3,2 M€ pour un acteur naissant de l’IA construction : Temelion accélère son entrée sur le marché français, avec un ancrage à Paris et Toulouse et une offre pensée pour les bureaux d’études techniques. Un signal clair envoyé à la filière bâtiment, en pleine transition réglementaire et carbone.

Un tour d’amorçage qui crédibilise l’ia au service des bureaux d’études

Fondée fin 2024, Temelion annonce une levée d’amorçage de 3,2 millions d’euros. Le tour est mené par 360 Capital, avec la participation d’ISAI Build Venture, de SE Ventures et de Kima Ventures. L’information, révélée par la presse spécialisée, place d’emblée la jeune pousse dans le radar des acteurs qui structurent l’IA industrielle en France (FrenchWeb).

Ce financement doit servir deux priorités : l’accélération commerciale auprès des bureaux d’études techniques et le renforcement de l’équipe produit, avec des recrutements ciblés en IA et en ingénierie. L’entreprise, basée à Station F à Paris et présente à Toulouse, s’attaque à un maillon clé de la chaîne de valeur du bâtiment, là où s’agrègent contraintes réglementaires, calculs techniques, itérations de conception et coordination des corps d’état.

Ce qu’il faut retenir du financement de Temelion

Montant : 3,2 M€. Phase : amorçage. Chef de file : 360 Capital. Co-investisseurs : ISAI Build Venture, SE Ventures, Kima Ventures. Objectifs : déploiement commercial et consolidation de la R&D. Cible : BET en France, avec une extension possible en Europe à terme.

Métriques Valeur Évolution
Levée d’amorçage de Temelion 3,2 M€ Premier tour communiqué
Levées de fonds French Tech 2024 7,8 Md€ -7 % vs 2023 (Ouest-France)
Annonces Choose France 2025 40,8 Md€ Montant annoncé en 2025

Temelion, l’offre produit au service des cycles de conception

La proposition de valeur est ciblée : automatiser, grâce à l’IA, les analyses et la génération de livrables techniques au cours des phases de conception. Dans un environnement où la réglementation se densifie, les normes environnementales s’affermissent et les contraintes de coûts s’intensifient, les bureaux d’études cherchent des gains mesurables sur le temps d’étude, la conformité et la qualité documentaire.

Temelion adresse ce besoin avec une plateforme qui traite des tâches répétitives et chronophages, pour permettre aux ingénieurs de recentrer leur temps sur l’arbitrage technique et la coordination. L’ambition affichée par l’équipe dirigeante évoque une réduction notable des délais de production, jusqu’à 50 % selon une estimation interne qui reste à objectiver par des évaluations externes.

Les bureaux d’études techniques conçoivent et valident les solutions structurelles, fluides, électriques, thermiques ou environnementales des bâtiments. Ils orchestrent calculs, simulations, notices et plans, et interagissent avec architectes, entreprises et contrôleurs. L’IA peut aider à analyser des cahiers des charges volumineux, générer des livrables standardisés et repérer des incohérences en amont.

La RE2020 impose des seuils de consommation et d’empreinte carbone. Les études thermiques, le calcul des indicateurs et la justification technique exigent des données structurées, des hypothèses cohérentes et des livrables de conformité. Une IA outillée peut accélérer les vérifications, comparer des variantes et standardiser les rapports, tout en laissant la décision aux ingénieurs.

Gouvernance et ancrage territorial : une équipe expérimentée entre paris et toulouse

Temelion est cofondée par Jérôme Joaug, Rodolphe Héliot et Sébastien Gilles. Le trio associe expérience de l’innovation numérique, ingénierie de conception et IA appliquée. Cette combinaison vise un produit utilisable par les équipes techniques et suffisamment robuste pour les contraintes opérationnelles des projets bâtiment.

Les cofondateurs : profils complémentaires

L’entreprise indique s’appuyer sur des compétences croisées en technologie, ingénierie et gestion de projets. L’objectif est d’intégrer les modèles d’IA au plus près des workflows des BET et d’éviter la rupture avec les outils métiers existants. Ce positionnement, pensé sur le terrain, est déterminant pour un déploiement effectif dans les organisations.

