Quel impact de la fermeture de la base easyJet à Toulouse ?
Découvrez comment la fermeture de la base easyJet affecte l'aéroport de Toulouse-Blagnac et l'accessibilité régionale.

L’aéroport de Toulouse-Blagnac traverse un printemps sous tension. Avec 2 060 438 passagers entre le 1er avril et le 30 juin 2025, le hub occitane enregistre un repli de 3,7 % par rapport à 2024. Le retrait d’easyJet à compter d’avril a déclenché une réorganisation rapide de l’offre, pesant sur la connectivité et les flux, tout en révélant des fragilités structurelles.
Performance opérationnelle en léger recul
Le trafic total du deuxième trimestre 2025 s’élève à 2 060 438 passagers. La baisse est contenue mais visible, à hauteur de 3,7 % sur un an, et traduit un effet base défavorable après l’arrêt de la base toulousaine d’easyJet début avril. Par rapport à l’avant-crise, l’aéroport se situe autour de 80 % des volumes de 2019, confirmant un palier encore en deçà de la pleine normalisation.
La structure du trafic illustre cette inflexion. L’international domine, avec 60 % des passagers, mais recule de 5 %. Le domestique résiste un peu mieux avec 40 % du total et une baisse de 2 %. Les liaisons transversales, qui connectent les régions sans passer par Paris, encaissent le choc le plus net, en recul de 12 % du fait de suppressions de lignes.
Le périmètre marchand suit la même trajectoire. Les mouvements commerciaux atteignent 16 646 opérations, en baisse de 8 %. Côté marchandises, le fret et la poste totalisent 7 692 tonnes, soit un repli de 3 %. L’ensemble dessine une activité en contraction, plus sensible sur l’offre que sur la demande, ce qui traduit des arbitrages de flotte et une reconfiguration de réseau.
Un recul des mouvements supérieur à celui des passagers traduit une montée du taux de remplissage moyen ou une optimisation des capacités. La baisse plus marquée de l’international peut refléter une réduction de l’offre low-cost et des arbitrages de voyageurs face aux prix. Les flux transversaux, sensibles aux suppressions de lignes, servent de baromètre de la concurrence entre hubs régionaux.
Fermeture d’une base low-cost et effet domino sur la connectivité
La fermeture de la base easyJet à Toulouse, effective début avril 2025, est le pivot explicatif du trimestre. Au-delà du symbole, il s’agit d’un repositionnement industriel qui retire des avions basés et réalloue des équipages. Le résultat est mécanique: des départs matinaux amoindris, une flexibilité plus réduite, et des fréquences ajustées à la baisse sur plusieurs axes.
Offre supprimée, villes moins accessibles
Des liaisons vers Lille et Rennes ont disparu du programme, supprimant des itinéraires prisés des voyageurs d’affaires et des étudiants. Ces liaisons courtes soutenaient l’écosystème régional en facilitant les rendez-vous interrégionaux et l’accès aux salons professionnels sans correspondance.
La conséquence est double. D’abord un report vers la route ou le rail, qui peut rallonger les temps de trajet lorsque l’offre TGV n’est pas optimale. Ensuite une concentration de la demande vers les acteurs restants, avec à la clé une moindre intensité concurrentielle et, potentiellement, des prix plus élevés sur certains créneaux horaires.
Easyjet : stratégie et résultats
La compagnie britannique a rationalisé son empreinte en Europe pour maximiser la saisonnalité et recentrer ses moyens sur des bases à plus forte densité. À Toulouse, l’abandon de la base n’a pas signifié un départ total, mais une réduction des angles morts opérationnels comme les vols très matinaux. Ce mouvement a pesé sur la connectivité point-à-point et sur le volume des passagers.
En pratique, les compagnies qui n’ont pas d’avions basés localement offrent moins de flexibilité. Les premières et dernières ondes de départ, essentielles aux navettes affaires et aux correspondances, deviennent plus rares. La « base » n’est pas un label marketing, c’est une infrastructure organisationnelle qui soutient l’amplitude horaire et la densité des fréquences.
Effets immédiats de la fermeture d’une base
La suppression d’une base affecte en priorité les lignes « transversales » non alimentées par des flux de correspondance. Elle réduit la capacité à lisser les aléas, diminue les premières ondes de départ, fragilise les fréquences et peut renchérir le coût du dernier siège. À court terme, le remplissage tient, mais l’accessibilité régionale se contracte.
