Quelles sont les conséquences de la réorganisation de The Sandbox ?
Découvrez comment la restructuration de The Sandbox affecte le marché du Web3 et les opportunités d'emploi en France.

Déstabilisée par la décrue du marché des métavers et par des arbitrages actionnariaux, The Sandbox traverse un moment décisif. Fondée par les Français Sébastien Borget et Arthur Madrid, la plateforme de mondes virtuels sur blockchain voit son modèle éprouvé, entre réduction d’effectifs, réorganisation de la gouvernance et repositionnement produit. Pour les acteurs économiques en France, l’épisode interroge la soutenabilité des promesses Web3 face aux contraintes financières et réglementaires.
Emploi et organisation : impacts chiffrés en 2025
Selon des informations rapportées par un média spécialisé, The Sandbox aurait supprimé plus de la moitié de ses postes, soit autour de 250 collaborateurs. Cette coupe drastique s’inscrirait dans un plan de rationalisation piloté par l’actionnaire de contrôle, Animoca Brands, avec pour objectif de réduire l’empreinte coûts et de recentrer le développement sur les segments les plus porteurs.
Les cofondateurs, Sébastien Borget et Arthur Madrid, auraient été écartés des fonctions opérationnelles. La conduite au quotidien serait désormais assurée par un dirigeant d’Animoca Brands, présenté comme le point d’appui pour stabiliser l’activité et accélérer les arbitrages stratégiques. Ce transfert d’autorité vise à clarifier les responsabilités dans une phase de transition, tout en préservant le capital de marque et les partenariats acquis.
Au-delà du siège, la réorganisation toucherait le maillage international. Des fermetures de bureaux seraient envisagées en Argentine, en Uruguay, en Corée du Sud, en Thaïlande et en Turquie.
En France, l’antenne lyonnaise pourrait également être concernée, signe que la phase de consolidation dépasse désormais l’expérimentation et entre dans un cycle de discipline financière. Les équipes support et commerciales sont les premières exposées lorsque la demande recule ou se transforme.
Pour un écosystème Web3 encore jeune, la réduction d’effectifs n’est pas qu’un ajustement conjoncturel. Elle révèle une tension structurelle entre promesses de croissance exponentielle et monétisation effective des expériences immersives. Le défi est double : maintenir le rythme d’innovation tout en imposant un cadre d’exécution mesurable et soutenable.
Ce que changent concrètement ces coupes
Réduction de voilure rime avec arbitrages serrés sur la feuille de route. Trois conséquences opérationnelles méritent l’attention :
- Réduction du périmètre géographique avec des fermetures de bureaux et une centralisation des décisions.
- Priorisation produit vers les fonctionnalités à plus forte adoption et aux coûts de maintenance maîtrisés.
- Renégociation des partenariats marketing et des contrats d’hébergement technologique pour caper la dépense.
Du point de vue social, l’impact en France dépendra du statut des entités et du volume d’emplois réellement affectés sur le territoire. Les obligations varient selon qu’il s’agit d’une fermeture complète de site, d’un plan de départs volontaires ou d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Dans tous les cas, la sécurisation juridique et la communication aux salariés sont déterminantes pour éviter les contentieux.
Équilibre financier et dynamiques de marché
Les signaux de marché affichent un net reflux. Le token SAND, au cœur de l’économie de The Sandbox, a traversé une chute de valeur significative par rapport à ses pics, avec une capitalisation passée d’environ 8 milliards de dollars au plus fort du cycle à un niveau proche de 700 millions de dollars.
L’entreprise aurait, de son côté, vu sa valorisation reculer d’environ 4 milliards de dollars en 2022 à 1 milliard de dollars en 2023, selon les mêmes éléments. Ces ordres de grandeur témoignent d’un marché des actifs numériques plus sélectif et d’une normalisation des anticipations (source: The Big Whale).
Cette contraction, conjuguée à un coût du capital plus élevé, oblige les acteurs du secteur à privilégier la rentabilité marginale des fonctionnalités et à démontrer un usage répété. En clair, la valeur d’un métavers ne peut plus reposer uniquement sur la spéculation foncière ou la liquidité des NFT. Elle doit se nourrir de la récurrence des expériences, de l’engagement des communautés et d’un modèle de revenus diversifié.