Station f et toulouse : double implantation, double écosystème

La présence à Station F facilite l’accès à l’écosystème start-up et investisseurs, tandis que l’implantation à Toulouse ouvre des passerelles avec les compétences issues de l’aéronautique et de la tech industrielle. L’Occitanie, où se concentrent talents et infrastructures, est un réservoir utile pour les profils IA et logiciels.

Pourquoi Toulouse compte pour la tech industrielle

Écosystème d’ingénierie, culture de l’industrialisation et proximité d’acteurs majeurs. Pour une IA appliquée à la construction, ces atouts facilitent tests, itérations produit et recrutements techniques.

Marché adressable et cas d’usage : productivité et qualité documentaire

Le marché visé est conséquent : la France compte un volume élevé de bureaux d’études en ingénierie et architecture, avec un effectif global dépassant largement la barre des 100 000 professionnels. L’enjeu est d’introduire l’IA de manière pragmatique, là où le retour sur investissement est rapide et démontrable.

Cas d’usage type chez un bet

  • Analyse automatisée de pièces écrites pour extraire des exigences techniques et repérer les contradictions.
  • Pré-génération de notices ou de livrables standards, à révision et validation par l’ingénieur.
  • Comparaison de variantes conceptuelles sur des critères énergie-carbone, coûts et délais.
  • Contrôle qualité documentaire en fin d’étude pour limiter les retours de contrôle technique.

Ce type d’automatisation ne remplace pas l’expertise humaine, mais réduit les tâches répétitives et améliore la consistance des documents fournis aux maîtres d’ouvrage. Dans un environnement d’appels d’offres soutenus, l’avantage peut se matérialiser par des délais compressés et des risques documentaires atténués.

La majorité des BET utilisent un socle d’outils hétérogènes. L’adoption d’une IA métier suppose des connecteurs, des exports clairs et une traçabilité des versions. Les gains de productivité ne sont durables que si l’outil s’aligne sur les formats livrables attendus par les maîtres d’ouvrage et les organismes de contrôle.

Investisseurs et leviers publics : une trajectoire alignée avec les priorités industrielles

Le tour d’amorçage agrège des investisseurs aux positionnements complémentaires. 360 Capital est connu pour ses investissements en deep tech, avec un historique sur des projets industriels.

ISAI Build Venture cible les innovations construction et immobilier. SE Ventures, soutenu par Schneider Electric, investit dans la tech industrielle et l’énergie. Kima Ventures reste l’un des acteurs les plus actifs en amorçage.

Se ventures : pont naturel entre énergie et bâtiment

La présence d’un investisseur adossé à un acteur de l’énergie et des infrastructures ouvre des portes sur des enjeux au cœur des transitions du secteur bâtiment : efficience énergétique, pilotage et instrumentation, standardisation des données techniques. Cette synergie potentielle est un atout sur un marché où les exigences de sobriété et de performance s’intensifient.

Programmes nationaux et dynamique d’attractivité

Le cap fixé par les politiques publiques renforce la tendance. Le programme French Tech 2030 vise la montée en puissance d’acteurs innovants sur des verticales stratégiques. Parallèlement, la vitrine Choose France 2025 a mis en avant des engagements d’investissements étrangers importants, incluant des projets technologiques. Ces signaux promeuvent l’industrialisation des solutions IA orientées usages métiers.

Écosystème France : deux chiffres qui comptent

  1. 7,8 Md€ levés par la French Tech en 2024, en repli de 7 % sur un an, avec un intérêt soutenu pour l’IA (Ouest-France).
  2. 40,8 Md€ d’investissements étrangers annoncés lors de Choose France 2025, dont des projets tech.

Tendances financement et ia : consolidation sélective, attentes élevées

Si les montants totaux levés en 2024 en France reculent modérément, l’IA concentre toujours l’attention des investisseurs. À l’échelle mondiale, certains acteurs de l’IA affichent des valorisations très élevées. Cette polarisation incite les fonds à privilégier des cas d’usage concrets et mesurables, notamment dans l’optimisation de processus industriels et les logiciels métiers.

Dans la construction, l’appétence pour des outils d’IA fiables tient à la nature des risques : conformité réglementaire, maîtrise des coûts, pénalités liées aux retards, réputation en cas de désordres. Les décideurs BIM, ingénieurs et directeurs d’études demandent des preuves d’efficacité et un retour sur investissement objectivable. Les premières références clients et l’intégration dans les cadres documentaires constituent des indicateurs suivis de près.

