tendu. Mais le patronat déplore des annonces publiques sans concertation préalable suffisante, qui rigidifient ensuite la négociation.
Le récent conclave sur les retraites n’a pas abouti. Et la journée “Bloquons tout” annoncée au 10 septembre est observée avec prudence. En toile de fond: un risque de contagion sociale qui viendrait parasiter les calendriers d’approvisionnement, la logistique urbaine et les plannings de livraison fin d’année.
Comptes publics: chiffres clés et trajectoire 2025-2026
Le débat budgétaire constitue le cœur stratégique de la rentrée. La France navigue avec un déficit public 2024 proche de 5,8 % du PIB, soit quasiment le double du plafond européen de 3 %. La dette publique dépasse 110 % du PIB. Dans ce contexte, l’exécutif a présenté mi-juillet un plan de redressement visant 43,8 milliards d’euros d’économies et un déficit ramené à 4,6 % en 2026 (info.gouv).
Le Medef soutient l’objectif de redressement, mais alerte sur la composition des efforts. Dans son optique, l’accélération du taux d’emploi et l’augmentation du nombre d’heures travaillées par semaine constituent des leviers plus puissants que la hausse de prélèvements sur le capital.
Patrick Martin a par ailleurs marqué ses réserves face à la proposition de travailler deux jours fériés supplémentaires, annoncée en juillet. Le message: privilégier les mesures qui entraînent sans affaiblir l’attractivité.
Repères chiffrés 2024-2026
Les directions financières ont besoin d’un cadrage consolidé. Voici les repères à suivre:
Le marché teste la crédibilité de la trajectoire. Les investisseurs regardent le détail des économies, l’ampleur des éventuels prélèvements et la soutenabilité sociale des ajustements. L’arbitrage n’est pas purement comptable: il conditionne le coût du capital, le niveau de prime de risque exigée et, in fine, la valeur de marché des entreprises.
La règle revisée insiste sur l’ancrage de la dette. En pratique, les États doivent présenter une trajectoire crédible de réduction du déficit en dessous de 3 % et de stabilisation de la dette vers 60 % du PIB. Des coûts de non-conformité peuvent se matérialiser via des procédures renforcées et une pression accrue des marchés. Pour les entreprises, cela pèse sur les anticipations de fiscalité et de dépense publique sectorielle.
Sur le front de l’emploi, la France progresse mais reste en retrait. Le taux d’emploi des 15-64 ans tourne autour de 68 %, en dessous de la moyenne européenne proche de 75 % (INSEE). Pour l’exécutif comme pour le Medef, l’accélération de l’emploi constitue le levier le plus robuste de soutenabilité budgétaire.
Clôture à haute intensité: lignes de fracture et compromis possibles
Le débat final de la REF réunit des responsables politiques de premier plan: Bruno Retailleau, Jordan Bardella, Gabriel Attal, Fabien Roussel, Manuel Bompard et Marine Tondelier. Objectif: clarifier les lignes en vue du budget 2025. Olivier Faure et Édouard Philippe, eux, ne participent pas cette année, retenus par d’autres engagements.
Le Medef y exposera fermement ses positions. Patrick Martin compte défendre les fondamentaux de l’attractivité: stabilité fiscale, renforcement de l’offre productive, simplification administrative. Au-delà des postures, les chefs d’entreprise attendent des signaux concrets: quelle trajectoire sur la fiscalité du capital, quelle priorité sur le travail, quelle séquence pour les réformes structurelles.
Quels compromis possibles sur le budget 2025
Les compromis crédibles identifiés par plusieurs directions financières s’organisent autour de trois champs:
- Investissement et innovation: sécuriser les dispositifs clés (CIR, JEI), flécher les aides vers la productivité, garantir la stabilité pluriannuelle.
- Marché du travail: améliorer les incitations à l’emploi, soutenir la formation vers les métiers en tension, faciliter la mobilité professionnelle.
- Consolidation budgétaire: cibler des économies de fonctionnement, passer au crible les dépenses fiscales inefficaces, éviter les hausses confiscatoires.
Dans les échanges, le rôle de pivot du Parti socialiste est plusieurs fois évoqué. Il avait contribué l’an dernier à laisser passer le budget. Cette année encore, l’équation se jouera sur des ajustements fins susceptibles de rassembler une majorité de passage. Pour les entreprises, la question n’est pas idéologique: c’est l’exécution qui comptera, ligne par ligne.
L’IFI cible l’immobilier non professionnel. Un éventuel ISF réélargirait l’assiette aux placements financiers.
Effets attendus selon les économistes: arbitrages d’allocations vers l’étranger, complexification des montages patrimoniaux et pression accrue sur les valorisations d’actifs non cotés. Les partisans d’un ISF rénové évoquent une contribution de solidarité temporaire, mieux calibrée. Le patronat craint des effets d’éviction sur le financement productif.
Trois signaux que les investisseurs guettent à la REF
- La clarté sur la trajectoire budgétaire 2025-2026, avec un calendrier d’exécution crédible.
- La stabilité du cadre fiscal du capital, sans revirements à court terme.
- Le cap sur l’emploi: simplification des dispositifs d’accès et sécurisation des parcours de formation.
Cartographie des risques opérationnels pour les entreprises
Au-delà des principes, les responsables risques et contrôle interne actualisent leurs matrices. Principaux postes suivis:
- Financement: sensibilité au spread souverain, coût de couvertures de taux, disponibilité des lignes.
- Réglementaire: exposition à des changements d’assiettes fiscales ou de niches sectorielles.
- Social: risque de blocages ponctuels le 10 septembre et après, impact sur la supply chain et le service client.
- Réputation: nécessité de documentation ESG cohérente avec les arbitrages d’investissement.
La REF est traditionnellement un moment de mise à jour croisée: hauts-de-bilan, programmes d’optimisation du besoin en fonds de roulement, et stratégies d’achats. En 2025, les directions doivent coordonner ces chantiers avec un cap politique encore incertain. D’où la demande de visibilité exprimée à tous les panels.
Pour les entreprises, un jeu qui se joue avant les arbitrages budgétaires
La REF 2025 assume son rôle: transformer le débat politique en checklist opérationnelle pour les dirigeants. Le déplacement à Roland-Garros renforce la portée de l’événement et confirme l’intuition initiale: c’est au moment où l’incertitude s’accroît que le besoin de pragmatisme est maximal.
Le patronat a balisé ses priorités: ne pas dégrader l’attractivité fiscale, activer les leviers d’emploi, cibler les économies publiques efficaces et préserver l’investissement productif. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques, avec un rendez-vous clef le 8 septembre et une loi de finances à fort enjeu d’exécution. Dans un set serré, la différence se joue rarement sur un coup d’éclat, mais sur la qualité des enchaînements et la constance du plan de jeu.