Dans ce contexte, la gouvernance financière reprend ses droits. Stratégies de délégation plus strictes, passage de coûts fixes à variables lorsque possible, et recentrage sur les régions à forte densité d’éditeurs et de joueurs sont devenus des standards. Les investisseurs scrutent désormais les indicateurs d’usage et les cohortes d’utilisateurs avec l’attention autrefois réservée aux volumes de ventes de terrains virtuels.
Le réalisme budgétaire devient ainsi un levier de crédibilité vis-à-vis des partenaires et des détenteurs de SAND. La refonte des coûts et la sélection stricte des cas d’usage amènent les acteurs à privilégier la preuve d’adéquation produit-marché plutôt que les annonces spectaculaires.
La capitalisation d’un token reflète la valeur agrégée d’un actif circulant et reste très sensible à la liquidité et au sentiment de marché. La valorisation d’entreprise dépend des flux futurs attendus, de la qualité des actifs et de l’exécution opérationnelle. Un token déprimé peut coexister avec une valorisation résiliente si le modèle de revenus progresse, et inversement.
Produit, usage et monétisation : quelles preuves sur le terrain
Malgré la contraction financière, The Sandbox continue de publier des mises à jour. Une évolution récente a apporté des fonctionnalités sociales enrichies, des PNJ plus intelligents et la sauvegarde des parties. L’objectif est clair : augmenter la rétention et la fréquence d’usage, donc la valeur par utilisateur. L’effort produit traduit une volonté de passer du web de la promotion à celui de la preuve d’usage.
La question centrale demeure toutefois la monétisation récurrente. Les terrains virtuels, moteurs de la spéculation durant le pic de cycle, peinent à délivrer un rendement stable sans trafic soutenu.
La plateformisation du contenu, avec des outils no-code pour créateurs et des passerelles d’onboarding plus simples, devient un pilier. C’est l’une des conditions pour convertir des propriétaires de terrains en opérateurs d’expériences rentables.
Autre point sensible, la mesure de l’audience. Des estimations évoquent quelques centaines d’utilisateurs quotidiens et pointent un risque de statistiques biaisées par des comportements automatisés. L’adoption réelle se valide par la granularité des métriques : sessions par utilisateur, rétention à 7 et 30 jours, taux de conversion en achats in-app et part des revenus non liés aux ventes primaires de terrains.
Laguna network : stratégie et résultats
The Sandbox s’essaie à la valeur d’usage concrète avec un partenariat en Asie du Sud-Est qui promet des cashbacks réels pour les détenteurs de terrains virtuels. L’initiative, soutenue par Liminal, propose d’intégrer des avantages tangibles dans un parcours hybride Web2 et Web3. Si le dispositif tient ses promesses opérationnelles, le modèle basculerait d’une économie d’anticipation à une économie d’utilité, avec une proposition claire pour l’utilisateur final.
Ce type de partenariat ouvre une piste interessante : connecter la rareté numérique à des bénéfices immédiats dans le monde réel. Reste à prouver la scalabilité du mécanisme, la lutte contre la fraude et la compatibilité avec les cadres réglementaires locaux, notamment sur le traitement des récompenses et la protection du consommateur.
LAND : parcelles virtuelles qui servent de support à des expériences, vendues sous forme de NFT. Leur valeur dépend de la localisation, de la fréquentation et de la qualité des contenus hébergés.
SAND : token utilitaire servant aux paiements et, selon la gouvernance, à certaines formes de participation communautaire.
Créateurs : développeurs ou studios qui conçoivent des expériences et cherchent à monétiser leur audience via billets, objets numériques ou sponsoring.
Pour transformer l’essai, la plateforme devra clarifier la chaîne de valeur côté créateurs. Un partage de revenus transparent, des outils d’analytique intégrés et une politique anti-bots robuste sont indispensables pour attirer des studios tiers et sécuriser les campagnes de marques. La crédibilité se joue désormais dans l’industrialisation des processus et la qualité des données.
Repères français : politique publique, droit social et chaîne de valeur
La dynamique nationale autour des technologies immersives se structure. Le ministère de la Culture a désigné au printemps 2025 des lauréats pour soutenir la production et la diffusion d’expériences immersives, dans le cadre de France 2030.
