À Lyon, la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne a officialisé, lundi 8 septembre 2025, les 10 lauréates de Slush Starter 2025 lors d’une soirée dédiée au financement des entreprises innovantes, sous le parrainage d’Alexandre Aulas, directeur général du family office Holnest. Avec un accompagnement renforcé et un objectif clair de levées de fonds d’au moins 500 000 euros, la promotion vise une accélération rapide vers l’international.

Slush starter 2025 : une sélection orientée traction et financements significatifs

Le concours Slush Starter, porté pour la deuxième année par la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne avec l’appui d’Enterprise Europe Network, a retenu 10 start-up régionales pour leur capacité à transformer un avantage technologique en traction commerciale et à structurer une levée de capital significative. Les critères clés ont combiné maturité produit, ambition export, différenciation technologique et crédibilité financière.

Au-delà de la sélection, le dispositif mise sur un accompagnement à forte valeur : coaching de pitch, construction du narratif equity story, préparation de data room, structuration des KPI de croissance, et entrainement aux simulations d’investor meetings. Cette mécanique vise à réduire les frictions observées sur le marché du seed et du post-seed, particulièrement dans un environnement où l’accès au capital s’est durci.

Le parrainage d’Alexandre Aulas, via Holnest, envoie un signal clair sur l’importance des family offices dans l’architecture de financement early stage. En France, ces acteurs jouent un rôle d’entraînement, notamment lorsque la période exige des tours de table plus disciplinés et des plans d’utilisation de fonds crédibles. L’alignement entre investisseurs privés, instruments publics et accompagnement consulaire maximise ici les chances d’exécution.

Ce que la CCI attend des lauréates en 2025

Profil visé et livrables attendus avant Helsinki :

  1. Levée cible : au moins 500 000 euros, avec un plan d’exécution précis sur 18 à 24 mois.
  2. Traction : premiers clients, pilotes ou POC signés, ou partenariats d’industrialisation matérialisés.
  3. Propriété intellectuelle : protections déposées ou en cours lorsque la technologie est cœur d’actif.
  4. Gouvernance : pacte structuré, cap table lisible, modalités d’attribution des BSPCE anticipées.

Fixer un plancher de 500 000 euros pousse les sociétés à viser un tour structurant plutôt qu’une succession de micro-tours. Avantage : une visibilité budgétaire qui permet de recruter, d’industrialiser et de passer la « vallée de la mort » du go-to-market. Effet collatéral : un processus de due diligence plus exigeant qui crédibilise la gouvernance et la rigueur financière.

Accès direct à helsinki : quatre coups de cœur et des positionnements différenciants

Parmi les 10 lauréates, quatre sociétés obtiennent un accès privilégié à Slush, à Helsinki, les 19 et 20 novembre 2025. Elles bénéficient de rencontres ciblées avec investisseurs et décideurs internationaux. Chacune illustre une thèse sectorielle forte : spatial durable, biotechnologies santé, semi-conducteurs de rupture, protéines alternatives.

Ascend beyond space : technologies spatiales et sobriété orbitale

Localisée en Haute-Savoie, Ascend Beyond Space développe des briques technologiques pour l’exploration et l’exploitation spatiale avec un prisme de durabilité. Ce positionnement répond à une double exigence : amélioration de la performance en environnement extrême et réduction des externalités négatives sur l’orbite.

Dans un marché européen dont les engagements publics ont dépassé 10,8 milliards d’euros en 2024, la fenêtre est propice à l’émergence de nouveaux fournisseurs orientés deeptech. La capacité à démontrer des jalons techniques clairs, alignés sur des TRL élevés et sur des besoins d’intégrateurs, sera déterminante.

Reventus pharma : thérapies ciblées pour maladies mitochondriales

Basée à Villeurbanne, Reventus Pharma oriente sa R&D vers des approches innovantes contre les pathologies mitochondriales, des maladies rares qui affectent la production d’énergie cellulaire. Prévalence estimée : environ 1 personne sur 4 000 en France.

La différenciation de l’entreprise repose sur les mécanismes d’action ciblés et une trajectoire réglementaire maîtrisée, de la preuve de concept préclinique à la clinique. L’inscription dans les priorités d’innovation en santé de French Tech 2030 renforce l’accès aux financements non dilutifs et aux partenariats académiques, facteur clé pour réduire le risque de développement.