International en retrait, domestique plus résilient
L’international capte 60 % des passagers au printemps, mais décroche de 5 % sur un an. Plusieurs facteurs y concourent. D’abord la réduction d’options low-cost, qui pèse sur la demande loisirs et sur une partie des déplacements professionnels à faible budget. Ensuite un environnement prix moins favorable, mesuré par l’indice des prix du transport aérien de passagers, qui alimente une sensibilité accrue à la dépense.
Le domestique résiste mieux avec -2 %, porté par des axes majeurs et des besoins récurrents en déplacements interrégionaux. Cependant, la chute de 12 % des vols transversaux reflète la perte d’alternatives sur les lignes qui structuraient les trajets d’affaires non Paris-dépendants. Cette pression s’observe typiquement sur les marchés où la fréquence vaut autant que le prix.
Qui est atb et quel est son rôle dans l’économie locale
Opérateur de la plateforme, l’aéroport de Toulouse-Blagnac organise la chaîne de valeur du trafic passagers et fret pour l’agglomération et au-delà, avec un effet d’entraînement sur l’emploi, l’hôtellerie, la restauration, les services au sol et la maintenance aéronautique. La performance de l’aéroport alimente l’attractivité de la métropole, en particulier pour les filières aéronautiques, spatiales et technologiques.
La baisse actuelle n’implique pas une remise en cause des fondamentaux, mais souligne la nécessité d’équilibrer la dépendance aux bases de compagnies et d’accélérer la diversification des opérateurs. La concurrence entre hubs régionaux se joue sur la capacité à maintenir un maillage transversal riche, critère déterminant pour les PME exportatrices et les sièges régionaux.
Un vol transversal relie deux régions sans passage par Paris. Pour les dirigeants, il raccourcit les allers-retours dans la journée, réduit les coûts cachés de déplacement et soutient la productivité des équipes. Sa disparition contraint à des correspondances ou au terrestre, allongeant la durée de mission et compliquant la logistique des rendez-vous.
Fret et mouvements commerciaux : pression sur la chaîne logistique
Le trafic de fret et de poste atteint 7 692 tonnes, en recul de 3 % par rapport au deuxième trimestre 2024. Cette baisse reste mesurée, mais elle s’inscrit dans une tendance légère de normalisation des flux aériens en France, en interaction avec la compétitivité du transport terrestre et les arbitrages de chaînes d’approvisionnement.
Les 16 646 mouvements commerciaux recensés, soit une baisse de 8 %, signalent des plans de vol plus prudents, des ajustements de capacités et une intensification du remplissage. Les compagnies prolongent la vie des fréquences les plus performantes et réduisent celles où le panier moyen s’érode. L’environnement réglementaire européen, plus exigeant en matière d’émissions, renforce ces arbitrages.
- Réduction des rotations peu rentables, priorisées en fin de journée.
- Capacités concentrées sur les créneaux les plus porteurs en revenus.
- Optimisation du coût au siège-kilomètre offert, avec un remplissage plus tendu.
Pour les chargeurs, l’effet est ambivalent. Moins de rotations peut signifier des délais plus longs ou une bascule vers la route. À l’inverse, des plans de vol plus lisibles améliorent la fiabilité opérationnelle. Les flux sensibles au délai, comme certaines pièces aéronautiques, requièrent un dialogue renforcé entre opérateurs et industriels.
Bon à savoir sur l’IPTAP
L’indice des prix du transport aérien de passagers suit l’évolution des tarifs et éclaire l’arbitrage des ménages et entreprises. Une hausse de l’indice peut déplacer la demande vers le rail ou réduire les fréquences de déplacements professionnels. Les entreprises gagnent à intégrer cet indicateur dans leurs budgets voyages et la renégociation de leurs politiques déplacements.
Positionnement national : un rattrapage encore inachevé
Au plan national, les statistiques officielles du transport aérien confirment une reprise post-pandémie inégale selon les segments et les régions. À Toulouse, le niveau du deuxième trimestre 2025 représente environ 80 % du volume de 2019, soit une trajectoire qui reste inférieure à la moyenne des périodes fastes d’avant-crise. Le premier trimestre avait donné des signaux d’essoufflement, et le printemps a amplifié cette inflexion.
Deux indicateurs doivent retenir l’attention des dirigeants. D’une part, la part croissante de l’international expose davantage au cycle économique global et à la dynamique des prix. D’autre part, la moindre densité des transversales met à l’épreuve la compétitivité régionale, notamment pour les secteurs à forte intensité de rendez-vous commerciaux en France.
