À Paris et Toulouse, Temelion accélère. Fondée en 2025, la startup dévoile une plateforme d’intelligence artificielle dédiée aux bureaux d’études techniques et annonce une levée d’amorçage de 3,2 millions d’euros. Objectif affiché par ses fondateurs, ingénieurs et spécialistes IA réunis: automatiser les tâches de conception les plus répétitives, fiabiliser la conformité et rendre le temps d’ingénierie à plus forte valeur ajoutée.

Financement d’amorçage et trajectoire produit clarifiée

Temelion boucle un tour de table de 3,2 millions d’euros. Le financement, mené par 360 Capital, associe ISAI Build Venture, SE Ventures (lié à Schneider Electric), Kima Ventures (associé à Xavier Niel) ainsi que plusieurs business angels issus de la construction. Cette étape vise à renforcer l’équipe et à accélérer l’industrialisation de la plateforme, déjà déployée sur des cas d’usage opérationnels chez des acteurs de l’ingénierie.

La stratégie est nette: consolider les briques d’automatisation transverses qui économisent le plus de temps aux BET, puis étendre les modules métiers vers l’électricité, le CVC et la plomberie. La société annonce vouloir se positionner comme un partenaire technologique sur l’ensemble du cycle projet, depuis l’appel d’offres jusqu’à la documentation finale.

Capitaux et investisseurs au service des usages métiers

Le choix des investisseurs corrobore l’orientation secteur. 360 Capital et ISAI Build Venture disposent d’un historique d’investissement dans la tech industrielle. SE Ventures, rattaché à Schneider Electric, ancre le projet dans les usages du bâtiment. Kima Ventures apporte un relais d’hyper-accélération à l’amorçage. L’ensemble dessine un consortium à la fois technologique et très proche du terrain, utile pour le go-to-market vers les BET.

Tour de table Temelion: les points clés

Montant: 3,2 millions d’euros. Chef de file: 360 Capital. Coparticipants: ISAI Build Venture, SE Ventures, Kima Ventures et business angels spécialisés. Emploi des fonds: accélération R&D produit, renforcement des équipes, mise sur le marché des modules d’automatisation pour les BET.

Ce que la plateforme change pour les bureaux d’études

Temelion cible l’automatisation de la conception dans une phase où les BET absorbent une charge administrative lourde. La plateforme s’attaque aux étapes consommatrices d’heures expertes, tout en renforçant la qualité et la traçabilité des livrables.

Fonctionnalités opérationnelles déjà activées

  • Automatisation de la documentation technique pour générer, structurer et maintenir à jour des dossiers cohérents, du CCTP jusqu’aux pièces graphiques associées.
  • Analyse des appels d’offres avec extraction des exigences, détection des incohérences et aide à la décision pour le go/no-go.
  • Vérification de conformité réglementaire afin d’anticiper les points sensibles face aux normes énergétiques et environnementales applicables.
  • Génération de propositions techniques en appui des équipes d’avant-vente, avec standardisation des réponses et réduction des tâches répétitives.

Ce socle permet de réduire les tâches à faible valeur ajoutée, d’uniformiser les processus et d’améliorer la traçabilité des hypothèses de conception, un enjeu majeur lorsque la réglementation évolue rapidement.

Modules métiers en extension: électricité, cvc, plomberie

Temelion enrichit progressivement ses capacités par métiers. Les premiers chantiers concernent l’électricité, le chauffage-ventilation-climatisation et la plomberie. L’ambition est de proposer des assistants de conception spécialisés capables de rationaliser les prises de décision techniques, d’aligner les calculs et de fluidifier les interactions entre lots techniques.

Les moteurs de Temelion repèrent et classent les contraintes réglementaires, comparent les éléments du dossier pour déceler les incohérences, et génèrent des alertes précoces pour l’ingénieur. Résultat recherché: moins d’allers-retours, meilleure traçabilité des hypothèses et un dossier final plus robuste au contrôle de conformité, notamment en phase de réponse aux appels d’offres.

