L'entrée de SATT Sayens chez Timberium transforme la construction
SATT Sayens rejoint Timberium pour booster l'industrialisation des solutions de construction bois-béton. Découvrez les enjeux de cette collaboration.

À Strasbourg, Timberium franchit un cap en accueillant SATT Sayens à son capital. La jeune pousse, qui conçoit des éléments hybrides bois-béton pour la construction hors site, s’adosse ainsi à un acteur clé du transfert de technologies issues de la recherche publique. Un pas structurant pour faire entrer des innovations académiques sur les chantiers, du prototype à la production.
Entrée de satt sayens au capital : un signal en faveur de l’industrialisation
L’intégration au capital de Timberium par SATT Sayens acte une étape charnière pour cette société strasbourgeoise positionnée sur la construction hors site. SATT Sayens, fondée en 2012 et active en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est, structure sa participation autour d’une logique claire : faire émerger et sécuriser sur le marché des technologies matures, conçues en laboratoire, au service des industriels du BTP.
Le montant et les modalités de l’opération n’ont pas été rendus publics. L’entrée au capital fait suite à la signature par Timberium d’une licence exclusive sur des technologies développées au Lermab, le Laboratoire d’Études et de Recherche sur le Matériau Bois de l’Université de Lorraine. L’objectif est d’accélérer la bascule de ces innovations vers la production et la commercialisation, en ciblant d’abord les marchés de la région Grand Est puis, plus largement, les zones où la demande en solutions de construction décarbonées progresse.
Par ce mouvement, Timberium bénéficie d’un accompagnement structurant, SATT Sayens revendiquant un portefeuille conséquent avec plus de 200 projets accompagnés depuis sa création, ainsi qu’un savoir-faire éprouvé en valorisation et transfert technologique. En pratique, cela se traduit par une sécurisation des droits de propriété intellectuelle, un appui à l’industrialisation et un réseau d’alliances avec les écosystèmes industriels régionaux.
Ce que change l’entrée au capital pour une deeptech
Une SATT au capital, ce n’est pas seulement un apport financier :
- Propriété intellectuelle sécurisée via licences exclusives et gestion des brevets.
- Transfert industriel avec accès à des partenaires de fabrication et de supply chain.
- Crédibilité marché accrue auprès des maîtres d’ouvrage et bureaux d’études.
- Effet de levier pour mobiliser d’autres financements publics et privés.
Technologies hybrides issues du lermab : de la recherche à la licence exclusive
Le cœur technologique de Timberium s’appuie sur une série de procédés d’assemblage bois-béton licenciés du Lermab de l’Université de Lorraine. Ces briques techniques visent à optimiser la jonction entre composants bois et éléments béton afin de gagner en performance structurelle et en productivité en usine, tout en garantissant l’assemblabilité sur chantier et la répétabilité nécessaire aux démarches hors site.
Ce socle académique s’inscrit dans une dynamique territoriale portée par l’alliance Unys, lancée en 2021, qui fédère les grands acteurs régionaux de la recherche et de l’innovation. Le Lermab, en interaction avec l’INRAE et l’ENSTIB, s’est distingué par des travaux ciblant la durabilité des structures bois, le comportement des interfaces et l’optimisation matériaux. Entre 2020 et 2024, les laboratoires de l’Université de Lorraine ont déposé plus de 50 brevets, dont plusieurs sur des matériaux biosourcés, confirmant la densité de l’amont technologique dans la région.
Hps du lermab : trajectoire i-phd 2022
Le parcours de valorisation s’illustre notamment avec le projet HPS porté par le Lermab et accompagné par SATT Sayens. En 2022, le doctorant Allaoua Soudani décroche le Grand Prix du concours i-PhD pour des structures bois haute performance, sous la supervision du professeur Philippe Gérardin.
Cette distinction, orchestrée par Bpifrance et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, met en avant des innovations issues de thèses et dotées de réelles perspectives de transfert vers l’industrie. Elle illustre la continuité entre la recherche académique, l’appui SATT et la création de valeur pour le BTP.