- Orientation internationale plus volatile, sensible aux stratégies capacity-led des compagnies.
- Domestique plus stable, mais avec des trous de maillage quand une base ferme.
- Amplitude horaire en contraction, ce qui pénalise les allers-retours dans la journée.
La photographie du trimestre illustre une économie de réseau en recomposition. Les métriques d’ATB cadrent avec les tendances nationales publiées régulièrement par les autorités, qui mettent en lumière des écarts de trajectoire entre plateformes selon la structure de leur trafic et la présence d’opérateurs basés.
Les publications statistiques du transport aérien détaillent mensuellement le trafic passagers, fret, mouvements, ainsi que les analyses thématiques. Pour un décideur, ces documents offrent un cadrage macro permettant d’anticiper la saisonnalité, la sensibilité prix et le comportement des compagnies sur la capacité. Ils contextualisent les performances locales au sein des tendances nationales.
Conséquences économiques locales et leviers pour les entreprises
Le retrait d’une base low-cost ne se limite pas à un indicateur de passagers. Il impacte la productivité des déplacements professionnels, la capacité des PME à couvrir des territoires de prospection et la fréquentation des événements économiques. À court terme, les entreprises révisent leurs agendas et privilégient les rendez-vous groupés ou hybrides.
Les secteurs les plus exposés sont ceux qui reposent sur des déplacements fréquents et peu anticipés. Cabinets de conseil, ESN, acteurs industriels à cycles d’audits ou de maintenance, fédérations professionnelles, tous subissent l’effet délai, avec un coût total du déplacement qui dépasse le simple prix du billet.
- Temps de trajet plus long, baisse du nombre de rendez-vous tenables dans une journée.
- Budget déplacements sous pression quand l’offre concurrentielle se raréfie.
- Réallocation du mix de déplacement vers le rail et la route selon les temps de parcours.
Pour la chaîne hôtelière et l’événementiel, l’effet peut être différé. Moins d’accessibilité aérienne réduit l’attrait des congrès régionaux, même si les hubs alternatifs en Occitanie et dans les régions voisines offrent des solutions partielles. L’écosystème d’ATB, incluant la maintenance et les services aéroportuaires, ajuste ses plannings à des ondes de trafic plus comprimées.
Ryanair : ancrage low-cost maintenu
L’aéroport s’appuie sur d’autres transporteurs pour amortir le choc. Ryanair maintient une présence significative et peut jouer un rôle de stabilisation sur certaines liaisons. Toutefois, la mécanique d’une base propre à une compagnie n’est pas parfaitement substituable. Chaque opérateur optimise en fonction de son réseau européen, de ses rendements et de ses coûts unitaires.
La stratégie d’ATB consiste donc à combiner maintien des partenaires existants, prospection de nouvelles lignes et soutien commercial aux fréquences à valeur ajoutée pour les entreprises locales. La clé tient dans l’arbitrage entre la couverture de destinations et la consolidation d’axes stratégiques à forte densité affaires.
Lecture stratégique : ce que disent vraiment les chiffres du trimestre
Le trimestre ne raconte pas l’histoire d’une demande en chute, mais celle d’une offre réécrite. Un recul de 3,7 % des passagers, combiné à -8 % de mouvements, signifie que les compagnies ont probablement mieux rempli leurs avions tout en retirant des fréquences marginales. Le recul du fret et poste de 3 % suggère un ajustement fluide plutôt qu’un stress logistique massif.
En pratique, cela appelle trois lectures managériales. Premièrement, la planification des déplacements devient un sujet de performance interne. Deuxièmement, la relation avec les transporteurs doit se penser sur un horizon semestriel plutôt que sur des habitudes historiques. Troisièmement, la veille sur les indicateurs de prix et de capacité prend de l’importance, y compris pour les PME.
- Anticiper les pics et creux de capacités, notamment en automne et au cœur de l’été.
- Négocier des accords entreprises modulaires permettant de capter les fréquences clés.
- Réévaluer les destinations prioritaires à l’aune des temps de trajet réels porte à porte.
À retenir pour les directions financières
Le couple capacité-prix est redevenu premier déterminant du coût déplacement. Un repli des mouvements supérieur au repli des passagers appelle une vigilance renforcée sur les fenêtres de départ et les politiques d’annulation. Intégrer un paramètre « accessibilité effective » dans les budgets peut limiter les dérives en fin d’exercice.