Productivité et réglementation: où l’ia peut réellement créer de la valeur

Le bâtiment en France pèse environ 5 % du PIB, mais son appareil productif subit une double tension: inflation normative et pénurie de compétences sur certains segments. Dans ce contexte, les BET déclarent consacrer une part importante de leur temps aux tâches non techniques. Des estimations relayées par la FFB évoquent jusqu’à 40 % de temps absorbé par l’administratif, un gisement d’efficacité que l’automatisation peut capter.

La réglementation s’est densifiée, à l’image de la RE2020 qui renforce en France les exigences énergétiques et environnementales. La conformité ne se limite plus à une check-list en fin de projet. Elle devient un continuum à piloter dès l’amont pour éviter les recalages de dernière minute.

Dans les études internationales sur la digitalisation de la construction, l’automatisation des processus documentaires et de vérification est associée à des réductions de délais pouvant atteindre 20 à 30 % dans certaines phases, selon des analyses sectorielles largement diffusées. Si le gain exact dépend du contexte et de la maturité numérique des équipes, l’ordre de grandeur donne un cap: il existe un dividende d’efficacité à capter par l’outillage IA.

RE2020: ce qui change pour les BET

La RE2020 renforce les critères énergétiques et bas carbone, avec une attention accrue portée à l’empreinte carbone globale des bâtiments et à la performance énergétique. Pour un BET, cela se traduit par des besoins de simulation plus précoces, une documentation plus complète et une justification plus pointue des choix techniques. Les outils d’automatisation aident à maintenir la cohérence de ces éléments tout au long du projet.

Les pertes de temps les plus fréquentes proviennent d’itérations de documents non synchronisés, de doublons, d’incohérences entre CCTP, plans et bordereaux, et d’une veille réglementaire morcelée. La mise en place d’un référentiel unique, piloté par IA, réduit ces irritants en détectant tôt les écarts et en automatisant la propagation des mises à jour dans les livrables.

Qui est temelion et quelle vision pour l’ingénierie

Temelion a été fondée en 2025 à Paris et Toulouse par Jérôme Joaug, Rodolphe Héliot et Sébastien Gilles. Le trio revendique un ADN mêlant IA et ingénierie du bâtiment, avec une mission claire: rendre l’ingénieur plus disponible pour les arbitrages techniques et la créativité, moins captif de tâches répétitives.

Paroles de fondateurs

Jérôme Joaug, cofondateur et directeur produit, raconte un constat partagé avec les équipes de terrain: « Lors de nos premiers échanges avec les ingénieurs, nous nous attendions à une certaine forme de résistance vis-à-vis de l’IA. Au lieu de cela, c’est une frustration unanime face aux heures passées à traiter des documents qui nous a été partagée, un travail auquel aucun ingénieur n’avait jamais aspiré mais qui occupe pourtant une grande partie de leur quotidien.

Temelion a été créé pour les libérer de ces tâches fastidieuses et leur permettre de se concentrer sur les dimensions techniques de l’ingénierie qu’ils aiment réellement. »

Rodolphe Héliot, PDG et cofondateur, insiste sur l’ambition industrielle: « Cette levée de fonds permet à Temelion de réunir les meilleurs talents en IA et en ingénierie du bâtiment pour relever un grand défi de la construction, l’automatisation de la conception. Nous allons accélérer le développement de nos produits et leur mise sur le marché, avec l’ambition de devenir rapidement le partenaire technologique privilégié de nos clients, capable de les accompagner tout le long du cycle projet. »

La présence de Sébastien Gilles complète cette équipe avec une expertise opérationnelle qui participe à l’intégration des cas d’usage chez les clients, étape critique pour transformer l’essai sur le terrain.

La standardisation ouvre la voie à des bibliothèques de contenus, à une capitalisation des retours d’expérience et à une réduction des écarts de qualité entre projets. En automatisant ces fondations, les équipes se concentrent sur les points singuliers du projet, là où la valeur technique et la différenciation client se jouent.

Écosystème français de l’ia et traction pour les usages construction

La France dispose d’un écosystème IA dense, soutenu par des politiques publiques et un tissu de startups en expansion. On recense 590 startups IA dans l’Hexagone, dont 16 licornes, avec 1,5 milliard d’euros d’aides publiques recensées en 2022 pour stimuler la R&D et l’industrialisation des produits. Ces chiffres traduisent une dynamique d’investissement et de structuration d’écosystème favorable aux cas d’usage du bâtiment (source: DGE).