Diamfab : le diamant de synthèse comme plateforme semi-conducteurs

Originaire de l’Isère, DiamFab conçoit des matériaux électroniques à base de diamant de synthèse pour des applications haute performance. Conductivité thermique, rigidité diélectrique, tenue en température : le diamant offre un ensemble de propriétés de premier plan pour l’électronique de puissance et les capteurs robustes.

Le contexte réglementaire et industriel européen, avec le Chips Act et des dispositifs comme Première Usine, soutient l’industrialisation de briques critiques à forte intensité capitalistique. Le passage à l’échelle s’apprécie ici côté yield, répétabilité et qualification fournisseur, autant de marqueurs attendus par les clients industriels.

Verley : protéines laitières non animales par biotechnologie

Implantée à Lyon, Verley produit des protéines laitières sans recours à l’élevage, via des procédés de fermentation de précision. Le marché des protéines alternatives s’industrialise, porté par une demande pour des solutions à faible empreinte et par l’émergence de filières spécialisées.

Le défi pour Verley est double : sécuriser la conformité réglementaire, notamment au titre des « novel foods », et atteindre des coûts de production compétitifs face aux filières conventionnelles. Les premiers contrats d’approvisionnement B2B et des partenariats R&D aval avec des transformateurs seront des preuves de marché attendues par les investisseurs.

Pourquoi l’accès à Slush est stratégique

Deux avantages concrets :

  • Densité d’investisseurs : rencontres concentrées sur 48 heures avec un ciblage sectoriel fin, optimisant le ratio temps passé versus capital levé.
  • Effet de label : la sélection par un programme régional et l’accès à un sommet majeur renforcent la crédibilité auprès de fonds internationaux.

Helsinki en novembre : dealflow condensé et métriques à suivre

Avec un format intensif, Slush est conçu pour catalyser les rencontres. En 2024, l’événement a rassemblé plus de 13 000 participants, dont 3 300 start-up et 1 800 investisseurs. Pour les lauréates françaises, le pari est clair : transformer un parcours de prospection de plusieurs mois en un sprint de deux jours, avec un pipeline de rendez-vous qualifiés, une segmentation claire des fonds ciblés et des suites définies dès l’événement.

Métriques Valeur Évolution
Participants Slush 2024 13 000+ non communiqué
Start-up présentes 3 300 non communiqué
Investisseurs accrédités 1 800 non communiqué
Fonds CCI additionnel pour l’amorçage +3,5 M€ nouvelle enveloppe
Ticket minimal visé par lauréate 0,5 M€ seuil fixé

La proposition de valeur de Slush tient dans son power-networking. Calendrier serré, formats de speed meetings, suivi post-événement par e-mailing et agendas partagés : la réussite passe par des messages calibrés, un deck court adapté aux standards internationaux et un one-pager opérationnel pour déclencher des due diligences ciblées. La CCI, via des sessions de préparation, professionnalise cette mécanique et réduit le risque d’un storytelling déconnecté des réalités opérationnelles.

Objectif : 10 à 14 rendez-vous qualifiés par jour, segmentés par thèse d’investissement et taille de fonds. Prévoir des créneaux de suivi courts sur place. Livrables prêts : deck 10-12 slides, data room light pour un premier niveau (cap table, prévisionnel, KPI), case studies clients. Finalité : décrocher 3 à 4 due diligences approfondies dans les 15 jours.

Effet de levier public-privé : articulation avec france 2030 et l’investissement international

Le programme s’inscrit dans une dynamique nationale d’accélération industrielle. Les annonces récentes du plan France 2030 et la sélection de nouveaux projets industriels renforcent le maillage entre financements publics et capitaux privés.

Lors du Sommet Choose France 2025, 40,8 milliards d’euros d’investissements étrangers ont été annoncés, dont des volets technologiques et industriels concrets (DGE). L’enjeu pour les lauréates est d’aligner leur feuille de route avec ces dispositifs : subventions et avances remboursables, appels « Première Usine » pour l’industrialisation, et complémentarité avec l’equity privé.