Les éléments hybrides sont des composants préfabriqués intégrant du bois structurel et du béton, conçus pour être assemblés rapidement sur chantier. Les solutions visent des gains de poids, des performances thermiques et acoustiques optimisées, et une meilleure empreinte carbone par rapport au tout-béton. L’intérêt hors site réside dans la répétabilité, la qualité en usine et la réduction des aléas de chantier.
Qui est timberium : positionnement et promesse industrielle
Basée à Strasbourg, Timberium se positionne sur des solutions hors site qui répondent aux besoins de la construction neuve et, potentiellement, de la réhabilitation. La société cherche à conjuguer rendement industriel et impact environnemental, en s’appuyant sur des procédés issus du Lermab et une stratégie d’industrialisation orientée Grand Est.
Son PDG, Sylvain Amroum, résume l’ambition : « Le soutien de la SATT Sayens dans cette phase de transfert a été utile pour passer de la recherche au marché. Ce projet incarne notre volonté de proposer des solutions hors site concrètes, à fort impact environnemental, au service de la décarbonation du bâtiment. »
Points clés sur SATT Sayens
- Création en 2012, périmètre Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est.
- Portefeuille de plus de 200 projets accompagnés, axe fort sur les matériaux et l’industrie.
- Mission : valoriser des résultats de recherche publique via licences, start-ups et accords industriels.
Marché de la construction hors site et filière bois : dynamique à consolider
Le marché national de la construction traverse une phase d’adaptation structurante. Si le BTP pèse un poids macroéconomique majeur, la composante hors site demeure en croissance, tirée par des impératifs de productivité, de qualité et d’empreinte carbone.
Des statistiques diffusées par le ministère de l’Économie et actualisées en mai 2025 indiquent que le secteur du bâtiment représente environ 10 % du PIB, avec un chiffre d’affaires supérieur à 150 milliards d’euros en 2024. Ces ordres de grandeur confirment la place pivot du bâtiment dans l’activité nationale.
La filière bois s’inscrit, elle, dans une trajectoire d’accélération, avec un volume de production en hausse sur la période récente. Entre 2022 et 2024, des données indiquent une progression d’environ 15 % de la production, témoignage d’un effet d’entraînement alimenté par la demande de matériaux biosourcés et les arbitrages techniques favorables au bois dans les cahiers des charges. Ce contexte ouvre des fenêtres d’opportunités pour les hybrides bois-béton, où l’optimisation du ratio performance-coût reste le critère décisif pour les maîtres d’ouvrage.
Unys : un mécanisme d’alignement régional
En Grand Est et en Lorraine, l’alliance Unys joue un rôle d’alignement entre laboratoires, établissements d’enseignement et acteurs du transfert. Pour des entreprises comme Timberium, l’existence d’un réseau académique structuré, d’une SATT en proximité et d’écoles spécialisées comme l’ENSTIB facilite l’accès à des compétences pointues. L’effet réseau se traduit par la densification des projets, la fluidification des transferts de compétences et une meilleure lisibilité pour les industriels.
Hors site désigne une production en usine de composants, ensuite assemblés sur site. La préfabrication couvre une gamme allant du simple panneau à des modules tridimensionnels. Le modulaire renvoie à des unités presque finies, transportées et assemblées. Timberium se situe sur des éléments hybrides structurels destinés à optimiser les performances et la cadence d’exécution.
Enjeux environnementaux et politiques publiques : trajectoire climat pour le btp
L’intérêt des solutions bois-béton se mesure à l’aune des objectifs climatiques. Le secteur de la construction en France concentre environ un quart des émissions de GES, faisant des choix matériaux un levier de premier plan pour inverser la courbe des émissions (Techniques de l’Ingénieur, avril 2024). Les études de l’ADEME évoquent des réductions de 30 à 50 % d’ici 2030 via la généralisation des matériaux biosourcés, des technologies de recyclage et des bétons bas carbone.