Le cadre public s’appuie notamment sur French Tech 2030, qui accompagne des projets à fort impact, et sur des initiatives d’attractivité comme Choose France. L’édition 2025 de ce sommet a annoncé 40,8 milliards d’euros d’investissements et 53 projets, avec une part visant les technologies numériques et la construction durable, signe d’un environnement propice aux solutions d’IA orientées industrie.

Côté capitaux privés, la presse économique souligne que l’IA capte une part croissante des montants levés au niveau global en 2025, dans la lignée des tours massifs observés chez les poids lourds internationaux. Cette tendance de fond soutient le positionnement de Temelion: un produit d’IA verticalisée, aligné sur des enjeux réglementaires et de productivité clairement identifiés.

Ce que signifie French Tech 2030 pour les acteurs de la construction

Le programme vise à accélérer des innovations stratégiques en les connectant aux dispositifs publics, aux acheteurs et aux financeurs. Pour des solutions d’IA appliquées au bâtiment, cela peut faciliter l’accès aux premiers déploiements, aux référencements sectoriels et aux réseaux clés qui aident à passer de l’expérimentation à l’adoption.

Conséquences économiques et opérationnelles pour la filière

Sur un marché de la construction estimé à plus de 150 milliards d’euros annuels, la réduction des tâches répétitives et l’amélioration de la conformité ont un impact direct sur les marges. Les erreurs de conception pèsent lourd sur les comptes des projets. Des estimations relayées dans la profession évoquent jusqu’à 10 % des coûts de projet imputables aux corrections et révisions tardives, un ratio qui illustre l’intérêt d’outils capables d’anticiper et de signaler plus tôt les écarts.

Pour un BET, l’apport d’une IA sectorielle s’évalue à plusieurs niveaux:

  • Coût en baisse grâce à l’automatisation des tâches administratives, à la réduction des itérations et à la standardisation.
  • Délai raccourci grâce à la synchronisation des documents et à l’alerte précoce sur les non-conformités.
  • Risque maîtrisé via la traçabilité des hypothèses et la rigueur documentaire, utile en cas d’audit ou de contentieux.
  • Compétences réallouées vers la valeur ajoutée technique, dans un contexte de tension sur l’emploi qualifié.

La promesse de Temelion se situe là: dégager du temps d’ingénierie, fiabiliser les livrables et s’inscrire dans un pilotage continu de la conformité. Elle ne remplace pas l’expertise des bureaux d’études. Elle aide à canaliser l’effort là où l’ingénieur fait la différence, tout en outillant les aspects méthodiques et répétitifs.

La performance à l’appel d’offres conditionne la croissance et la qualité des marges. Une analyse IA qui balise les exigences, calcule la couverture de risques et industrialise les réponses peut hausser le taux de succès tout en cadrant les engagements techniques. Cela permet d’éviter les promesses intenables et de sécuriser l’exécution en aval.

Indicateurs sectoriels en un coup d’œil

  • Construction: environ 5 % du PIB en France.
  • Charge administrative des BET: jusqu’à 40 % du temps selon des retours sectoriels.
  • IA en France: 590 startups, 16 licornes, 1,5 milliard d’euros d’aides publiques en 2022 (source: DGE).
  • Choose France 2025: 40,8 milliards d’euros et 53 projets annoncés, avec un intérêt marqué pour le numérique et la construction durable.

Ce que cette trajectoire dit de l’avenir de l’ingénierie en france

La levée de Temelion confirme l’ancrage des solutions d’IA verticalisées dans les métiers d’ingénierie. Les contraintes de conformité, l’exigence documentaire et la pression sur les délais rendent crédible une adoption rapide, à condition d’intégrer les outils dans les routines des équipes et de démontrer un retour sur investissement concret dès les premiers projets.

Le pari est simple et exigeant: industrialiser l’automatisation sans rigidifier la conception, gagner du temps sans sacrifier la finesse technique. Si cette ligne de crête est tenue, la proposition de valeur pour les BET et leurs clients pourrait s’avérer décisive dans les prochains cycles de marché.

Reste à voir comment ces briques IA s’articuleront, en pratique, avec la diversité des contextes de chantier, du tertiaire aux infrastructures.