La mécanique est connue des investisseurs : sécuriser des financements non dilutifs pour dé-risquer les jalons techniques, puis aller chercher des tickets privés pour accélérer la mise sur le marché. Dans ce schéma, le rôle d’acteurs comme les family offices est critique en amorçage et pré-série A, car ils peuvent décider plus rapidement et accompagner sur des sujets de gouvernance, recrutement clé et structuration commerciale.

Le message de Philippe Valentin, président de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne, résume l’objectif de ce « raccourci stratégique » : « En deux jours à Helsinki, ces jeunes entreprises rencontreront plus d’investisseurs et de partenaires qu’en plusieurs mois en France. C’est ce raccourci stratégique que nous voulons leur offrir. »

Points de vigilance juridiques pour une levée européenne

Les process de levée cross-border impliquent une discipline juridique accrue :

  • Term sheet : clarifier préférences de liquidation, droits de veto, clauses anti-dilution, obligations d’information.
  • Propriété intellectuelle : sécuriser la titularité des codes et brevets, vérifier les contrats de sous-traitance et cessions de droits.
  • RGPD et flux de données : anticiper la conformité en cas de services déployés en Europe et d’hébergeurs extra-européens.
  • Cadre réglementaire sectoriel : GMP pour pharma, qualification et traçabilité pour semi-conducteurs, évaluation novel foods pour protéines innovantes.
  • BSPCE et pacte : aligner les packages d’intéressement, verrouiller les clauses d’exit et la gouvernance.

Capacités régionales et ancrage économique : le signal envoyé par la métropole lyonnaise

Le renforcement du fonds d’amorçage de la CCI, avec 3,5 millions d’euros supplémentaires, traduit une volonté d’augmenter le volume d’opérations financées et d’ancrer localement les chaînes de valeur. La région Auvergne-Rhône-Alpes revendique un socle entrepreneurial consistant, avec plus de 1 200 start-up pour environ 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulés. Cette densité offre au programme une base de dealflow diversifiée : industrie, santé, digital, climat et matières avancées.

Pour la CCI, l’objectif n’est pas uniquement la levée en tant que telle, mais l’effet d’entraînement : renforcer l’emploi qualifié, générer des commandes locales via les intégrateurs industriels et attirer des investissements internationaux en capacité productive. L’accompagnement proposé s’étend par ailleurs à la consolidation des relations B2B, à l’export et à la diplomatie économique d’entreprise.

Enterprise Europe Network active des outils concrets : diagnostics d’accès marché, mise en relation avec des distributeurs et partenaires technologiques, rendez-vous B2B lors de salons. Pour des sociétés industrielles, c’est un relais déterminant afin d’identifier des sites pilotes et de co-développer avec des groupes européens.

Feuille de route des lauréates avant helsinki : livrables, conformité et preuves de marché

À moins de trois mois de l’événement, les sociétés retenues doivent finaliser un ensemble de livrables stratégiques. La qualité de ces éléments conditionne la rapidité de bascule vers une due diligence avancée après Slush. L’enjeu demeure de démontrer la crédibilité économique de l’ambition, au-delà de l’innovation technique.

  • Finance et modèle : prévisionnel étayé par des hypothèses de coûts réalistes, trajectoire de marge brute, plan de trésorerie et points de vérité trimestriels.
  • Commercial : pipeline qualifié, lettres d’intention ou accords de principe, références clients et cycles de vente documentés.
  • Produit et industrialisation : feuille de route produit, jalons techniques, contrôle qualité, fournisseurs critiques et plans de mitigation.
  • Gouvernance : pacte d’associés à jour, comité stratégique opérationnel, répartition claire des rôles et reporting.
  • ESG et conformité : mesure des impacts, traçabilité environnementale, conformité réglementaire sectorielle.

La préparation se décline différemment selon les secteurs représentés par les coups de cœur, ce qui suppose de calibrer l’histoire et les preuves selon les attentes des fonds spécialisés.

Ascend beyond space : exigences sectorielles à anticiper

Dans le spatial, les investisseurs attendent une cartographie claire des TRL, un plan d’essais en environnement représentatif, et la compatibilité avec les standards d’intégrateurs. Côté business, l’alignement avec les chaînes de valeur européennes et l’accès aux marchés institutionnels sont regardés de près. La mise en avant de programmes éligibles à des cofinancements réduit la perception de risque.