Amorçage : premier tour significatif de financement externe pour lancer la commercialisation et structurer l’équipe. Deep tech : innovations à forte composante scientifique et technologique. Proof of value : démonstration chiffrée de bénéfices opérationnels chez les premiers clients, distincte du simple prototype.

Qui est temelion et quel est son positionnement produit

Temelion se définit comme une plateforme d’IA à destination des bureaux d’études techniques. Le produit vise à automatiser des segments récurrents du cycle de production des livrables de conception. En d’autres termes, il s’agit de faire gagner du temps sur l’analyse de pièces, la génération de documents normés et la vérification de cohérence, avec un objectif de qualité documentaire constante et une réduction des risques d’omissions.

La société situe son action au cœur des enjeux actuels de la filière : sobriété énergétique, exigences de la RE2020, pression environnementale, délais de livraison. En recentrant les ingénieurs sur les arbitrages à valeur ajoutée, l’outil entend fluidifier les échanges entre acteurs du projet tout en respectant les exigences de traçabilité des décisions techniques.

Le concept temelion, en pratique

  • Assistance à la structuration des données d’entrée, pour faciliter le travail de conception.
  • Génération assistée de sections de rapports et notices, avec options de personnalisation.
  • Contrôles de cohérence et de complétude sur les livrables avant transmission.
  • Historisation des versions et suivi des révisions pour documenter les choix techniques.

Cette approche, si elle est correctement intégrée dans les processus internes, peut soulager les équipes lors des pics de charge, typiques des phases d’offre ou d’avant-projet. Les bénéfices visent autant la productivité que la réduction du risque sur les documents de référence.

Effets attendus sur la filière : conformité, délais, capitalisation

À l’échelle des bureaux d’études, trois impacts potentiels ressortent. D’abord, la conformité : l’automatisation peut aider à vérifier plus tôt les exigences essentielles.

Ensuite, les délais : la génération et la mise en forme de sections répétitives de livrables constituent des gisements de temps. Enfin, la capitalisation : un outillage standardisé favorise la réutilisation des bonnes pratiques et la cohérence documentaire entre projets.

Cette dynamique s’inscrit dans un marché en évolution. Le nombre de bureaux d’études et la taille de la population d’ingénieurs témoignent d’un tissu dense en France. La demande pour des solutions qui standardisent et sécurisent les productions techniques reste forte, portée par les contraintes de performance énergétique et les attentes des donneurs d’ordres.

Bon à savoir pour les directions d’études

Les gains revendiqués par les éditeurs d’IA doivent être évalués sur des projets pilotes avec des indicateurs simples : temps de production d’un livrable, nombre d’aller-retour en contrôle interne, écarts détectés au contrôle technique. Cette démarche permet de quantifier l’apport réel et d’aligner l’outil avec les procédures qualité existantes.

Capitaux, ressources et feuille de route immédiate

La société entend mobiliser la levée pour renforcer l’équipe et structurer les fonctions commerciales en France. La priorité affichée est la pénétration du marché des BET avec des déploiements rapides et une montée en compétences accompagnée. La dimension produit reste centrale pour adapter l’outil aux exigences des différents métiers techniques.

À court terme, l’accès à des références solides dans l’ingénierie et l’architecture sera un catalyseur. Les investisseurs présents, issus de la deep tech, de la construction, de l’énergie et de l’amorçage généraliste, donnent un signal d’alignement stratégique. En parallèle, les initiatives publiques dédiées aux technologies stratégiques confortent la trajectoire d’industrialisation des solutions IA appliquées.

Trois axes d’évaluation : qualité des livrables (taux d’anomalies détectées en interne), productivité (heures économisées sur un périmètre ciblé), risque (incidents documentaires évités). Un pilotage chiffré sur 2 à 3 projets est souvent suffisant pour décider d’un déploiement plus large.

Et maintenant pour temelion : recrutement et premières références

La suite immédiate se lit en deux lignes : staffing des profils IA et ingénierie, et acquisition de cas d’usage probants chez des BET pilotes en France. L’export européen reste une option, à condition d’un socle produit stabilisé et d’indicateurs d’impact lisibles. Le marché, exigeant, récompense les preuves par l’usage plus que les promesses.

Rendez-vous au rythme des premières intégrations pour juger sur pièces.