Le pilotage public s’active, avec France 2030 doté de 54 milliards d’euros, dont une enveloppe dédiée à la transition écologique du bâtiment estimée à 2 milliards d’euros. Le soutien de Bpifrance a favorisé le financement de plus de 100 start-ups positionnées sur ces thématiques, signe que le marché s’organise autour d’un pipeline d’innovations plus mature. Dans ce contexte, les solutions hybrides, capables de combiner optimisation carbone, inertie et durabilité, sont de plus en plus intégrées dans les programmations immobilières.
Déclarations et conduite du changement chez timberium
La direction de Timberium insiste sur la dimension d’impact des technologies sous licence. L’ambition affichée est de fournir aux maîtres d’ouvrage des solutions concrètes et réplicables, compatibles avec les calendriers de chantier et les exigences de décarbonation. La synergie affichée avec SATT Sayens vise un passage à l’échelle progressif, sans rupture de qualité entre la preuve de concept et la livraison d’ouvrages.
Chiffres repères pour situer l’enjeu climat
- 25 % des émissions nationales imputées au secteur de la construction.
- 30 à 50 % de baisse potentielle à horizon 2030 avec les bons leviers matériaux.
- Matériaux biosourcés et béton bas carbone au cœur des trajectoires low-carbon.
Aspects juridiques et fiscaux : sécuriser la propriété intellectuelle et le financement de l’innovation
La dynamique de transfert vers Timberium s’appuie sur un montage juridique classique dans la valorisation de la recherche : licence exclusive sur des résultats protégés, assortie d’obligations d’exploitation. Ce cadre, encadré par le Code de la propriété intellectuelle, garantit la protection des brevets et des savoir-faire tout en assurant le retour de valeur pour les établissements publics.
Sur le plan fiscal, la R&D réalisée en amont comme en aval peut mobiliser le Crédit d’impôt recherche (CIR), dont le taux peut atteindre 30 % des dépenses éligibles pour les entreprises. Dans l’architecture des projets SATT, le CIR constitue un levier de financement qui complète les apports en fonds propres ou quasi-fonds propres, ainsi que les aides à l’innovation. La combinaison licence exclusive + CIR + accompagnement SATT offre un cadre de déploiement lisible pour les partenaires industriels, tout en maintenant le respect des droits des laboratoires d’origine.
Une licence exclusive confère à l’entreprise le droit unique d’exploiter un brevet ou une technologie sur un territoire et pour des usages définis. En contrepartie, l’entreprise s’engage sur des jalons d’exploitation, des redevances et la mention des co-inventeurs institutionnels. Ce cadre aligne l’intérêt de l’entreprise et celui de l’établissement public autour de la mise sur le marché.
CIR : points de vigilance pour les entreprises du BTP innovantes
- Éligibilité des travaux de R&D clairement documentée, incluant les verrous scientifiques et techniques.
- Traçabilité des dépenses, de la sous-traitance et des temps passés, en cohérence avec les livrables.
- Articulation avec les aides publiques afin d’éviter les doubles financements non autorisés.
Accélération commerciale et ancrage grand est : trajectoire visée par timberium
L’objectif opérationnel affiché à la suite de l’entrée au capital de SATT Sayens est d’accélérer la production et la commercialisation des éléments hybrides. La priorité géographique vise le Grand Est et les bassins où les maîtres d’ouvrage recherchent des solutions à faible empreinte carbone tout en maîtrisant les délais de chantier. La montée en cadence suppose un calibrage précis de la chaîne d’approvisionnement, la qualification des sous-traitants et l’alignement avec les bureaux d’études structure.
Le financement de l’innovation deeptech dans le bâtiment repose sur des montages hybrides. D’après des informations sectorielles, les SATT ont contribué, depuis 2012, à mobiliser plus de 500 millions d’euros cumulés pour des projets technologiques.