Reventus pharma : cap réglementaire et partenariats cliniques

Pour une biotech ciblant des maladies rares, la clé tient dans la solidité des données précliniques, la stratégie d’essais cliniques, l’accès à des KOL et la propriété intellectuelle. Les investisseurs évaluent la maturité GMP du réseau de contract manufacturers et la qualité du plan de financement non dilutif. L’intégration dans des dispositifs d’innovation en santé crédibilise la trajectoire.

Diamfab : qualification industrielle et chaîne d’approvisionnement

Les fonds orientés composants exigent des preuves de répétabilité, yield, stabilité des procédés, et l’aptitude à répondre à des cahiers des charges stricts. La structuration des partenariats d’industrialisation et la disponibilité de sample kits qualifiés sont des accélérateurs de cycles de vente. L’alignement avec les priorités européennes en semi-conducteurs est un signal positif.

Verley : régulation novel foods et compétitivité coût

Pour une entreprise de fermentation de précision, les jalons réglementaires et la feuille de route d’homologation priment. Les investisseurs challengent le coût matière, le coût de bioprocédé et la courbe d’apprentissage industrielle. Des accords avec des acteurs agroalimentaires pour des séries pilotes, assortis d’engagements de volumes, sont des marqueurs d’adoption.

Le « shortcut » recherché par la CCI

Objectif assumé : substituer des mois de prospection par un dealflow qualifié en deux jours. L’argument fait écho à la densité de Slush et à l’enveloppe renforcée d’amorçage de la CCI. Résultat attendu : plus de due diligences lancées, des tickets moyens mieux calibrés et un ancrage industriel régional consolidé.

Indicateurs à partager d’emblée : coût d’acquisition client et LTV sur premiers segments, marge brute par ligne de produit, état des stocks et délais fournisseurs, maturité industrielle et CAPEX à 12 mois, part du chiffre d’affaires récurrent. Ces métriques structurent la discussion et facilitent la qualification.

Gouvernance, pacte et exécution : ce que regardent vraiment les investisseurs

Dans un cycle de marché plus sélectif, les fonds accordent une prime aux dossiers « exécutables ». Au-delà de l’innovation, trois sujets font la différence : la lisibilité de la cap table, la discipline d’exécution et la capacité à reporter des métriques clés sans friction. Les comités d’investissement sanctionnent les incohérences entre pitch, prévisionnel et pipeline, ou un manque de maturité sur la qualité des données financières.

La CCI, en cadrant un parcours d’accompagnement intensif, réduit ces angles morts. En parallèle, l’implication de Holnest porte une expertise d’investisseur actif qui peut challenger les plans d’actions au niveau opérationnel. L’effet combiné se traduit par des tours mieux structurés et un taux de conversion plus élevé des premiers entretiens à Slush en due diligences formelles.

Note méthodologique : le programme Slush Starter s’inscrit dans une stratégie régionale de soutien à l’innovation, en complément de dispositifs nationaux. En 2024, Slush a accueilli plus de 13 000 participants, dont 3 300 start-up et 1 800 investisseurs, attestant du caractère catalyseur de l’événement pour la levée de fonds tech européenne (données officielles Slush).

Helsinki, passage décisif pour la promotion 2025

La promotion 2025 de Slush Starter dispose désormais des leviers pour transformer l’essai : un accompagnement orienté résultats, un parrain engagé, des rendez-vous ciblés à Helsinki, et une trajectoire de financement cohérente. L’enjeu se joue à double niveau : sécuriser des tickets au bon timing et verrouiller des accords commerciaux qui transforment les budgets en chiffre d’affaires.

Au-delà de l’événement, l’impact attendu se mesure à l’ancrage productif et aux chaînes de valeur consolidées en Auvergne-Rhône-Alpes. Si les quatre coups de cœur confirment leurs ambitions, la région confortera sa place de hub industriel et deeptech en Europe, avec des retombées concrètes sur l’emploi qualifié et l’investissement privé.

Rendez-vous fin novembre à Helsinki pour juger sur pièces.