Le dispositif met l’accent sur la scénarisation, la médiation culturelle et l’outillage des créateurs, autant de briques utiles aux métavers orientés usages. Ces instruments publics peuvent, indirectement, créer une base de talents et de contenus exploitable par des plateformes privées, y compris celles disposant d’implantations en France.
Du côté business, un rapport sur l’innovation de rupture publié par la Direction générale des Entreprises en mars 2025 éclaire un point crucial : la difficulté pour les startups deeptech et numériques à franchir le cap industriel. Il s’agit de passer du prototype séduisant à la mise à l’échelle soutenable, avec une discipline d’exécution sur les coûts, les filières fournisseurs et la qualité. Cette grille de lecture s’applique pleinement aux métavers, où l’enjeu n’est pas seulement de vendre des parcelles mais d’animer des communautés et d’orchestrer des événements récurrents contextualisés.
Fermeture d’un site en France : points d’attention pour l’employeur
Lorsqu’une entité établie en France réduit ses effectifs, le cadre dépend de l’ampleur de la suppression des postes et de la cause économique. À garder en tête :
- Information-consultation du CSE si l’entreprise dépasse les seuils légaux et présence de représentants du personnel.
- Plan de sauvegarde de l’emploi si le seuil de licenciements est franchi sur 30 jours, avec mesures d’accompagnement et budget dédié.
- Ordre des licenciements et critères objectifs à formaliser, sous contrôle potentiel de l’administration et du juge.
Ces éléments ne préjugent pas du statut précis de l’entité concernée par The Sandbox. Ils fournissent un référentiel pour situer les enjeux sociaux si une fermeture impacte des salariés en France.
Sur la chaîne de valeur, la France dispose d’atouts dans la création de contenus, le design et l’animation 3D. Les studios et écoles spécialisés peuvent alimenter des catalogues d’expériences, à condition que les plateformes sécurisent un pipeline économique stable. C’est ici que la transparence des revenus, des coûts et des métriques d’usage devient une condition d’entrée.
Le dispositif couvre la conception, le prototypage et parfois la diffusion d’œuvres et d’expériences. Il ne finance pas l’inflation des coûts d’exploitation d’une plateforme privée. Les retombées pour un acteur comme The Sandbox sont donc indirectes : plus de contenus et de talents sur le marché, et des références pour stimuler la demande B2B et B2C.
Lecture sectorielle : que disent les trajectoires des géants
Le reflux du métavers ne se limite pas aux startups. Les plus grands groupes ont, eux aussi, recalibré leur exposition.
Les cycles d’investissement lourds sur les interfaces immersives ont laissé place à une priorisation de l’intelligence artificielle générative, plus immédiatement monétisable et plus intégrée aux processus métiers. Cela ne scelle pas le sort des mondes virtuels, mais fixe une exigence : prouver l’utilité par des cas d’usage à ROI court.
Exemple avec meta
Le groupe de Menlo Park a massivement financé sa division réalité étendue avant de réorienter le narratif vers l’IA, avec des conséquences positives sur la perception des marchés financiers. Le signal transmis est clair : le capital se déplace vers les technologies à adoption visible, time-to-market court et intégrations logicielles rapides.
Pour The Sandbox, la leçon est double. D’abord, ancrer l’expérience utilisateur dans des usages fréquents. Ensuite, démontrer un coût d’acquisition soutenable, dès maintenant, pas demain.
La comparaison a ses limites, car la structure de revenus d’un réseau social généraliste diffère de celle d’un métavers créateurs. Néanmoins, le prisme des marchés financiers est identique : la valeur suit la preuve d’usage. Les partenaires de marque, eux, veulent des audiences qualifiées, des événements mesurables et une créativité alignée sur la conversion.
Dernier point, la communication. Les géants ont compris que la valorisation n’existe qu’adossée à un discours de performance intelligible. Pour The Sandbox, éviter les métriques fongibles et privilégier des indicateurs audités renforcerait la crédibilité, notamment auprès des investisseurs institutionnels et des marques premium.