Cadre institutionnel et signaux conjoncturels
Le Ministère de la Transition écologique publie des analyses thématiques et un bulletin statistique qui documentent la conjoncture du transport aérien en France. Ces références, utiles aux directions achats et mobilité, replacent Toulouse-Blagnac dans une tendance nationale de reprise encore heurtée, avec un déséquilibre entre segments loisirs et affaires. L’écart de performance entre plateformes provient en grande partie de la structure de l’offre.
Dans ce contexte, l’utilité des indices officiels ne se limite pas à l’observation. L’indice des prix du transport aérien permet d’anticiper les points de tension budgétaires plusieurs semaines à l’avance, en lien avec les périodes de forte demande. Les publications d’analyse sectorielle, comme les notes de conjoncture et les éclairages dédiés, fournissent des clés de lecture sur la saisonnalité et l’évolution des réseaux.
Pour les décideurs locaux, l’enjeu est d’aligner la stratégie de déplacements avec ces baromètres. La visibilité sur les capacités et les prix est devenue un avantage compétitif. Les organisations qui intègrent ces données pilotent mieux leurs coûts, évitent les embouteillages de voyage et sécurisent leurs priorités commerciales.
Établir une veille mensuelle, croiser l’indice de prix avec les annonces de réseau des compagnies et le calendrier d’événements sectoriels. Cette approche met en évidence les fenêtres de moindre tension, propices à la tenue de séminaires, salons ou tournées commerciales, tout en optimisant les achats de billets et l’occupation des équipes.
Programme de reprise : marges de manœuvre d’atb et du marché
Malgré la contraction du trimestre, ATB anticipe un redressement progressif si de nouveaux transporteurs s’installent ou si des extensions de lignes voient le jour. Le chantier est opérationnel et commercial avant tout. Il s’agit d’attirer des opérateurs capables de proposer des fréquences utiles aux entreprises et des prix compétitifs pour la clientèle loisirs.
Quatre leviers concrets pour stabiliser le trafic en 2025
- Diversification des opérateurs avec un ciblage des transporteurs capables d’ouvrir des transversales pérennes, y compris en saison creuse.
- Partenariats de co-marketing pour soutenir le remplissage lors des premiers mois d’ouverture de ligne, période la plus fragile économiquement.
- Optimisation de l’amplitude horaire afin de restaurer des allers-retours dans la journée, déterminants pour la clientèle affaires.
- Coordination avec les acteurs économiques régionaux afin d’aligner les besoins de mobilité sur les périodes d’événements et de pics d’activité.
Le rôle de plateformes régionales comme Toulouse-Blagnac est d’accompagner la reconfiguration sans rompre les équilibres prix-fréquences. La présence de compagnies low-cost comme Ryanair assure un socle volume, mais la valeur pour l’économie locale repose aussi sur la densité des dessertes régulières vers les métropoles nationales et européennes clés.
Sur le volet communication, la transparence sur les ouvertures et fermetures de lignes, combinée à une politique d’incitation ciblée, favorise l’adoption rapide des nouvelles liaisons. La fenêtre estivale peut amorcer un rebond partiel, mais l’automne constituera le vrai test de robustesse, lorsque la demande affaires redevient le moteur du trafic.
Ce que les dirigeants peuvent attendre du second semestre 2025
Le bilan du printemps offre un enseignement clair. L’offre fait le marché à court terme, et sa contraction, même modeste, freine la fluidité des déplacements. Pour les entreprises, l’enjeu est d’anticiper, de hiérarchiser les déplacements et d’exploiter les alternatives crédibles quand elles existent. Pour l’aéroport, la priorité est de sceller des alliances opérationnelles qui rétablissent les fréquences utiles.
En trame de fond, deux capteurs guideront les décisions des prochains mois: l’évolution des capacités programmées par les compagnies et l’orientation de l’indice des prix du transport aérien. À Toulouse-Blagnac, la reconquête passera par la qualité du maillage et par l’attractivité commerciale des créneaux stratégiques, avec un objectif de rattrapage progressif sur le socle 2019.
(ATB, 2e trimestre 2025) et (Ministère de la Transition écologique) fournissent les repères statistiques clés qui encadrent ces décisions.
Au-delà du repli mesuré du trimestre, c’est la reconfiguration de l’offre qui dicte le tempo : restaurer des fréquences à forte valeur, diversifier les opérateurs et piloter les coûts de mobilité seront les trois déterminants du redressement de l’écosystème toulousain en 2025.