Ce réservoir de ressources facilite la phase d’amorçage et de pré-industrialisation, là où les besoins d’investissement en ingénierie, essais et normalisation sont élevés. Pour Timberium, la courbe d’adoption passera par des références projets démonstratives, intégrant les contraintes réelles de chantier, les normes en vigueur et les objectifs de performance environnementale.
Gains attendus côté chantier : délais, déchets, qualité
L’approche hors site cible des délais réduits, une diminution des déchets et une qualité contrôlée en atelier. Pour les maîtres d’ouvrage, l’intérêt réside dans la meilleure prévisibilité des coûts et délais, ainsi que dans la conformité aux ambitions bas carbone. Pour Timberium, la proposition de valeur s’articule autour de composants hybrides conçus pour s’intégrer dans les modes opératoires déjà maîtrisés par les entreprises générales et les charpentiers, limitant l’effort d’acculturation.
Les systèmes hybrides nécessitent l’anticipation des référentiels techniques et assurantiels. Les démarches d’évaluation technique, les ATEx ou équivalents, structurent l’accès au marché. La qualité de la documentation, la traçabilité des composants et le retour d’expérience chantier sont déterminants pour l’acceptabilité par les assureurs et contrôleurs techniques.
Chronologie de valorisation : du labo au chantier
- Recherche fondamentale et appliquée au Lermab sur les interfaces bois-béton et la durabilité.
- Licensing via SATT Sayens, sécurisant l’exploitation industrielle par Timberium.
- Industrialisation et qualification des procédés, en vue d’une production reproductible.
- Références auprès de maîtres d’ouvrage sensibles à l’empreinte carbone et aux délais.
Un effet d’entraînement sur l’écosystème : ce que révèle le cas timberium
Le rapprochement entre Timberium, SATT Sayens et le Lermab illustre la capacité de l’écosystème régional à transformer un stock de connaissances en offre industrielle. La présence de relais comme Unys, l’ENSTIB et des laboratoires à fort volume de brevets crée une masse critique propice à l’émergence de champions de niche. À l’échelle nationale, la multiplication de trajectoires comparables, comme celle d’HPS couronnée à i-PhD en 2022, atteste d’une montée en puissance des deeptech matériaux dans le BTP.
En filigrane, une leçon s’impose : le cadre institutionnel et le financement public ne remplacent pas l’épreuve du chantier. Ils la rendent possible, plus rapide et mieux sécurisée. Les entreprises qui réussiront seront celles capables d’absorber rapidement les retours de terrain, d’itérer sur la conception des composants hybrides et de verrouiller des partenariats industriels garantissant volume, qualité et logistique.
Trois indicateurs à suivre pour jauger l’exécution
- Taux d’intégration des composants hybrides dans des projets livrés.
- Cycle de conversion entre preuve de concept et commande ferme.
- Coût complet installé versus solutions traditionnelles à performance équivalente.
Cap posé sur la décarbonation du bâtiment : quelle suite pour timberium
La prise de participation de SATT Sayens installe Timberium sur une trajectoire de déploiement, appuyée par des technologies validées en laboratoire et une logique hors site alignée avec les attentes bas carbone. Les prochains jalons se joueront sur la capacité à sécuriser des premiers programmes, à fiabiliser la chaîne industrielle et à démontrer des gains mesurables en délai, qualité et empreinte carbone. La société s’inscrit dans un mouvement plus large qui voit les innovations bois-béton prendre place dans la boîte à outils des maîtres d’ouvrage et des architectes.
Pour l’écosystème, ce dossier rappelle l’importance des ponts entre universités et industrie, et la pertinence d’une ingénierie financière mixant CIR, droits de PI et soutien des SATT. À mesure que le secteur du BTP renforce ses exigences environnementales, les entreprises capables d’industrialiser vite et juste, à l’image de Timberium, disposeront d’un avantage compétitif tangible. La preuve par le chantier dira si l’ambition se transforme en standard.