Qui est the sandbox et comment fonctionne son modèle
À l’origine, The Sandbox est né chez Pixowl à San Francisco, studio cofondé par les Français Sébastien Borget et Arthur Madrid. Racheté en 2018 par Animoca Brands, le projet s’est transformé en plateforme de métavers, où des créateurs conçoivent des expériences et les monétisent sur des parcelles virtuelles, les LAND, adossées à la blockchain. Le token SAND sert de moyen d’échange et d’outil d’incitation dans cet écosystème.
Le modèle économique repose sur trois piliers. D’abord, la vente primaire et secondaire de LAND, dopée à l’origine par la rareté perçue et la visibilité des partenariats. Ensuite, la monétisation d’expériences, tickets d’entrée, objets numériques et contenus sponsorisés. Enfin, les services aux marques, qui financent des mondes dédiés, des campagnes événementielles et des activations cross-média.
Ce modèle n’est cependant performant que si la fréquentation est régulière et si la boucle de valeur créateur-utilisateur-plateforme tourne à plein régime. La friction d’onboarding, la perception de latence, l’ergonomie des outils et la clarté des droits de propriété numérique sont des variables critiques. Sans elles, l’offre reste aspirée par un marché spéculatif volatil et détaché de l’usage.
Émissions et vesting : la libération progressive de tokens doit éviter une pression vendeuse excessive. La visibilité du calendrier renforce la confiance.
Usage et brûlage : lier l’utilisation du token à des fonctionnalités premium ou à des mécanismes de réduction d’offre soutient sa valeur d’utilité.
Gouvernance : l’articulation entre conseils de la plateforme et signal de la communauté doit être lisible, sans promettre une décentralisation irréaliste au regard des contraintes légales.
La trajectoire à court terme dépendra de la capacité de The Sandbox à transformer ses parcelles en destinations à forte valeur ajoutée, multiplateformes et interopérables. L’essor de l’IA générative, de l’optimisation 3D temps réel et des outils no-code ouvre des porte d’entrée nouvelles, à condition d’y adosser un modèle de revenus lisible pour les créateurs.
Indicateurs à suivre au second semestre 2025
- Rétention à 30 jours des nouveaux utilisateurs et sessions par utilisateur actif.
- Part des revenus liée aux expériences, par rapport aux ventes de LAND.
- Adoption des fonctionnalités sociales et de sauvegarde depuis la dernière mise à jour.
- Signaux de gouvernance côté Animoca Brands sur l’allocation de capital et le périmètre géographique.
Le point d’attention français réside dans l’alignement entre les ambitions créatives et l’économie des plateformes. Les dispositifs publics peuvent catalyser l’offre de contenus, mais la demande dépendra de la capacité des métavers à résoudre des problèmes réels pour des utilisateurs réels. Les collaborations avec des marques, l’événementiel culturel et la gamification d’expériences pédagogiques pourraient constituer des verticales tangibles.
Les chiffres structurants relatifs aux effectifs supprimés, à la dégradation des indicateurs financiers du token SAND et à la valorisation d’entreprise s’appuient sur des informations de presse spécialisées communiquées cet été. Ils devront être confirmés par des prises de parole officielles afin de calibrer au mieux les scénarios de redressement et les conséquences sociales sur chaque territoire concerné.
Ce que guettent les marchés à la rentrée 2025
Le momentum appartient désormais à l’exécution. The Sandbox doit démontrer que le train de mesures engagé produit un effet mesurable : coûts opérationnels sous contrôle, fréquentation organique en hausse, part des revenus récurrents en progression. Sans ces preuves, le risque est celui d’une spirale de désengagement, du côté des créateurs comme des marques.
Un signal positif viendrait d’une gouvernance clarifiée et d’un cap stratégique explicite, appuyés par des indicateurs d’usage audités et la montée en puissance de partenariats à valeur réelle pour l’utilisateur final. À défaut, l’hypothèse d’un repositionnement plus profond vers des services numériques adjacents, voire une intégration plus serrée au sein d’Animoca Brands, ne peut être écartée.
Entre réinitialisation des coûts et quête d’utilité, The Sandbox incarne la mue des métavers vers des modèles plus sobres et centrés sur la preuve d’usage, avec un enjeu clé pour la France : faire converger créativité, industrialisation et sécurité juridique.